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Bruno Doucey
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Son nom la relie à une constellation, mais sa présence au monde la rend indissociable des paysages qu'elle traverse : Hélène Dorion vit environnée de lacs et de forêts, de fleuves et de rivages, de brumes de mémoire et de vastes estuaires où la pensée s'évase.
Dans ce recueil voué aux forêts, elle fait entendre le chant de l'arbre, comme il existe un chant d'amour et des voix de plain-chant. « Mes forêts... », dit-elle dans un souffle qui se densifie de poème en poème. Et l'on entre à pas de loup dans une forêt de signes où l'on déchiffre la partition de la vie sur fond de ciel, sur fond de terre, sur fond de neige, de feuillages persistants et de flammes qu'emporte le vent, de bourgeons sertis dans l'écorce et de renouvellement. Un chemin « qui donne sens à ce qu'on appelle humanité. »
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« Ils sont là, face à moi, face au monde. » De qui Jeanne Benameur parle-t-elle au seuil de ce livre de poésie porté à la scène par des personnes qui sont allées chercher loin leur humanité à travers les épreuves de leur vie ? D'abord des comédiens qu'elle a rencontrés au moment d'écrire ce texte, et qui l'ont inspirée. Mais aussi des personnages qui viennent frapper à la porte de son imagination et de sa mémoire, ces voix qui font entendre leur singularité, chacune bien arrimée à sa propre histoire et à son existence. Il y a celle qui hait son désir de vivre parce qu'elle a trop subi ; celui ou celle qui rêve de s'envoler comme un oiseau ; ceux que la violence du monde terrorise. Seul, chacun vacille et semble fragile. Mais ensemble, réunis dans un même texte, ils font corps et forment une communauté qui donne foi en la nature humaine.
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Dire les fins de mois difficiles, le frigo presque vide, l'attente devant la banque alimentaire. Dire les corps usés par le travail, par le froid des habitats insalubres, par la violence de la rue. Dire la réalité de celles et ceux pour qui le quotidien est une lutte sans cesse renouvelée. Il fallait la langue aiguisée de Fabienne Swiatly pour esquisser, sans pathos ni voyeurisme, ce que ces vies révèlent de notre société et de ses failles. À travers une successions de fragments en prose, elle donne à entendre la parole de ceux que l'on regroupe sous le terme de « pauvres ». Étudiants et retraités, ouvriers et chômeurs, réfugiés et mères célibataires, tous pourraient brandir cette phrase en étendard : « On n'est pas des bourgeois ». Un livre qui réinscrit la fraternité à l'ordre du jour.
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Nom : Atieh Attarzadeh. Pays : Iran. Date de naissance : 1984. Profession : artiste. Vie familiale : mariée et mère d'une petite fille. À partir de ces données factuelles, chacun peut imaginer ce qu'est la vie d'une femme iranienne aux prises avec l'histoire. La guerre à hauteur d'enfance, les villes incendiées, les corps mutilés -, sans omettre ces aspirations répétées à la création, aux plaisirs et à la paix. Mais on chercherait en vain un miroir de notre temps dans ces poèmes. Avec Atieh, le quotidien tutoie les mythes et les moindres petits objets racontent une histoire millénaire. Une baleine, et c'est Jonas qui surgit. Une source, et c'est le monde sumérien qui affleure. Et tout lecteur de ces textes récents est un vieil homme qui regarde passer les siècles sur le pas de sa porte !
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« La femme à la voiture verte ne / sait pas où elle va / donc elle y va à fond... » Dès les premiers poèmes le ton est donné : Drive est un hymne à la route, à l'évasion et à la liberté des femmes. Liberté de dire. De vivre. D'aimer. De traverser la vie comme les Beatniks traversaient les États-Unis, l'imagination en point de mire. Ce courage d'être soi, Hettie Jones en fait le mot d'ordre d'un féminisme joyeux, intrépide et assumé.
Qu'elle dénonce le sort fait aux femmes en Afghanistan ou en Turquie, au nom du patriarcat et de la religion, qu'elle parle d'amitié ou d'amour, qu'elle évoque les règles des femmes, la ménopause ou l'influence de la lune, elle reste cette femme vive et indépendante que la route de la Beat Generation a conduit jusqu'à nous. À toute vitesse, cheveux au vent.
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Il est prisonnier de son corps. Prisonnier de sa maladie. Prisonnier d'une fin de vie qui n'est pas celle qu'il aurait voulue. Et pourtant, il pense, il aime, il rêve encore. « Tes rêves, lui dit Yvon Le Men, sont plus grands que ta vie », et l'amour qui s'exprime « envers et contre tout », suffit à donner sens à cette existence quotidienne qui lentement s'atrophie. Mais de qui parle-t-on ? La réponse nous est donnée dès la première page de ce livre dédié « À Philippe ». Philippe qui fut médecin et qui est désormais patient. Philippe qui nous invite, à travers les mots du poète, à changer le regard que nous portons sur la maladie, la dépendance et la fin de vie, pour découvrir que le long chemin qui conduit vers la mort peut être aussi porteur de joie et de richesses. Un hymne à la vie.
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Nonbinarité, LGBTQIA+, queer, genderfluid, agenre, demiboy, demigirl... Il fallait un poète pour entrer sans effraction dans l'espace sémantique d'un des tabous de notre temps. Pour déployer, sans le froisser, l'origami d'un terme souvent mal compris, galvaudé ou banni, conspué ou trop étroitement porté en étendard. Avec Martin Page, les mots refusent leur assignation à résidence dans une pensée caricaturale. Son texte, travaillé à la frontière entre essai et poésie, dans une langue simple et imagée, se veut lui-même espace ouvert à la liberté d'interprétation du lecteur. Il n'assène rien, il n'impose rien. Son domaine est celui de la nuance et du mouvement, de l'ouverture et de la tolérance, sans lesquels il devient impossible d'appréhender la complexité du monde. Un livre qui aide à se penser soi-même comme un autre.
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Par quelle lointaine croyance les êtres humains ont-ils associé le sentiment amoureux à l'organe vital qui bat en nous ? Un regard, et le coeur chavire. Une parole aimante, et la vie pulse plus intense et plus belle. Un enfant naît de notre union, le voici devenu notre chair, notre sang. A contrario, une rupture, une perte, et le coeur se brise. Le grand mérite d'Hélène Dorion n'est pas d'avoir pensé, en poète philosophe, les liens qui unissent le coeur à l'amour, mais d'avoir tenté, dans un entrelacs d'images et de résonances musicales, une approche du vivant dans laquelle l'amour et le coeur se trouvent associés au livre et à la poésie, aux paysages et au monde dans lequel nous vivons. Une approche sensible qui fait chanter, danser, battre la vie, ce miracle fragile. Jusqu'au vertige.
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Une colombe si cruelle : Poèmes en prose et autres textes
Federico García Lorca
- Bruno Doucey
- Soleil Noir
- 3 Septembre 2020
- 9782362292934
Une colombe cruelle au coeur d'éléphant... Un coq qui perd son âme à mesure qu'une brodeuse emprisonne son chant dans le métier à tisser... Un homme qui verdit au gré des paysages qu'il traverse....
La mère de Charlie Chaplin dont on emporte le corps dans une chaussette fine... Des amants assassinés par une perdrix... Cinq dames amoureuses d'un jeune homme soudain changé en papillon... Des étoiles qui clignent des yeux au rythme du télégraphe... Les proses que rassemble cet ouvrage composé de nombreux inédits révèlent un Federico García Lorca que peu de lecteurs connaissent : surréaliste et grinçant, cruel et facétieux, subtilement iconoclaste. Poèmes en prose, contes, nouvelles -, peu importe les classifications. Le poète se joue des traditions et des codes avec la virtuosité d'un toréador des mots.
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Cirque poétique, poésie devenue cirque, mots sur le fil et fil des mots, trapèze des métaphores et acrobaties verbales... Comment définir le second recueil de Marion Collé, poétesse et fildefériste, qui mêle avec bonheur écriture poétique et pratiques circassiennes, arts de la scène et création littéraire, au point de donner le sentiment qu'elle écrit avec son corps, en équilibre sur un fil au-dessus du vide ? Pour Marion, le phrasé est un geste, le poème une lutte contre la paralysie des esprits et des corps. Et lorsqu'elle crie, lorsqu'elle sinue sur le fil, lorsqu'elle danse dans un déséquilibre maîtrisé, s'arrachant à la pesanteur et au risque de la chute, c'est pour oser franchir des « murs opaques », une frontière : celle qui mène à la beauté des choses et au réenchantement du monde.
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Des chemins de traverse, des bordures, des lisières. L'enfance, les départs en vacances, « Renault 20 caravane ». Leonard Cohen, Modiano, Jean-Louis Murat, Dominique A. Les bleus, les écorchures. La confiance fragile de celui qui ne croit qu'en la chaleur d'une main dans la sienne. Les lotissements périphériques et la maison sur la falaise, là-bas, dans l'embrasure littorale. Kyoto, « coeur insulaire », désir en archipel. Les souvenirs que l'on raconte et ceux que l'on invente. Les étés caniculaires et les matinées grises. Le coeur qui s'emballe et le coeur qui démâte. Un chant, le blues, cette musique. Et puis l'immense fait de si peu... « Nobody has to know », écrit Olivier Adam, comme pour s'excuser de faire entrer la vie dans ses poèmes. Nobody ? Pas tout à fait. En poésie, nous sommes nombreux désormais à croire le bonheur possible avec toi.
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Danse danse sinon nous sommes perdus
Hadassa Tal
- Bruno Doucey
- Soleil Noir
- 2 Février 2024
- 9782362294631
Hadassa Tal ne cite pas son nom, mais tout désigne celle qui a révolutionné les codes de la danse à partir des années 1970. Le café Müller, théâtre de son enfance à Solingen, devenu le titre d'une de ses oeuvres, son goût de la musique et de la chanson, sa façon d'insuffler la vie sur scène. Pina Bausch n'est pas nommée mais elle traverse ce livre comme elle habitait tout espace scénique : par petites touches, inventive et légère, toute en déséquilibres maîtrisés, dans une gestuelle inouïe, quasi hypnotique, qui s'apparentait souvent à une tentative d'envol vers le bonheur. Les mots aussi dansent sur le papier. Ils s'arrachent à la matière inerte, saisissent le mouvement sans le retenir, s'élèvent au-dessus des peines. Ils dansent, dansent, pour ne pas disparaître dans l'infini des étoiles.
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Dans la gare, un train s'apprête à partir. Il emporte avec lui des hommes qu'il conduira jusqu'au champ de bataille, des hommes « qui apprendront à devenir des tortionnaires et des buveurs de sang ». Pour empêcher ce départ, les femmes s'assoient sur les rails, font barrière de leur corps, scandent leur refus. Mais le train s'en va... À travers ces trains qui « partent / foncent / se dispersent / gavés de chair humaine », Brigitte Baumié convoque toutes les guerres, celles d'hier et d'aujourd'hui, qui jettent des générations entières dans les fosses béantes du désespoir. Mais aussi le souvenir des femmes qui ont osé s'asseoir sur les rails, celles qui ont crié leur indignation et leur révolte. Comme pour nous rappeler que, lorsqu'il s'agit de résister, chaque voix est essentielle
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Elle est seule et avance d'un pas léger. Elle ne laisse aucune empreinte dans le sable, mais sa pensée « recoud les fragments du monde ». Elle chemine d'un mot à l'autre et trace des signes dans la poussière des lendemains. Pour tous, cette reine mythique porte le nom d'Isis, déesse funéraire de l'Égypte antique qui rassemble les morceaux épars d'un amour défunt ; mais pour Jeanne Benameur, elle est aussi une soeur qui marche sur la Terre, en bordure d'océan, sur un étroit chemin ou sur « le sable humide encore de la dernière marée ». Avec elle, elle répond à l'appel de la vie, là où le bleu du ciel se mêle à celui de la mer. Isis ou le temps à l'oeuvre dans nos vies. Comme ces mots dont nous sommes « le logis éphémère ». Comme un rêve éveillé, une pensée qui apaise. Isis ou la vraie vie.
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"Dans ma chevelure.
J'ai caché les tortues de ta voix.
Réminiscences des ruelles poussiéreuses.
Dans ma chevelure.
J'ai caché les pluies secrètes.
Dans ma chevelure.
Des flammes secrètes.
Dans ma chevelure.
Des ruelles secrètes.
Des nuits de Téhéran.
Nuit intérieure des derniers moments.
Mes côtes sont blessées.
Ma terre est une mer.
Des balles aucune fleur ne fleurit". -
« Cette guerre comment l'écrire ? » Les mots par lesquels s'ouvre Warglyphes en disent long sur les intentions de Perrine Le Querrec. Face à la sidération dans laquelle nous plonge la guerre, face aux silences de l'Histoire et à la tentation de l'oubli, l'écrivaine tente de décoder le langage de la guerre. Elle analyse sa grammaire, scrute ses manifestations, inventorie ses formes, parcourt son atlas, et déchiffre une partition que la folie meurtrière des hommes interprète avec d'infinies variations. Si les décors et les acteurs changent, le scénario de cette tragédie constamment répétée est presque toujours le même : agression, chaos, exil, ruines, reconstruction. Et l'on sent, parcourant ces pages, qu'il est illusoire de vouloir changer le monde si l'on se montre incapable de le comprendre. Un livre nécessaire à notre temps.
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"Les hommes lui donnèrent le prénom d'Hélène Aujourd'hui C'est le sillage de ses bras qui m'entraîne Avec douceur vers des hameaux perdus Sa main sur mon visage Et le ciel m'est rendu Qui dira les jardins où nous dormons ensemble Ces greniers vagabonds où nous avons vécu L'un et l'autre À des kilomètres de distance"
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Les hirondelles se sont envolées avant nous
Hala Mohammad
- Bruno Doucey
- Soleil Noir
- 2 Septembre 2021
- 9782362293764
Elle ne dit pas l'effroi des bombardements, les corps démembrés, la route boueuse de l'exil ; elle dit l'arbre et l'oiseau, le chagrin des maisons, le miroir de l'absence. Elle ne filme pas les colonnes de soldats en route pour la guerre, ne fait pas le procès des monstres, ne pleure ni Alep ni Damas ; elle dit simplement que « l'aube n'abandonne pas la terre », que les hirondelles font leur nid « avec la paille du silence », que l'amour demeure le premier alphabet. Bien sûr, le fleuve de la vie ne sait plus ce qui lui arrive, les chansons roulent sur les chemins, la lune est la maison de l'exilé. Mais une femme, assise sur la rive de la poésie, fait entendre sa voix. « Elle chante une chanson et la chanson est sauvée ». Comme le seront les naufragés qu'elle aide à fouler la terre ferme.
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"J'écris blessure.
Et je la ferme.
Avec une blessure plus ancienne.
Car j'ai vu.
Que lorsqu'on torture le ciel.
Il devient encore plus bleu.
Quand on torture la mer.
Elle devient encore plus profonde.
J'écris porte.
Et je l'ouvre.
Pour que tu entres". -
"C'est l'histoire qui compte. Ce n'est pas la peine de me dire que ce n'est pas une histoire, ou que ce n'est pas la même histoire. Je sais que tu as tenu toutes tes promesses, tu m'aimes, nous dormons jusqu'à midi et nous passons le reste de la journée à manger, la nourriture est superbe, je ne dis pas le contraire. Mais je me fais du souci pour l'avenir. Dans l'histoire un jour le bateau disparaît derrière l'horizon, il disparaît simplement, et on ne dit pas ce qui arrive ensuite.
Je veux dire, sur l'île. Ce sont les animaux dont j'ai peur, ils ne faisaient pas partie du plan, ils pourraient à nouveau se transformer en hommes. Suis-je vraiment immortelle, le soleil s'en inquiète-t-il, lorsque tu partiras me rendras-tu les mots ? Ne te dérobe pas, ne me fais pas croire que tu ne partiras pas : dans l'histoire, tu pars, et l'histoire est sans pitié".
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Si vous me demandez, lecteurs qui entrez dans ces pages, pour quelles raisons nous avons choisi de publier Permettre aux étoiles, le quatrième livre de poésie de Stéphane Bataillon, je vous répondrai à la manière de Montaigne : « Parce que c'était lui, parce que c'était moi ». Derrière cette allégation, doublement ancrée dans l'amitié et la loyauté, se cache une vérité toute simple : sans tapage, ni postures, l'auteur de ces lignes livre une oeuvre de grande valeur. La poésie, qui lui est aussi nécessaire que le soleil et la pluie, accompagne le mouvement de son existence et l'aide, nous aide, à savoir que faire de sa vie dans un monde fracturé par la guerre, les crises d'identité et le repli sur soi. Lisez-le comme on s'en remet à la main d'un ami : pour aller plus loin, et vivre mieux.
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N'avoir nulle part où aller sauf à l'intérieur de soi... Être assigné à résidence avec des livres pour seuls compagnons... Regarder le monde à travers une vitre en se demandant si le temps ne s'est pas arrêté... Telle est la situation évoquée par Yvon Le Men dans La baie vitrée. Le poète est enfermé à son domicile, seul et relié aux autres, à l'écoute des mauvaises nouvelles du monde et des chants d'oiseau qui l'apaisent. Il lit et écrit. Écoute et observe. Des poèmes naissent de ce quotidien empêché. Les mots de l'écrivain découpent alors des morceaux de ciel pour les oiseaux en cage. Des mots qui ouvrent portes et fenêtres, conjurent l'absence et invitent des hôtes essentiels à sa table de silence. Avec La baie vitrée, le poète a écrit le livre du réenchantement dont nous avons besoin. Jamais la poésie ne lui est apparue si nécessaire.
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Il y a chez elle comme une clarté inquiète. Des mots de givre et de grands vents.
De vastes espaces et des anfractuosités où la pensée s'engouffre. Des sentes qui partent de soi et mènent aux autres. Des brumes de mémoire et cette lumière étrange que l'inachèvement dépose sur les choses de la vie. Plus encore peut-être, un vacillement. Un trépignement. Une interrogation tenace sur les raisons de notre présence au monde. Car Hélène Dorion approche « le mystère qui nous hante » sans lâcher le fil qui lui permet d'habiter en poète « le labyrinthe des jours ». Fidèle à l'enfant qu'elle était, à l'écoute de la femme qu'elle devient, elle cherche le passage « vers l'autre saison ». Lisez-la, écoutez-la :
Vous sortirez fortifié de cette fragilité consentie. Vous sentirez « comme résonne la vie
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Après Plus haut que les flammes et La main hantée, Louise Dupré livre le troisième volet d'un triptyque voué aux ressources du poétique face à la détresse et la dévastation du monde. Avec ce recueil, la romancière québécoise se définit comme « la mendiante / de minuscules joies / arrachées à la détresse ». Elle consent à la fragilité et célèbre la caresse, prend « le risque de la tendresse », refusant à jamais de se situer du côté des coeurs endurcis. Face à la catastrophe que constituent les guerres, la souffrance des enfants et l'insidieuse persistance du mal, Louise Dupré pratique au quotidien ses «Exercices de joie », comme d'autres pratiquent des exercices spirituels, des mantras ou une activité physique. "Tu n'essaies plus de comprendre, seulement de mieux respirer." ditelle encore.