Littérature
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Ci-gît l'amer : guérir du ressentiment
Cynthia Fleury
- Folio
- Folio Essais
- 1 Septembre 2022
- 9782072981777
La philosophie politique et la psychanalyse ont en partage un problème essentiel à la vie des hommes et des sociétés, ce mécontentement sourd qui gangrène leur existence. Certes, l'objet de l'analyse reste la quête des origines, la compréhension de l'être intime, de ses manquements, de ses troubles et de ses désirs. Seulement il existe ce moment où savoir ne suffit pas à guérir, à calmer, à apaiser. Pour cela, il faut dépasser la peine, la colère, le deuil, le renoncement et, de façon plus exemplaire, le ressentiment, cette amertume qui peut avoir notre peau alors même que nous pourrions découvrir son goût subtil et libérateur. L'aventure démocratique propose elle aussi la confrontation avec la rumination victimaire. La question du bon gouvernement peut s'effacer devant celle-ci : que faire, à quelque niveau que ce soit, institutionnel ou non, pour que cette entité démocratique sache endiguer la pulsion ressentimiste, la seule à pouvoir menacer sa durabilité ? Nous voilà, individus et État de droit, devant un même défi : diagnostiquer le ressentiment, sa force sombre, et résister à la tentation d'en faire le moteur des histoires individuelles et collectives.
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Le mythe de sisyphe (essai sur l'absurde)
Albert Camus
- Folio
- Folio Essais
- 21 Février 1985
- 9782070322886
«Il n'y a qu'un problème philosophique vraiment sérieux : c'est le suicide.» Avec cette formule foudroyante, qui semble rayer d'un trait toute la philosophie, un jeune homme de moins de trente ans commence son analyse de la sensibilité absurde. Il décrit le «mal de l'esprit» dont souffre l'époque actuelle : «L'absurde naît de la confrontation de l'appel humain avec le silence déraisonnable du monde.»
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«Quand je dis que je travaille à un essai sur la vieillesse, le plus souvent on s'exclame : "Quelle idée ! Mais vous n'êtes pas vieille ! Quel sujet triste..." Voilà justement pourquoi j'écris ce livre : pour briser la conspiration du silence. À l'égard des personnes âgées, la société est non seulement coupable, mais criminelle. Abritée derrière les mythes de l'expansion et de l'abondance, elle traite les vieillards en parias. Pour concilier cette barbarie avec la morale humaniste qu'elle professe, la classe dominante prend le parti commode de ne pas les considérer comme des hommes ; si on entendait leur voix, on serait obligé de reconnaître que c'est une voix humaine. Devant l'image que les vieilles gens nous proposent de notre avenir, nous demeurons incrédules ; une voix en nous murmure absurdement que ça ne nous arrivera pas : ce ne sera plus nous quand ça arrivera. Avant qu'elle ne fonde sur nous, la vieillesse est une chose qui ne concerne que les autres. Ainsi peut-on comprendre que la société réussisse à nous détourner de voir dans les vieilles gens nos semblables. C'est l'exploitation des travailleurs, c'est l'atomisation de la société, c'est la misère d'une culture réservée à un mandarinat qui aboutissent à ces vieillesses déshumanisées. Elles montrent que tout est à reprendre, dès le départ. C'est pourquoi la question est si soigneusement passée sous silence ; c'est pourquoi il est nécessaire de briser ce silence : je demande à mes lecteurs de m'y aider.» Simone de Beauvoir.
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Rédigé en 1941, alors que l'hitlérisme a contraint Stefan Zweig à émigrer au Brésil, Le Monde d'hier raconte une perte: celle d'un monde de sécurité et de stabilité apparentes, où chaque chose avait sa place dans un ordre culturel, politique et social qui paraissait de toute éternité.
Un monde austro-hongrois et une ville sans égale, Vienne, qu'engloutira le cataclysme de 1914.
Dans ce qui est l'un des plus grands livres-témoignages sur l'évolution de l'Europe de 1895 à 1941, Zweig retrace dans un va et vient constant la vie de la bourgeoisie juive éclairée, moderne, inétégrée et le destin de l'Europe jusqu'à son suicide, sous les coups de la montée du nationalisme, de l'antisémitisme, de la catastrophe de la Première guerre mondiale et de l'effondrement de l'empire austro-hongrois jusqu'au rattachement de Vienne au Reich nationalsocialiste.
Chemin faisant, le lecteur croise les amis de l'auteur: Schnitzler, Rilke, Romain Rolland, Freud, Verhaeren ou Valéry.
Ce tableau d'un demi-siècle de l'histoire de l'Europe résume le sens d'une vie, d'un engagement d'écrivain, d'un idéal d'une République de l'intelligence par dessus les frontières.
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«Il faut s'adapter» : sur un nouvel impératif politique
Barbara Stiegler
- Folio
- Folio Essais
- 14 Septembre 2023
- 9782073010032
D'où vient ce sentiment diffus et oppressant d'un retard généralisé, lui-même renforcé par l'injonction permanente à s'adapter au rythme des mutations d'un monde complexe ? Comment expliquer cette colonisation des champs économique, social et politique par le lexique biologique de l'évolution ? La généalogie de ce nouvel impératif nous conduit dans les années 1930 aux sources du «néolibéralisme» américain : «néo» car, contrairement au libéralisme classique qui comptait sur la libre régulation du marché, ce nouveau libéralisme autoritaire en appelle aux artifices de l'État (droit, éducation, action sociale). L'enjeu est de transformer l'espèce humaine pour fabriquer les agents d'une compétition mondiale loyale et régulée. Pour Walter Lippmann, théoricien de cette transformation, seul un gouvernement de leaders et d'experts peut conduire l'évolution des sociétés dans la bonne direction. Mais Lippmann se heurte à John Dewey, figure majeure du pragmatisme, qui lui oppose l'intelligence collective des publics, socle d'une indispensable refondation de la démocratie. «La lutte entre le néolibéralisme et la démocratie n'est pas terminée : elle ne fait que commencer», Thomas Piketty, présentation de l'édition américaine, Fordham University Press.
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«Je crois à la résolution future de ces deux états, en apparence si contradictoires, que sont le rêve et la réalité, en une sorte de réalité absolue, de surréalité, si l'on peut ainsi dire. C'est à sa conquête que je vais, certain de n'y pas parvenir mais trop insoucieux de ma mort pour ne pas supputer un peu les joies d'une telle possession.» Des projets et des promesses du premier Manifeste du surréalisme (1924) aux prises de position, politiques et polémiques, affirmées dans le Second Manifeste du surréalisme (1930), se dessine ici une théorie de l'expérience esthétique qui a bouleversé tous les domaines de la création au XX? siècle.
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Que fait-on quand on regarde une peinture? À quoi pense-t-on? Qu'imagine-t-on? Comment dire, comment se dire à soi-même ce que l'on voit ou devine? Et comment l'historien d'art peut-il interpréter sérieusement ce qu'il voit un peu, beaucoup, passionnément ou pas du tout?En six courtes fictions narratives qui se présentent comme autant d'enquêtes sur des évidences du visible, de Velazquez à Titien, de Bruegel à Tintoret, Daniel Arasse propose des aventures du regard. Un seul point commun entre les tableaux envisagés:la peinture y révèle sa puissance en nous éblouissant, en démontrant que nous ne voyons rien de ce qu'elle nous montre. On n'y voit rien! Mais ce rien, ce n'est pas rien.Écrit par un des historiens d'art les plus brillants d'aujourd'hui, ce livre adopte un ton vif, libre et drôle pour aborder le savoir sans fin que la peinture nous délivre à travers les siècles.
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Quand il commence Ainsi parlait Zarathoustra, Nietzsche a déjà une importante oeuvre critique derrière lui. Ce travail d'examen des valeurs culturelles ne constitue cependant qu'un aspect de sa mission de philosophe. Il sait aussi qu'une oeuvre affirmative doit suivre. Ainsi naît la figure de Zarathoustra, double grandiose de son auteur, porte-parole des vertus qu'il entend exalter. Livre «à part», comme son auteur le nomma lui-même. Livre où apparaissent pour la première fois des thèmes comme la volonté de puissance ou le surhomme. Ces idées, diversement comprises, et quelquefois à contresens, comptent au nombre de celles qui ont le plus fortement marqué la pensée depuis lors.
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"La langue anglaise n'existe pas" : C'est du français mal prononcé
Bernard Cerquiglini
- Folio
- Folio Essais
- 7 Mars 2024
- 9782073056610
Langue officielle et commune de l'Angleterre médiévale durant plusieurs siècles, le français a pourvu l'anglais d'un vocabulaire immense et surtout crucial. Traversant la Manche avec Guillaume le Conquérant, il lui a offert le lexique de sa modernité. C'est grâce aux mots français du commerce et du droit, de la culture et de la pensée que l'anglais, cette langue insulaire, est devenu un idiome international. Les «anglicismes» que notre langue emprunte en témoignent. De challenge à vintage, de rave à glamour, après patch, tennis ou standard, de vieux mots français, qui ont équipé l'anglais, reviennent dans un emploi nouveau ; il serait de mise de se les réapproprier, pour le moins en les prononçant à la française. Avec érudition et humour, Bernard Cerquiglini inscrit la langue anglaise au patrimoine universel de la francophonie.
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Dans ces douze cahiers, que Kafka qualifie parfois de Journal, observations de vie quotidienne, rêves, visions, fulgurations, réflexions et même dessins alternent avec de multiples débuts de récit, certains répétés comme s'il s'agissait de réchauffer un moteur narratif refroidi. Dans cette galaxie brille un seul récit achevé, Le Verdict, écrit d'une traite une nuit de 1912, devenu pour l'écrivain le modèle du bonheur de raconter. Mille et une nuits d'écriture de notations et de récits qui mettent en scène les affres et les exaltations de celui qui dit de lui-même : Finir prisonnier - ce serait un but dans la vie. Mais c'était une cage entourée d'une grille... comme s'il était chez lui le bruit du monde affluait et ressortait par la grille, en fait le prisonnier était libre, il pouvait avoir part à tout, rien au dehors ne lui échappait... il n'était même pas prisonnier. Loin des sanctifications et des discordes, ces carnets nous font entrer avec Kafka au pays de l'écriture. D. T.
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Désorceler nous introduit dans l'atelier d'une désorceleuse, Madame Flora, que Jeanne Favret-Saada a longuement fréquentée. Ainsi pouvons-nous saisir sur le vif les procédés verbaux et les actes rituels grâce auxquels la magicienne entraîne peu à peu ses patients à modifier leur manière d'être. Au contraire de ce qu'on imaginerait, elle n'exige d'eux une adhésion claire et inconditionnelle ni à son activité, ni à la sorcellerie. Il suffit qu'ils soient pris dans une spirale de malheurs incompréhensibles et qu'ils ne tiennent pas les sorts pour une hypothèse inenvisageable. Ensuite, tout son travail se déroule sous le signe de la supposition, comme dans les thérapies savantes que nous connaissons déjà. L'increvable stéréotype des cultures urbaines - de supposés magiciens dupant des paysans crédules - fait ainsi place à la description d'un lent processus de guérison. Conçu pour résoudre des crises propres aux familles d'agriculteurs bocains, son bien-fondé séduit pourtant quiconque se trouve l'objet de malheurs répétés.
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L'envers et l'endroit est le premier livre d'Albert Camus. Il paraît à Alger en 1937.À la fin de sa vie, Camus verra dans cette oeuvre de jeunesse la source secrète qui a alimenté ou aurait dû alimenter tout ce qu'il a écrit. L'envers et l'endroit livre l'expérience, déjà riche, d'un garçon de vingt-deux ans:le quartier algérois de Belcourt et le misérable foyer familial dominé par une terrible grand-mère; un voyage aux Baléares, et Prague, où le jeune homme se retrouve «la mort dans l'âme»; et surtout, ce thème essentiel:«l'admirable silence d'une mère et l'effort d'un homme pour retrouver une justice ou un amour qui équilibre ce silence».
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C'était mieux demain ? Actualité de la nostalgie
Collectif
- Folio
- Folio Essais
- 7 Novembre 2024
- 9782073047182
«Si l'on peut être nostalgique de ce que l'on n'a pas vécu, c'est d'abord que ce sentiment désigne au fond une révolte contre le temps qui passe, son irréversibilité, sa clôture. Mais c'est également que la nostalgie se déploie depuis le futur. D'un point de vue existentiel et politique, on peut l'envisager comme une méthode critique, un geste subversif. Plutôt qu'un retour aux origines, elle engage alors un détour par le passé, une façon de le déverrouiller et de raviver ses rendez-vous manqués, ses rythmes discordants, ses possibilités enfouies. "Brosser l'histoire à rebrousse-poil, dit Walter Benjamin, c'est y rallumer l'étincelle de l'espérance." "Le nostalgique s'installe dans l'invincible espérance, ajoute Vladimir Jankélévitch, parce qu'il se reconnaît citoyen d'une autre cité et d'un autre monde." Nostalgiques de ce que nous n'avons pas vécu (pas encore !), nous éprouvons ainsi la puissance utopique d'une émotion qui disloque les fatalités du présent en libérant un passé toujours à naître, un passé à venir.» Textes de David Berliner, Barbara Cassin, Catherine Chalier, Hélène Cixous, Catherine Cusset, Vincent Delecroix, Thomas W. Dodman, Hervé Le Tellier, Géraldine Muhlmann, Camille Riquier, Stéphanie Roza, Jean-François Sirinelli. Un grand entretien avec Arnaud Desplechin.
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Par-delà bien et mal ; prélude d'une philosophie de l'avenir
Friedrich Nietzsche
- Folio
- Folio Essais
- 13 Octobre 1987
- 9782070324309
«Peut-être le temps est-il très proche où l'on s'avisera que la pierre angulaire des édifices sublimes et inconditionnés que les philosophes dogmatiques se sont plu à élever n'était au fond que superstition populaire venue d'un temps immémorial (comme la supersitition de l'âme qui, devenue superstition du sujet et du moi, ne cesse aujourd'hui encore d'engendrer des méfaits), quelconque jeu de mots peut-être, suggestion aberrante de la grammaire, ou encore généralisation téméraire de quelques faits limités, très personnels, d'un caractère très humain, trop humain. Il semble que pour se graver, avec leurs exigences éternelles dans le coeur de l'humanité, toutes les grandes choses doivent d'abord errer à travers le monde sous la forme de masques monstrueux et effrayants ; l'un de ces masques fut la philosophie dogmatique, par exemple, l'invention platonicienne de l'esprit pur et du Bien en soi. Mais à présent qu'on en est venu à bout, que l'Europe respire et sort de ce cauchemar et qu'il lui est permis de jouir au moins... d'un sommeil plus sain, nous, dont la tâche même est de veiller, avons hérité toute l'énergie qu'a grandement disciplinée le combat contre cette erreur.»Friedrich Nietzsche.
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Plus d'un siècle qu'on lui reproche sur tous les tons d'avoir à vingt ans abandonné la poésie. Or personne ne s'est demandé si ce n'était pas plutôt elle, la poésie, qui s'était dérobée sous ses «semelles de vent», devenue obsolète, désuète, avec ses alexandrins marchant d'un pas militaire à la rime, inapte à rendre compte des prodigieux changements que la technologie et l'industrie, au nom du Progrès, imposaient à la société de son temps. Et le jeune Rimbaud en fut le témoin, qui fut hébergé par Charles Cros, poète et inventeur du phonographe, qui fréquenta Paul Demeny dont le frère Georges fut un des pionniers du cinéma, qui connaissait par Cabaner les discussions enflammées du café Guerbois où Monet, Manet, Cézanne procédaient au dynamitage de l'académisme. «Il faut être absolument moderne», lâche-t-il dans Une saison en enfer, moins pour s'en convaincre que reprenant un mantra du temps. Et la poésie dans tout ça ? Il s'en était ouvert à Banville, alors grand maître du Parnasse : «Ne va-t-il pas être bientôt temps de supprimer l'alexandrin ?» avant d'exécuter lui-même la sentence dans les Illuminations. Et à Germain Nouveau qui se proposait de l'accompagner à Londres : «La poésie écrite ne me dit plus rien. Je préfère les voyages.» Et il partit.
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Jeu et réalité ; l'espace potentiel
Donald Woods Winnicott
- Folio
- Folio Essais
- 16 Janvier 2002
- 9782070419845
Ce livre, le dernier qu'ait écrit Winnicott, prend pour point de départ l'article, devenu classique, que l'auteur a consacré aux «objets transitionnels». Il a pour fil conducteur une conception du jeu, par quoi il faut entendre une capacité de créer un espace intermédiaire entre le dehors et le dedans, capacité qui ne s'accomplit pas dans les jeux réglés, agencés comme des fantasmes ou des rituels, mais qui se situe à l'origine de l'expérience culturelle. Il énonce enfin une théorie des lieux psychiques - une nouvelle topique - dont nous commençons à apercevoir l'originalité, par rapport aussi bien à Freud qu'à Mélanie Klein. La consultation thérapeutique et l'enfant montrait sur le vif comment opérait Winnicott, dans l'actualité de la relation. Nous découvrons, avec ce livre-ci, comment une théorie psychanalytique - cet objet transitionnel dont nous ne saurions nous passer - s'invente, se cherche et se trouve. Ce n'est pas seulement notre intelligence du discours mais notre perception du réel, de nous-même et de l'autre, qui se voient alors renouvelées.
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«La politique révolutionnaire se donnait pour but prochain la synthèse. On allait voir paraître dans les faits la dialectique. La révolution, c'était le point sublime où le réel et les valeurs, le sujet et l'objet, le jugement et la discipline, l'individu et la totalité, le présent et l'avenir, au lieu d'entrer en collision, devaient peu à peu entrer en connivence. Le pouvoir du prolétariat était la nouveauté absolue d'une société qui se critique elle-même et qui élimine de soi les contradictions par un travail historique infini [...]. Que reste-t-il de ces espoirs ? Ce n'est pas tellement qu'ils aient été déçus et la révolution trahie : c'est plutôt qu'elle s'est trouvée chargée d'autres tâches, que le marxisme supposait accomplies [...]. Dès 1917, contre la philosophie synthétique du marxisme de langue allemande se dessine en Russie un marxisme des antithèses dont les livres philosophiques de Lénine sont le modèle. Et cette persistance des antinomies dans la philosophie communiste reflète leur persistance dans l'action. Il est significatif que Sartre fonde maintenant sa défense de la politique communiste sur les antinomies que la révolution éliminait, et justifie relativement le communisme comme un effort tout volontaire pour passer outre, détruire et recréer l'histoire quand Marx le comprenait aussi comme la réalisation de l'histoire.» Maurice Merleau-Ponty.
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Nietzsche et la vie : une nouvelle histoire de la philosophie
Barbara Stiegler
- Folio
- Folio Essais
- 14 Octobre 2021
- 9782072884917
Avec Nietzsche s'inaugure une philosophie nouvelle, centrée dorénavant sur le corps et la vie, qui appelle une nouvelle histoire de la philosophie. En parcourant les grandes étapes de cette histoire, Barbara Stiegler introduit le lecteur aux philosophies de Descartes, Kant, Schopenhauer, Hegel et Marx, ainsi qu'à quelques grandes figures de la philosophie contemporaine, proches ou héritières de cette nouvelle philosophie de la vie : William James, John Dewey, Bergson, Canguilhem et Foucault, sans oublier le contrepoint critique de la phénoménologie, de Husserl à Heidegger. Parce que le fil conducteur de cette nouvelle histoire suit la réalité concrète du corps et de la vie, son livre est aussi une introduction à l'histoire de la biologie, de la physiologie à la théorie de l'évolution, et jusqu'aux débats les plus brûlants de la biologie et des sciences médicales contemporaines. À la lumière de ce parcours, la philosophie de Nietzsche ne peut plus apparaître comme une météorite solitaire et fulgurante. Elle se situe bien plutôt au beau milieu d'un tournant : celui à partir duquel, sur fond de fin de la métaphysique et de crise des savoirs, le gouvernement de la vie et des vivants doit devenir l'affaire de tous, nous obligeant à repenser de fond en comble les notions de «réalité» et de «vérité» en même temps que la valeur des énoncés produits par la science.
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Façons de dire, façons de faire : La laveuse, la couturière, la cuisinière
Yvonne Verdier
- Folio
- Folio Essais
- 2 Mai 2024
- 9782073047083
Et si en entrant dans la société de consommation nous avions oublié bien plus que des «recettes de grand-mère» ? Et si certaines «mauvaises habitudes» de nos aïeux n'étaient pas que des coutumes préscientifiques désuètes ? Alors que la modernité gagne la France rurale dans les années 1970, c'est à une véritable «ethnologie de sauvetage» que se livre Yvonne Verdier. Loin de dresser un simple inventaire des choses perdues, l'autrice identifie dans les gestes et les paroles des femmes de Minot, petit village de Côte-d'Or, la survivance de savoir-faire et savoir-être ancestraux qui accompagnent une vision du monde. De la profusion des destins singuliers, trois figures se détachent - la couturière, la cuisinière, la femme-qui-aide -, auxquelles l'ouvrage rend hommage. Se dessine alors la trame d'une culture féminine autonome dans laquelle les femmes entretiennent un rapport privilégié avec la nature et le temps : «Chacune, dans son expérience individuelle, prend la mesure du temps par la périodicité de son corps, alternance qui la relie aux grands rythmes cosmiques.» De leurs «façons de faire», il ne reste souvent plus que la trace qu'elles ont laissée dans nos «façons de dire», ces locutions parfois étranges qui peuplent notre langue quotidienne.
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Le théâtre et son double ; le théâtre de Séraphin
Antonin Artaud
- Folio
- Folio Essais
- 14 Mai 1985
- 9782070323012
Celui qui ne verrait dans Le théâtre et son double qu'un traité inspiré montrant comment rénover le théâtre - bien qu'il y ait sans nul doute contribué -, celui-là se méprendrait étrangement. C'est qu'Antonin Artaud, quand il nous parle du théâtre, nous parle surtout de la vie, nous amène à réviser nos conceptions figées de l'existence, à retrouver une culture sans limitation. Le théâtre et son double est une oeuvre magique comme le théâtre dont elle rêve, vibrante comme le corps du véritable acteur, haletante comme la vie même dans un jaillissement toujours recommencé de poésie.
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Énigmes et complots : Une enquête à propos d'enquêtes
Luc Boltanski
- Folio
- Folio Essais
- 11 Janvier 2024
- 9782073046987
Au tournant du XX? siècle, se développent tour à tour le roman policier, dont le coeur est l'enquête ; le roman d'espionnage, qui a pour sujet le complot ; l'invention, par la psychiatrie, de la paranoïa ; la création par la sociologie de formes spécifiques de causalité, dites sociales ; enfin, l'orientation nouvelle de la science politique qui, se saisissant de la problématique de la paranoïa, la déplace du plan psychique au plan social et prend pour objet l'explication des événements historiques par les «théories du complot». Ainsi, la figure du complot focalise des soupçons qui concernent le pouvoir : où se trouve-t-il réellement et qui le détient ? Roman policier et roman d'espionnage, paranoïa et sociologie sont des inventions à peu près concomitantes. Les aventures du conflit entre ces deux réalités - réalité de surface contre réalité réelle - constituent le fil directeur de cet ouvrage et éclairent le XXI? siècle d'une lumière particulièrement vive.
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Pourquoi les Cahiers de prison d'Antonio Gramsci sont-ils si souvent cités et pourtant toujours si peu lus ? La cause est-elle à chercher dans leur caractère fragmenté et volumineux à la fois ? Tient-elle à l'oubli des références qui sont celles de la culture de Gramsci ? Se comprend-elle par le peu de connaissance que nous avons de la vie de cet intellectuel engagé dans les combats de son temps ? S'explique-t-elle par un message philosophique et politique aujourd'hui moins audible ? Peut-être... mais il semble avant tout que l'oeuvre majeure de Gramsci pâtisse de la surimposition des interprétations aux dépens de la lecture directe des textes. L'objectif de cette anthologie est de remédier à cette difficulté en permettant une saisie plus facile, plus immédiate et surtout la plus complète de la pensée gramscienne affranchie des gloses qui l'entourent et qui parfois la dénaturent ainsi que des réductions à quelques formules répétées à l'envi.
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Dans le Bocage, être ensorcelé c'est être pris dans la répétition de malheurs qui atteignent gravement les personnes et les biens d'un ménage. N'importe quoi peut se produire dans cette escalade mortelle dont les victimes attribuent l'initiative à un sorcier. Seul un désorceleur a le pouvoir de vaincre l'agresseur, en lui livrant un combat magique. Être pris dans les sorts, dans la mort, dans les mots qui nouent le sort ou qui le détournent, c'est tout un.
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Discours sur l'histoire : Sur le commencement de Tacite ; De la lecture de l'histoire
Thomas Hobbes, William Cavendish
- Folio
- Folio Essais
- 22 Février 2024
- 9782073040688
En des temps incertains, l'histoire pourrait-elle fournir un guide utile aux gouvernants, afin qu'ils y puisent non seulement des exemples pratiques mais aussi leurs principes de conduite ? Les penseurs européens du tournant du XVII? siècle ne s'y sont pas trompés, qui lisaient et relisaient les grands historiens de l'Antiquité : Thucydide, Polybe, Tite-Live et, bien sûr, Tacite. Mais comment tirer des enseignements de temps si lointains ? Le présent n'est-il qu'une répétitio du passé ? L'histoire se réduit-elle à une lutte entre tentation autoritaire et risque de guerre civile ? Deux textes, improprement qualifiés de «jeunesse», de Hobbes, inédits en français et présentés ici par Jauffrey Berthier et Nicolas Dubos, montrent que celui que l'on retiendra pour son Léviathan s'essayait lui aussi à cet exercice de «lecture de l'histoire». C'est en s'imprégnant des textes anciens et en fréquentant les grands de son temps, comme Lord William Cavendish, coauteur des deux textes et dont il a été le précepteur, que Hobbes trouvera matière à développer une théorie politique inédite, pleinement démonstrative, propre à répondre aux malheurs de son temps et qui a marqué la philosophie politique jusqu'à aujourd'hui.