L'ouvrage est une étude du Rêve, pris comme support d'une réflexion plus générale sur le statut de l'invention en art, n'est pas tant une représentation de l'état de rêve, perpétuant la tradition romantique de « l'imagination créatrice », qu'une anticipation onirique de l'abstraction, telle que peut l'entendre, au passage du siècle, un artiste baigné de spéculations anarcho-théosophiques.Le tableau anticipe ainsi une double transformation mise en mouvement autour d'un subtil jeu de (dé)matérialisation: l'évolution de l'espèce accompagne celle de la peinture ou, plus encore, la nouvelle peinture, dégagée du plan matériel de l'objet, prépare l'évolution spirituelle de l'espèce. L'espèce humaine sera bientôt faite de créatures éthérées jouissant intégralement de l'ivresse cognitive des vibrations chromo-lumineuses. C'est là un premier niveau d'interprétation « ésotérique» du Rêve où la puissance visionnaire de l'artiste propulse le corps physique du rêveur dans un devenir télépathique de l'espèce.
Quelle était la nature de la religion romaine ? Quelle valeur religieuse un moderne peut-il accorder à une piété presque exclusivement consacrée aux rites ? La religion romaine ne connaissant ni Révélation ni Livre sacré, l'obligation rituelle constituait en effet le seul élément auquel le pratiquant pouvait s'accrocher. Cet ouvrage, leçon de clôture du professeur John Scheid au Collège de France, retrace l'appréciation difficile de cette particularité religieuse encore partagée par de nombreuses religions du monde actuel, et que les modernes ont mis longtemps à reconnaître.
En différenciant religion de l'individu, au sens romantique, et religions polythéistes et ritualistes ignorant la notion de personne, cette réflexion invite plus largement le lecteur à repenser les notions d'individu et de citoyen dans la société romaine.
Inscrits dans des systèmes dynamiques, les lieux de culte se définissent comme des espaces de tension et d'appropriation, où les rites prennent sens avec la pratique de cultores dont l'appartenance éventuelle à différentes communautés incite à s'interroger sur la manière dont chacun d'eux s'approprie ce paysage religieux. L'ouvrage vise à faire percevoir les logiques relationnelles à l'oeuvre autour des lieux de culte par l'examen des vestiges archéologiques et cultuels, des inscriptions religieuses et des sources littéraires afin d'observer la continuité, l'adaptation ou, dans la durée, la conversion de ces espaces, privés ou publics, à Rome ou dans les provinces.
La radicalisation est un phénomène vieux comme le monde, mais c'est surtout après les attentats du 11 septembre aux États-Unis qu'il a connu son heure de gloire dans les analyses des sciences sociales ainsi que dans les organismes de sécurité des différents pays. Dans le monde anglo-saxon, le nombre d'ouvrages et d'articles qui lui sont consacrés se compte par milliers, en France pour des raisons idéologiques la notion est plutôt marginalisée.Par son ouvrage, Farhad Khosrokhavar entend combler ce vide. Il réfléchit aux causes subjectives, mais aussi et surtout sociales, politiques, idéologiques qui font qu'un individu se radicalise et se fige dans cette attitude d'inflexibilité, de violence et de guerre totale contre la société.Il suit les méandres de ce phénomène en se concentrant sur l'islam radical, tout en soulignant que ce n'est pas le seul registre qui combine l'action violente et une vision idéologique extrémiste.L'ouvrage propose une interprétation des phénomènes de radicalisation jihadiste en Europe et dans le monde arabe et se conclut sur une analyse d'un nouveau type de radicalisation, celui qui résulte de l'afflux des jeunes Européens vers la Syrie.
En juillet et août 1317, le pape Jean XXII instaure dix-sept nouveaux diocèses dans le royaume de France. Parmi ces territoires diocésains émergents, on compte celui de Saint-Flour. Jusqu'alors le haut pays d'Auvergne relevait de l'autorité de l'évêque de Clermont. Pour autant, les frontières du diocèse qui porte aujourd'hui ce nom ne sont que pour partie les héritières de celles du XIVe siècle. Les reconfigurations révolutionnaire et concordataire engagées à l'échelle du pays ont redessiné à leur tour la géographie ecclésiastique en s'appuyant sur les circonscriptions départementales. Le diocèse de Saint-Flour a englobé un temps la Haute-Loire, détachée ensuite pour former un nouveau diocèse du Puy, modelé dans ses frontières contemporaines. Ainsi, la fréquente continuité des dénominations de sièges épiscopaux ne signifie pas forcément une permanence des territoires. Dans l'analyse de l'espace diocésain, l'étude de la territorialisation en tant que telle est un gain récent, qui a déjà conduit à remettre en cause l'idée qu'il n'y aurait eu là, au Moyen Âge, que la prolongation d'entités héritées de l'Antiquité. En réalité, les diocèses ne se constituent en tant que territoires que progressivement, dans les premiers siècles du Moyen Âge, et le remodelage se poursuit au-delà. La réflexion a porté ici sur les dynamiques à l'oeuvre dans les phases transitoires où des diocèses sont créés, redécoupés, absorbés ou disloqués: les modalités de ces construction et reconfiguration territoriales; les pratiques socio-spatiales qui nourrissent une identité à établir ou à reconfigurer dans une temporalité plus longue. La question de la pérennité formelle des entités diocésaines se pose, y compris par le truchement des recompositions les plus récentes. Le choix d'une large temporalité, depuis l'époque médiévale jusqu'à nos jours, permet de caractériser les continuités et les ruptures.
Alors que le débat tend à se focaliser sur la radicalisation, le sujet de la conversion reste peu étudié. Cet ouvrage vient combler une lacune importante. Il croise le regard sur des parcours de conversions avec une enquête qualitative de longue haleine.
On trouvera dans ce livre de belles restitutions d'expériences individuelles qui laissent entrevoir la diversité des trajectoires et permettront notamment d'apporter des pistes aux questions suivantes: Qui sont ces personnes converties? Comment se sont-elles converties? Y a-t-il des différences dans les processus de conversion, selon qu'on choisisse l'islam ou le christianisme? Quel rôle jouent les Églises ou les associations religieuses dans ce processus? Quelles conséquences les personnes converties doivent-elles assumer à la suite de leur choix?
On comprendra, en lisant cet ouvrage, que les parcours de conversion se ressemblent beaucoup plus qu'on ne l'imagine. En revanche, la conversion ne produit pas les mêmes effets sur les plans individuel et collectif. Car si elle constitue un facteur d'intégration dans la société suisse pour les personnes nées dans l'islam et converties au christianisme; inversement, les Suisses devenus musulmans semblent devenir étrangers à leur société d'origine.
Par ses analyses, l'auteur, politologue et spécialiste du dialogue entre les religions, montre comment la conversion est intimement liée à la notion de liberté et aux parcours de vie.
À la différence des autres pratiques chamaniques répandues dans le monde, les chamanes yi, appelés "bimo" ou « maîtres de la psalmodie », opèrent par le moyen de manuscrits. « Comme le sel, je suis le cours de l'eau » est un vers rédigé dans leur écriture secrète. Il fait référence aux voyages qu'ils entreprennent dans le cosmos à l'occasion d'un culte territorial villageois, "midje", célébré afin d'ordonnancer l'univers. À l'image du sel qui se dissout dans l'eau et se laisse porter au gré des courants, les chamanes pénètrent dans une strate peuplée d'esprits et d'ancêtres dont le contentement conditionne le bien-être des vivants. La population de cette société « à moitiés » est associée à ce sacrifice lié au pouvoir local, qui exprime la vision politique de l'ethnie. Que donne à comprendre le caractère communautaire de ce protocole religieux et à quelle cosmogonie renvoie-t-il? En quoi consiste cette écriture chamanique et comment s'est-elle transmise au cours des siècles? L'auteur propose de répondre à ces questions en tenant compte des changements sociaux qui affectent la population yi, minorité établie au Yunnan, en Chine : elle s'interroge en particulier sur la dynamique contemporaine mettant en relation la religion et l'écriture avec le pouvoir dominant. Car soucieux de maintenir sa tutelle sur les pouvoirs locaux, l'État chinois s'engage dans un processus d'uniformisation et de laïcisation de l'écriture rituelle qui bouleverse les fondements politico-religieux de l'ethnie.
Des caravanes des époques médiévale et moderne aux compagnies low cost d'aujourd'hui, la pratique du pèlerinage à La Mecque a profondément changé. Du voyage d'une vie qui ne concernait qu'une petite partie des fidèles musulmans, ce pèlerinage est pleinement entré dans l'ère du capitalisme et de la mondialisation et cette mutation a également touché les innombrables pèlerinages locaux ou régionaux. Les articles réunis dans ce volume explorent les déplacements, les motivations et les dimensions économiques et politiques des pèlerinages en Islam mettant en exergue des réalités complexes et plurielles.
@page { margin: 2cm }p { margin-bottom: 0.25cm; direction: ltr; color: #00000a; line-height: 120%; text-align: left; orphans: 2; widows: 2 }p.western { font-family: Calibri, serif; font-size: 12pt; so-language: fr-FR }p.cjk { font-family: Yu Mincho; font-size: 12pt; so-language: ja-JP }p.ctl { font-family: Arial; font-size: 12pt; so-language: ar-SA }a:link { color: #0563c1 }Qu'il s'agisse de guides touristiques ou bien de panneaux de signalisation routière, Avignon est souvent qualifiée de « cité des papes ». Si la période de la papauté médiévale continue de marquer l'identité culturelle des Avignonnais, il faut néanmoins se rappeler que les rapports entre la ville et le pontife n'ont pas toujours été idylliques...Loin de toute banalisation, le regard perçant de Paul Payan déniche les secrets cachés entre les pierres du Palais des papes, dans ce livre issu d'un cycle de conférences données au Théâtre du Chêne Noir. Arraché aux slogans touristiques et aux cartes postales, le passé pontifical de la ville est enfin rendu aux habitants, aux spécialistes et à tout curieux.Délivrés de leur lourde chape mythique, le bâtiment et la communauté qui peuplait ses salles sont interpellés en tant que simples témoins. En retraçant un pan d'histoire et de civilisation, le Palais nous conduit à la redécouverte de nos « frères du passé ».
Comment faire connaître sa bibliothèque, rendre lisible son offre, valoriser ses évolutions ? Quels outils utiliser ? Quelles compétences intégrer ? Quelle organisation mettre en place ?
Ces questions s'imposent aujourd'hui aux professionnels qui doivent améliorer la notoriété de leurs établissements et faire évoluer leur image.
Dans ce livre, la relation avec les publics est placée au coeur du processus de communication, tant pour le contact en direct, les échanges en ligne, que pour le soin apporté aux espaces, à la signalétique, et à la conception de documents.
Construire un plan de communication, mener une campagne d'affichage, réinventer un guide du lecteur, reformuler le règlement intérieur, créer un avatar ou partir à la conquête d'un public spécifique sont autant d'actions qui demandent à la fois de bâtir une stratégie d´ensemble et de maîtriser des savoirs pratiques et concrets. Pour chacune des réalisations évoquées, un mode opératoire précis indique la méthode et les étapes à prendre en compte.
Coordonné par Jean-Marc Vidal, conservateur à la bibliothèque municipale de Grenoble, cet ouvrage collectif, qui réunit bibliothécaires, graphiste, responsable de communication, sociologue, rend compte d'expériences multiples menées dans des bibliothèques publiques et universitaires. La communication avec les publics apparaît ainsi comme l'un des éléments révélateurs des transformations des bibliothèques.
Ont contribué à cet ouvrage : Raphaëlle Bats, Sandrine Chomel-Isaac, Nathalie Clot, Marie-Paule Doncque, Laurence Favreau, Eve Lagacé, Stéphane Legault, Marion Lhuillier, Brigitte Maury, Alain Marois, Laurence Madrelle, Claude Poissenot, Adèle Spieser, Olivier Tacheau, Jean-Marc Vidal
Au Tibet, nombreuses sont les femmes qui entrent de nos jours encore au monastère pour vouer leur vie à la pratique des enseignements du Bouddha. Quelles sont les raisons qui motivent ce choix ? Qu'est-ce qui pousse ces femmes à rompre avec leurs devoirs d'alliance et de reproduction ? Quelles perspectives les attirent ?
À partir d'une recherche ethnologique menée dans deux monastères de femmes, l'un situé au Tibet même et l'autre parmi la communauté expatriée en Inde, cet ouvrage décrit et analyse la façon dont les nonnes conçoivent, construisent et organisent leur vie communautaire. Partant des faits historiques, il rend compte des importants changements qui ont accompagné le renouveau monastique féminin depuis la fin de la Révolution culturelle. En effet, le statut social des nonnes s'est amélioré considérablement ces dernières années. Mais certains défis restent encore à résoudre.
Nicola Schneider est ethnologue, docteure ès lettres de l'université Paris Ouest Nanterre la Défense. Elle enseigne actuellement à l'université Poitiers et elle est rattachée au Centre de recherche sur les civilisations de l'Asie orientale.
Quelques décennies seulement après le concile de Trente, le culte catholique commence à se revêtir d'un faste jusqu'alors inégalé. Mises en scène, musique et décors temporaires concourent à la splendeur d'un cérémonial qui trouve son apothéose dans les solennités qui échappent au cycle liturgique (canonisations, jubilés, funérailles, sacres...). Ce volume se propose de scruter les cérémonies extraordinaires à l'échelle de la catholicité entière et de croiser les approches disciplinaires pour mettre au jour les significations religieuses, culturelles et politiques des manifestations du culte, véhicule de l'identité du catholicisme dans le monde pluriconfessionnel des 17e et 18e siècles. Au-delà, ces études ont pour ambition de concourir à une meilleure intelligence de la civilisation du baroque.
On imagine volontiers les ascètes indiens errants et solitaires, notamment les nath yogis, ces disciples de gorakhnath, thaumaturges et adeptes du hatha yoga, célèbres depuis le xiiie siècle pour leurs exploits et, à ce titre, héros de ballades chantées dans toute l'inde du nord.
Mais, s'ils sont d'infatigables pérégrins, ils possèdent également des modes d'organisation bien établis, en particulier monastiques, grâce auxquels ce mouvement sectaire assure sa pérennité. c'est à ces monastères, point d'ancrage d'une tradition d'itinérance, que ce livre est consacré. il propose une description et une analyse de la complémentarité de deux types de monastères, les monastères communautaires dans lesquels les ascètes se réunissent autour de symboles et de rites partagés, et les monastères personnels, transmis de maître à disciple au sein d'une lignée.
Le monastère de kadri-manjunath à mangalore (karnataka) est le type même du monastère communautaire : nous verrons que l'intronisation du supérieur y est l'occasion, tous les douze ans, d'une grande célébration, précédée d'un pèlerinage à pied, long de six mois, entre nasik et kadri, réitération d'un mythe fondateur lié au dieu parashuram et illustration de l'histoire religieuse complexe de cette région.
Les monastères personnels, ici ceux de fatehpur dans la shekhavati (rajasthan) et de asthal bohar en haryana, sont en revanche le lieu d'innovations, souvent liées à un changement de patronage : un accent mis sur la dimension dévotionnelle derrière le culte du guru et le développement de l'hagiographie, un nouvel intérêt pour les activités caritatives, une ouverture aux laïcs mise en évidence lors de la cérémonie fastueuse tenue à fatehpur pour leur bénéfice et caractérisée par un sacrifice qui se veut védique ce livre présente la richesse et la diversité des institutions et des orientations qui concourent, derrière l'atomisation des pratiques individuelles, à faire des nath yogis une tradition sectaire vivante et cohérente.