Le livre de Christine Breton et Sylvain Maestraggi retrace le séjour des philosophes allemands Walter Benjamin, Ernst Bloch et Siegfried Kracauer à Marseille en septembre 1926, à l'occasion de la publication d'un article d'Ernst Bloch dans la revue "Les Cahiers du Sud". Il est conçu en deux parties : d'un côté, un conte urbain, récit de l'événement par Christine Breton, conservateur honoraire du patrimoine et historienne de l'art ; de l'autre, un corpus de leurs correspondances (notamment avec Marcel Brion et Jean Ballard) et de textes inédits ou nouvellement traduits, réunis et commentés par Sylvain Maestraggi, philosophe, éditeur et photographe. Au centre, un cahier de photographies, Marseille, telle que l'ont vue les trois auteurs... Comment ce qu'ils ont découvert à Marseille a-t-il été déterminant dans l'évolution des oeuvres et dans l'écriture des trois penseurs ?
Un texte magnifique de Bruno Muel sur les images, le montage, l'engagement, des documents sur les groupes Medvedkine, des photogrammes de « Rio Chiquito » (il fut l'un des seuls à filmer la guérilla colombienne des FARC) et de « Septembre chilien » et un DVD comprenant la version restaurée d' « Avec le sang des autres » et un court de René Vautier (« Les trois cousins »).
« Je t'ai dans la peau » est une fiction tournée à Marseille en 1988. Inspiré d'une histoire réelle, le film raconte l'histoire de Jeanne, religieuse qui tombe amoureuse d'un prêtre-ouvrier, devient leader syndicaliste et s'engage au service de la cause féministe. Jeanne, jouée par Solveig Dommartin, l'héroïne des Ailes du désir, ou celle par qui le scandale arrive... Elle aspire au bonheur mais incarne jusque dans sa fin tragique l'aventure d'une génération qui voit, des années 1950 à 1981, ses rêves se briser implacablement... Ce livre et ce film ne nous enferment pas dans une histoire passée, mais posent des continuités entre des engagements d'hier et leurs métamorphoses au présent. DVD avec le film et un documentaire de Achille Chiappe sur le tournage du film.
À la fin des années soixante-dix, Pierre Gurgand, réalisateur, alors conseiller technique et pédagogique auprès de l'Institut National d'Éducation Populaire, avait déplacé les stages cinématographiques et photographiques dans les corons, au coeur du peuple, entre Lens, Sallaumines et Liévin. C'était la fin des mines, le lent démantèlement de l'industrie lourde, une page de l'histoire ouvrière se tournait. Nous nous sommes retrouvés, longtemps plus tard, dans un même « faire » cinématographique. Les outils étaient là, au Polygone étoilé. Nous avons commencé à revoir et écouter, ensemble, les trente heures d'images et les deux cents heures de sons enregistrés par son équipe et par les stagiaires au cours de ces années passées en Pays Minier. En 2003, au lendemain du décès de Pierre, tenant promesse et m'entourant de complices, je me suis mis à la table de montage pour me confronter à cette matière monumentale. Il s'agissait tout d'abord d'extraire la parole des mineurs, d'extraire leur mémoire et de la remonter à la lumière. La fragilité des images inversibles 16 mm, mais aussi la réelle présence des stagiaires, perceptible dans la matière filmée, par les mouvements, leurs tremblements, les temps de prises de vue et leur rythme, m'ont conduit à conserver la durée initiale des plans et à réaliser un montage cut, sans coupes. La fragilité des images, entre surexposition, flous et filages, fait surgir l'humain comme une apparition.
Aaron Sievers.
Aaron Sievers ; Jean Duflot ; Marc-Henri Piault ; Christian Hottin ; Jean-François Neplaz ; Marie-Jo Aiassa ; Kiyé Simon Luang.
Livre construit autour du film « Lettre à la prison » (1970) : « Film incandescent, film rescapé, « Lettre à la prison » est le grimoire halluciné d'une expérience intime de l'immigration. Une oeuvre hors norme, dont la modernité trouve sa filiation du côté de Buñuel, Jean Vigo, Pasolini, un cinéma de poète, d'images fulgurantes; un cinéma de montage, de greffes, d'incidentes, de collision et de stases, où l'univers onirique et la vérité documentaire se conjuguent pour mettre en scène l'expulsion de soi-même qu'opère la condition d'immigré. Inclus le DVD du film + court métrage « La parole perdue » + Entretien film de Franck Déglise-Bougherra.
Transcription d'un débat organisé par L'Abominable, laboratoire cinématographique partagé, à l'invitation de Cinéma du Réel pendant l'édition 2013 du festival. L'équipe de L'Abominable tente d'y créer un espace de discussion critique, partant du point de vue qu'un certain nombre de cinéastes tiennent à continuer à utiliser le support photochimique, qu'un certain nombre de programmateurs continuent à montrer des films en pellicule, qu'un certain nombre de spectateurs font la différence : un débat animé, reflet d'un basculement pourtant présenté comme une évidence.
Marseille, été 2004... Un conflit éclate entre des locataires et leur propriétaire, un fonds d'investissement américain venant d'acheter sur la rue de la République plus d'un millier de logements. Il exige que tous quittent leurs appartements au plus vite : il veut y engager des travaux et les revendre « à la découpe ». À l'initiative de quelques locataires, appuyés par l'association « Un Centre-Ville Pour Tous », une mobilisation collective a pris forme... Issu d'une recherche-action soutenue par le Plan Urbanisme Construction Architecture (Paris), ce livre retrace et interroge la mobilisation - par l'écrit, l'image et le son - depuis les premières lettres demandant aux locataires de quitter les lieux, c'était en 2004, jusqu'aux dernières décisions de justice rendues 5 ans plus tard en leur faveur. Avec CD de Caroline Galmot, création sonore.
Témoignages et textes critiques autour des films de Renaud Victor, depuis les premiers films tournés auprès de Fernand Deligny dans les Cévennes jusqu'au dernier long métrage à la prison des Baumettes à Marseille en 1991.
C'est une mise à nue que propose J.-F. Neplaz (cinéaste et cofondateur de Film flamme et du Polygone étoilé). Son texte suit deux chemins entrelacés : un premier récit retrace la genèse de 4 de ses courts métrages et constitue un descriptif du processus de création de chacun d'eux. Dans un second mouvement, l'auteur porte une réflexion sur le geste cinématographique et interroge de manière critique son analyse chez des théoriciens comme Jacques Rancière et Giorgio Agamben à travers le geste politique et poétique de Jean-Luc Godard. Une réflexion qui déporte l'attention de l'analyse sur le rôle du son et celui de l'improvisation. Trois auteurs parcourent cette spirale du temps proposée par J.-F. Neplaz et font lecture des films qui fondent l'ouvrage. Avec DVD de 4 courts métrages de l'auteur.
Alvie a été écrit à la demande de la metteure en scène Rachel Dufour et de la compagnie Les guêpes rouges-théâtre de Clermont-Ferrand, pour Stand Up/rester debout et parler. Il est le fruit d'une expérience d'écriture en immersion qui a duré dix jours, en juin et septembre 2017, pendant les deux premiers temps de résidence de création avec l'actrice et chanteuse Alvie Bitemo : « Alvie commenc¸a le deuxie`me jour d'improvisation par quelques cris a` la guitare basse et par un «Vous devez me prendre pour une folle, non?». Je commenc¸ai moi aussi par cette phrase. Cette phrase d'Alvie. La mienne, il y a longtemps, a` l'adolescence. Prenez-moi pour une folle, je m'en fous. Et le rire qui sauve. Secoue. Cre´e le vide. Ose la perce´e du vrai - silence - dans l'affolement du sens. »
Du sommet aux piémonts de l'Etoile qui dominent le nord de Marseille, les attitudes de la limite, vécues avant nous dans les Déserts de Palestine ou d'Egypte, se transmettent et nous enseignent. Quel goût laissent-elles dans nos contraintes et rêveries urbaines actuelles ? Le troisième récit d'hospitalité se laisse embarquer dans les lointains marseillais et continue d'interroger les modèles importés qui fondent la ville d'aujourd'hui.
Umbral (le seuil) propose un voyage poétique dans les pas d'Antonin Artaud chez les Tarahumaras : « Umbral... L'immanence pure, c'était bien le pays des Tarahumaras, ce voyage interminable dans la montagne, ces cailloux, cette poussière, ces fêtes où l'on ne mange pas de l'hostie, mais de la bête sacrifiée, où l'on ne subit pas un discours-traduction, la magie noire du mot qui se veut chair ; mais où l'on danse et l'on boit durant trois jours et trois nuits l'alcool de maïs, le sang jaune de la terre. Ici le paradis, ici l'enfer... »
Essai sur l'idéologie et les conséquences des grands dispositifs d'aménagement urbain et culturel, ici Marseille-Provence 2013, Capitale européenne de la culture.
Les deux auteurs font le récit de l'arrivée de leurs parents, en Algérie pour l'une, en France pour l'autre, et inscrivent l'histoire intime dans l'histoire des migrations : «Voici le grand fond d'or de l'enfance qui se déploie. Voici nos deux récits écrits d'un bord à l'autre du livre. Voici comment nos pères et nos mères sont passés de chaque côté de l'Algérie. Voici l'instant unique et fondateur de nos paysages... Ne cherche pas un dialogue ! Tu trouveras alors derrière Romilla le fond de nos splendeurs.»
La femme qui raconte habite les hautes collines marseillaises, entre les étangs et la mer. Elle part un matin d'une branche du Rhône et traverse l'Eurasie. Elle part avant que les Grecs n'arrivent ; leurs références et celles des textes d'Orient lui sont étrangères : son monde est celtique. Elle surgit de la mémoire orale, utilise des références vécues et nomme les choses à sa manière. Elle dit « je » et nous propulse dans l'épaisseur d'un temps disparu, entre préhistoire et histoire. Deux mille sept cent soixante cinq années seulement nous séparent d'elle.
Récit d'une expérience internationale de création chorégraphique en espace public menée par la compagnie de danse Ex Nihilo ; appareil critique par des chorégraphes, cinéastes et poètes.
Parce qu'ici s'achève le cycle des Récits d'hospitalité, histoire de Marseille vue du nord. Reste à raconter les douze marches mensuelles incorporées à l'année Capitale européenne de la culture Marseille-Provence 2013, passage secret trouvé pour remonter au présent, pour transmettre l'hospitalité reçue et les savoirs accumulés. Faire un livre comme on marche dans un quartier, voici l'enjeu de ce dernier. Parce que vous avez parfois été choqués de m'entendre dire «petits fronts de guerre sociale» pour condenser l'injustice que traversent ainsi marches et hospitalité. Parce qu'un jour de 1940, dans la tradition des opprimés, le philosophe Walter Benjamin est revenu sur la rue de Lyon pour taguer : «Il n'est aucun document de culture qui ne soit aussi document de barbarie». Ce jour-là, tous les réservoirs de documents, tous les musées, sont d'un coup devenus muets.
Prolongé d'un rien est le journal de bord d'une résidence de plus de deux années à l'Abeille, l'un des 15 « Quartiers créatifs de la capitale européenne de la culture ». L'ouvrage rend compte des joies et des difficultés d'un tel programme de recherche et de création artistiques, qui visait à "produire des objets ou des actions dont l'élaboration des formes est partagée avec les habitants. Lancé au coeur du mouvement de la rénovation urbaine, il doit pouvoir questionner, infléchir ou compléter le processus d'aménagement."
Le sixième point de vue des Récits est tout entier absorbé dans le désastre, la violence d'une disparition : celle du travail. Comme dans les numéros précédents, la recherche des traces de ce grand pan du contrat social fait se rencontrer des récits issus d'alternatives collectives.
Depuis le n° 1, nous voyons se dessiner, dans la perte, des formes de «marseilles» : cette fois, c'est un oratoire médiéval qui disparaît. Cette petite construction, qui cristallise le temps et l'espace d'une communauté, n'apparaît que dans les textes : a-t-elle seulement existé ? Pourquoi faire construire de telles architectures ? Que se passe-t-il dans l'épaisseur de sept cents ans d'écrits? Peu de sources sûres pourront nous répondre ; en revanche, beaucoup d'hypothèses plausibles surgissent dans le rapport créé entre l'oratoire, signe du sacré, et le territoire du diocèse, étendue politique. Dans ce quatrième opus, l'écriture nous rencontre et nous balançons sans cesse entre la vérité, la fiction (et la vérité de la fiction !) et le mensonge suivi de son cortège de violences.
Mon père est parti par l'Ouest. Cherchant au travers des mouvements provoqués par la morphine à comprendre où il était, il dessina en creux le portrait d'un lieu contemporain : l'hôpital. Mais il parlait aussi, amusé, étonné, depuis une vie inquiète du devenir d'un monde qu'il savait devoir quitter.
Une réflexion poétique sur la photographie, la mémoire, la fiction...Ce jour-là, la vie n'avait pas de mots pour se dire. Ma terre natale est une étendue d'eau à perte de vue. Miroir dans lequel se renverse un ciel trop lourd pour rester en l'air. La digue nous entraîne dans la profondeur de champ. C'est la ligne du temps qui nous tire vers l'avenir.