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Alidades
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Extraits du recueil Ondoyant au vent (Faluja?c na wietrze) publié en 1966 en Pologne, ces quatre récits sont emplis d'une même aspiration sensible et réflexive, d'un souffle qui anime l'auteur exactement comme la respiration. Leur impact tient à la rencontre de questionnements et de hantises, à la poursuite d'un appel qui engage toute l'existence. Si une dimension tellement poignante en ressort, c'est bien par l'authenticité, par la rigueur avec lesquels les paroles s'inscrivent à l'unisson des actes. Stachura relate jusqu'aux moindres faits et gestes, transcrivant de l'intérieur états et événements en tant que moments constitutifs, sur un fil exposé, décisif à chaque instant.
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Avec Germano Zullo, on entre, chose rare, dans une écriture sans complexes. Je veux dire par là que ce jeune écrivain ne prend pas la pose, cherchant comme tant d'autres à faire poétique, qui imitent les modèles en vogue et cherchent à bien prendre, au détriment de ce qu'ils auraient sûrement à dire, l'air du temps. Il y a dans cette écriture là de la santé, un vrai goût des mots et l'irrépressible envie de jouer avec, sans rechigner à prendre des risques, d'ailleurs pleinement assumés. Ce premier recueil constitue à mon sens un acte de sincérité, et c'est pourquoi les poèmes qu'il regroupe laissent comme une impression de joie ; cette jubilation que procurent les franches trouvailles du verbe. Un début en poésie, vraiment, qui laisse bien augurer des suites. (E. Malherbet, préface).
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La poésie de Nazîh Abou Afach, qui à ce jour n'a jamais été publiée en français, se caractérise par sa liberté de ton, son refus des carcans stylistiques, tout autant que par une fraîcheur d'écriture qui lui confère la force de la sincérité. Abou Afach, de toute évidence, plie son écriture à ce qui le travaille, manie tendresse, ironie, désabusement, espoir, révolte et sensualité avec une grande simplicité qui de fait le dispense de toute affectation poétique.
Cette verdure, sève généreuse de la vie, je la connais :
Vert de la désolation vert du désir vert des soupirs vert sanglot ruisselant, céleste, sombre, sur la terre.
Traduit de l'arabe (Syrie) par Claude Krul -
Une poésie faite d'instantanés. Décors vite esquissés, scènes fugaces, brefs dialogues surgis de la mémoire ou pris sur le vif, attitudes caractéristiques, sont autant d'occasions de recréer, par petites touches, discrètement, l'intensité des émotions et des situations de la vie, dans une sorte de distance bienveillante, amusée parfois, ironique quelquefois et toujours un peu nostalgique. Cet ensemble constitue le premier recueil publié en français de Monzer Masri. Après Chawqi Baghdadi et Abou Afach, nous espérons ainsi contribuer à la découverte des voix importantes de la poésie syrienne d'aujourd'hui.
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Quatre poètes de différentes régions du monde arabe, inconnus en France, sont présentés dans ce recueil.
Rasha Omran, poétesse syrienne dont la renommée est établie, et qui fait en quelque sorte office de marraine, accompagne de jeunes poètes : Kadhem Khanjar, écrivain irakien au regard aussi acéré que l'écriture, Abdullah Almuhsin, très jeune poète d'Arabie Saoudite, dont la langue est déjà d'une étonnante maturité, et Ghada Khalifa, poétesse et plasticienne égyptienne qui tisse une langue sensible, drôle parfois. Chacune et chacun d'entre eux réinvente à sa manière l'approche poétique d'une réalité dont les soubresauts, la violence et les tensions, tout autant que les gestes et les attentes du quotidien, ne sauraient s'accommoder de la simple reprise des tropes hérités de la tradition. -
Eglal Errera, dans ce poème d'une grande pudeur et d'une grande sensibilité, évoque à travers les thèmes de la marche et de l'exil, des souffrances qui en sont inséparables, les figures de ses parents. Ce texte érige une stèle, comme un cadeau de l'enfant que l'auteure a été, dans le retour des sensations et des images du passé.
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Peu connu hors du monde arabe, Chawqî Baghdâdî en est pourtant l'un des poètes les plus populaires. Ce recueil - qui offrait à sa parution certains inédits - se veut un parcours dans une oeuvre où l'engagement personnel sait s'allier, en les revisitant, aux traditions lyriques du Moyen Orient.
O nuit de Damas nuit des voix confuses clamant nuit du parfum enfoui embaumant nuit des morts se levant de dessous les pierres Qu'advient-il donc à l'appel de l'aube ?
Où la terre cache-t-elle ses merveilles Quand surgit le jour ? -
Rose et répétition : Autour de Gertrude Stein
Pierre Courtaud
- Alidades
- Creation
- 1 Janvier 2002
- 9782906266438
Écrivain, traducteur, éditeur (La Main Courante), Pierre Courtaud était un des plus fins et passionnés connaisseurs de l'oeuvre de Gertrude Stein. Dans le texte qu'il donne ici, il explore la richesse en apparence sans prise de cette formule steinienne : «Une rose est une rose...». Parole qu'il fait résonner avec d'autres, poétiques, philosophiques.
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Chutes : non pas ce qu'on a laissé tomber, mais, en retrait de l'écriture, le mouvement de la pensée, lacunaire, éclectique en apparence et pourtant toujours revenant aux mêmes questions, comme une lampe qu'on déplace autour d'un objet, dont successivement s'éclairent et s'obscurcissent les différentes faces, dans la recherche heureusement jamais atteinte d'une totalité enfin close. Jacques Ancet, en ces pages a déposé les réflexions, les questionnements, les références aussi qui ont accompagné son travail d'écrivain et de traducteur. Il y a bien sûr un risque à livrer ces notes qui sont comme le journal intime de l'écriture. Certains y verront de l'impudeur, peut-être. Je préfère quant à moi y voir l'occasion d'entrer plus avant dans une oeuvre et un parcours poétique qui comptent aujourd'hui parmi les plus significatifs. E.M.
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Faraj Bayraqdar est né en 1951 dans le village de Têr Mâla près de Homs en Syrie. Journaliste et poète, il est arrêté une première fois en 1978 : la revue littéraire dans laquelle il publie de jeunes poètes et écrivains affiche une liberté de ton qui ne peut convenir au régime. Dans les années qui suivent il s'engage plus avant dans le militantisme, au sein d'un parti d'opposition interdit. Arrêté de nouveau en 1987, il est torturé sauvagement pendant toute une année puis transféré à la prison militaire de Palmyre où il survit cinq années dans un isolement et dénuement complets. Il est ensuite transféré dans une prison voisine de Damas ; les conditions sont moins dures ; on l'autorise à lire, à écrire. Il ne sera relâché qu'après quinze ans de détention, suite à une campagne internationale menée notamment par Amnesty et le PEN Club international. De son aveu même, la poésie lui a permis de « rester un être humain », de na pas « devenir néant ». Participant à un débat à Genève dans le cadre du Festival International du Film sur les Droits Humains, il affirmait que « la liberté qui est en nous est plus forte que les prisons ». Cette liberté trouve selon lui son effectivité dans cette force qu'elle insuffle à l'activité créatrice ; l'écriture sans doute n'abolit ni les murs ni les barreaux, non plus qu'elle ne met fin aux tortures et vexations, mais elle offre cette possibilité de ne pas tomber sous eux. Elle offre aussi cette possibilité de les dénoncer, donc d'agir.
Faraj Bayraqdar poursuit, actuellement depuis la Suède, son activité littéraire tout autant qu'il mène un combat pour la libération des prisonniers politiques enfermés dans les prisons syriennes. -
Sept longs poèmes extraits d'un ensemble inédit au titre significatif : La république de la peur, rédigé de mai 2011 à janvier 2016. Chaque poème est daté, chargé de l'actualité de Syrie (où Chawqî Baghdâdî habite toujours), et traversé de claires allusions politiques.
L'écriture est ample, vigoureuse, marquée de colère, de doute, travaillée d'une impuissance sans résignation. Autant que lue, cette poésie doit être dite (comme on dit la poésie dans les cafés de Damas), tant ses rythmes savent épouser les états d'âme de l'écrivain aux prises avec la réalité.
Traduction de Claude Krul -
Cadastre est le recueil de l'entre deux, de la déprise et de la reprise à la croisée des lignes de l'existence, celles de la perte et de la reconquête, fût-ce au moins de soi. Pour Jacques Allemand, il s'agit de replier les époques l'une sur l'autre et de se glisser entre elles, comme à la recherche d'amarres dans un temps de dérive, comme porté par la nécessité vitale de renouer les liens, de retrouver le chemin des passerelles au coeur des choses de la vie, dans le tissage jamais achevé de l'épreuve et du bonheur.
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Il n'est guère de poésie qui se libère de l'expérience de la vie, qui ne s'ancre dans le quotidien des gestes, des mots, des regards, dans la présence et la proximité de l'autre, des autres. Il n'est guère non plus de poésie qui ne soit pudique ; ne serait-ce que parce que tout mettre tel que sur le papier ne parvient, à de rares exceptions près, qu'à un appauvrissement et une exténuation. Jacques Allemand, dans ce dernier de ses recueils a su trouver le point d'équilibre entre la familiarité pleine de vie et l'art d'en faire surgir dans les mots la délicatesse du ressenti intime. Ces poèmes se lisent et relisent, et chaque lecture approche d'une vision d'ensemble, simple, lumineuse, tendre, attentive et discrète, toujours mobile.
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Cinquante poèmes choisis dans l'oeuvre de Mahshid Vatan-Doust, poétesse contemporaine iranienne : la réalité problématique de l'existence dans un pays où chacun est sous haute surveillance.
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Il y a la souffrance et ses grandeurs : Une tarentelle
Germano Zullo, Albertine
- Alidades
- Creation
- 27 Février 2025
- 9782494935099
Ce long poème reprend le motif de la tarentelle (danse traditionnelle du Sud de l'Italie, réputée guérir des morsures de la tarentule, mais plus certainement liée à des rites de possession et d'exorcisme, ou encore rite thérapeutique dans les cas de troubles psychiques). Il appartient ici à la parole d'assumer la gesticulation de la danse et de mettre hors du corps en délire les obsessions qui l'habitent et le menacent. L'écriture, à la manière de la musique et du chant propres à la tarentelle, joue de la scansion, de la répétition, de la violence des mots en prise avec une réalité où le vécu se mêle aux fantasmes et aux obsessions religieuses. Germano Zullo s'empare ici d'expériences qui l'ont profondément marqué dans son enfance dans la région de Naples.
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L'Islande, la Grèce, Léningrad, l'Atlas marocain... Yves Bergeret nous promène à la surface du monde, en des lieux denses et rares. Rien pourtant, dans le souffle ample et sincère de sa poésie, qui ressemble à un journal de voyage au sens banal du terme. Mais avec toute l'humilité et la simplicité de qui sait voir et sentir, c'est à la découverte des forces et des présences qui animent les lieux traversés que nous sommes conviés, à l'écoute aussi de ce qu'il y a d'intime entre le proche et le lointain, entre les hommes et cette terre.
Aussi éloigné des conventions trop souvent arides du formalisme que d'un lyrisme timide aujourd'hui de bon ton, Bergeret trace de recueil en recueil une voie toute personnelle et s'affirme comme l'un des poètes les plus attachants de notre époque. -
Rechercher un père qu'on ne connaît pas revient d'abord, dans une tension désespérante, à inventer son portrait. Car on ne peut raconter de lui que ce qu'on ne sait pas. Plus tard, lorsque affluent les détails concrets, cette première image se trouble et il lui faut passer du négatif au positif, par le seul moyen qui permette ce passage du creux au plein, de l'ombre à la lumière : la langue.
Rechercher le père, c'est enfin posséder sa langue et découvrir tout ce qui en elle se tient : un pays, des hommes, des voix et des sons, des odeurs... qui sont à eux tous le père dont l'identité et la présence physique sont devenues superflues.
C'est cela que raconte Mirella Muià dans un récit d'une grande délicatesse d'écriture qui s'appuie, comme on dit, sur une histoire vécue. -
Empédocle est le récit d'une passion qui s'exprime ici dans la narration poétique, seule vraiment capable de retenir et de désigner ce qui fait le sens d'un acte et donne aux signes leur portée définitive. La sandale restée au bord du cratère achève et confirme la confusion du philosophique et du poétique, mais elle est surtout l'objet symbolique de la sincérité trompée et réaffirmée face à la brutalité du monde.
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Une méditation sur les hommes, l'histoire, les lieux, les gestes et les rites de la Sicile, qui se dévoile ici hors des clichés généralement admis, dans toute l'émouvante simplicité et la rudesse d'une terre dont la destinée fait figure de mythe.
Jean-François Patricola fait preuve dans ce premier recueil d'une grande sensibilité poétique ; d'emblée la qualité de son écriture révèle une voix aux accents tout personnels et libres du souci de l'imitation. Jean-François Patricola a été le fondateur et l'un des animateurs de la très vivante revue L'Estocade. Il a depuis publié diverses oeuvres : traductions, proses, essais, poèmes. -
Au Moule, en Guadeloupe, les tôles, peintes, à nu, ou rouillées, sont autant de signes qui tissent, sous le vent et les embruns, à la lisière de la terre et de l'eau, comme la langue de l'habitation et de la vie des hommes. C'est cette langue que disent conjointement le poème narratif d'Yves Bergeret et les encres abruptes d'Hervé Bacquet.
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Des pas sur le monde ; autour de claude debussy
Bernard Demierre
- Alidades
- Creation
- 1 Janvier 2002
- 9782906266391
Parler d'un compositeur et de son oeuvre ne s'improvise pas. Il y faut la maturation d'une expérience intime, seule capable de rendre compte de la proximité de la musique et de l'interprète. Bernard Demierre est pianiste, et n'entend pas faire ici oeuvre de musicologue. La musique de Debussy est bien, pour lui qui la fréquente, le point de départ d'une pensée créatrice qui suit son chemin propre tout autant qu'elle s'attache à faire entendre, ou sentir, ce qui, d'oeuvre en oeuvre, hante le compositeur.
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Il faut oser écrire, quand on ne cherche pas forcément à plaire. Le véritable poète se reconnaît peut-être, à tout prendre, à cette forme de courage qui consiste dans le don de soi, dans cette prise de risque par laquelle il se jette tout entier au devant d'autrui, non dans un acte d'exhibition égotique, mais mu par le souci du partage et de la connivence. Sa parole est reflet, expression d'un rapport au monde dans toute sa singularité sans pour autant s'énoncer dans la solitude, car il est vrai que le poème ne saurait nous habiter si lui ne l'est déjà. Le poème doit être lesté - il porte en lui quelque chose qui est de l'ordre du réel - sans que cela signifie qu'il soit lourd, ou didactique. Il se doit de l'être, car sans cela il ne serait pas, ou pur effet de souffle, songe creux.
Bruno Gaurier a ce courage, de chercher à dire ce qui le touche au plus proche et surtout de livrer, dans un mélange de certitude et de doute, le sens qu'il y voit inscrit. Son écriture est faite d'abord de rencontres, des hommes et des lieux de ces rencontres, qui viennent habiter pleinement la parole qui les accueille ; qui viennent parfois à ce point l'habiter que leur propre parole se substitue, en un jeu de contrepoint, à celle du poète. En ce texte de grand souffle se croisent en écho les voix de Pessoa, de Desmond Egan et celle de l'auteur. -
Une écriture toute simple, retenue, qui s'écoute comme le murmure de la pensée, traversée des faits et douleurs des jours, des grincements anodins, des jeux banals de la lumière et de l'air : et cependant une étrange gravité, comme celle du corps silencieux qui va, écoute, écrit, tandis que passe la présence à peine dansante du temps dans une ville du bord de mer.
Pluie sur la mer et sur la vitre. Plus rien n'existe.
Je cherche dans tes yeux.
Personne. Le vent. La mort ne nous regarde pas -
L'extrême simplicité du trait, la nudité chaude de l'évocation, le refus farouche de toute forme d'emphase, la modestie de la parole, confèrent à cet ensemble une étonnante puissance d'évocation et d'émotion. Il y a là un retour aux choses mêmes, à la signification présente et non explicitée du geste le plus simple, d'une saveur, du spectacle coutumier se hissant de lui-même au grandiose et au mystère. Germano se permet la sincérité, sans chercher à brouiller les cartes d'un passé - d'une enfance - duquel émerge, en une sorte de douleur sereine, et comme du sein d'une illumination, la conscience doublée à la fois d'incompréhension et d'acceptation, de la mort, de la sexualité, du pays natal et de l'immigration.