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La Decouverte
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Revue du crieur n.25 : La solitude de Gaza
Collectif
- La découverte
- Revue Du Crieur
- 14 Novembre 2024
- 9782348085437
Le vingt-cinquième numéro de la
Revue du Crieur marque la fin de cette aventure éditoriale, après neuf années d'enquête sur la culture et les idées et des dizaines d'articles qui resteront accessibles sur la plateforme Cairn.
Pour son dernier numéro, le
Crieur propose un grand dossier, " La solitude de Gaza ", sur l'un des sujets les plus préoccupants des dernières décennies. Il s'ouvre sur la prise de parole importante de l'essayiste Mona Chollet, révoltée par la passivité des dirigeants occidentaux face au massacre des Palestinien.nes. Thomas Vescovi s'interroge ensuite sur ce qui reste du camp de la paix en Israël, dont le nombre de partisan.es s'est réduit à peau de chagrin depuis le 7 octobre 2023. Meryem Belkaïd, pour sa part, revient sur une notion centrale pour comprendre la guerre en cours : la colonialité de l'État d'Israël, sans laquelle il est impossible d'imaginer sortir de l'impasse et de la violence dans laquelle les Palestien.nes comme les Israélien.nes sont coincé.es depuis trop longtemps. Marion Slitine déplie, elle, le concept de " culturicide ", soit la politique d'anéantissement culturel et identitaire du peuple palestinien, qui n'a pas débuté à l'automne 2023. Enfin, le dossier se clôt sur la traduction d'un texte important du grand intellectuel israélien Eyal Weizman, qui fait un détour par l'Allemagne pour réfléchir à la notion de génocide et inscrire dans l'histoire longue l'extermination des peuples dominés. Un dossier qui prend la mesure de la gravité des événements en cours à Gaza et en Palestine.
Le reste du dernier numéro du Crieur met en avant des thématiques qui sont chères à la revue : une grande enquête d'Ève Charrin sur la ville d'Illiers-Combray, berceau de
La Recherche du temps perdu de Proust qui, afin de trouver des ressources et se dynamiser, slalome entre la valorisation de ce patrimoine littéraire et l'implantation de géants mondiaux de la logistique ; et, par Anne-Laure Pineau, une plongée dans les masters de création littéraire, fabriques de la nouvelle garde littéraire française qui tentent de bousculer un milieu éditorial rigide et peu accessible. On lira aussi une réflexion de Romaric Godin sur les débats qui agitent la gauche radicale étatsunienne divisée par la politique économique de Joe Biden, des débats qui interrogent finalement la place de l'État dans une économie en crise, à l'heure où l'élection présidentielle peut complètement rebattre les cartes. Roméo Isarte revient sur la longue lutte - politique, administrative, financière - en faveur de la constitution d'archives LGBTQIA+ en France, un outil essentiel pour faire exister les mémoires queers et combattre l'oubli qui menace sans cesse les cultures et histoires des groupes minorisés. Fabien Escalona et Romaric Godin retracent soixante années de choix politiques qui ont nourri un vote de rupture identitaire et mené l'extrême droite française jusqu'aux portes du pouvoir - six décennies dont il est urgent de tirer des leçons. Enfin, Pamina Guyot-Sionnest prend part à un débat majeur sur la place à accorder à la notion de consentement en contexte de violences sexuelles, exposant les différentes positions dans le champ féministe et s'interrogeant sur ce qui permettrait, enfin, de sortir du déni sur ce que sont vraiment les violences sexuelles. -
Revue du crieur n.24 : Droites radicales : 50 nuances de brun
Collectif
- La Decouverte
- Revue Du Crieur
- 4 Avril 2024
- 9782348083235
Le fascisme arc-en-ciel de Milo Yiannopoulos, figure gay de l'
alt-right états-unienne embarquée dans la campagne présidentielle avortée du rappeur africain-américain Kanye West en compagnie du journaliste suprémaciste blanc Nick Fuentes. Le "
turbo-capitalisme " du parti polonais Konfederacja, situé à la droite du PiS (parti Droit et Justice), qui voit dans les cryptomonnaies une panacée et dont le slogan est "
une maison, un barbecue, du gazon, deux voitures et des vacances ". La tronçonneuse symbole de la campagne victorieuse de Javier Milei en Argentine. Les vêtements de la marque Pivert prisés par le mouvement de jeunesse néofasciste italien Blocco Studentesco, mêlant la tradition d'ultra-droite de la bataille de rue avec la récupération de codes de l'extrême gauche, par exemple avec l'ouverture de " centres sociaux ". Les tailleurs impeccables, les costumes sombres et les stratégies parlementaires à long terme d'une Giorgia Meloni, d'un Geert Wilders ou d'une Marine Le Pen, leur ayant fourni les brevets de respectabilité suffisants pour s'emparer ou s'approcher du pouvoir. Le carnage de Gaza attisé par les ministres suprémacistes juifs Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich. Les manifestations et signaux envoyés ces derniers temps depuis l'extrême droite peuvent paraître hétérogènes, cinquante nuances de brun ne formant ni dessin ni dessein d'ensemble. -
Revue du crieur n.23 : Guerres à distance, guerres en silence
Collectif
- La Decouverte
- Revue Du Crieur
- 19 Octobre 2023
- 9782348081163
C'est sur un grand dossier consacré aux guerres qui se déroulent aujourd'hui dans une quasi-indifférence que s'ouvre le vingt-troisième numéro de la Revue du Crieur. Il s'articule autour de cette question : pourquoi s'intéresse-t-on à certaines guerres et pas à d'autres ? L'invasion de l'Ukraine par les troupes de Vladimir Poutine a relancé cette interrogation au point de mettre en accusation les dirigeants, les médias et les opinions publiques des pays occidentaux. Pourquoi compter chaque jour les morts en Ukraine tandis qu'on ignore depuis des années les centaines de milliers de victimes du conflit au Yémen ? Pourquoi se mobiliser pour les Ukrainiens quand on délaisse depuis si longtemps les Palestiniens, victimes eux et elles aussi de l'expansionnisme armé de leur puissant voisin ? Pourquoi mesurer kilomètre par kilomètre l'évolution du front au Donbass alors qu'on ne sait pas placer sur une carte le conflit qui ensanglante les régions anglophones du Cameroun depuis plus de sept ans ? C'est à ces questions sensibles et cruciales que ce dossier entend s'attaquer.
Poursuivant son travail dans le champ des enquêtes culturelles, la Revue du Crieur propose dans cette nouvelle livraison un portrait de Philippe Sollers, qui nous plonge dans les arcanes de l'édition française et décrypte les discours de celui qui revendiquait un personnage de libre penseur subversif ; mais également une réflexion sur les métiers de la traduction littéraire aujourd'hui en pleine évolution puisque à l'encontre du fameux adage Traduire, c'est trahir , les nouveaux traducteurs et nouvelles traductrices cherchent à s'approcher au plus près des intentions des écrivaines et des écrivains.
Les lecteurs et lectrices liront également dans ce numéro une réflexion sur la notion de polycrise , omniprésente dans les médias pour décrire la crise majeure dans laquelle nous nous enfonçons mais dont on peut interroger la pertinence pour faire face aux défis du monde contemporain ; une enquête à la rencontre de paysannes, qui luttent pour exister dans un univers encore très masculin et inventent de nouvelles manières de faire de l'agriculture ; un papier édifiant sur le marketing des médicaments aux États-Unis, ou pourquoi les Américains sont-ils les plus grands consommateurs de médicaments vendus sur ordonnance dans le monde. Et enfin, deux articles reviennent sur les enjeux du militantisme : le premier est un portfolio qui documente l'autodéfense féministe, comme une série de mouvements vers l'émancipation ; le second est un grand entretien avec le chercheur et militant Joao Gabriel, qui revient sur la notion de premiers concernés , utilisées par nombre de militants pour contrer les effets des rapports de pouvoir asymétriques, mais dont il est aujourd'hui indispensable de pointer les limites. -
Revue du crieur n.22 : la puissance des savoirs trans'
Collectif
- La Decouverte
- Revue Du Crieur
- 13 Avril 2023
- 9782348078552
Les enjeux liés aux luttes menées par les personnes trans' sont une parfaite illustration du fait que la visibilité ne suffit pas et qu'elle peut même parfois se révéler préjudiciable. En effet, depuis quelques mois, la presse, la télévision, la radio s'agitent dès qu'une actualité touche de près ou de loin à la transidentité.
Actuellement, les voix des trans' sont encore trop souvent couvertes par les discours cis', lesquels tendent également à délégitimer les savoirs produits par et pour des trans'.
Il est grand temps de retourner la lunette : au lieu de scruter les personnes trans' - leur transition -, il est urgent de les lire et de les écouter. Ces expériences-là ont certes des choses à apprendre aux personnes cis' : bien sûr que l'on comprend mieux ce qu'est le genre face à des personnes qui ont fait l'expérience de quitter celui qui leur a été assigné à la naissance, bien sûr que cela rend plus insupportable encore la rigidité des normes de genre, binaires et arbitraires jusqu'à l'absurde. Mais au-delà de ce que les cis' peuvent apprendre des trans' pour mieux se comprendre elles-mêmes et eux-mêmes, au-delà de cette lecture instrumentale, il s'agit désormais de laisser les marges parler. Il s'agit de se concentrer sur les luttes sociales, les revendications portées par les personnes trans' et les associations, de défendre les conditions matérielles d'existence des trans', de lutter contre les nombreuses discriminations qui pèsent encore sur elles et eux, y compris contre celles qui limitent drastiquement leur accès aux positions permettant de produire légitimement du savoir, il s'agit de les laisser libres de définir leurs cadres de pensée et la manière dont ils, elles, iels souhaitent parler ou pas de leurs parcours. De les laisser, enfin, écrire leur histoire. -
En ayant comme objectif de créer un espace de réflexion plus en prise avec la politique, plus vibrant et contrasté dans les formes d'écriture et plus varié sur le plan thématique, la Revue du Crieur est composé d'un grand essai, écrit par un intellectuel ou une intellectuelle de renom, sur une question centrale de l'actualité ; d'une enquête littéraire engagée menée par une plume célèbre ; d'une narrative non-fictionà la New Yorker, lecture-plaisir qui fera ressurgir des histoires aussi stupéfiantes que méconnues ; et enfin d'un panorama de l'actualité des idées dans le monde, sous la forme de papiers courts et dynamiques, une sorte de revue de presse boostée de la vie intellectuelle internationale.
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L'anthropologie est une discipline paradoxale : science de l'altérité en ce qu'elle décrit les modes de vie et de pensée de collectifs humains auxquels n'appartient généralement pas l'ethnographe, elle est aussi une écriture du commun, qui s'attache à décrire les grands invariants et mythes fondateurs structurant les sociétés. Au XXIe siècle, les cartes ont été rebattues : peut-on continuer à penser le commun alors que ce qui nous unit n'est rien d'autre que la perspective du désastre ? Comment encore exprimer l'altérité lorsque les premiers mondes dévastés par la catastrophe écologique sont précisément ceux que les anthropologues étudient, quand eux-mêmes appartiennent aux sociétés responsables du délabrement du monde ? De quelle manière garder vivante l'anthropologie et pour quelles raisons ? Refusant de conclure à l'obsolescence d'une telle démarche, l'anthropologue Nastassja Martin répond que ce sont la langue, l'attention à la parole, le souci de traduire la diversité des êtres qui permettront de résister à la perte des mondes.
Une terre qui était belle a commencé son agonie, sous le regard de ses soeurs voltigeantes, en présence de ses fils insensés. Les fils insensés du poète René Char, nous dit Nastassja Martin, se doivent désormais de protéger la dignité des vivants. -
Septième numéro de la revue lancée avec succès à l'été 2015 par Mediapart et La Découverte, mêlant journalisme d'investigation et édition d'idées engagée. Dix enquêtes et reportages et un reportage photographique pour replacer les idées au coeur du débat public et traiter de manière inédite, insolite et incisive, du monde intellectuel et culturel.
Dans le numéro 7 de la Revue du crieur, nous découvrons d'où vient ce qu'on appelle le " self help ", ou " développement personnel ", comment il s'est développé au cours des dernières années pour remplacer, dans les rayons des librairies, les ouvrages de psychanalyse. Les manuels de développement personnel figurent maintenant systématiquement parmi les meilleures ventes de livres. Quelle est l'histoire de cette recherche de bien être et d'accroissement des capacités personnelles ? De quoi est-ce le symptôme ? En quoi l'époque s'y reflète avec une acuité toute particulière ? Qu'y trouvent exactement leurs lecteurs et lectrices ?
La revue a également enquêté sur la plus grosse institution française consacrée à l'art moderne, le Centre Pompidou, en essayant de comprendre comment les logiques de gestion néolibérales ont perturbé les ambitions qui avaient initialement présidé à sa création.
Le Crieur s'intéresse aussi à la politique avec une des questions les plus chaudes du moment : comment les luttes dites " minoritaires " peuvent se coaliser et trouver une expression qui transcende chapelles et particularismes ? Il s'agit ici de mettre en question l'une des notions les plus critiquées par les gauches radicales, mais au potentiel insuffisamment exploré : l'" intersectionnalité ".
Et puis la revue s'est baladée du côté de Chicago, pour voir à quoi ressemble le " real " gangsta rap aujourd'hui. -
Pour son quatrième anniversaire, le Crieur fait peau neuve, ou presque. Si l'ambition est bien de proposer une nouvelle formule, celle-ci se déclinera autour d'un même noyau, qui fait l'originalité et la notoriété de la revue : des enquêtes fouillées sur le monde des idées, des éclairages singuliers sur des pratiques artistiques méconnues, des plongées sans complaisance ni connivences au coeur de la fabrique des imaginaires et de la culture, populaire ou savante.
Sur ce socle viendront se greffer des approches, des formats et des questionnements jusqu'ici inédits dans la revue.
En ayant comme objectif de créer un espace de réflexion plus en prise avec la politique, plus vibrant et contrasté dans les formes d'écriture et plus varié sur le plan thématique, le Crieur nouvelle formule sera ainsi composé d'un grand essai, écrit par un-e intellectuel-le de renom, sur une question centrale de l'actualité ; d'une enquête littéraire engagée menée par une plume célèbre ; d'une narrative non-fiction à la New Yorker, lecture-plaisir qui fera ressurgir des histoires aussi stupéfiantes que méconnues ; et enfin d'un panorama de l'actualité des idées dans le monde (livres, revues et débats importants, courants nouveaux et inventions conceptuelles), sous la forme de papiers courts et dynamiques - une sorte de revue de presse boostée de la vie intellectuelle internationale.
Cette nouvelle formule du Crieur se voudra enfin plus positive, plus centrée sur des propositions et donc moins négativement critique. Les portraits intellectuels, par exemple, se tourneront vers des figures ou des courants théoriques qui nous semblent à la fois trop méconnus et incontournables pour penser le monde actuel. Il s'agira donc, plus que jamais, de fourbir des analyses solides sur les tendances de fond de notre époque, mais aussi de les saupoudrer des piments nécessaires au plaisir de lire, d'apprendre et de transmettre.
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Ce vingt et unième numéro de la Revue du Crieur consacre un dossier d'ouverture à la guerre que mène la Russie en Ukraine depuis la fin février 2022. Pour tenter de mieux comprendre ce séisme qui bouleverse l'Europe et le monde, nous avons choisi de nous pencher sur ses angles morts, sur les pistes moins empruntées qui, pourtant, témoignent de la réalité quotidienne ukrainienne et participent à expliquer le déclenchement de ce conflit assourdissant.
François Bonnet propose ainsi d'aller au-delà du décryptage d'une idéologie poutinienne qui serait mue par une volonté de relancer la guerre froide et l'opposition entre deux blocs, entre deux systèmes moraux et civilisationnels. Bonnet met lui l'accent sur le système mafieux dont s'est entouré Poutine et voit dans la guerre l'ultime moyen dont dispose le Kremlin pour sécuriser son avenir et préparer sa succession. La photographe Adrienne Surprenant nous rappelle pour sa part qu'une guerre, c'est d'abord une longue série de gestes : courir, enterrer, rechercher, fermer un volet, ouvrir la porte d'un bunker, cajoler, réconforter, pleurer, jouer, sauter, lever le poing... Cette série offre ainsi un aperçu bouleversant de la vie qui continue, malgré tout, en Ukraine. Enfin, Jean-Arnault Dérens et Laurent Geslin se penchent sur la complexe mosaïque religieuse que constituent les pays de l'ex-URSS et explorent les tensions qui agitent le monde orthodoxe, où les Églises font plus souvent figure de fauteuses de guerre que d'ouvrières de la paix. À propos des grands enjeux géopolitiques actuels, les lecteurs et lectrices découvriront également de quelle manière, au Brésil, les féministes, les personnes LGBT+, les Noir·es, les autochtones s'organisent afin d'inventer de nouvelles manières de faire de la politique, plus collectivement, plus démocratiquement, dans l'espoir de faire tomber Bolsonaro lors des importantes élections qui se déroulent en octobre 2022 dans tout le pays.
La revue poursuit par ailleurs ses enquêtes culturelles, avec un grand article de Sihame Assbague sur la fabrique - et les biais - de la plus grande encyclopédie du monde : Wikipédia. Alors que les mots d'ordre du géant numérique sont la transparence et la neutralité, des contributeurs·trices partout dans le monde semblent s'organiser pour lancer l'assaut contre les pages consacrées aux personnalités et organisations féministes comme antiracistes. Mais pour comprendre ces attaques, il faut plonger dans les rouages techniques du site et mener l'enquête sur ceux et celles qui rédigent les contenus.
Et ce n'est pas tout : ce nouveau numéro laisse également de l'espace à des réflexions passionnantes sur la géo-ingénierie (est-ce le progrès technologique qui nous sauvera du désastre climatique provoqué par... le « progrès » technologique ?), sur le rôle de la fiction dans l'éveil des consciences face à la violence et à l'injustice qui s'expriment dans les parcours de migration, ou encore sur les liens que peuvent entretenir les personnes queers avec la nature, alors qu'elles sont souvent accusées de soutenir un progrès technologique sans limite et sans éthique. Enfin, un texte important soulève une question taboue : les conséquences matérielles des violences sexuelles pour les victimes, ou comment le viol a des effets en cascade sur leur vie quotidienne, leur travail, leur logement, leurs économies... -
Revue du crieur n.20 : immunité partout, humanité nulle part !
Revue du Crieur
- La découverte
- Revue Du Crieur
- 31 Mars 2022
- 9782348074936
Mediapart et La Découverte se sont associés pour créer une revue ambitieuse et novatrice destinée à un large lectorat. Si son nom sonne comme une évidence - les deux maisons ont un crieur de journaux pour logo -, sa ligne s'impose par leurs forces complémentaires : le journalisme d'investigation et l'édition d'idées engagée.
Qu'est-ce qu'être vivant ? En ces temps de pandémie mondiale et de démagogie électorale, il est urgent de déconfiner nos espaces mentaux. C'est à cet effort que nous invite le romancier Alain Damasio en ouverture du vingtième numéro du Crieur. Être vivant, écrit-il, c'est se confronter à ce qui n'est pas soi, être traversé par l'altérité. Extirpons-nous de l'obsession immunitaire qui délite les liens, détruit les collectifs et mine notre humanité.
Regarder le monde autrement qu'à travers le prisme nationaliste et masculiniste ? Une expérience à laquelle Michel Sardou a échappé, constatent Solène Brun et Claire Cosquer dans un portrait consacré au chanteur, idole des milieux conservateurs depuis des décennies et chantre de la lutte contre la « bien-pensance ». L'écrivain Mario Vargas Llosa, récemment élu à l'Académie française, aura lui aussi été épargné par les tentations progressistes. Le parcours du prix Nobel péruvien, retracé par Ludovic Lamant, est marqué par un soutien sans failles à la droite dure latino-américaine et espagnole. Changer le monde fut en revanche le rêve de Charles Piaget, le syndicaliste de Lip, autour duquel une coalition militante hétéroclite s'agrégea en 1974 dans l'espoir d'en faire un candidat à l'élection présidentielle. Un épisode éphémère raconté par Théo Roumier, qui pose la question du débouché politique des luttes sociales et de la construction d'une alternative anticapitaliste.
Voir le monde différemment suppose aussi de sortir de chez soi, de se déplacer. C'est ce que propose Soline Nivet que nous accompagnons dans ses déambulations parisiennes à la découverte des multiples opérations immobilières lancées par Xavier Niel, le fondateur Free. Que révèle l'emprise croissante du géant des télécoms sur nos paysages urbains ? Antoine Pecqueur, pour sa part, s'est rendu à Karthoum, à la rencontre des street artistes en lutte contre la junte militaire au pouvoir au Soudan. Protestations populaires également dans l'ancien « pré carré » français en Afrique où ce qu'on qualifie trop rapidement de « sentiment antifrançais » cache en réalité un mouvement politique qui vient de loin, expliquent Fanny Pigeaud et Ndongo Samba Sylla : la révolte contre la Françafrique.
Au sommaire enfin, Élodie Serna mène une passionnante réflexion sur la contraception au masculin. Face au désintérêt des hommes et aux craintes des femmes, faut-il enterrer une bonne fois pour toutes ces moyens de contraception qui peinent à émerger ? Gageons plutôt que la contraception des hommes pourrait constituer un véritable enjeu des luttes féministes.
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Le numéro 15 de la Revue du Crieur s'ouvre sur un texte inédit d'un personnage singulier : l'écrivaine Nathalie Quintane. Ce qu'elle décrit ici résonne fortement avec le mouvement social sans précédent qui secoue la France depuis quelques mois. Elle y évoque, pour la première fois, son métier d'enseignante du secondaire qu'elle exerce depuis plusieurs décennies et porte un diagnostic sans appel : la mort de l'Éducation nationale.
De grandes enquêtes et récits rythment également cette nouvelle livraison du Crieur : on y découvre comment l'Organisation internationale pour les migrations finance des artistes africains afin de diffuser un message sédentariste auprès de ceux et celles qui pourraient être tentés par l'émigration ; on y apprend de quelle manière la France entend retrouver une place privilégiée dans le milieu de l'art, l'un des marchés les plus opaques du monde ; on est plongé dans le New York de l'été 1977 qui a connu, pendant une nuit, une gigantesque panne d'électricité aux conséquences inattendues ; on passe de l'autre côté de la caméra pour déambuler dans les coulisses de Strip Tease, la mythique émission de documentaires.
Mais ce n'est pas tout : les lecteurs et lectrices y trouveront aussi un portrait de Renaud Camus, l'une des idoles des suprémacistes blancs ; une réflexion sur le pouvoir exercé par les adultes sur les enfants, ou comment justifier la toute-puissance des premiers par la vulnérabilité supposée des seconds ; une analyse édifiante du modèle économique d'Uber par le politologue Timothy Mitchell ; une histoire des sex-toys qui remet en question le mythe de la révolution sexuelle... Et bien plus encore !