Abandonné par sa mère, un enfant se retrouve confié à son vieux grand-père, un paysan vivant seul dans une petite ferme provençale. Depuis cette scène, si simple, Mathieu Belezi réussit à dire la vérité d'un monde. L'indifférence répétée des saisons, la cruauté, l'absurdité des destins, la violence des désirs, le besoin d'amour, tout est là et brûle dans ce bref roman, dont la beauté et la puissance font écho à celles d'Attaquer la terre et le soleil, Prix littéraire du Monde 2022.
Roman sidérant d'une centaine de pages, Le Petit Roi se révèle un chef-d'oeuvre. À l'instar d'oeuvres comme Jeux interdits, Sa majesté des mouches ou encore Les 400 coups, il réussit à dire avec force le vertige de l'enfance, loin de toute mièvrerie. La musicalité et la fulgurance des phrases que déploie ce texte nous font vivre de façon bouleversante l'attente et la désillusion d'un enfant qui n'aspire qu'à être aimé.
Publié une première fois en 1998, et inexplicablement oublié depuis, Le Petit Roi est le premier roman de Mathieu Belezi. Il réaffirme, si cela était encore nécessaire, l'importance de cet écrivain, dont le Tripode entreprend à partir de 2023 la réédition de toute l'oeuvre.
« Le vent de ses yeux m'emporte vers lui, et même si mon corps immobile résiste, ma main se retourne pour rencontrer sa paume. Dans le cercle de lumière la vie de ma main se perd dans la sienne et je ferme les yeux. Il me soulève de terre, et dans des gestes connus l'enchantement de mes sens ressuscite, réveillant à la joie mes nerfs et mes veines. Je ne m'étais pas trompée, la Mort me surveille à distance, mais juste pour me mettre à l'épreuve. Il faut que j'accepte le danger, si seul ce danger a le pouvoir de rendre vie à mes sens, mais avec calme, sans tremblements d'enfance. » L'Art de la joie est principalement le roman d'une vie, celle de Modesta, personnage magnifique né le 1er janvier 1900 sur les pentes de l'Etna, en Sicile. Du chaos misérable de son enfance aux hasards de la vie qui feront d'elle l'héritière insoumise d'une famille dégénérée de nobles siciliens, c'est en fait à un apprentissage de la liberté que cette oeuvre nous invite.
Dans ce monde des confins, une nuit, une fracture de la banquise sépare une jeune femme inuit de sa famille. Uqsuralik se voit livrée à elle-même, plongée dans la pénombre et le froid polaire. Elle n'a d'autre solution pour survivre que d'avancer, trouver un refuge. Commence ainsi pour elle, dans des conditions extrêmes, le chemin d'une quête qui, au-delà des vastitudes de l'espace arctique, va lui révéler son monde intérieur.
Après De Pierre et d'os (200 000 lecteurs), Bérengère Cournut revient avec un nouveau roman. Avec une fantaisie qui n'appartient qu'à elle, l'autrice nous conte le destin d'une mère qui s'évapore de la maison et laisse un trio pas banal d'enfants livrés à eux-mêmes. Des contrées de l'enfance jusqu'à la découverte du grand Nord, c'est un nouveau voyage qui commence....
Odile a disparu, laissant derrière elle son mari Ferment et leurs trois enfants. Privés de la présence maternelle, Béguin, Chiffon et la jeune Zizi Cabane doivent trouver un nouvel équilibre. Mais rien ne se passe comme prévu dans la maison. Une source apparaît dans le sous-sol, et veut absolument rejoindre le ruisseau du jardin. Un drôle de vent rôde. Et tandis que tante Jeanne essaie de ramener un peu de raison là dedans, Marcel Tremble, faux grand-père surgi de nulle part, accompagne avec tendresse la folie de ces êtres abandonnés. Que vont devenir les chagrins ? Sur quelles pentes vont-ils désormais rouler ?
Après le voyage arctique de De pierre et d'os, Bérengère Cournut réussit une nouvelle fois l'invraisemblable : mêler la poésie à la prose pour dire en souriant la douleur, associer le quotidien aux rêves pour réinventer avec force un chemin de vie.
Attaquer la terre et le soleil narre le destin d'une poignée de colons et de soldats pris dans l'enfer oublié de la colonisation algérienne, au dix-neuvième siècle. Et en un bref roman, c'est toute l'expérience d'un écrivain qui subitement se cristallise et bouleverse, une voix hantée par Faulkner qui se donne.
Depuis plus de vingt ans, Mathieu Belezi construit une oeuvre romanesque d'une cohérence étonnante, à la phrase ciselée. La musicalité qui frappe dès les premières lignes d'Attaquer la terre et le soleil fait écho à Le Petit Roi, son premier roman publié en 1998 aux éditions Phébus. Quant à son thème, il renvoie évidemment à sa grande trilogie algérienne, publiée successivement aux éditions Albin Michel (C'était notre terre, 2008) et Flammarion (Les vieux Fous, 2011 ; Un faux pas dans la vie d'Emma Picard, 2015). Est-ce la constance de ce parcours qui explique la fulgurance de ce nouveau roman ? Écrit en quelques mois, Attaquer la terre et le soleil dit en tout cas avec une beauté tragique, à travers les voix d'une femme et d'un soldat, la folie, l'enfer, que fut cette colonisation.
Une femme mène dans les bois une existence vagabonde et sans artifices, avec pour unique demeure un vieux camion qu'elle déplace au gré de ses envies. Seuls comptent pour elle l'écoulement du temps et les échos du vivant. Heureuse de son dénuement matériel, elle se livre dans la forêt à la jouissance de ses sens et de ses pensées.
Marc Graciano aime expliquer qu'il se perçoit plus réalisateur qu'écrivain, qu'il est surtout un facteur, façon simple et taquine d'affirmer qu'il écrit ses textes comme un artisan crée des instruments de musique. Et si son oeuvre demeure romanesque, il n'a de fait jamais caché son désir de fonder une écriture magique, capable de raviver simplement et minutieusement la texture du monde. Vivant lui-même une grande partie de l'année dans un camion qu'il déplace dans la nature, Marc Graciano nous offre avec Shamane la figure d'un alter ego, une femme qui s'abandonne avec une égale jouissance aux arts martiaux et au vin, aux expériences chamaniques et à la vie dans les bois.
Un homme se retrouve en prison. Brutalisé dans sa mémoire et dans sa chair, il décide avant de mourir de nous livrer le récit de son destin.
Écrit dans un élan vertigineux, porté par une langue aussi fulgurante que bienveillante, Le Démon de la Colline aux Loups raconte un être, son enfance perdue, sa vie emplie de violence, de douleur et de rage, d'amour et de passion, de moments de lumière... Il dit sa solitude, immense, la condition humaine.
Le Démon de la Colline aux Loups est un premier roman. C'est surtout un flot ininterrompu d'images et de sensations, un texte étourdissant, une révélation littéraire.
L'illustration de couverture a été réalisée par Clara Audureau.
Finaliste du Prix Goncourt du premier roman.
Lauréat du Prix Première de la RTBF 2021.
Lauréat du Prix du premier roman des Inrockuptibles 2021.
Lauréat du Prix Louis Guilloux 2021.
Lauréat du Prix Roblès 2021.
Lauréat du Prix Poulet-Malassis 2021.
Lauréat du Prix des librairies Payot.
Lauréat du Prix [du métro] Goncourt.
Après une nuit de violent orage, un homme voit toquer à la porte de sa maison de campagne Monsieur Sécaillat, le vieux paysan d'à-côté. Qu'est-ce qui a pu pousser ce voisin secret, bourru, généralement si avare de paroles, à venir jusqu'à lui ? L'homme lui apporte la réponse en le conduisant dans leur champ mitoyen : emporté par la pluie violente et la terre gorgée d'eau, un pan entier d'un ancien mur de pierres sèches s'est éboulé. Or, au milieu des décombres et de la glaise, surgissent par endroits de mystérieux éclats de poterie. Intrigués par leur découverte, les deux hommes vont décider de mener une fouille clandestine, sans se douter que cette décision va chambouler leur vie.
S'il se nourrit des oeuvres de Giono et de Bosco, Le Dit du Mistral n'est pas un livre comme les autres. C'est le début d'un voyage, un roman sur l'amitié, la transmission, sur ce que nous ont légué les générations anciennes et ce que nous voulons léguer à celles à venir. C'est un récit sur le refus d'oublier, une invitation à la vie où s'entremêlent histoires, légendes et rêves. C'est une fenêtre ouverte sans bruit sur les terres de Provence, la photographie d'un univers, un télescope aimanté par les dieux.
L'Homme qui savait la langue des serpents raconte l'histoire du dernier des hommes qui parlait la langue des serpents, de sa sour qui tomba amoureuse d'un ours, de sa mère qui rôtissait compulsivement des élans, de son grand-père qui guerroyait sans jambes, de son oncle qu'il aimait tant, d'une jeune fille qui croyait en l'amour, d'un sage qui ne l'était pas tant que ça, d'une paysanne qui rêvait d'un loup-garou, d'un vieil homme qui chassait les vents, d'une salamandre qui volait dans les airs, d'australopithèques qui élevaient des poux géants, d'un poisson titanesque las de ce monde et de chevaliers teutons un peu épouvantés par tout ce qui précède.
Peuplé de personnages étonnants, empreint de réalisme magique et d'un souffle inspiré des sagas scandinaves, L'Homme qui savait la langue des serpents révèle l'humour et de l'imagination franchement délirante d'Andrus Kivirähk. Le roman retrace dans une époque médiévale réinventée la vie peu banale d'un jeune homme qui, vivant dans la forêt, voit le monde de ses ancêtres disparaître et la modernité l'emporter. Une fable?? Oui, mais aussi un regard ironique sur notre propre époque. L'Homme qui savait la langue des serpents a reçu le Grand Prix de l'Imaginaire en 2014.
Il y a Gabriel, un opérateur de cinéma qui a parcouru le vingtième siècle l'oeil rivé derrière sa caméra : de l'enterrement de Sarah Bernhardt au tournage du Mépris, du défilé de la paix de 1919 au 11 septembre 2001, il aura été le témoin muet d'un monde chaotique, et de certains de ses vertiges. Il y a Adrien, son petit-fils, qui est journaliste spécialisé dans les choses numériques qui envahissent désormais nos vies. Et il y a le roman qu'Adrien a décidé d'écrire sur son grand-père.
En vingt-quatre chapitres, raconter une vie. Vingt-quatre chapitres comme les vingt-quatre images qui font chaque seconde d'un film. Vingt-quatre chapitres pour tenter de saisir la vérité : que reste-t-il de ce qui n'est plus là ? Que connaît-on de ce qu'on a vu sans le vivre ? Que faire, aujourd'hui, de tant d'images ?
Paris, début des années 1880. Au cours d'une soirée mondaine, un jeune dandy fait sans s'y attendre une expérience qui le révèle à ses désirs les plus secrets. Décidé à rester fidèle à ce qu'il comprend alors de lui-même, il va faire le choix d'exister vraiment, et de devenir femme.
En 2006, Robert Alexis se révélait à de nombreux lecteurs avec un premier roman troublant, La Robe (éd. Corti). Dix-sept ans plus tard, reprenant le même sujet, il nous offre à nouveau un roman envoûtant, une histoire où le désir assume plus encore son évidence, sa liberté.
Le Tripode a publié en 2014 une première version, qui n'a plus lieu d'être, de ce roman.
L'illustration de couverture est une aquarelle de Hugo Pratt.
Comment faire entendre la beauté de ce qui est?? Sans nostalgie, ni vanité?? Magdalène ravive avec ferveur un monde pris entre les terres et l'océan, et dans les mailles du temps. Un homme entend, se souvient, scrute les âmes et paysages qui l'ont traversé. Et son attention, si humble, si vive, fait de cette écoute un horizon, l'éternité.
«?J'ai été pétri et je suis sorti de ces corps et de ces lieux. Puis d'autres territoires, d'autres étendues se sont déployés. Le coeur du récit reste une expérience sensible, corporelle au monde. [...] Je m'y suis plongé avec le bonheur d'un amoureux qui s'immerge, le mange, le porte, est blessé par lui, chaque cicatrice, chaque douleur, chaque chaleur au creux de la main et du ventre disant des connaissances, d'infimes compréhensions, peut-être dérisoires, mais si essentielles pour moi.?» (Georges Peignard, lettre du 14 novembre 2022)
Dans le sud de la France, deux adolescentes se rencontrent au lycée. L'une est solaire et ténébreuse, irradiante, libre. L'autre, amoureuse et à l'affut. Ce livre, c'est l'histoire de ce télescopage, une étincelle, une bouffée de chaleur, un roman-poème qui dit l'amour passionnel d'une jeune fille pour l'incandescente Marie-Lou.
Marie-lou-le-monde nous raconte dans une langue fulgurante un vertige amoureux, un chant du désir, un hommage à un fantasme impérissable.
Et si on ne travaillait que trois heures par jour ?
Telle est la proposition qu'Émilien Long, prix Nobel français d'économie, fait dans son dernier ouvrage, Le Droit à la paresse au XXIe siècle. Très vite, portée par la renommée de l'économiste et le sérieux de ses analyses, l'idée fait son chemin dans le débat public. Moquée par les uns, portée aux nues par les autres, elle se retrouve au bout du compte débattue dans toutes les rédactions, sur tous les plateaux télé. En quelques jours, elle devient le sujet sur lequel tous doivent se prononcer. Et si un autre monde était possible ?
L'ampleur du phénomène est tel qu'Émilien Long, pris de court par le succès colossal de son livre, se voit poussé par ses proches à l'élection présidentielle de 2022. L'enjeu est simple : changer de modèle de société, sortir d'un productivisme morbide pour redécouvrir le bonheur de vivre.
Paresse pour tous est un roman espiègle. Fort d'une érudition jamais pédante et de clins d'oeil taquins à nos choix de vie, il rend crédible une utopie, celle d'une société qui renverse ses priorités et prend le temps d'exister.
Après La Grande Panne, roman d'une France qui se retrouvait à l'arrêt, Hadrien Klent nous offre cette fois-ci avec le même humour le portrait d'une France qui se remet en marche, mais pas du tout comme certains voudraient.
Née contente à Oraibi conte le destin d'une jeune Amérindienne d'Arizona. Le peuple hopi vit depuis des siècles sur un plateau aride, dans des conditions de dénuement extrême. Soumis aux contraintes d'une région désertique, il a développé une cosmogonie extraordinaire et des croyances qui font communier la vie et la mort, la lumière et la nuit, les esprits, les animaux et les hommes. À travers la quête d'une jeune orpheline qui salue le Soleil en riant, c'est la beauté de ce monde aux antipodes du nôtre qui se révèle, et demeure.
« (...) Une bosse s'est formée sous sa couverture au niveau du ventre, puis ses mains noueuses se sont trouvées libérées. Elle les a placées le plus haut possible au-dessus de sa tête et est restée un long moment comme ça, les bras en l'air. Elle me regardait d'un air rieur : « Tu as vu comme mes ailes frémissent ? » Puis lentement, elle a replié les coudes et posé ses bras affaiblis le long de sa poitrine. Les mains à nouveau croisées sur le ventre, elle a fermé les yeux en disant : « Le papillon est fragile, il ne faut pas tenter de le retenir quand il a envie de s'envoler. » Dans ses précédents livres, Bérengère Cournut explorait surtout des territoires oniriques, où l'eau se mêle à la terre (L'Écorcobaliseur, Attila, 2008), où la plaine fabrique des otaries et des renards (Nanoushkaïa, L'Oie de Cravan, 2009), où la glace se pique à la chaleur du désert (Wendy Ratherfight, L'Oie de Cravan, 2013). Cette fois, elle se fond aux plateaux arides d'Arizona, où le vibrant peuple hopi lui souffle une histoire singulière.
1933. Max, le fils bâtard de la pute Minna Schulz, s'enrôle dans les SS à l'arrivée d'Hitler au pouvoir. Affecté dans un camp d'extermination où disparaissent son meilleur ami (juif) et toute sa famille, il endosse après la guerre l'identité de son ami assassiné. Max, devenu Itzig Finkelstein, épouse la cause juive et traverse l'Europe pour rejoindre la Palestine, où il devient barbier et sioniste fanatique.
Trente ans avant Les Bienveillantes de Jonathan Little, Le Nazi et le Barbier raconte l'Holocauste du point de vue du bourreau. L'humour (noir) en plus.
Écrit durant l'exil d'Hilsenrath à New-York, le livre fut d'abord un best-seller aux Etats-Unis avant d'être publié en Allemagne, avec un succès polémique. Désormais considéré comme un classique, ce titre montre un autre aspect, tout aussi iconoclaste, du génie littéraire de l'auteur de Fuck America.
Traduit par Jörg Stickan & Sacha Zilberfarb.
Claude Debussy s'est lancé dans un projet ambitieux, un projet fou : écrire un opéra inspiré de « La Chute de la maison Usher », la fameuse nouvelle d'Edgar Allan Poe. Son désir : offrir une véritable sépulture à Lady Madeline et à son frère, Roderick. Mais le célèbre compositeur est malade. Atteint d'un cancer, son temps est compté, et il sait qu'il ne pourra jamais achever son oeuvre, cet opéra qui l'habite et l'obsède.
Dans une succession de pensées et d'images, Au bord du lit offre une vision hallucinée et puissante des derniers jours de Claude Debussy. Hanté par ce compositeur et son oeuvre, Emmanuel Régniez nous entraîne dans l'agonie d'une vie dédiée à la musique.
Les Jardins statuaires est l'un des romans fondateurs de l'histoire du Tripode. Premier volume du Cycle des Contrées de Jacques Abeille, ce roman d'une imagination stupéfiante, à mi-chemin de Gracq et de Tolkien, est à la fois un monument littéraire et la porte d'entrée de l'une des plus importantes oeuvres de la littérature française contemporaine.
À une époque indéterminée, un voyageur découvre un monde étrange où, dans des domaines protégés par de vastes enceintes, les hommes cultivent des statues...
Devenu pour ses lecteurs un roman à nul autre pareil, Les Jardins statuaires relèvent à la fois de la fable, du roman d'aventure, du récit de voyage et du conte philosophique.
L'illustration de couverture a été réalisée par François Schuiten.
« Au début de l'été 58, dix ans exactement après notre première rencontre et trois après la fameuse nuit ivre de confessions, de silences et de parfums, je reçus une carte postale géante de New York avec une vue nocturne de Manhattan (entre nous s'était instauré un championnat de ''mauvais goût'', qui consistait à dénicher ce qu'il y avait de pire, dans l'ancien comme dans le moderne, dans ce moyen de communication), où la petite écriture précise, un peu ostentatoirement démodée, de cette snob d'Erica, annonçait : '' Je t'attends en juillet à Positano, je suis heureuse ! Et je désire te faire connaître la cause de ce bonheur. Je me sens miraculée. Considère-moi comme une miraculée !'' ».
Rendez-vous à Positano est un roman d'amour, un texte dédié à une femme et un lieu. Dans l'après-guerre, Goliarda Sapienza découvre un modeste village hors du temps, niché tout près de Naples : Positano. Elle y fait la connaissance d'Erica, une jeune femme qui allait devenir pendant près d'une vingtaine d'années une soeur d'âme. Longtemps après la disparition de son amie, en 1985, l'écrivaine décide de revenir sur cette histoire pour sauver de l'oubli ce qui fut balayé par le destin.
Au sortir de la Première Guerre mondiale, une petite ville polonaise se reconstruit. Les équilibres sont bouleversés : patron usurier, comptable en peine de coeur, rabbin malhonnête, jeune fille volage, pharmacien opportuniste, médecin coureur de jupons, bambin révolutionnaire... chacun mène une lutte sans merci pour défendre ses intérêts. Sous la plume acerbe de Leyb Rashkin, c'est toute une ville qui s'anime, une communauté qui prend vie. Suivant les aventures et les affres des membres d'une grande famille, l'auteur dessine avec sarcasme l'anatomie d'une bourgade juive de l'entre-deux-guerres.
Roman social et satirique, Les Gens de Godelbojits dépeint la corruption outrancière qui sévit à cette époque et la montée des « rouges » dans la lutte des classes. C'est un roman de mémoire, celle d'un peuple et de ses traditions, un roman témoin de la dégénérescence du shtetl. Publié originellement en 1936 à Varsovie et paru en 2017 aux États-Unis, cette oeuvre monumentale est traduite et publiée pour la première fois en France.
Géographe visionnaire, anarchiste convaincu, végétarien et naturiste précoce, voyageur sensuel et écrivain prolixe, Élisée Reclus (1830-1905) est l'une des figures intellectuelles les plus étonnantes de notre histoire. Et des plus oubliées. Isabelle Louviot et Georges Peignard nous invitent, dans cet essai biographique enrichi d'une anthologie de textes, à redécouvrir la pensée de cet homme, toujours féconde.
Peu de livres donnent au lecteur l'impression, dès les premières pages, d'être confronté à un chef d'oeuvre absolu. L'Ancêtre, de Juan José Saer, appartient à cette catégorie.
« De ces rivages vides il m'est surtout resté l'abondance de ciel. Plus d'une fois je me suis senti infime sous ce bleu dilaté : nous étions, sur la plage jaune, comme des fourmis au centre d'un désert. Et si, maintenant que je suis un vieil homme, je passe mes jours dans les villes, c'est que la vie y est horizontale, que les villes cachent le ciel. » Le roman est inspiré d'une histoire réelle. En 1515, un corps expéditionnaire de trois navires quitte l'Espagne en direction du Rio de la Plata, vaste estuaire à la conjonction des fleuves Parana et Uruguay. Mais, à peine débarqués à terre, le capitaine et les quelques hommes qui l'accompagnent sont massacrés par des Indiens. Un seul en réchappe, le mousse : fait prisonnier, accueilli dans la tribu de ses assaillants, il n'est rendu à son monde que dix ans plus tard, à l'occasion d'une autre expédition naviguant dans ces eaux. De ce fait historique Juan José tire une fable universelle qui interroge le sens des destinées humaines et le pouvoir du langage. Arrivé à la fin de sa vie, le mousse se souvient comment, soixante ans plus tôt, il a été amené pendant toutes ces années à partager l'existence d'une tribu d'hommes anthropophages au point de bouleverser sa vision du monde...
La première édition de ce livre a été menée par Flammarion en 1987. Cette nouvelle édition est postfacée par Alberto Manguel. La traduction, de Laure Bataillon a reçu en 1988 le prix de la meilleur traduction décernée par la Maison des Écrivains et des Traducteurs (MEET). Après la mort de la traductrice, il fut décidé que le prix porterait dorénavant son nom.
Bandini, le héros de John Fante, a trouvé son héritier. C'est un branleur. Mais un branleur de génie !
1952. Dans une cafétéria juive à l'angle de Broadway et de la 86e rue, Jakob Bronsky, tout juste débarqué aux États-Unis, écrit un roman sur son expérience du ghetto pendant la guerre : Le Branleur ! Au milieu des clodos, des prostituées, des maquereaux et d'autres paumés, il survit comme il peut, accumulant les jobs miteux, fantasmant sous sa couette sur le cul de la secrétaire de son futur éditeur M. Doublecrum...
L'Amérique, ce « paradis », est une jungle où la valeur d'un homme se juge à son portefeuille et où tout est marchandise : l'homme, la femme, le sexe, et aussi la littérature. Récit drôle et cruel, évoquant Roth ou Bukowski, Fuck America est en grande partie autobiographique : le livre s'inspire des conditions de vie de l'auteur à son arrivée aux États-Unis dans les années cinquante, alors qu'il travaillait comme serveur dans un delicatessen juif de New York.