Connues sous le titre américain de Christian gauss Lectures, ces cinq conférences complètent la Théorie de l'agir communicationnel en justifiant d'un point de vue philosophique la nécessité de passer d'une théorie de la conscience à une théorie du langage.
C'est donc notamment à propos de Husserl et de Wittgenstein que Habermas met ici en lumière quelques-unes des raisons pour lesquelles a été mis en oeuvre le plus important, sans doute, des changements intervenus dans la pensée de ce siècle.
Des réalités telles que les institutions, les traditions, les normes ou le langage ne peuvent être générées ni par des actes individuels ni par l'action autonome de structures ou de systèmes qui ne sauraient rendre compte du sens de ces entités pour les sujets.
Il s'agit donc de sortir des impasses d'une théorie de l'intentionnalité et de la conscience, grâce à une théorie des symboles ; et il s'agit d'éviter des difficultés d'une fondation phénoménologique de l'intersubjectivité, grâce à une théorie qui part d'emblée de concepts intersubjectifs comme ceux de règle ou de rôle. Il s'agit, enfin, de libérer de ses limites la critique thérapeutique de la conscience solipsiste, telle qu'elle est proposée par Wittgenstein.
Si Husserl a inspiré les sociologues, c'est à travers son idée d'un rapport interne de la société à la vérité.
Si Wittgenstein les a inspirés, c'est par sa théorie des conventions symboliques qu'aucun sujet isolé ne saurait instaurer ou maintenir en vie. Habermas généralise ici les intuitions de ces deux penseurs en développant une théorie de notre compétence à communiquer au moyen du langage ordinaire. Sous ses aspects triviaux, cette compétence dissimule la profondeur philosophique de nos facultés à discerner entre le vrai et le faux, la sincérité et la fausseté, la justice et l'injustice.
Dans cet ouvrage en forme de testament moral et spirituel, écrit en camp de concentration, Léo Baeck parle autant de l'universalité du genre humain que de la spécificité de l'homme juif. Ce rabbin philosophe pour lequel le judaïsme authentique rimait avec un humanisme sincère, transcendant tout clivage confessionnel, nous rappelle que seules les oeuvres de l'esprit sont indestructibles et que seul un peuple qui abdique sa dignité spirituelle est réellement mort. La meilleure chose qui puisse arriver à un peuple est de plaider pour tous les autres en plaidant pour lui-même, de se battre pour l'humanité tout entière en se battant pour son droit. Baeck, convoquant un immense savoir historiographique, y voit le cur de la mission historique et divine dévolue aux Juifs.