Réédition critique en français d'un ouvrage absolument précurseur et fondamental pour l'inclusion des problématiques sociales, environnementales et des enjeux de durabilité dans les démarches de conception : le manifeste d'une reconfiguration radicale du domaine du design, de ses formes mais surtout de sa mission.
Paru en 1971, publié dans plus de vingt langues, mais indisponible en français depuis 1974, Design for the Real World est, bien plus qu'un classique de l'histoire du design, le livre-manifeste de tout design politique et écologique. Il vise l'inclusion sociale plutôt que le profit monétaire, lutte contre l'asservissement des besoins au marché, prône le respect de l'environnement plutôt que l'exploitation illimitée de la nature et de ses ressources. Cette réédition critique de la traduction française, accompagnée d'essais d'Alison J. Clarke et Emanuele Quinz, offre un aperçu du programme de Victor Papanek : confier au design une mission révolutionnaire, qui, aujourd'hui plus que jamais, révèle son étonnante pertinence.
Un catalogue raisonné des herbes folles : nouvelle édition augmentée de la flore de référence, fruit de 20 années d'études et de relevés floristiques sur une multitude de friches urbaines, permettant, à travers 600 photographies et 800 dessins originaux, de reconnaître et de nommer quelque 300 plantes silencieuses que nous croisons tous les jours. Un herbier méthodique des terrains vagues qui constitue un véritable guide de la biodiversité, beau et ludique, accessible et rigoureux.
Cette flore expose la biodiversité des friches urbaines. Elle documente les paysages et les végétations ; elle invite à reconnaître et nommer les 299 plantes les plus communes qu'elles abritent ; elle peut agir comme un jeu ; elle mène vers un nouvel univers de sens et de savoirs.
Les friches sont un monde, un refuge. Elles donnent asile à une prodigieuse diversité d'espèces végétales et animales en milieu urbain. Les zones postindustrielles désaffectées, les vergers à l'abandon, les terrains délaissés le long des voies ferrées ou des cours d'eau sont des espaces d'expériences sensorielles d'une intensité ignorée.
Sautant les barrières qui les en séparent, le flâneur, le lecteur plongent alors dans une nature généreuse, exubérante, fébrile. La ville n'y est plus que rumeur, un bruit de fond.
« Ce livre s'adresse à tous ceux qui, assis dans le train, font flotter le regard sur les plantes accrochées aux vieux ballasts. A ceux aussi qui, calés sur la banquette arrière de la voiture, remarquent du coin de l'oeil la verdure des terrains vagues. [...] Due à la botaniste Audrey Muratet, au photographe Myr Muratet et à la dessinatrice Marie Pellaton, cette compilation explique les mécanismes de survie, et même de prospérité des plantes, dans ces milieux qu'on croit inhospitaliers. L'ouvrage est la première flore qui leur est consacrée, et la seule du genre. [...] Un ouvrage méthodique, systématique, scientifique et pourtant poétique. » Sibylle Vincendon, Libération Nouvelle édition augmentée de l'ouvrage publié aux éditions Xavier Barral en 2017.
Catalogue « bio-monographique » éclairant la démarche de l'artiste, sculptrice et céramiste Valentine Schlegel, dont la pratique, intimement liée à son quotidien, répond à une logique certaine : celle de créer ses propres conditions de vie. Réalisé par l'artiste Hélène Bertin suite à une recherche sur Valentine Schlegel, édité par Hélène Bertin et Charles Mazé & Coline Sunier.
Née en 1925, Valentine Schlegel a développé une pratique plastique quotidienne entre Paris et Sète. À l'image d'un couteau suisse, elle maîtrise plusieurs techniques pour réaliser des objets usuels aux corps sculpturaux: couverts en bois, vases en céramique, sacs en cuir, cheminées en plâtre. Conçu sans hiérarchie, souvent en collaboration avec ses amis, ce corpus est fait d'objets de différentes dimensions et aux usages tantôt fantaisistes, tantôt quotidiens. Valentine Schlegel a également réalisé nombre d'éléments architecturaux en plâtre destinés aux intérieurs. Ces sculptures à vivre sont aussi, par leur caractère indéplaçable, la raison pour laquelle son travail est resté méconnu.
Valentine Schlegel: je dors, je travaille par Hélène Bertin est un catalogue « bio-monographique » réunissant une nouvelle iconographie et des documents d'archives. Des notices biographiques séquencent le livre et éclairent la démarche et la vie de Valentine Schlegel.
Grâce à une iconographie riche et précisément sélectionnée, cette monographie de référence permet notamment de documenter l'ensemble des cheminées que Valentine Schlegel a réalisées chez des particuliers - une centaine de 1959 à 2002. Les autres pans de son travail sont également abordés afin de saisir l'ensemble de sa pratique, intimement liée à son mode de vie, où les questions d'autonomie de production et d'amitié sont centrales.
«je dors» et «je travaille» sont deux énoncés peints sur une pancarte réversible accrochée à la porte de l'atelier sétois de Valentine Schlegel. Ils correspondent à deux temps différents de ses journées, invitant à l'isolement ou à la compagnie. Ces deux «activités» ne sont pas à prendre comme des opposés mais comme indissociables l'une de l'autre: elles servent de structure à l'édition en rendant perceptible les choix de modes de vie personnels et professionnels de Valentine Schlegel.
De par le déroulé chronologique, chaque page du livre peut être perçue comme un moment d'une journée, où la fabrication d'un ustensile de cuisine, la pratique de la sieste dans une couchette spécialement conçue à cet effet, la création d'une cheminée en plâtre pour la maison d'un collectionneur ou d'un sifflet en forme de sirène pour un cadeau à une amie sont les témoins d'une pratique totale et quotidienne, sans ordre hiérarchique mais répondant à une logique certaine: celle de créer ses propres conditions de vie.
Publié à l'occasion de l'exposition « Cette femme pourrait dormir dans l'eau - Valentine Schlegel par Hélène Bertin » au CAC Brétigny, du 30 septembre au 09 décembre 2017.
Hélène Bertin (née en 1989 à Pertuis, vit et travaille à Paris) traverse doucement la France en suivant les cours d'art appliqués au lycée en Avignon, de l'École des beaux-arts de Lyon puis de l'École des beaux-arts de Paris-Cergy. À la fin de ses études, elle s'installe à Paris et à Cucuron, son village natal. Elle développe une pratique qui met en mouvement le travail d'artiste, de curateur et d'historienne. Ses objets de sculptrice ont des qualités usuelles qui se dérobent à l'espace du white cube. Ils se vivent dans l'intimité de la sphère privée, comme l'espace de l'atelier, de la maison, et en extérieur. Hélène Bertin travaille aussi en collectif avec Plafond, avec qui elle partage des moments de réflexion et des expositions. Avec l'aménagement de son atelier à Cucuron, le « workshop culinaire » est l'un de ses terrains d'expérimentation collective où des artistes se regroupent autour de mets qu'ils confectionnent, mangent et digèrent ensemble. Investie dans son village, c'est dans un vignoble de vin naturel qu'elle a récemment organisé sa première exposition collective. Depuis plusieurs années, elle réalise des recherches autour de Valentine Schlegel qui, comme une guide, lui a ouvert sa pratique originale et libre de l'art.
Ce manuel propose un état des connaissances actuelles sur le fonctionnement de la nature en milieu urbain : son écologie.
Les villes sont des structures complexes qui abritent une disparité de conditions de vie. Elles peuvent générer des viviers de biodiversité comme elles peuvent les détruire. Elles sont elles-mêmes des organismes qui se développent, mutent, périclitent. Ce manuel analyse ces phénomènes. Il affirme quelques principes afin de pallier la cécité écologique des citadins, et parer à l'agonie des écosystèmes urbains.
Ce manuel entend provoquer une prise de conscience. Elle est nécessaire, insuffisante et pourtant indispensable. Chaque être vivant dépend des interactions entretenues avec les milieux et le vivant qui l'entourent, quels qu'ils soient. L'ouvrage souligne par là même les dimensions sociologiques, urbanistiques et politiques induites.
Un portrait intime de l'une des plus grandes peintres américaines du XXe siècle, à travers une collection d'entretiens inédits avec des artistes, des historiens d'art et des personnalités proches de Joan Mitchell.
Considérée comme l'une des voix les plus vives de la peinture dans la seconde moitié du XXe siècle, figure de la scène new-yorkaise dès le début des années 1950, Joan Mitchell a développé une oeuvre gestuelle singulière et vibrante, caractérisée par une recherche toujours reconsidérée de la couleur et de la lumière et un rapport intime aux paysages, marquée par un rapport privilégié avec la peinture européenne du tournant des XIXe et XXe siècles aussi bien que par une sensibilité toute particulière à la musique et à la poésie.
De Paul Auster à Zuka, cet ouvrage rassemble des entretiens menés par Guy Bloch-Champfort avec des personnalités ayant côtoyé Joan Mitchell. Grâce à ces conversations inédites, nous apparaît une Joan Mitchell vivante, intime, nous révélant nombre de traits inconnus, fondamentaux pour la compréhension de l'artiste.
Initialement paru en 1965, Du tissage retrace le passage de l'artisanat à la production industrielle, soulignant toute l'importance de la matérialité et les innovations créatives apparues à chaque fois que des questions de design ont été résolues à la main.
En plaçant les matériaux et le métier à bras au coeur de sa réflexion, Anni Albers rend compte des limites imposées à la créativité et au savoirfaire par la technologie et la production de masse, plaidant pour un retour à l'ingéniosité humaine aujourd'hui devenu essentiel. Sa prose limpide, captivante, s'accompagne d'une foule d'illustrations dont la grande richesse met en lumière l'histoire du médium : schémas à la main, détails de textiles précolombiens, études réalisées à partir de grains de maïs, de papier ou à la machine à écrire accompagnent de précieuses reproductions de ses propres oeuvres.
Cette édition augmentée, qui place Du tissage à la portée d'une nouvelle génération de lecteurs, substitue aux illustrations en noir et blanc de l'édition originale des photographies en couleur. S'y ajoutent une postface de Nicholas Max Weber et deux essais de T'ai Smith et Ida Soulard qui apportent un éclairage inédit sur l'artiste et sa carrière.
On lui attribue, dans les années 1920, les premiers films impressionnistes, féministes, puis surréalistes. Qu'est-ce que le cinéma ? constitue la première édition des écrits théoriques de Germaine Dulac (1882-1942), pionnière du septième art, près de 75 années après la conception du manuscrit, où elle développe une réflexion sur le cinéma aux échos fortement contemporains.
Composé des nombreuses conférences de la cinéaste (1925-1939) assemblées par sa partenaire Marie-Anne Colson-Malleville et préservées dans les archives de Light Cone, cet ouvrage éclaire le rôle majeur de cette pionnière de l'avant-garde française, innovatrice de la pensée cinématographique moderne, qui théorisait déjà, dès les années 1920, ce qu'est le cinéma.
« L'oeuvre et la pensée de Germaine Dulac ont beaucoup compté dans l'histoire du cinéma. Ce livre permet de mieux la connaître et de l'apprécier. C'est très important pour faire vivre la cinéphilie, qui est d'ailleurs l'une des missions du CNC. » Dominique Boutonnat, Président du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) Ouvrage récompensé du Prix du livre de cinéma 2020 du CNC.
Les propositions architecturales de Gordon Matta-Clark.
Figure majeure de l'art américain des années 1970, Gordon Matta-Clark (1943-1978) a produit, pendant les dix années que compte sa brève carrière, un corpus d'oeuvres d'une grande diversité. Expérimentations sur la matière, installations, performances, découpes architecturales, dessins, films, photographies, ou photomontages témoignent de cette multiplicité de démarches et de mediums explorés. C'est au travers de ses découpes (cuttings) et dissections de bâtiments qu'il s'est fait d'abord connaître, en intervenant sur des immeubles abandonnés et voués à la démolition. Ces spectaculaires découpes ont longtemps prévalu dans les analyses, et ont le plus souvent été considérées comme des attaques portées contre l'architecture.
Pourtant, architecte de formation, Gordon Matta-Clark a surtout cherché à expérimenter, selon ses termes, « les usages alternatifs d'espaces qui sont les plus familiers ». Sur la base de documents d'archives, cet ouvrage propose de lire ses travaux depuis ce point de vue venant de l'architecture, en envisageant les mouvements de sa pensée spatiale et ses enjeux architecturaux, dans tous les lieux singuliers explorés. Que ce soit en découpant les murs, planchers et plafonds de bâtiments abandonnés ; en créant une perspective implicite sous une dalle funéraire ; en installant un abri dans un arbre ; en dessinant des maisons-paniers mobiles ; en construisant un mur à partir de déchets trouvés dans la rue ; en voulant grimper au ciel avec une échelle en corde ou en voulant habiter dans un immeuble ballon, que disent ses projets de son idée d'architecture ?
Ce livre magnifique et quelque peu mystérieux contient une collection inédite de lettres que les célèbres frères Jonas et Adolfas Mekas ont envoyées, depuis les Etats-Unis, au village de Semeniskiai (Lituanie). Toutes étaient adressées à la personne la plus importante de leur vie: Elzbieta Mekas, leur mère.Que s'écrit une famille séparée par la guerre ; deux frères d'un côté de l'océan et leur mère de l'autre ? Les lettres rassemblées dans ce livre, écrites entre 1957 et 1995, répondent à cette question. Accompagné de nombreuses photographies issues du quotidien des deux frères, ce livre illustre et contextualise leur vie aux États-Unis ainsi que leurs visites en Lituanie dans les années 1970. Les frères Mekas ont fui vers l'Ouest en 1944 et sont arrivés à New York en 1949, où ils sont tous deux devenus artistes. Alors que débutait la Guerre Froide, ils ont commencé à écrire des lettres à leur mère, rétablissant une connexion et un dialogue perdus depuis longtemps.Ligne(s) de vie montre deux vies évoluant en parallèle dans le monde libre et dans un pays occupé. Les lettres retracent un amour sincère et une reconnaissance permanente des deux fils envers leur mère, auxquelles s'ajoutent des observations sur le quotidien aux États-Unis et des références à leurs créations. Ouvrage récompensé du prix du plus beau livre lituanien, Baltic Book Art Competition, 2022.
Réédition du livre punk culte de l'artiste (transgenre : cinéaste, musicien, poète, écrivain...) Ossang, aujourd'hui introuvable.
Écrit en 1980, publié en 1993 par Warvillers et Via Valeriano, ce récit de colère froide et totale décrit une génération néant qui utilise, dans une logique radicalement punk, la musique et la poésie avec une violence extrême, comme leurs aîné.e.s ont utilisé les armes sans que rien n'empêche la logique suicidante de notre civilisation.
« Les plaintes et les regrets ne servent plus à rien : il n'y aura ni pardon, ni salut. Les dieux sont morts et leurs fantômes sont des radiations mortelles.
Les armes, la terre, le sang perdu.
La continuité des lignées semble s'être rompue, pour toujours. Il reste des emblèmes funéraires, et le trouble que procurent les dessous féminins.
La lignée, l'énigme de la terre et du sang. Nous sommes les vampires de l'Antécristal. Absents, nous sommes absents du monde. Oculatus Abis.
Apatrides transeuropéens. Revenants. Revenants néants.
Nous sommes les revenants de la Génération Néant. »
d'oú vient cette obsession de l'interactif qui traverse notre époque ? après la société de consommation, après l'ère de la communication, l'art contribue-t-il aujourd'hui à l'émergence d'une société rationnelle ? nicolas bourriaud tente de renouveler notre approche de l'art contemporain en se tenant au plus près du travail des artistes, et en exposant les principes qui structurent leur pensée : une esthétique de l'interhumain, de la rencontre, de la proximité, de la résistance au formatage social.
son essai se donne pour but de produire des outils nous permettant de comprendre l'évolution de l'art actuel : on y croisera felix gonzalez-torres et louis althusser, rirkrit tiravanija ou félix guattari, et la plupart des artistes novateurs en activité.
Le premier ouvrage consacré à la vie et à l'oeuvre du graphiste emblématique du cinéma américain et réalisateur oscarisé Saul Bass (1920-1996).
Saul Bass a défini une ère novatrice du cinéma. Ses séquences de titre pour des films tels que Anatomie d'un meurtre (1959) d'Otto Preminger, Vertigo (1958) et La Mort aux trousses (1959) d'Alfred Hitchcock, ont introduit l'idée que les génériques pouvaient raconter une histoire, en créant l'ambiance du film qui allait suivre. L'influence stylistique de Bass est visible dans les franchises hollywoodiennes populaires, de La Panthère rose à James Bond, ainsi que dans des oeuvres plus contemporaines telles que Catch Me If You Can (2002) de Steven Spielberg et Mad Men à la télévision.
Premier ouvrage à se pencher sur la vie et l'oeuvre de ce personnage fascinant, Saul Bass. Autopsie du design cinématographique explore la carrière révolutionnaire du designer et son impact durable sur les industries du divertissement et de la publicité. Jan-Christopher Horak retrace la carrière de Bass depuis ses humbles débuts d'artiste autodidacte jusqu'à son apogée professionnelle, lorsque des réalisateurs comme Stanley Kubrick ou Martin Scorsese ont fait appel à lui comme collaborateur. Il explique également comment Bass a intégré dans son travail des concepts esthétiques empruntés à l'art moderne, en les présentant d'une manière nouvelle qui les rendait facilement reconnaissables par le public.
Cet ouvrage incontrournable, traduit ici pour la première en français, éclaire le processus créatif du maître incontesté de la conception de titres de films, un homme dont les talents multidimensionnels et la capacité unique à associer le grand art et les impératifs commerciaux ont profondément influencé des générations de cinéastes, de concepteurs et de publicitaires.
L'historienne de l'art Anne Lafont livre une étude inédite sur les relations étroites et paradoxales de l'art et de la race à l'époque des Lumières. Une nouvelle voix dans les travaux actuels sur les questions de race, d'art, d'images et de colonies.
En se fondant sur un corpus d'oeuvres d'art connues et moins connues, l'auteure revisite les Beaux-Arts au XVIIIe siècle sous l'angle de la représentation des Noirs, figures qui, non seulement, articulent savoirs anthropologiques et expériences esthétiques, mais aussi histoire du luxe métropolitain et histoire de l'esclavage colonial. Ce livre est fondé sur une recherche de plus de dix ans sur les formes qu'ont prises les figures de l'Africain et de l'Africaine dans l'art continental et colonial français d'avant l'imaginaire abolitionniste. Il couvre les cultures visuelles et artistiques qui vont de la fin du XVIIe siècle - à l'époque de Coypel, Mignard, Largillière... - quand les colonies antillaises commencèrent à percer dans le champ artistique métropolitain, au premier tiers du XIXe siècle - à l'époque de Girodet, Benoist et Léthière jusqu'à Géricault... - quand l'échec de la première abolition de l'esclavage (1802) durcit l'iconographie partisane, mettant la violence des vies dans les plantations à l'ordre du jour de la création artistique.
La première étude consacrée au mouvement de l'art écologique et environnemental américain.
Comment un mouvement artistique entièrement consacré à l'écologie et apparu aux États-Unis au cours des années 1960 a-t-il pu passer pratiquement inaperçu jusqu'à aujourd'hui ? Telle est la question au coeur de cet ouvrage qui retrace les conditions d'émergence et le développement de corpus entièrement dédiés à la cause environnementale.
Entre découvertes et nécessaires mises au point définitionnelles, Bénédicte Ramade procède à des analyses plurifactorielles, révise les faux-semblants et affirme ainsi le caractère précurseur de cet Art écologique au regard de l'Anthropocène. Dans cette nouvelle perspective théorique et culturelle, le potentiel visionnaire et l'inventivité des démarches d'Agnes Denes, Joe Hanson, Helen Mayer Harrison et Newton Harrison, Patricia Johanson, Bonnie Ora Sherk, Alan Sonfist et encore Mierle Laderman Ukeles prend une envergure inédite.
Premier ouvrage à être dédié à ce mouvement, Vers un art anthropocène. L'Art écologique américain pour prototype postule une histoire singulière et un cadre théorique essentiels à la compréhension des enjeux de l'écologie dans les pratiques artistiques actuelles.
Pendant plus de trente ans de lutte et de mobilisation pour les droits des travailleuses et travailleurs du sexe, Grisélidis Réal, écrivaine, peintre et « courtisane révolutionnaire », a recueilli méthodiquement tout ce qui avait trait de près ou de loin aux métiers du sexe, en Suisse et dans le monde entier. Articles de presse, correspondances, travaux de recherche, rapports, prises de position, comptes rendus de séminaires, de colloques ou de congrès, affiches, pamphlets, manifestes... Son ambition était de créer, chez elle, un « Centre international de documentation sur la prostitution ». À l'aide de sa photocopieuse, elle confectionnait des dossiers thématiques qu'elle mettait ensuite à disposition de toute personne intéressée par la thématique du travail du sexe. Pour Grisélidis, il était primordial que la réalité quotidienne et le vécu des travailleuses et travailleurs du sexe puissent être entendus.Cette collection basée à Genève est unique en Europe et couvre de larges zones géographiques, de San Francisco à Milan, de Londres à Genève, de New York à Paris. La publication contient un riche appareil iconographique, accompagné de textes proposant des perspectives variées, sur l'histoire du combat autant que sur la question de l'archive et du document dans un contexte contemporain. Elle souligne la dimension militante du fonds et son rôle dans la naissance du mouvement international pour les droits des TdS.Elle met également en valeur les pièces les plus emblématiques des archives et leur potentiel graphique, avec quelque 200 reproductions des images les plus importantes de la mobilisation des TdS depuis les années 1970, affiches originales, cartons d'invitation ou flyers provenant du monde entier. Les reproductions mettent en lumière le réseau et la solidarité internationale des TdS et de leurs allié.e.s dès la naissance du mouvement de lutte pour leurs droits, ainsi que la genèse et la création des premières associations de défense et de syndicats de TdS. Ces documents permettent d'illustrer le dynamisme de cet engagement, les avancées, mais aussi les difficultés et les souffrances de la lutte ainsi que la montée de politiques répressives, sous l'influence d'organisations abolitionnistes très puissantes que Grisélidis et ses pair.e.s n'ont cessé de combattre.L'ouvrage propose un regard international sur l'histoire de cet engagement avec l'intervention de différent.e.s auteur.e.s, chercheur.se.s, acteur.rice.s et militant.e.s. Parler de travail du sexe aujourd'hui, c'est évoquer les problématiques de migration, de droit du travail, des luttes LGBTQI+, des femmes dans l'espace publique, au centre des débats actuels.
Un essai pour rendre compte de l'architectonique d'Aby Warburg (1866-1929) en resituant ses travaux à l'intérieur de son projet d'anthropologie générale de l'expression : Lara Bonneau montre, à partir d'un texte aussi peu connu qu'important, que l'invention de l'iconologie, qui a rendu l'historien de l'art célèbre, était sous-tendue par une ontologie puisant à diverses sources, aussi bien philosophiques, psychologiques et biologiques qu'historiques.
Relire l'oeuvre d'Aby Warburg à la lumière de ses Fragments sur l'expression pourrait sembler téméraire, tant ce texte labyrinthique paraît à première vue obscur, sibyllin. En s'appuyant sur leurs points saillants, sans prétendre à l'exhaustivité, l'auteure entend montrer que les Fragments contiennent in nuce la structure du projet warburgien dans son ensemble.
Derrière l'invention de l'iconologie (et en amont de sa mise en pratique), une quête anthropologique se dessine : appréhender l'humain comme un être essentiellement symbolique et puiser aux racines de la vie biologique et sociale la « montée de sève » qui commande la création artistique.
En mettant l'accent sur le caractère expressif du sujet, Warburg reconduit la détermination de l'être rationnel à son sous-bassement originaire : au mouvement par lequel il s'arrache à la matière pour se donner un espace de pensée (Denkraum). À rebours des interprétations qui font de Warburg un chantre de l'irrationnel et du pathos, l'auteure montre que l'historien de l'art demeure héritier des Lumières et que l'on peut lire son oeuvre à l'aune d'une ambition : celle de comprendre la lutte de l'être humain pour s'orienter dans le cosmos et en soi-même.
« Une étude novatrice, à la fois brillante, rigoureuse et érudite, qui révèle un autre Aby Warburg sous les traits d'un anthropologue, à la lumière de l'un des ses principaux manuscrits inédits récemment publié [...]. La masse des écrits laissés par Aby Warburg après sa mort est aussi monumentale que chaotique, et constitue à ce titre un défi durable pour toute entreprise d'interprétation. C'est ce défi qu'avec une belle témérité entend relever Lara Bonneau dans le livre magnifiquement édité et richement illustré qui paraît aux Presses du réel [...]. Interprétation étonnamment novatrice, donc, que celle que propose cet ouvrage foisonnant, d'une écriture toujours parfaitement claire, qui réussit la prouesse de se montrer infiniment plus claire que l'auteur étudié, et à la lecture de laquelle on se plaît à penser que Warburg lui-même, qui eut tant de mal à formuler ses thèses dans des textes lisibles de tous, n'aurait pas manqué de s'instruire. » Hicham-Stéphane Afeissa, Nonfiction.fr
Entre histoire de l'art, psychanalyse et philosophie, Éric Alliez pense à nouveaux frais les questions de l'érotisme et du genre posées par les « machines désirantes » de Marcel Duchamp, en (non-)relation avec Lacan, à travers une iconographie foisonnante et à partir d'une analyse audacieuse et novatrice du rapport entre langage (des jeux de mots aux notes théoriques dans les carnets et écrits duchampiens) et matérialité plastique dans son oeuvre. Un ouvrage essentiel non seulement pour l'histoire de l'art contemporain, offrant de nouvelles façons de naviguer dans l'oeuvre de Duchamp, mais aussi concernant la relation entre le langage, la psychanalyse et les études queer.
Quelques grands fous littéraires s'en mêlant (Brisset, Roussel, Jarry, et... Lacan), ce serait la grande leçon en Duchamp du signe : on ne fait pas d'enfant dans le dos de Duchamp, c'est lui qui vous en fait... après qu'il en eût fait plus d'un dans le dos de l'art, assigné au contemporain d'un champ qui sera du signe du sexe. Avec confusions en tout genre - et de tous les genres.
On pourra dire que ce sont des jeux de mots à la con. Sauf qu'ils sont porteurs de ces (non-)oeuvres qui, pour une part, doivent rester inacceptables comme art pour manifester un « écart » dont la théorie (antiscientifique, antiphilosophique, antipsychanalytique) se montre et se démontre pleinement intégrée à l'oeuvre. Un dispositif opérationnel et spéculatif étourdit la « décision du sens » des mots autant qu'il défie les attraits d'une esthétique pour leur substituer la déterritorialisation la plus crue et la plus sophistiquée de la ritournelle readymade ou readymale de la sexuation.
Nous nous sommes donc exposés dans cet essai en « charnière » qui marie une espèce de roman policier (le R. Mutt signant l'urinoir serait le pseudo en miroir de la déesse Mut d'un Freud américain) à une sorte de science-fiction (avec machines volantes et montres molles redressées par Lacan) faisant si bien « trou » dans le dicible du « champ freudien » que nous y avons trouvé matière à mutologie queer.
Ce qui est, à tout prendre, conforme au « renvoi miroirique » de tous les signes empruntés à grande allure par Duchamp pour les soumettre aux Litanies du chariot en faisant machine désirante d'une Rrose Sélavy aux excentricités innombrables.
C'est aussi que Duchamp pourrait bien être l'Autre de Lacan, même. Ou encore : « a Guest + a Host = a Ghost ».
Une étude sur les représentations de la séropositivité et du sida dans l'art américain et européen.
La crise du sida est un tournant majeur de l'histoire contemporaine, en art aussi. Ce livre s'intéresse à son impact sur les artistes et activistes américains et européens, du premier recensement des cas de la maladie, en 1981, à la révolution thérapeutique de la fin des années 1990. De Cindy Sherman à Derek Jarman, de Niki de Saint Phalle à Jeff Koons, de Gilbert & George à Jenny Holzer, de Michel Journiac à David Wojnarowicz, d'Izhar Patkin à Zoe Leonard, ou dans ce que produit ACT UP, on repère le même saisissement dans les représentations qui ne pouvaient alors plus être les mêmes, et pour cause.
Les images sont habitées par tout ce qui travaillait les sociétés occidentales au temps de l'épidémie, et d'abord le pire d'elles-mêmes, qui se défoulait dans un espace social miné par la crise. Elles s'en souviennent, comme des forces de résistance qui lui furent opposées. Elles sont les témoins de la volonté intraitable de ne rien céder, mais également de sortir par tous les moyens d'une situation bloquée.
À partir de très nombreuses représentations visuelles, ce récit de la crise épidémique ouvre ainsi sur une histoire politique, économique et sociale de cette époque fatalement hantée par la catastrophe.
Cet ouvrage est issu d'une thèse ayant reçu la « Mention spéciale », Prix de thèse de l'université Paris-Sciences-et-Lettres (PSL) 2019 (catégorie « Sciences humaines et sociales »), le Prix de thèse 2019 de l'École doctorale 441 d'histoire de l'art-Équipe d'accueil du Centre de recherche Histoire culturelle et sociale des arts (HiCSA), université Paris 1 Panthéon Sorbonne et le Prix de thèse en histoire de l'art 2018 de la Commission de la recherche de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
La pensée de Jacques Rancière a profondément modifié la réflexion contemporaine, en particulier dans sa façon nouvelle d'articuler les rapports entre esthétique et politique. Bien qu'elle ait pris une place grandissante dans son oeuvre, à la faveur des derniers livres notamment, la question des images et de leur pouvoirs n'avait pas encore fait l'objet d'une interrogation spécifique. Une conversation, assortie d'une introduction par Andrea Soto Calderón, afin de mieux cerner en quoi les images sont le site d'une reconfiguration des possibles.
Si l'histoire des rapports entre Paris et New York est bien connue, celle des relations entre Paris et Dakar l'est beaucoup moins. Entre la France et le Sénégal, la circulation des objets, des artistes et des idées atteste des rapports de force qui agitèrent la scène artistique dans les années 1950 à 1970, marquées par le processus de décolonisation et la guerre froide. De l'élaboration d'un art moderne national au Sénégal, à la contestation de la politique de coopération mise en place entre les deux pays, des expositions « Picasso » ou « Soulages » organisées à Dakar dans les années 1970, à l'exposition d'art contemporain sénégalais organisée à Paris en 1974, une géopolitique des arts se mettait en place, au coeur de laquelle plasticiens et cinéastes jouèrent un rôle actif.
Transnational et transhistorique, cet ouvrage s'inscrit dans le champ d'une histoire de l'art mondialisée, et invite à décentrer les regards pour envisager l'histoire de l'art de ces années à nouveaux frais. Il permet également de repenser l'historiographie communément admise au sujet de la globalisation de l'art contemporain, en démontrant que « tout » ne commence pas dans les années 1990.
« Il est tout à fait évident, écrivait Pierre Francastel en 1937, qu'il ne faut pas confronter Japon et japonisme » : c'est cependant ce qu'on n'a cessé de faire.
À rebours d'une approche néo-positiviste qui voit dans le japonisme le résultat d'une influence, ce livre analyse à nouveaux frais un étonnant phénomène d'innutrition, dont l'histoire matérielle est indissociable du programme conceptuel : levier épistémologique, l'art japonais fonctionna comme un génial indicateur et conforta des convictions antérieures à l'ouverture du Japon. Limiter l'étude du japonisme à la France, loin de rétrécir le sujet, l'élargit en permettant de reconstituer ses capillarités et la circulation des représentations dans un milieu osmotique, frémissant d'échos littéraires et artistiques, à une époque où la presse façonnait les représentations esthétiques et sociales. La constitution d'une « planète japonisme » a occulté les débats internes auxquels répondit la révélation des arts du Japon, qu'on ne peut dissocier de l'acclimatation du préraphaélisme en France et plus généralement du médiévalisme. Écartant les « japonaiseries » (les bibelots et les toiles orientalistes), inversant la logique de l'influence, rendant un rôle moteur aux prétendus influencés, ces pages accompagnées d'une iconographie nouvelle se concentrent sur le japonisme comme « révolution de l'optique », suivant l'heureuse expression de Jules de Goncourt reprise par son frère Edmond, souvent citée mais mal exploitée. D'Ingres à l'Art nouveau dont le japonisme, contrairement aux idées reçues, n'est pas la conclusion mais en partie l'antidote, elles restituent, dans leur cadre discursif, les phases de son évolution au miroir d'une Grèce en plein bouleversement, en associant largement les écrivains et les critiques d'art, ces acteurs essentiels, grands oubliés d'une histoire qui a sous-estimé les réseaux de sociabilité de la culture d'accueil. Si le japonisme devint un phénomène international, c'est bien parce qu'il fut, d'abord, un art français quand Paris, capitale du XIXe siècle, aimantait les imaginations.
La traduction française du livre majeur de l'anthropologue anglais Alfred Gell, l'une des toutes premières tentatives anthropologiques de définition de l'art, un ouvrage fondamental, tant pour les historiens de l'art que pour les anthropologues, et dont le concept principal (agency, « agentivité ») a depuis longtemps été repris par maints théoriciens.
Plutôt que de penser l'
Une enquête sur les enjeux à la fois artistiques et politiques de l'art participatif, depuis les années 1990.
Jeremy Deller propose aux anciens mineurs d'Orgreave de participer à la reconstitution historique en costume de l'émeute ouvrière anglaise de 1984. Javier Téllez organise avec les patients de l'hôpital psychiatrique de Tijuana la propulsion d'un homme-canon par-dessus la frontière américano-mexicaine. Thomas Hirschhorn invite les habitants d'un quartier du Bronx à construire un monument en l'honneur du philosophe Antonio Gramsci. Une peau de cerf sur les épaules, Marcus Coates rencontre les résidents d'HLM à Londres et réalise une consultation spirituelle du lieu, en qualité de chaman.
Ces pratiques artistiques contemporaines forment une nouvelle galaxie étrange, qu'on appellera ici art en commun. Il s'agit de créer dans l'espace social plutôt que dans l'atelier ; sur une longue durée et avec d'autres plutôt qu'en son for intérieur ; de façon collective plutôt que démiurgique. L'oeuvre n'est pas le fruit du travail de l'artiste seul, mais celui d'une collaboration en présence entre artiste et volontaires.
Ce dispositif artistique bouleverse notre conception de l'art et nos catégories esthétiques. Mais il revêt aussi une dimension politique, en s'emparant des questions de participation et de communauté qui comptent parmi les enjeux les plus cruciaux des tentatives actuelles de vivification de la démocratie, comme de la reconfiguration de nos manières de vivre.
Cet ouvrage propose d'interroger les liens entre participation en art et en politique dans le contexte démocratique et néolibéral qui est le nôtre. Et de penser comment l'art en commun peut contribuer à la réinvention des formes possibles du collectif.
Un panorama de la scène graphique underground contemporaine à travers les expositions, les nombreux projets collectifs et les oeuvres de plus de cinquante artistes internationaux associés à l'histoire de la mythique galerie parisienne Arts Factory (de Nine Antico à Willem en passant par Charles Burns, Stéphane Blanquet, Hervé Di Rosa, Kiki & Loulou Picasso, Killoffer et Pierre La Police).
Installée à Paris dès 1996, la galerie Arts Factory explore depuis 25 ans la scène graphique contemporaine, au carrefour du dessin, de la bande dessinée et de l'illustration. Réalisé en étroite collaboration avec ses fondateurs, Effi Mild et Laurent Zorzin, ce livre revient sur un projet de vie et une passion commune. Fidèles à leurs choix souvent précurseurs, les deux galeristes dévoilent au fil des pages une direction artistique très personnelle ; généreuse, inspirante, parfois déstabilisante, mais toujours accessible au plus grand nombre...