Se présentant comme un « texte terroir tout terrain », le recueil d'Aurélie Olivier développe une poésie de l'agroalimentaire, en forme de retour sur son enfance dans une ferme d'élevage. À l'histoire de l'industrialisation de la campagne se mêle celle, plus intime, de sa famille. À l'aune de son histoire particulière, Aurélie Olivier examine ce que l'industrie agro-alimentaire et les fermes qui en sont à la base disent du monde. Catholicisme, genre et sexualisation des corps, consommation, Aurélie Olivier dissèque l'enfance rurale qui a été la sienne dans une langue propre à son milieu d'origine : pudique, parcimonieuse, tout en étant chargée de références et de double-sens.
En 2015, Samuel Gauthier reprend une ferme appartenant à Emmaüs dans un petit village de l'Aude pour y fonder une structure agricole destinée à la réinsertion de prisonniers. Son but : construire une alternative à l'enfermement en initiant au maraîchage des détenus en fin de peine et les accompagner dans leurs projets de vie au sein d'un lieu ouvert, sans mirador ni cellule. Consultante sur les peines de probation, la juriste Sarah Dindo revient sur cette aventure collective en retraçant l'histoire du projet, ses réussites, ses échecs aussi, à travers les portraits et témoignages de ses principaux acteurs.
Cet ouvrage se compose de « leçons » pour tenter d'anticiper les contre-feux institutionnels et se confronter aux effets qui accompagnent l'offre amoureuse d'une décolonisation de façade. Essayer de comprendre pourquoi ces stratégies trouvent des prises particulières dans le contexte français et montrer comment elles composent le chemin le plus sûr pour la poursuite - et même la nouvelle peau - de l'économie néolibérale.
Olivier Marboeuf est auteur, poète, performeur. Il a été directeur artistique du centre d'art l'Espace Khiasma. À travers ses multiples expériences et sa connaissance des milieux artistiques et culturels, il analyse les chantiers actuels de décolonisation de ces espaces.
À quoi ressemble la joie dans les milieux de lutte ? Qu'est-ce qui nous rend collectivement et individuellement plus capables, plus puissants et pourquoi, parfois, les milieux radicaux produisent tout l'inverse et nous vident de tout désir ? C'est à ces questions que Joie militante tente de répondre, combinant propositions théoriques, analyses de cas pratiques et entretiens avec des militant·e·s issu·e·s de luttes diverses : féminisme, libération Noire, résurgence autochtone, squat, occupations, etc.
Révolutionnaires réunit des témoignages de femmes qui se sont engagées pleinement dans des luttes des années 1970 et 1980. À travers leurs récits, c'est une histoire intime de l'engagement qui se raconte. Elles viennent d'Allemagne, d'Uruguay, de Suisse ou d'Italie, elles ont le sentiment que leur histoire n'a pas vraiment d'importance, ce sont des anonymes qui ont pourtant participé à l'histoire des mouvements syndicaux et des luttes.
Elles se disent révolutionnaires ou ont participé à des mouvements radicaux. Les Ateliers des passages sont allés les interroger pour comprendre leur engagement passé et pour faire le récit de leur expérience, afin de laisser des traces.
Paru il y a près de 20 ans, ce manifeste n'a pas pris une ride, tout comme la pertinence de son propos. Il est complété d'un texte plus récent de l'auteur qui revient 10 ans après sur le chemin parcouru. Il est préfacé par Alexis Pernet, paysagiste et maître de conférences à L'École nationale supérieure de paysage de Versailles.
" Si l'on cesse de regarder le paysage comme l'objet d'une industrie on découvre subitement - est-ce un oubli du cartographe, une négligence du politique ? - une quantité d'espaces indécis, dépourvus de fonction sur lesquels il est difficile de porter un nom. Cet ensemble n'appartient ni au territoire de l'ombre ni à celui de la lumière. Il se situe aux marges. "
Lever de rideau sur une société où certains hommes s'aveuglent sur la nature du désir des jeunes filles. L'Acte est le récit d'une écharde dans l'intime, les éclats d'un corps d'adulte dans la peau d'une adolescente. C'est son professeur de théâtre. Elle est amoureuse. Elle veut croire à une vie plus intense, qu'il lui promet. Elle ment à ses parents, elle s'isole de ses amis, elle se réfugie dans la danse, l'école, et le récit tient. Un jour, elle y met fin. Et elle essaie de vivre, souffrant sans en identifier la cause. Il est des actes intimes et politiques qui se diffractent en des centaines de petites scènes, figées dans la mémoire, unité du temps singulier de l'émancipation.
« On habite ce que l'on peut : la faïence, la baignoire, le hlm, le trottoir, on construit une cabane. Du début à la fin on utilise l'amoure comme survie collective ».
Fiévreuse plébéienne est un texte qui interroge la façon d'habiter son corps, le monde, ses désirs. Ça parle d'amoure, de précarité, de joie punk, de sexualité. Ça emmêle le corps au politique, ça prône l'expérimentation et la satire, ça précise une volonté forte de faire la révolution. Fiévreuse Plébéienne révèle ce que Élodie Petit du collectif RERQ (au côté de Wendy Delorme et des autrices de l'Adresse aux jeunes poétesses) nomme la « langue bâtarde » : une littérature prolétaire, proche du réel, expérientielle, menaçante et gouine.
Cet ouvrage porte sur la façon dont nous élaborons des catégories pour ranger nos manières de parler. La question des classements linguistiques est omniprésente dans nos quotidiens. L'usage de ces catégories engendre des conséquences sociales de mise a? l'e?cart de certaines populations ne s'exprimant pas selon les normes édictées par l'école. L'auteur déroule dans ce livre une analyse critique des espaces langagiers actuels et questionne le fait de classer nos manières de parler. Il pose les enjeux théoriques et politiques en faisant le travail intellectuel de le démontrer par des études de cas qui vont du langage SMS aux pratiques de l'écriture inclusive sans oublier la réforme de l'orthographe.
« Et ensuite quand le calme est revenu, plantez à la place une femme noire qui lève le poing, même un instant, comme pour faire semblant. Une femme noire fera le job, avec le poing levé, c'est mieux, c'est cool. » Écho ou fantôme de Suites décoloniales, ce recueil de poésie prolonge et complète les chemins parcourus par Olivier Marboeuf dans son essai, au moyen de ce que l'auteur appelle une « pratique théorique de la poésie ».
Fragments de mauvaises rencontres, haïkus sur le beat accéléré d'un train, hommages à la banlieue chérie, Olivier Marboeuf se fait conteur polyphonique, poreux au monde et dépositaire des histoires étendues et vues dans de multiples nuits.
William Acker est juriste et fait également partie de la communauté des « gens du voyage ». Il travaille, depuis l'incendie de l'usine Lubrizol, sur un inventaire critique de l'emplacement des aires d'accueil dans tous les départements français. Ce travail n'avait jamais été réalisé auparavant. L'encampement moderne des gens du voyage, roms, tsiganes, passe par un éloignement géographique, loin des zones habitables et à proximité immédiate de zones à risque sanitaire ou écologique (centrale nucléaire, déchetterie, usines, stations d'épuration, etc.). William Acker propose ici une lecture historique, sociologique cartographique et critique de la politique d'encampement des gens du voyage et de leur mise au ban de la société.
L'éducation aux médias et à l'information s'est largement développée depuis 2015 et les attentats de Charlie Hebdo. Présentée comme un outil majeur de lutte contre la radicalisation et les fausses informations, l'EMI est devenue un élément central de nombreux discours institutionnels. Elle ne peut pourtant se résumer à ces objectifs. Le collectif La Friche, composé de quatre journalistes indépendants, et l'association Édumédia proposent de la rapprocher de l'un de ses lieux fondateurs : l'éducation populaire. A travers des entretiens, des retours d'expériences et des analyses plus théoriques c'est une lecture critique de la société et de ses représentations médiatiques qui se dessine, pour repenser la fabrique même de l'information.
Cet ouvrage collecte près de 700 phrases chocs disséminées parmi trois décennies de l´histoire du rap francophone. Du rap commercial au rap underground, du rappeur multiprimé à l´inconnu des radars. Peu importe, le commun est cet amour des "phrases qui restent". Conçu par un collectif de personnes amatrices, l´ouvrage s´appréhende de deux façons différentes : la première partie se lit tel un recueil de poésie, les phrases s´enchaînent sans source ni explication pour découvrir cet univers. En fin de recueil, nous trouvons une liste de références (artistes, morceau, année, label, territoire) ainsi qu´un index qui permet de saisir le livre sous forme d´un quiz : l´objet à avoir pour tous les adeptes du genre ! Ce livre est une réédition augmentée de 100 punchlines avec plus de rappeuses et des nouveautés de l´année 2021.
La singularité de cet ouvrage est de laisser pleinement la place à la parole des premiers concernés. Le sens de la peine dans les démocraties libérales est problématique parce qu'il repose sur nombre de logiques hétérogènes, encore plus marquées dans le cas de la probation censée prévenir la récidive par un accompagnement hors de la prison.
À partir de 46 entretiens avec des personnes condamnées, les auteurs, par ce travail de recherche, permettent de mieux appréhender le sens que prend l'éclectisme pénal. Isolement social, menace de l'incarcération, aggravation des conditions d'existence, ineffectivité de la peine. Mais si la peine ne sert à rien, comment peut-elle avoir une utilité sociale ?
Agir ici et maintenant est un essai autant qu'un manifeste, une analyse personnelle de la pensée de Murray Bookchin. En guise d'amorce, Floréal Roméro dresse le portrait du fondateur de l'écologie sociale et du municipalisme libertaire. Il en fait son histoire, son évolution politique, pour la mettre en miroir avec les enjeux écologiques, sociaux et économiques actuels.
De l'Espagne au Rojava, en passant par le Chiapas, à partir d'exemples concrets, l'auteur lance un appel à la convergence des luttes et un cri d'espoir. Ce livre nous apporte des conseils pratiques pour sortir du capitalisme et ne pas se résigner face à l'effondrement qui vient.
Manon Delatre travaille dans un cinéma d'art et essai. Au début, son travail la passionne. Elle s'implique, prend des responsabilités. Mais un jour surgit le trop plein, l'épuisement. Elle a besoin de changer d'air. Sa direction ne l'entend pas ainsi. Refus de rupture conventionnelle. Les relations se compliquent.
Une spirale infernale qui la pousse alors à tout faire pour se faire virer. Se faire virer est un court et poignant récit qui décrit avec précision certains des mécanismes qui peuvent mener au burn-out.
Ce texte est suivi d'un autre récit de la même autrice, Camera obscura, sur le travail dans une équipe régie sur les plateaux de cinéma décrivant l'envers du décor du septième art.
Avec Insolations la poétesse Meryem Alqamar signe un premier roman intime et lumineux, écrit dans une langue claire, sans détour et pourtant chargée d'amour. Une jeune femme y entame une série d'échanges écrits avec sa thérapeute, au cours desquels elle revisite son enfance et ce qui fait l'imbrication complexe des attachements teintés de violence qui l'ont marquée.
L'Algérie, son père, les femmes de sa famille et celle qu'elle aime s'y croisent et dessinent peu à peu l'autoportrait habité, ému et émouvant qui émerge de ce texte. Une façon de se dire franche et complexe, une réaffirmation de sa place au monde sans négocier ni chercher à se cacher.
En dix ans, l'habitat participatif est passé de projet anecdotique et expérimental à une pratique récurrente des collectivités et institutions publiques. Tout en donnant de la visibilité à ces manières d'habiter, ce développement rapide est venu uniformiser et techniciser le milieu. Les guides, fiches techniques et retours d'expériences ne manquent pas d'expliquer comment budgétiser le projet immobilier ou choisir son statut juridique.
Qu'en est-il de l'idée de départ de changer la ville pour changer la vie ? Samuel Lanoë dresse un état des lieux de ses expériences et du secteur tout en réengageant au coeur de l'habitat une question essentielle, celle de l'habiter.
La nasse est une technique policière bien connue qui consiste à encercler une foule lors d'une manifestation.
Sur fond du mouvement de lutte contre la réforme des retraites fin 2019 et début 2020, l'auteur dresse le tableau d'une contestation mais aussi d'une ville prise en étau par une politique sécuritaire, comme toutes les autres villes. Ces manifestations qui tournent en rond, littéralement, sur un circuit tout tracé, les compagnies d'intervention, les charges, les nasses.
Dans ce court récit, l'auteur raconte l'expérience singulière d'une de ces nasses, son arrestation puis sa confrontation avec la police dans ce qui s'apparente à un interrogatoire burlesque.
Saul Alinsky a été animateur social dans les années 40 à 70 aux États-Unis et notamment dans les rues de Chicago, à pratiquer et théoriser l'organisation communautaire. Son crédo : animer des collectifs (habitants, ouvriers...) pour qu'ils s'organisent et mettent en place des actions qui inversent les rapports de force et permettent de gagner des luttes sociales (conditions de travail, salubrité de logements...).
Ce texte est le seul entretien que Saul Alinsky ait accepté de donner, il permet de découvrir, le personnage, ses combats et réflexions.
Ce recueil réunit des textes écrits par un collectif d'un lycée d'enseignement professionnel (Paris 10e arrondissement) lors du mouvement contre le projet de loi Devaquet de 1986. Ils dénoncent l'insuffisance des revendications étudiantes centrées sur la sélection à l'université, la ségrégation sociale, l'échec scolaire tout en célébrant la joie d'être ensemble et d'explorer d'autres voies.
Dans la rue, on évite les corps, on évite les regards, on s'assoit à l'autre bout du banc... L'indifférence organisée est la règle et ne tolère que de rares exceptions. Jérôme Guillet a passé 20 ans à déjouer ces usages, à inventer des prétextes pour que se multiplient dans l'espace public des échanges entre inconnus. Il est notamment à l'origine du "Porteur de paroles", un dispositif d'éducation populaire très utilisé pour amorcer des discussions en pleine rue.
Ce livre rassemble les enseignements tirés de ses expérimentations et propose une grammaire des interactions dans l'espace public, portée par le goût de la rencontre et les plaisirs de l'observation.
Au début des années 2010, des habitant·es de la Montagne limousine ont pensé et tenu un collège accueillant des jeunes sur un territoire rural, où les distances comptent plus qu'ailleurs. Cette expérience (de quatre ans, de son ouverture à sa fermeture) interroge depuis la marge notre rapport à l'école, l'institution publique, ses évolutions et ce que nous pouvons souhaiter pour elle.
Ce récit collectif retrace des questionnements riches et complexes : pourquoi un collège associatif ? Pourquoi choisir une école privée plutôt que l'école publique d'à côté ? Quelle pédagogie adopter ? Quels sont les rapports au rectorat et aux autres écoles ? Les liens au territoire et aux habitants ?