«L'amour fou, fusionnel, inexorablement en marche vers la mort violente, l'amour qui refuse de fléchir au décès d'un des partenaires. L'amour qui trahit les conventions sociales. Ce feu à quoi deux êtres pathétiques se réchauffent, alors que l'horreur les entoure. [...] C'est une histoire d'amour en vérité fort commune, une tragédie qui a connu d'innombrables variations, d'innombrables héros et héroïnes, et dont les sources remontent à la nuit des temps. [...] Le génie de Shakespeare est d'avoir choisi ces deux êtres fragiles, improbables, une enfant sans expérience du monde et un jeune homme versatile, pour en faire un couple mythique, le couple par excellence, un symbole de l'amour éternel.»Antoine Volodine.
Ce drame est sévère. Le vrai y doute. Le sincère y ment. Rien de plus vaste, rien de plus subtil. L'homme y est monde, le monde y est zéro. Hamlet, même en pleine vie, n'est pas sûr d'être. Dans cette tragédie, qui est en même temps une philosophie, tout flotte, hésite, atermoie, chancelle, se décompose, se disperse et se dissipe, la pensée est nuage, la volonté est vapeur, la résolution est crépuscule, l'action souffle à chaque instant en sens inverse, la rose des vents gouverne l'homme. D'autres oeuvres de l'esprit humain égalent Hamlet, aucune ne le surpasse. Toute la majesté du lugubre est dans Hamlet. Une ouverture de tombe d'où sort un drame, ceci est colossal. Hamlet est, à notre sens, l'oeuvre capitale de Shakespeare.
Tartuffe, un faux dévôt, entre dans la famille du riche bourgeois Orgon et tente de prendre le contrôle des esprits à des fins personnelles. Orgon se laisse faire, jusqu'à céder des choses impensables. Pièce sur l'hypocrisie, la fausse dévotion et la crédulité avec un dossier comprenant des documents et des repères historiques et littéraires.
Quel feu secret dévore Phèdre ? Qu'adviendrait-il pour peu que paraisse au jour la «flamme si noire» de son amour impur ?...En s'appropriant l'un des grands sujets tragiques de l'Antiquité, Racine a composé la plus sombre, la plus sublime, la plus éperdue de nos tragédies : la marche implacable et funèbre de son intrigue est comme une invite à méditer sur les fureurs du désir et de la passion, sur les monstres tapis dans les replis du labyrinthe de l'âme.Dossier : 1. Du mythe à la tragédie antique : Euripide et Sénèque2. Phèdre sur la scène française3. La création de Phèdre : cabale et scandale4. Phèdre et la mythologie5. Figures de la passion et esthétique du sublime
Alceste, misanthrope farouche, aime la coquette Célimène. Par sa mauvaise humeur et sa franchise brutale, «l'homme aux rubans verts» détonne dans le salon de sa belle, peuplé de petits marquis frivoles et de poètes amateurs. Célimène renoncera-t-elle à ses nombreux soupirants pour suivre Alceste dans la retraite où il prétend se réfugier ? Dossier 1. Les Misanthrope avant Molière 2. Les métamorphoses du Misanthrope 3. Prestiges de la coquette 4. Salons et mondanités au XVII? siècle 5. La figure du courtisan au XVII? siècle. Interview : «Mathieu Lindon, pourquoi aimez-vous Le Misanthrope ?»
«Un héros qui s'éveille doit avoir la splendeur d'un soleil levant», lisait-on dans un ouvrage anonyme publié à Madrid en 1637, l'année où fut créé Le Cid. Ce héros splendide, ce pourrait être Rodrigue, qui par un coup d'éclat et quelques coups d'épée triomphe de tous les obstacles, attire à lui tous les coeurs et s'élève au-dessus de la loi commune. Mais ce héros pourrait aussi bien être Corneille, qui à l'aube de sa trente et unième année, avec Le Cid, s'affranchit de toutes les règles et s'affirme comme l'un des plus grands dramaturges de son siècle.
Martine décide de se venger de son ivrogne de mari, le bûcheron Sganarelle, en le faisant passer pour un médecin qui n'accepte d'exercer que s'il est battu. Mais ce dernier tire parti de cette supercherie, prodiguant avec conviction médicaments farfelus et diagnostics fantaisistes, avec force latin de cuisine; il met même ses talents au service d'un couple d'amoureux séparés par la volonté d'un père. Mêlant virtuosité scénique, faux patois, et thématiques galantes, la pièce revivifie la tradition de la satire antimédicale.Cette édition replace l'oeuvre dans son époque, et nous permet d'apprécier à la fois les écarts de réception entre XVII? et XXI? siècles, de méditer sur les dangers de la crédulité, et de savourer la puissance des effets comiques qui nous réjouissent encore aujourd'hui.Dossier1. La réception dans les gazettes (1666-1668)2. Une source possible:le fabliau du «Vilain mire»3. Molière lecteur de Tabarin4. Le patois de fantaisie, un procédé à la mode5. Scènes de consultation médicale6. Lectures sociologiques sur scène.
Alors que les Grecs menacent d'attaquer les Troyens après le rapt d'Hélène par Pâris, Hector, héros de la paix, tente de désamorcer un conflit qui est pourtant écrit par avance... Mêlant emprunts à l'Iliade et références à l'actualité, tragédie et farce, ironie et fantaisie poétique, Giraudoux, dans cette pièce indémodable, montre quelles comédies et simagrées préludent aux plus grandes catastrophes de l'Histoire. Oeuvre d'inspiration pacifiste écrite en 1935, au moment où l'ombre de la guerre planait sur l'Europe, La guerre de Troie n'aura pas lieu interroge ces forces aveugles qui animent les hommes et qu'on appelle destin.
Les dieux avaient prédit le sort d'Oedipe : il tuerait son père et épouserait sa mère. Comble de l'ironie tragique : c'est en s'efforçant d'échapper à cette funeste prédiction que le plus célèbre des héros de Sophocle précipite sa réalisation... Entre savoir et ignorance, entre pouvoir et faiblesse, entre lumière et ombre, OEdipe est la figure de l'homme aux prises avec son destin. À qui l'oracle de Delphes ne cesse de répéter : « Connais-toi toi-même », c'est-à-dire sache qui tu es, et que tu es faillible et limité. Dossier 1. Le mythe d'Oedipe et ses interprétations 2. Sophocle et la tragédie grecque 3. L'adaptation cinématographique de Pier Paolo Pasolini.
«Ma pièce est déjà prête dans ma tête. Elle s'appelle La Cerisaie, il y a quatre actes, dans le premier on voit par les fenêtres des cerisiers en fleurs, tout un jardin blanc ininterrompu. Et les dames sont vêtues de blanc.»Lettre de Tchekhov, 5 février 1903Après cinq ans d'absence, Lioubov retourne dans la maison de son enfance avec une émotion intacte. Elle retrouve la splendide cerisaie qui entoure son domaine comme un abri hors du temps. Mais cet inestimable trésor est aussi un patrimoine délaissé, criblé de dettes et qu'il va bien falloir vendre... Dernière pièce de Tchekhov, La Cerisaie (1904) est la peinture de la fin d'un monde. Par l'évocation de ce jardin d'Éden voué à la disparition, Tchekhov dresse, un an avant la première révolution russe, un état des lieux d'une classe qui meurt pour être restée étrangère à la marche du temps.
Dossier 1. Sources et réception du Jeu de l'amour et du hasard 2. Le théâtre à Paris en 1730 3. Valet et servante 4. La portée sociale du Jeu de l'amour et du hasard Chronologie, notes et bibliographie par Emmanuelle Malhappe Présentation . Contexte . Structure . A chacun son rôle . Comédie sur la comédie ?
. Maîtres et valets . L'équilibre à l'oeuvre Destinés l'un à l'autre, Silvia et Dorante ne se connaissent pas encore. Ils échangent leurs rôles avec leurs serviteurs pour s'observer plus à leur aise. Comédie sur la comédie, Le Jeu de l'amour et du hasard est une pièce à la fois légère et cruelle, construite autour des motifs rivaux de la naissance et du mérite, de l'apparence et de l'authenticité.
Le texte est complété par un dossier avec une chronologie replaçant le texte dans l'oeuvre de Molière et dans le contexte historique et culturel de sa création. Avec une analyse de la pièce et des études sur le mythe à l'origine du personnage, les différentes oeuvres mettant en scène Dom Juan depuis Tirso de Molina, sur les aspects scénique, comique et dramaturgiques de la pièce et sa postérité.
Un père à la recherche de son fils consulte un magicien qui lui offre la vision des aventures du jeune égaré, faites d'amour, de duels, mais aussi d'impostures et de trahisons... Mêlant éloquence tragique, emprunts au répertoire de la comédie italienne et récit d'initiation, L'Illusion comique (1635), oeuvre de jeunesse, est un «étrange monstre», au dire de Corneille lui-même. Identité fuyante des personnages, invraisemblances de l'intrigue et subtilité du montage illusionniste font de cette pièce baroque et capricieuse une vibrante apologie du théâtre.
Dans la Thèbes antique, aux portes de laquelle viennent de s'entretuer ses deux frères, Antigone transgresse la loi du roi Créon pour ensevelir le « traître » Polynice. Ultime victime d'une malédiction familiale, la fille d'OEdipe est d'abord la figure de la révolte et de la conscience morale. Dossier 1. Le cycle thébain 2. Antigone et la piété : la souillure et la mort 3. Antigone, tragédie politique : la loi et la raison 4. La destinée d'Antigone : de la révolte à l'anarchisme.
Dans Électre, Giraudoux s'empare du mythe des Atrides cher aux Tragiques grecs, et réinvente l'histoire de celle qui arma le bras de son frère Oreste pour venger, au prix d'un matricide, le meurtre d'Agamemnon. Cette pièce d'une fantaisie débridée, qui oscille entre classicisme et baroque, et où se conjuguent tragédie, vaudeville et enquête policière, marque l'apogée de son art théâtral. À travers le combat d'Électre pour la vérité et la justice, Giraudoux dénonce la mauvaise foi ordinaire, les mensonges entretenus et les petits arrangements iniques qui conduisent les hommes, sans même qu'ils en aient conscience, à accepter l'inacceptable.
À la cour des Habsbourg d'Espagne, alors que le règne de Charles II touche à sa fin, un valet revêt les habits de son maître et accède aux plus hautes sphères du pouvoir. Très vite, l'homme du peuple se révèle un être d'exception et suscite l'admiration de la reine dont il est secrètement amoureux. Mais le laquais, instrument d'une vengeance infâme, s'expose malgré lui à une chute funeste.En 1838, cinq ans après l'immense succès de Lucrèce Borgia, Hugo met en scène un royaume qui expire et fait d'un manant l'égal des puissants. À ses contemporains, qui ont vu 1830 succéder à 1789, il fait entendre la voix du peuple et offre une méditation sur le devenir des régimes politiques. Emblème du drame romantique, alliant le grotesque au sublime et le comique au tragique, Ruy Blas est, selon le mot de Jean Vilar, une pièce «intense».Dossier : 1 . Contexte et création2. Mettre en scène Ruy Blas3. Monologues romantiques4. Aspects du lyrisme hugolien5. Hugo parodié.
Après cinq ans de vie commune, Titus, devenu empereur, s'apprête à renvoyer la reine juive Bérénice. A-t-il d'autres choix ? Mais Bérénice pourra-t-elle survivre sans lui ? Avec cette pièce, Racine signe la tragédie du sacrifice, la tragédie de tous les sacrifices que la vie impose aux hommes pour grandir.
Ce volume rassemble trois comédies badines et féroces : multipliant personnages, lieux et intrigues, elles peignent une grande fresque turbulente et frivole où s'enchevêtrent les thèmes de l'amour et de la vertu. La légèreté apparente du bal des masques, qu'il ait lieu à Venise, à Messine ou au coeur d'une forêt des Ardennes, vacille ici et là sous l'effet d'un souffle tragique ; au coeur de la comédie, Shakespeare déploie une réflexion sur les pouvoirs de la fiction : «Le monde entier est un théâtre, et tous, hommes et femmes, n'en sont que les acteurs. Tous ont leurs entrées et leurs sorties, et chacun y joue successivement les différents rôles d'un drame en sept âges» (Comme il vous plaira, II, 7).
Comment le Maure Othello, valeureux général de l'armée vénitienne, en vient-il à se métamorphoser en bête sanguinaire ? Pourquoi un être d'une si haute noblesse se laisse-t-il convaincre par les calomnies d'un scélérat, jusqu'à tuer de ses mains son épouse bien-aimée ?Dans Othello, qui compte parmi les sommets du répertoire tragique, Shakespeare explore le vertige du mal pur - ce mal dont la naissance est obscure, banale, presque imperceptible, et qui soudain ouvre sous nos pas un gouffre au fond duquel on voit l'Enfer.
On connaît Molière, et on croit le connaître bien. Chaque génération l'a lu à sa manière. Des traditions éditoriales, et des légendes biographiques, se sont fait jour. On publie généralement ses oeuvres dans l'ordre selon lequel elles furent créées, alors que pour plusieurs pièces, et notamment pour Tartuffe, on ne possède pas le texte de la création. Il aurait écrit sur la médecine parce qu'il était malade ; sur le mariage et la jalousie parce que sa femme aurait été légère... L'avantage, avec les grandes oeuvres, c'est qu'elles redeviennent neuves dès qu'on veut bien porter sur elles un regard différent. Ainsi, ce n'est pas dans de prétendues difficultés conjugales qu'on cherchera la source de l'intérêt de Molière pour le statut des femmes, mais bien plutôt dans un ensemble de valeurs partagées par toute la société mondaine de son temps. De même, Molière ne fut pas un malade qui raillait ses médecins, mais un auteur qui, après l'interdiction du Tartuffe, utilisa la médecine comme allégorie de la religion, sujet désormais prohibé. De même encore, on ne peut mettre sur le même plan les pièces qu'il publia lui-même - à partir des Précieuses Ridicules -, celles que firent imprimer ses héritiers et celles qui restèrent inédites jusqu'au XIXe.
«L'idée de Narcisse, d'Agrippine et de Néron, l'idée si noire et si horrible qu'on se fait de leurs crimes, ne saurait s'effacer de la mémoire du spectateur», écrit Saint-Évremond en 1670.Si Britannicus a de quoi décontenancer, tant au XVIIe siècle qu'aujourd'hui, c'est que la violence et la noirceur des personnages mènent le tragique à son paroxysme, et l'humain à ses dernières limites. En nous montrant le début du règne de Néron et sa perversité terrifiante, Racine nous fait assister en effet, selon ses propres termes, à la naissance d'un «monstre».
Lorsque Khlestakov, jeune voyageur pétersbourgeois endetté et affamé, arrive dans "un petit trou de province", il ne s'attend pas à un tel accueil. Hébergement, vins, cigares, vêtements et équipages élégants : rien ne lui est refusé par Anton Antonovitch, le gouverneur qui vient à sa rencontre. D'abord surpris par tant d'hospitalité, il comprend bientôt qu'on le prend pour un révizor, c'est-à-dire un inspecteur envoyé par le gouvernement...
Miroir de la société sous Nicolas Ier ? Satire de l'administration russe ? Comédie de tous les temps et de tous les pays ? Autant d'interrogations qui font la richesse du Révizor (1836), parabole à l'humour corrosif sur la corruption et l'imposture.
Arnolphe croit avoir trouvé le moyen imparable de se marier sans être trompé : il prendra pour femme sa pupille, Agnès, qu'il a élevée dans l'ignorance la plus complète des choses de la vie. Mais lorsque la jeune ingénue rencontre Horace, les projets du barbon se trouvent mis à mal...Dans L'École des femmes, qui fut l'un de ses plus grands succès, Molière s'interroge sur la place des femmes au sein d'une société régentée par les hommes. À sa création en 1662, la pièce fit scandale : on reprocha au dramaturge son immoralité. C'est pour répondre à ses détracteurs qu'il donna La Critique de l'École des femmes. En mettant en scène, dans cette comédie en un acte, un salon où des mondains discutent de la pièce incriminée, Molière offre une magistrale défense et illustration de son théâtre. Dossier 1. La querelle de L'École des femmes 2. La précaution inutile : un sujet et ses réécritures 3. La question féminine 4. Récit, comédie, tragédie : d'un genre à l'autre 5. Mettre en scène L'École des femmes