Ad Solem
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Les paroles du Christ se déploient avec ceux qui les lisent - qui les lisent à la clarté de leurs cinq sens. Avec leurs yeux, bien sûr, mais des yeux doués d'un regard longuement poli par la contemplation, aiguisé par la patience, vivifié par l'étonnement ; un regard à la fois vieux de milliers d'années, car s'enracinant dans les profondeurs du temps de la Révélation, et jeune à chaque aujourd'hui, car s'enfantant d'instant en instant, inlassablement tendu à la pointe du présent, ouvert à du neuf, à de l'insoupçonné - à de l'à venir. « Heureux vos yeux parce qu'ils voient » (Mt 13, 16) ; heureux par ce qu'alors ils discernent et qui les éclaire, affinant et affilant leur vue. C'est à ce délestage et à cette joie que nous convient les sermons du Père François, la joie de lire avec nos cinq sens, et de développer, à notre tour et à notre mesure, un sixième sens : celui du chant silencieux, du picorement de la lumière, d'une continuelle migration intérieure pour découvrir les trouées d'infini secrètement inscrites dans notre finitude. « A vrai dire, tous les sermons sont aux oiseaux (qui) font du ciel une terre et de la terre un ciel », qui font du ciel un texte et de ce texte un haut chant de la terre. Qui font de tout un vol dans l'immensité.
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Je est amour constitue le testament de Philippe Mac Leod (1954-2019). Il y partage une dernière fois ce que lui a appris l'écoute de la vie.. Comme une évidence, l'expérience de soi mène à l'expérience de Dieu. "La sagesse du vivant fait éprouver, dans notre chair, dans notre existence, ce en quoi nous croyons, celui en qui nous plaçons notre foi. Cette connaissance intime, par le coeur, le vécu de chaque jour, chaque instant, surgit à la lumière de la rencontre. Une rencontre ne laisse jamais indemne. On peut croire au Christ sans jamais le rencontrer, sans jamais établir de lien, de rapport personnel avec lui. Et l'on ne peut le rencontrer si l'on ne s'est pas rencontré soi-même. Parce que nous sommes chacun unique, cette expérience ne peut être que singulière : Dieu va parler en chacun différemment". Je est amour ne décrit pas une méthode. L'écriture de Philippe Mac Leod veut avant tout rendre possible une Rencontre. Pour qu'à notre tour, nous puissions éprouver que notre identité personnelle est inséparable de l'amour du Christ, qui dépasse tout entendement.
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Considérée autrefois comme un ensemble de formules à respecter scrupuleusement, la liturgie a été progressivement replacée par le Mouvement liturgique, entre 1920 et 1963, dans le cadre plus vaste de la célébration du Mystère pascal - Passion, Mort et Résurrection du Christ, qui englobe non seulement l'individu mais toute l'Eglise, toute la société, tout l'univers, dans le grand mouvement qui fait passer les hommes et le monde de la mort à la Vie dans le Mystère de Pâques. Ce recentrement de toute chose dans le Christ est la marque propre du renouveau liturgique voulu par le Concile. Tout au long des chapitres de ce livre, le CARDINAL RATZINGER aborde les différents aspects de cette christologie liturgique : disposition de l'autel, orientation de la célébration, place de la Croix, gestes, participation des fidèles, langues, chants, rites etc. A cette aune, il mesure aussi les déviations liturgiques, théoriques et pratiques, qui ont contribué à réduire la célébration des Mystères sacrés à une auto-célébration de l'assemblée liturgique. L'ESPRIT DE LA LITURGIE est une somme de théologie liturgique. C'est aussi un livre-programme. Intentionnellement, le CARDINAL RATZINGER a donné à son livre le même titre que celui de Romano Guardini, qui en 1918 lança le Mouvement liturgique, dans l'espoir que L'ESPRIT DE LA LITURGIE donne naissance à un mouvement qui corrige les insuffisances de la réforme de la liturgie catholique.
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L'oeuvre de René Girard a remis l'anthropologie religieuse au goût du jour et a influencé en profondeur d'autres domaines des sciences humaines et sociales. Son apport à l'intelligence de la foi chrétienne est considérable : en montrant comment la Passion du Christ dévoile les ressorts de la violence constitutive des sociétés, Girard a éclairé la singularité des Évangiles par rapport aux mythes fondateurs de la culture humaine.Un nombre croissant de théologiens se sont emparés de sa pensée pour reposer les questions du mal, du sacrifice et de la Rédemption. L'un des bénéfices de cette lecture des Évangiles est de souligner la cohérence entre la prédication du Royaume et la signification des circonstances de la mort de Jésus. Plus largement, elle permet de lire les textes bibliques comme la découverte progressive de la non-violence de Dieu.Ce livre est d'abord une présentation des enjeux de la pensée de René Girard pour le christianisme et un premier bilan des théologies qui s'en inspirent. L'auteur conduit ensuite une réflexion plus personnelle sur les rapports entre anthropologie et théologie. Il montre comment la théorie de Girard permet de penser les relations entre religion et violence, et il interroge le sens du rituel chrétien dans un contexte de sécularisation.
Bernard Perret est essayiste et vice-président de l'Association Recherches Mimétiques (www.rene-girard.fr). Il a mené une double carrière de haut-fonctionnaire et de chercheur en sciences humaines. Ses travaux touchent des sujets variés : questions économiques et sociales, écologie, anthropologie sociale, christianisme. Il a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels : L'Économie contre la société (avec Guy Roustang ; 1993 ; réed. 2001) ; La Logique de l'espérance (2006) ; Vers une raison écologique (2011). -
La Crèche et la Croix réunit cinq textes d'Edith Stein : une conférence prononcée en janvier 1931 sur le mystère de Noël et quatre méditations sur le thème de la Croix et du mystère pascal, composées entre 1934 et 1941. Il peut paraître étonnant d'associer sous le même titre le mystère joyeux de la naissance du Christ et le mystère douloureux de sa passion. C'est Edith Stein elle-même qui dans Le mystère de Noël met en lumière la logique profonde de ce rapprochement : Les mystères du christianisme forment un tout indivisible. Si l'on se plonge dans l'un, on est conduit à tous les autres. C'est ainsi que le chemin qui commence à Bethléem mène immanquablement au Golgotha, de la crèche à la croix. Entre Noël et Pâques Edith Stein voit se dérouler le dessein d'amour de Dieu pour l'humanité, appelée à la rédemption par sa configuration progressive au Fils de Dieu, dans l'Eglise qui est son Corps. Le chrétien doit vivre toute la vie du Christ. Il doit grandir jusqu'à atteindre l'âge adulte du Christ, et un jour commencer sa montée vers le Golgotha. La Crèche et la Croix anticipe de manière bouleversante le propre chemin de croix d'Edith Stein, scellé par son martyre à Auschwitz, en août 1942.
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La conscience prophétique ; Pathos est Ethos
Abraham joshua Heschel, Dan Arbib
- Ad Solem
- 3 Juillet 2024
- 9782372981002
Le phénomène de la prophétie trouve son origine dans le souci de Dieu pour l'homme et sa condition. Telle est la thèse que soutient Abraham J. Heschel dans cet essai de 1939 : le prophète participe du pathos de Dieu pour l'humanité. Il ne s'agit pas de s'abîmer dans l'infini mais de se laisser affecter par l'Autre, à la croisée d'une passivité qui constitue le fondement phénoménologique de « la conscience prophétique ». Parce qu'il se met à l'unisson du pathos divin, le prophète fait l'expérience « de soi à travers Dieu ». La prophétie consiste non plus à annoncer l'avenir mais bien plutôt à se connaître depuis le pathos divin - à faire l'expérience de l'humanité depuis l'engagement de Dieu pour les hommes. Penser en prophète, c'est penser l'humain dans la perspective de Dieu.
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Dédiés aux souffles sans frontièreils tendent l'oreille aiguëvers les échos hors d'atteinteet les murmures de l'instant Il leur vient d'étranges paroles ancrées dans l'humus ils redoutent l'assèchement autant que l'excès Écrire « à main levée », comme pour laisser les mots en liberté, ou les rendre à leur vocation originaire. Non pas désigner ou définir, mais évoquer l'inapparent dans les situations qui lui donnent une figure fugitive. À main levée se présente comme une poétique de la pudeur. Alors que la main se retient de toucher, la parole se fait approche - intimité avec le monde, intact.
La page creuse ou prolixe désavouerait la source Colette Nys-Mazure est philologue de formation, professeur de lettres, conférencière, poète et essayiste. Elle écrit aussi pour le théâtre et la jeunesse. Ses livres ont été couronnés de plusieurs prix et traduits en de nombreuses langues. -
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L'analogie de la foi : Destin et idée de la théologie
Karl Barth
- Ad Solem
- 24 Avril 2024
- 9782372981125
Comment, sur quel fondement la théologie peut-elle « parler » de Dieu ? Dans cet essai de 1928, qui constitue un dialogue à distance avec Erich Przywara, Karl Barth défend le primat de la Parole de Dieu dans la connaissance de Dieu. Rien ni la « nature », ni la « conscience », aucune « analogie » sinon celle de la foi ne donne Dieu à connaître. « La théologie est possible uniquement comme théologie du Dieu proclamé, qui s'est révélé et qui se révèle encore, du Dieu qui envoie sa Parole. La théologie ne pense savoir quelque chose de Dieu que dans la mesure où lui-même se donne à connaître à nous. L'Église est fondée sur la Parole de Dieu et l'Église sert la Parole de Dieu par sa proclamation. La théologie n'a pas seulement Dieu pour objet, mais elle ne l'a pour objet que dans la mesure où, comme Thomas d'Aquin l'a dit avec profondeur, elle l'a comme sujet : la quête et l'enseignement de sa vérité n'ont strictement aucune autre origine que ce qu'il donne à connaître de lui-même. Ainsi, chaque pas, même le plus petit, ne peut être risqué par la théologie que parce que Dieu s'est d'abord laissé trouver par nous, avant que nous ne le cherchions. »
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Le poème de la sainte liturgie ; première version
Maurice Zundel
- Ad Solem
- 5 Avril 2017
- 9782372980272
Sous le nom de « Frère Benoît » Maurice Zundel alors en retraite à l'abbaye d'Einsiedeln a écrit en 1926 une méditation poétique sur la messe : le poème de la sainte liturgie.
Cette première version oubliée n'a jamais été rééditée. Elle diffère de la deuxième édition, plus développée et réimprimée à de nombreuses reprises, par son désir de ne pas étouffer le texte par un commentaire discursif des gestes et des mots. Le poème de la sainte liturgie se veut être, précisément, une oeuvre poétique : un poème, sous la forme d'un palimpseste qui prolonge en même temps qu'il l'éclaire chaque partie de la messe. Mais le poète Maurice Zundel est aussi un philosophe de la liturgie. On trouve déjà dans ces pages de jeunesse le thème central qui traverse l'ensemble de son oeuvre :
Tout reconduire à la vie - à la vie de Dieu. « A qui regarde du dehors les verrières d'une cathédrale, la fête de lumière demeurera pour toujours étrangère : de même, pour qui l'envisage du dehors, le Dogme reste obscur. Chacune des formules de Foi apporte, cependant, la solution d'un Problème de Vie. Ce n'est pas qu'on ait toujours explicitement distingué les éléments qu'il s'agissait de concilier. Mais il s'est toujours trouvé, qu'en leur laissant leur maximum de valeur, on les avait, sans violence, ramenés à l'Unité. On atteignait, d'instinct, à cet Ordre mystérieux, où les antinomies, vaincues, rendent témoignage à la Sagesse et à l'Amour. Aujourd'hui, on pense communément que le partage se fait ainsi :
Aux croyants : le Ciel, - aux habiles : la terre. C'est faux : la terre fait partie du Royaume de Dieu. C'est un tout indivisible, un ensemble parfaitement lié ». Où le voir ? Dans la liturgie.
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Ces Trois entretiens sur la guerre, la morale et la religion constituent le dernier livre de Vladimir Soloviev (publié peu de temps après sa mort, en 1900). On peut à juste titre y voir le testament philosophique, politique et religieux de celui qui a sans doute été le plus grand penseur russe du XIXe siècle. Trois protagonistes : un Général, un Homme politique et Monsieur Z (alias Vladimir Soloviev), personnifications des vérités du passé, du présent et de l'avenir, s'opposent dans un dialogue très vif au représentant de l'erreur sous toutes ses formes qu'est le Prince (disciple de Tolstoï et à ce titre agent d'une confusion mentale et spirituelle qui en fait un précurseur de l'Antéchrist). A travers ces trois entretiens , Vladimir Soloviev montre le caractère indispensable de l'Etat, de la culture, de l'Eglise - du progrès et des institutions humaines en général - au moment où une lumière crépusculaire commence à descendre sur les valeurs qui formaient la civilisation occidentale. Au fil d'un dialogue où s'entremêlent admirablement gravité et humour, la courtoisie des échanges se voit perturbée par le sentiment d'une menace diffuse, qui altère la limpidité de l'atmosphère. Un temps s'achève. Un autre commence, prélude à ce temps de la fin des temps (le nôtre ?) que décrit en conclusion le Court récit sur l'Antéchrist, où face à la persécution que l'Antéchrist a déclenchée contre les chrétiens du monde entier, les représentants de l'Orthodoxie (le moine Jean) et du Protestantisme (le pasteur Paulus) prennent refuge auprès du pape Pierre II, qui scelle dans le martyre le retour à l'Unité des communautés chrétiennes divisées.
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Avec la béatification de John Henry Newman par Benoît XVI en septembre 2010, la nécessité s'impose d'une introduction simple à la pensée du grand converti d'Oxford.
Ce livre veut y répondre en abordant les questions auxquelles Newman fut confronté dans sa recherche de la vérité: le rôle et la nature de la conscience, son lien avec l'enseignement de l'Église, le développement de la doctrine à travers le temps, la rationalité de l'acte de foi, l'importance de la culture. En exposant ces différents thèmes, le cardinal Honoré a toujours soin de ramener la pensée de Newman à ce désir du "face à face" avec Dieu qui est au coeur non seulement de l'oeuvre de Newman, mais aussi de sa spiritualité.
Véritable biographie intellectuelle et spirituelle, cette introduction permet au lecteur français de découvrir la figure d'un nouveau saint, qui est aussi, sans doute, un futur docteur de l'Église.
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Jadis, je cherchais à percevoir une réponse devant lemiracle de l'existence. Je me trouvais devant les faits accomplis. Ma nuit devintune longue méditation constellée de pierres. Enfant isolé, je devins l'état demes souffrances. Désormais je demeure émerveillé par la beauté du monde,puisant dans l'eau du baptême une parole qui persiste à tout. Dans le cielrenouvelé, un prodige semble advenir. Je passe dans la vie sans comprendre,promis à la disparition comme ces flocons de neige dispersés par la brise ouces pétales de cerisiers évanescents qu'illumine l'aube naissante. J'ai essayéd'être à l'écoute d'une vocation. Les poèmes qui composent ce recueils'enracinent dans ma culture paysanne et témoignent d'un chemin, avec le doutepour guide et l'intuition du coeur - un chemin de croire.Herboriste et poète, Jean Maison allie dans sa poésie laterre de Corrèze et une foi ancrée dans un chemin de vie. Il a publié plusieursrecueils, dont Le Premier Jour de la semaine et Le Boulier cosmique(Ad Solem, 2014) qui a reçu le prix de poésie Charles Vildrac.
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Le monde vient de loin
Le monde vient
De si loin
Si bien que personne
Ne peut vraiment dire
D'où vient le monde
Comme une apostrophe poétique, ce recueil emprunte le registre de l'ironie pour dire notre absence aux choses qui nous entourent. Devenu "pauvre en monde" à force d'avoir voulu le réduire à la mesure de l'idée, l'homme ne sait plus habiter poétiquement la terre. Pourtant les éléments attendent encore notre attention. Pour nous, Jean-Pierre Denis s'est mis à leur écouter. Car "nul n'est censé ignorer la météo".
Et si certains le savent
Ils se taisent
Pour ne froisser personne
Pour ne pas les offenser
Tous ceux qui croient
Le monde né d'eux. -
Le train dans le brouillard n'attendra pas minuit
Marie-hélène Lafage
- Ad Solem
- 13 Septembre 2017
- 9782372980692
La poésie est souvent fille de l'admiration, de la création. Dans ce recueil, la poésie se découvre comme contestation. Avec la distance que permet la langue poétique, Marie-Hélène Lafage prend à témoin «les colporteurs du temps» qui empêchent la parole vraie de résonner dans «les avenues bruyantes de l'ère médiatique, chargés de leur orgueil, de leur remèdes, miracles seuls capables de mettre fin aux maux du siècle». La poésie se fait action - désir de transformation issu de la patience endurée devant l'abus des mots, alors que «l'on n'entendait plus partout qu'un vaste rire public entrecoupé de grandes lamentations ; la France était en représentation continuelle». Ce recueil s'offre comme un espace poétique de liberté. Il déclame l'espérance à l'oeuvre dans la cité, dont chaque poème imprime le motif sur la page, en même temps qu'il invite à partir sur la trace de son origine.
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Le temps est une ombre. Tout passe. Nous passons aussi comme fleurs des champs, mais en Celui qui ne passe pas, en « Dieu jeune ensemble qu'éternel » (Péguy). Déjà ici-bas, la lumière fait son miel de tout ce qu'elle touche. Prière et poésie se pollinisent. S'instaure au coeur de l'écriture le temps intérieur. Temps sans temps où affleure l'éternel, comme soustrait à l'écoulement des heures. Pour avoir offert l'hospitalité à l'invisible, l'évènement est quotidien et le mystère semble presque naturel. Des petites épiphanies du réel le poète fait une métaphore voilée de la Présence. Humble artisanat, ses mots silencieux suggèrent, en filigrane et en aparté, qu'on ne devrait pas évaluer notre vie en termes de pesanteur mais en mesure de grâce. Gilles Baudry
Gilles Baudry est poète et moine à l'abbaye bénédictine de Landévennec. -
Les vérités qui se dégagent des réflexions suggérées dans le présent travail sont des vérités de chrétienté, c'est-à-dire qu'elles sont vraies hors des cloîtres autant que dans les cloîtres. Si parfois hors des cloîtres, elles sont ignorées, ce ne sera jamais pour nous, moines et moniales, une raison de douter. Présentement, si la tâche de l'Église, dans le monde, est plus difficile que jamais, cela ne signifie pas que nous devions abandonner notre fonction propre. Au contraire, cela nous engage à donner plus sérieusement notre contribution. Celle-ci, pour être nôtre et pour être utile à l'Église, doit être contemplative. Sinon, l'Église ne recevrait pas de contribution qui soit nôtre. Le contemplatif a sa place dans l'Église, aujourd'hui comme hier, comme toujours.
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Ce nouveau volume nous fait découvrir la figure de Père Jérôme ; d'abord à travers le portrait qu'en trace Père Nicolas, l'un de ses plus proches, puis par les souvenirs de Père Jérôme lui-même, non pas autobiographie, mais évocation de tous ceux qui l'ont aidé depuis son enfance jusqu'à son âge adulte de moine.
«Quand on me demande de parler de Père Jérôme, j'hésite. Si l'on insiste, je suis maladroit, les mots viennent mal, alors qu'en d'autres circonstances, je serais plutôt à l'aise.
Je me suis souvent demandé pourquoi. Il m'est arrivé d'entendre des gens parler de manière captivante de personnes qu'ils avaient peu ou pas du tout connues. Ce ne serait pas mon cas !
Pourtant, je récrirais dans les mêmes termes la présentation de Père Jérôme insérée dans Car toujours dure longtemps, publiée peu de temps après sa mort, et reproduite dans ce volume, premier tome des oeuvres complètes. Elle traduit toujours la dette de reconnaissance et d'affection filiale qui a été et demeure la raison de la publication et de la réédition de ces écrits de grande valeur.»
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Ces Fragments réunissent thématiquement une collection de propos échangés entre Dom Jean-Baptiste Porion (1899-1987) et un autre moine chartreux, notamment sur le taoïsme, la mystique d'Hadewjich d'Anvers et des Rhéno-flamands, ou les réformes de Vatican II, recueillis sans ordre explicite au fil des ans et des dispositions intérieures. Ceux qui liront ce livre ne seront pas nécessairement chartreux, ni religieux ni même, peut-être, prédisposés au silence contemplatif ou à la prière. Ils y découvriront la hauteur d'une pensée qui ne s'est pas détournée des plus hautes sagesses : issues du temple de Delphes, des écrits taoïstes de Lao Tseu ou de Tchouang Tseu, de la mystique nuptiale des béguines ou de celle de l'Essence des Rhéno- Flamand. Cette sagesse, une et multiple à la fois, a trouvé sa croissance et son équilibre sur le fin fil de l'Absolu où l'amour de Dieu livre son éclat dans une déprise patiente et tranquille de soi : « Celui qui dit je vois, ne dit plus je veux ». C'est l'essence même de la vocation cartusienne qui est exposée ici à travers le cristal d'une intelligence exceptionnelle, douée d'un rare pouvoir d'analyse et de synthèse, érudite et passionnée et pour qui le chemin de soi à Dieu n'emprunte aucune courbe, attachée à la seule voie droite de l'oubli du monde, le regard plongé dans l'infini.
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Après dix années de travail et de réflexion sur la question de la croyance religieuse, John Henry Newman publie en mars 1870 la Grammaire de l'assentiment, qui est son testament philosophique.
Dans ce livre, Newman veut démontrer que l'acte de foi posé par l'intelligence devant le mystère révélé, même s'il est obscur, ne signifie pas que la raison renonce à ses propres exigences, ou se contente de moins de rationalité que la démonstration philosophique ou scientifique. La certitude religieuse est rationnelle, mais le chemin qui y conduit dépasse la rationalité étroite héritée des Lumières.
Elle comprend l'affectivité, le coeur : " c'est l'homme tout entier qui pense " affirme Newman, et qui sent, qui aime. L'adhésion à la révélation peut être aidée par des arguments philosophiques, mais pour Newman c'est avant tout par l'écoute intérieure de la conscience, par une attention de l'intelligence à cette voix qui résonne au plus profond de nous, toujours plus claire et transparente à mesure que nous y sommes attentifs, que nous pouvons percevoir la présence de Dieu en nous, dans le monde, dans l'Église.
Dans cette perspective, le magistère de l'Église ne vient pas violer de l'extérieur l'homme et sa liberté. Au contraire, il fait écho à la voix de la conscience et achève de la former et de l'affiner en mettant un visage sur cette voix fragile et pure tout à la fois-la Parole de Dieu faite chair en Jésus-Christ.
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Qu'est-ce qu'être présent ? Comment Dieu est-il présent ? De deux manières. Comme le créateur de toute chose : comme Dieu est la cause de tout ce qui existe, il est présent, d'une présence que la théologie appelle présence d'immensité à tout ce qui nous entoure, au moindre atome qui existe. Mais Dieu veut être présent à nous non pas seulement comme notre cause, c'est un peu trop abstrait, mais comme notre ami. C'est pour nous être présent de cette manière, qui respecte notre liberté, qu'il est présent Lui-même dans le pain et le vin consacrés - c'est la fameuse Présence réelle de notre Seigneur, Jésus-Christ, dans l'eucharistie. Ce petit livre voudrait décrire cette présence d'intimité en plongeant dans le cour brulant d'un grand saint, triplé d'un théologien et d'un poète : saint Thomas d'Aquin, auteur de l'Office du Saint-Sacrement, qui est toujours chanté dans l'Église - un des plus grands succès de la poésie occidentale.' A deux voix, celle d'un frère et d'une soeur dominicains d'aujourd'hui, nous allons méditer l'Adoro Te. Après la traduction de chaque strophe, une glose s'efforcera d'abord d'entrer dans les sentiments du saint théologien devant l'eucharistie. Une scholie développera brièvement un des thèmes théologiques présents dans la strophe. Des notes et des remarques feront écho, nuanceront, amplifieront et approfondiront. Commençons, plaçons-nous avec le saint devant le pain et le vin, après que le prêtre a dit ceci est mon corps , ceci est mon sang , dévorons-les du regard et de l'esprit pour comprendre, un peu !
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500e anniversaire de la naissance de saint Philippe Neri Quel intérêt présente aujourd'hui la personnalité et l'oeuvre de saint Philippe Néri (1515- 1585) ? Avant tout le fait que ce prêtre italien de la fin du xvie siècle était un homme libre.
Tout le monde aujourd'hui veut l'être. Seulement, voilà, ce n'est pas simple d'être libre, ou libéré ! Il faut d'abord savoir ce qu'on veut faire de sa liberté. Une liberté sans emploi, une liberté à la dérive, une liberté qui ne va pas plus loin que se livrer sans résistance à tous les vents de l'actualité (ou de la pseudo- actualité), qui capricieusemet veut tout et tout de suite, mais qui, finalement, doit reconnaître qu'elle ne sait pas ce qu'il veut.
Saint Philippe, ce Florentin de la Renaissance, ne s'est jamais laissé enfermer dans l'armure de la Contre-Réforme.
Transporté dans la Rome de son temps (une Rome qui n'avait pas grandchose à envier à celle des Fellini et de la mafia aujourd'hui), cet homme sans carapace, jamais tendu, souriant toujours et souvent riant aux éclats, a montré des nerfs d'acier, un coeur de flamme. Dépouillé spontanément, enraciné dans l'essentiel, il a su comme personne « s'adapter », selon cet instinct de la vraie charité qui sait que l'adaptation passe par une ouverture de tout l'être à toute la vérité ; là est la seule manière d'y gagner les autres. L'Oratoire, la libre société de prêtres que cet archi-libéral a laissé se former spontanément autour de lui, n'a jamais eu d'autre message. Peutêtre bien est-ce en fin de compte celui que tous les chrétiens d'aujourd'hui ont le plus grand besoin d'entendre ?
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Des mots qui sourdent du silence de la contemplation, et qui reconduisent à la vie, non sans épouser dans l'intervalle son cours et les détours qu'elle prend dans nos existences ordinaires. Comment dire la vie silencieuse qui nous habite, sinon dans une écriture où poésie et réflexion se soutiennent dans une unité de style qui caractérise l'écriture de Philippe Mac Leod. Écriture de l'excès perçu dans l'attention aux choses et aux êtres, Variations sur le silence se veut comme un appel à écouter l'Essentiel, qui est Vie, Silence, Amour.
Que je m'élance ou que je reflue que je meure ou que je vive que je monte ou descende on ne quitte pas le silence, qui nous tient serrés entre ses lèvres muettes, avec la dernière syllabe de l'unique nom.Il n'est rien encore. Une toute petite étincelle, un flottement dans les airs, une secousse à la jointure des chairs. Un ciel pas plus gros qu'un poing, et qui grandit au loin, venu des déserts où le signe s'épuise d'une écriture toujours à reprendre.
Philippe Mac Leod, né en 1954, place son oeuvre sous le signe de l'expérience spirituelle partagée dans l'écriture. Il est l'auteur de plusieurs livres aux éditions Ad Solem.
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Le pacte des idoles ; une approche girardienne du "politiquement correct"
Raphaël Baeriswyl
- Ad Solem
- 3 Avril 2019
- 9782372980951
- Une réflexion profonde sur la théorie de René Girard, en référence aux psychologiques du désir mimétique, du ressentiment dans l'histoire, du sacré et de la violence, sous le point de vue du « politiquement correct ».
Si les fils répètent les crimes de leurs pères précisément parce qu'ils se croient moralement supérieurs à eux comme l'affirme le Nouveau Testament, c'est parce que :
- chaque société/époque a une idole, mais n'en est pas consciente ou s'en cache (l'idole régnante), - dès que la société a versé trop de sang pour cette idole régnante et que son culte devient trop visible, l'idole régnante se noie dans le sang versé pour elle et devient une idole déchue, - dès que son idole est déchue, la société prend conscience des crimes commis en son nom, et elle trouve alors le courage (c'est un bien grand mot...) de s'élever contre le règne qui a déjà pris fin, - loin de permettre l'avènement d'un monde meilleur, ce combat contre l'idole déchue focalise toute l'attention morale de la société sur le passé, et permet ainsi à une nouvelle idole régnante de monter sur le trône et de recevoir à son tour des sacrifices dans l'indifférence générale - c'est ce que l'auteur appelle le Pacte des Idoles (l'idole déchue accepte de focaliser sur elle tous les reproches liés à la violence d'une société, à la manière d'un père mourant qui accepterait de passer pour l'auteur des crimes de son fils),