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Oqo
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- Que se passerait-il si j'étais un chat ?
- Si j'étais un chat...
La réponse à la question qui commence le récit ouvre un éventail de possibilités qui donnent origine à ce drôle d'album et à son titre.
Dans beaucoup de contes, les héros sont des animaux anthropomorphes qui ont un comportement humain. Mais dans ce conte-ci la situation s'inverse en plaçant une personne de l'autre côté du miroir.
Si j'étais un chat est une proposition ludique qui permet de prendre conscience de la réalité de l'autre avec le but ultime de mieux le comprendre et qui avertit que nous ne pouvons pas partir du principe inexact que ce qui est bien (ou pas) pour nous, l'est indiscutablement pour les autres.
Ainsi, connaître et accepter les différences de l'autre nous rend plus tolérant envers des comportements qui s'éloignent du nôtre. Et la différence a aussi des avantages comme nous fait voir l'auteur : un chat qui n'a pas peur de la nuit pourrait chasser tous nos fantômes...Les illustrations montrent des personnages tendres qui renforcent le caractère amusant du récit.
Certains, comme le souriceau malin, n'apparaissent pas dans le texte mais sont dessinés au fil des pages. La technique du collage avec des papiers et des cartons peints préalablement à l'acrylique donne du volume qui, combiné au dessin plat, souligne la partie rustique du matériel.
Un fond de scène simple, qui laisse la place au lecteur pour qu'il complète l'histoire avec son imagination, se combine à des collages volumétriques qui montrent les détails et la texture du matériel employé à la base : coupes de cartons, boîtes de céréales...
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Jack rencontre la Mort et, comme il présume qu'elle vient chercher sa mère malade, il élabore un plan pour se débarrasser d'elle. Usant de sa ruse il parvient à attraper le sinistre personnage dans un flacon ; mais les conséquences de ce confinement sont déconcertantes : rien ne peut mourir. Ce qui au début était une cause de joie - la mère se rétablit subitement de sa maladie grave - devient finalement un chaos.
Jack et la Mort est une version du conte traditionnel anglais La mort attrapée dans une noix, créée par le prestigieux narrateur Tim Bowley.
Jack, est un trickster, il désobéit aux règles établies et déclenche le désordre, une situation bizarre qui nous aide à mieux comprendre la nature et le comportement humain. Ici la mort apparaît sereine, tranquille et inhérente à l'existence.
L'auteur insiste sur l'idée de présenter la mort non pas comme une ennemie de la vie, mais comme l'autre face de la même monnaie : l'une n'existe pas sans l'autre. L'illustratrice crée de belles métaphores visuelles, dramatiques, poétiques. Au fil des pages, une corde rouge se tend, se noue, s'embrouille comme la nature changeante de la vie : parfois simple, parfois compliquée.
La mort tient un bout de la corde et tire lentement. Des fleurs qui poussent, qui se fanent et meurent, des graines dispersées dans l'air qui volent vigoureusement et laissent une trace de la vie qui s'éteint... La mort a un grand pouvoir, elle prend tout ce qu'elle veut, sans demander la permission, ses grandes mains détachées de son corps sont le symbole de ce vol. Elle possède, de plus, une collection de masques pour mettre sur les visages des personnes quand elles meurent.
Le masque choisi pour la mère de Jack montre un sourire, elle meurt en paix. L'illustratrice rajoute un personnage qui n'apparaît pas dans la narration pour atténuer la solitude de Jack : un chien fidèle qui l'accompagnera tout au long de l'histoire et au moment le plus dramatique. C'est un album qui imite la nature de la vie et cache des subtilités qui exigent un examen minutieux pour être découvertes.
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Il y a des liens qu'il faut rompre pour que d'autres, noués par l'affection, ne se rompent jamais. Cette histoire explore la douleur causée par le départ des personnes qu'on aime.
Partir et laisser partir ne veut pas dire cesser d'aimer.
L'auteur offre une vision égalitaire d'une situation qui touche doublement : la tristesse que provoque l'aliénation de Zimbo et la peine que ressent le marionnettiste à cause de son départ. Il réussit à nous faire partager aussi bien le chagrin de ce dernier que les souhaits et le courage de Zimbo de mener une vie qui le comble. Les créatures en bois du marionnettiste sont comme ses propres fils.
Il aimerait qu'elles restent toujours avec lui au risque de les surprotéger ou de les rendre malheureuses. Capable pourtant de se mettre à la place des autres, il favorise leurs désirs comme le font les personnes qui aiment les siens.
Sa générosité fait qu'il accepte l'indépendance de Zimbo et se prête à collaborer.
« Si j'étais une marionnette, je me couperais les fils », s'inspirant de cette phrase, l'auteur aboutit à la métaphore de la souffrance du père qui accepte et participe au processus d'indépendance de ses enfants.
La tendresse du texte est renforcée par la délicatesse des personnages de Joanna Concejo. Des illustrations poétiques, évocatrices accompagnent la prose lyrique.
L'illustratrice dessine au crayon, une préférence qu'elle attribue au fait que malgré l'impression de pauvreté, le résultat est plus fort et les images ont une plus grande intensité dramatique. Une technique simple, naturelle, qu'elle aime bien. Elle réserve la couleur pour les moments heureux du livre, quand Zimbo se sent libre, se produit alors « l'éclosion de couleurs », moment culminant du récit.
Après, quelques touches de couleur souligneront encore la présence du héros : « ses idées demeurent pour donner de l'espoir à ceux qui restent », et à ceux qui liront ce conte.
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Maman Pimpante veut donner à manger à ses petits pimpants, mais pour rien au monde elle n'utiliserait des délicieux...
Dans cette histoire amusante et originale sur l'absurdité de certaines interdictions, Mar Pavón compose une galerie de personnages surréalistes qui nous intriguent dès le premier instant.
De son côté, l'illustrateur portugais João Vaz de Carvalho relève brillamment le défit de mettre en image de curieux protagonistes, utilisant une perspective pleine d'imagination. La proposition de ces deux auteurs provoque le sourire à tout moment. L'artiste portugais montre une généreuse palette chromatique de couleurs chaudes où les blancs et les rouges donnent le ton dans des illustrations clairement narratives, qui complètent le texte tout en conservant un équilibre structurel dans l'apport d'information de chacune des doubles pages qui composent l'histoire. La typographie est la clef qui aide à souligner certains moments narratifs qui nourrissent l'histoire tout en permettant une lecture aisée ; son rôle dans cet album est capital, surtout vers la fin du livre, où le dénouement intervient avec l'apport du narrateur, qui propose une solution au problème posé et ferme une oeuvre pleine d'humour du début jusqu'à la fin.
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Les contes nous renvoient à un monde fantastique et, pour y entrer, quoi de mieux qu'une chaise spéciale, dans un coin confortable destiné à la lecture ? La brebis Catherine se régalait avec son livre quand. elle tomba par terre et du coup elle n'avait plus de chaise pour continuer sa lecture !
C'est là que commence le troc : chaise contre tabouret, tabouret contre canapé, canapé contre fauteuil à bascule.
Et Catherine est toujours disposée à échanger ou à essayer de nouveaux sièges pour pouvoir finir son histoire. Entre troc et troc, Catherine nous raconte au fil des pages qu'elle lit une histoire très connue : le loup frappe à la porte, démolit la maison de paille, souffle sur la porte de la maison en bois. Le loup, mangera-t-il les trois petits cochons ?
Un conte qui en cache un autre et où l'auteur développe une trame circulaire simple, dynamique et très efficace qui favorise l'expérience de la lecture.
L'illustratrice fait passer d'un conte à l'autre les personnages qui interagissent dans deux mondes fantastiques parallèles jusqu'au dénouement heureux pour les héros des deux mondes.
La technique est celle de la gouache sur papier aux couleurs qui s'alternent en fonction des espaces pour transmettre les émotions des différentes scènes. Les compositions attirent le regard curieux du spectateur qui devra mettre en jeu sa capacité de fabulation pour découvrir « les autres petits héros » dans les scènes du plan réel. L'univers de Catherine présente des personnages anthropomorphes qui ont des caractéristiques propres aux objets qu'ils transmettent, ainsi nous trouvons Ouragan, un cheval romantique et fascinant avec sa crinière au vent ; Récarédo, un coq exubérant avec une crête énorme et de belles plumes ;
Narcisse, le cochon pomponné comme un dandy élégant et Catherine elle-même, avec son épais et chaud manteau blanc en laine. Tous ces personnages fournissent des modèles pour aider les lecteurs de différents âges à trouver leur propre chemin.
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Mon premier voyage
Paloma Sanchez ibarzabal, Massimiliano Di Lauro
- Oqo
- O+
- 20 Février 2013
- 9788498714081
Je voyage heureux dans ce vaisseau.
TOUM-TOUM... TOUM...TOUM.
C'est le bruit des moteurs.
Je n'ai pas de boussole ni de carte pour me guider.
Un jour j'ai ouvert les yeux et je me suis retrouvé ici, en train de voyager quelque part.
Comment suis-je arrivé dans cette capsule ? Je ne me souviens pas...
Où vais-je ? Je ne sais pas...
Cette histoire expose le début de la vie humaine à la première personne. Un bébé dans le ventre maternel parcourt un univers inconnu dans une capsule. Les battements du coeur de sa mère sont pour lui des bruits de moteurs qui le rassurent. Le lecteur accompagne ce voyageur en quête d'identité, interprétant avec lui un monde qu'il ne voit pas, qui ne lui arrive qu'à travers un fleuve qui le baigne dans ses histoires.Surgissent alors les grandes questions : Où allons-nous ? D'où venons-nous ? Qui sommes-nous ? Que veut dire naître ? Naître, est-ce comme mourir ? Au fil des pages nous devinons un monde où il y a du bonheur et de la tristesse. De son point de vue, le héros comprend que les larmes sont la langue que l'on parle quand on ne comprend pas le monde. Il perçoit des sensations comme la peur, le doute, la curiosité et aussi l'espoir.
Mais un jour le vaisseau s'abîme et il en sort expulsé. Il a peur. D'une certaine façon, la naissance est vécue comme une expérience de mort dans ce qui fut son seul paradis connu : le ventre maternel. Mais, le voyage continue dans un nouvel univers où il n'est plus seul, car des mains l'attendent à la fin de sa chute.
L'illustrateur conçoit le ventre maternel comme un vaisseau spatial et le héros comme un astronaute qui débute à la fois un voyage vers lui-même et vers le monde extérieur. D'où l'idée de représenter un monde flottant, surréaliste, intemporel qui peu à peu se matérialise. Il imagine l'extérieur à travers les yeux du héros et représente une réalité délibérément confuse, innocente et, parfois, avec des clins d'oeil humoristiques provoqués par le désarroi du bébé- astronaute qui essaye de construire un monde qu'il ne connaît pas encore. Pour ce faire, il combine des dessins au crayon avec des collages de photos, qui construisent un monde intérieur et extérieur qui va de la rêverie à la réalité.
Dans ce voyage sensoriel, l'illustration, poétique et subtile, façonne les voix et les sons imprécis que le bébé perçoit, ainsi que les couleurs qu'il commence à deviner comme par exemple les rayons du soleil qui se faufilent dans son vaisseau. Du point de vue chromatique, les ocres dominent et alternent avec le rouge de la vie. Le bleu représente le ciel et le milieu aqueux où le héros voyage et imagine le monde.
L'illustrateur nous offre dans les pages de garde un amusement sous forme de voyage maritime et aérien de l'Espagne à l'Italie. Mon premier voyage est sa première oeuvre.
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Le soir, nous revenons à la maison. Maman doit être en train de préparer le dîner. Nous marchons à pas de loup pour ne pas faire de bruit.
- HAAA ! Pourquoi me faites-vous peur comme ça ?
Vous êtes des monstres !
- Maman ! Les monstres nous devons faire peur ! Tout le monde le sait !
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La mère du héros
Roberto Malo, Francisco javier Mateos, Marjorie Pourchet
- Oqo
- O+
- 19 Avril 2012
- 9788498713497
Un jeune roi hérite d'un royaume immense, mais il hérite aussi d'une dette envers un malveillant cavalier Noir. Son père, l'ancien roi, avait été un peu prodigue et un dévergondé. Le cavalier, noir de colère, lui demande l'argent en le menaçant de recevoir son compte s'il ne paie pas sa dette.
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Un jour, ma tétine a disparu.
Ma mère m'a dit que la Lune l'avait emportée(...) J'étais loin de penser que la Lune était une voleuse et j'ai cherché ma tétine dans toute la maison... mais elle n'y était pas.
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Il y a plusieurs façons de compter. Nous pouvons compter les nuages couchés sur l'herbe, nous pouvons compter les fourmis qui sortent de la fourmilière, assis avec un ami, nous pouvons compter les coquelicots d'un pré pendant une promenade en campagne... ou nous pouvons conter une histoire et, à la fois, compter les personnages qui apparaissent... Mais, arrivés à douze, la lune pointe son nez, envoie tout le monde au lit et commence alors le compte à rebours !
Cet album nous propose un amusant jeu de comptes et de contes. Et comptant pour conter, nous comptons des numéros et nous contons une histoire. S'agit-il d'un conte conté et compté ? Et si en plus nous comptons les syllabes pour faire des vers, nous avons déjà trois comptes, et si nous comptons ce que disent les illustrations c'est... le conte à n'en jamais finir ou, encore mieux, le conte et le compte à n'en finir jamais. Une histoire créée par Pep Bruno et pensée pour être lue et racontée à haute voix, qui se construit au fur et à mesure que les personnages apparaissent et disparaissent, une histoire d'additions et de soustractions avec une douzaine de personnages, une aventure aller et retour. Cet album nous offre une histoire avec beaucoup de possibilités et plusieurs lectures. Et si en plus nous ajoutons (à nouveau il faut compter !) des illustrations de Mariona Cabassa dans lesquelles chaque détail est soigné, le résultat aboutit sur une histoire richement illustrée avec un texte rimé, amusant et surtout apte pour être conté.
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Un chien fait connaissance avec un chat.
Le chien dit : Ouah !
Le chat dit : Miaou !
Mais ils n'arrivent pas à se comprendre.
Deux animaux se rencontrent, jouent, se fâchent, se séparent, se manquent... et commencent à jouer de nouveau.
Dans l'enfance, les conflits entre amis sont habituels. Les émotions s'accompagnent de manifestations corporelles, de changements d'humeur... Ces changements déstabilisent et entraînent des irritations et des comportements négatifs, d'où l'importance de chercher des mécanismes pour maîtriser la situation et favoriser l'auto contrôle et le bien-être. Cette histoire simple entre un chien et un chat aide à projeter des situations conflictuelles dans l'esprit des enfants et à les comparer, consciemment ou inconsciemment, à d'autres expériences émotionnelles.
Comme dans cette histoire, le bonheur et l'acceptation de l'autre nous font du bien et transforment la mauvaise humeur en optimisme. « Un chien et un chat : comme un père et un fils, comme deux frères, comme un couple, comme les grands-parents, comme toi et moi.
Comme un chien et un chat », dit l'auteur. Des collages sur fond blanc rehaussent l'explosion de couleurs et de formes et mettent en valeur certains éléments ou certains personnages pour donner du dynamisme à l'histoire.
L'illustrateur conçoit le chat en tons chauds et le chien en tons froids pour signaler qu'ils ont des « natures différentes ». Cette différence s'accentue dans la première de couverture où les personnages sont séparés par un abyme, même s'ils s'approchent par curiosité. Dans les pages de garde, chacun vit dans son monde solitaire avant de connaître l'autre.
La composition et la disposition des éléments dans les illustrations s'adaptent parfaitement à l'esprit du texte. Ce livre est une proposition originale pour se régaler à partir de trois ans.
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C'est pas moi qu'il faut manger
Margarita del Mazo, Vitali Konstantinov
- Oqo
- O
- 30 Septembre 2013
- 9788498714166
C'était une nuit sans lune.
L'horloge sonna UNE HEURE DU MATIN. DONG !
Soudain, Mathéo se réveilla effrayé.
Il avait entendu un bruit derrière la porte, là où les manteaux étaient suspendus.
Il regarda dans cette direction, mais il ne vit qu'une ombre.
Il ouvrit grand les yeux, sans ciller, et l'ombre se transforma en un. MONSTRE !
Inspiré de la propre expérience de l'auteur, cet album aide les enfants peureux à constater qu'ils ne sont pas seuls à voir des ombres se transformer en monstres affamés.
Les peurs de l'enfance font partie de l'évolution et disparaissent au fur et à mesure que les enfants grandissent. Les contes de personnages terrifiants leur permettent de vaincre ces peurs.
En tout cas, dans cette victoire, les parents jouent toujours un rôle essentiel. Mathéo n'explique qu'à sa mère, de crainte d'être ridiculisé, ce qui lui arrive, car jusqu'à présent, il avait usé de subterfuges pour convaincre son chien, son petit frère et sa tante de dormir avec lui.
Protéger excessivement les enfants ou les faire se sentir couards sont des attitudes qui peuvent enkyster le problème et accentuer la peur. Sans se moquer de lui, la mère de Mathéo est confiante et compréhensive.Mathéo avait réussi à se libérer du monstre en offrant tous ses compagnons pour éviter d'être mangé. Finalement il sera capable de l'affronter.L'auteur crée un personnage astucieux qui suscite la sympathie du lecteur, sympathie qui finalement se transformera en admiration face à la démonstration de courage.
Pour façonner l'angoisse du héros, l'illustrateur tient compte de trois prémisses : maintenir le rythme de la narration, respecter l'abstraction du texte par rapport à l'espace pour ne pas limiter l'imagination du lecteur et créer un album qui fait peur.Les illustrations ont été réalisées avec du graphite et des crayons de couleurs claires (blanc, ivoire, crème) sur du papier rouge. Une technique traditionnelle utilisée par Durero et Da Vinci qui constitue un dessin spontané et immédiat, selon l'auteur.
Après plusieurs essais, l'illustrateur a décidé d'utiliser la couleur du monstre comme fond pour tout le livre. Avec ce choix, il opte pour un album qui fait peur, le rouge est associé au péril, mais il est aussi le symbole de la passion, de l'énergie et de la force. Et Mathéo n'en manque pas pour vaincre le monstre !
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Soudain, le bébé commença à pleurer. Oscar le berça, le prit dans ses bras... mais il continuait à pleurer. Il lui chanta une berceuse, le promena dans la maison...
Cela ne servit à rien ! Alors, Oscar pensa : ce bébé a faim...
Il chercha dans la cuisine, mais le frigo était vide.
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Un jour, le coq et la poule quittèrent la ferme, décidés à découvrir le monde.
Ils flânèrent par-ci, picorèrent par-là, jusqu'à rencontrer un noyer grand et touffu. Comme le coq adorait les noix, il en mangea tellement et si vite qu'elles se coincèrent dans sa gorge...
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Une baleine solitaire parcourt la mer à la recherche des siens.
Un chasseur la poursuit sans repos jusqu'à la rattraper. Deux héros et un décor, l'océan immense et mystérieux.
Un hommage clair de l'auteur au classique de Melville, Moby Dick, dans la ligne de la tradition des meilleurs récits d'aventures. Il s'agit bien d'une épopée moderne sur la lutte d'un homme contre les forces de la nature, mais l'oeuvre offre encore un autre niveau de lecture plus intimiste : une histoire qui parle de solitudes, celle du vieux loup de mer dans son bateau et celle d'une baleine qui un jour perdit les siens pendant une tempête. L'auteur fragmente le discours narratif en scènes. Chacune commence par un verbe : Le jour se lève... La nuit tombe... suivi de points de suspension. Ainsi, nous savons que la nuit suit le jour et à chaque nuit un autre jour en une succession qui semble ne pas avoir de fin. Pour le chasseur la seule chose importante est de capturer sa proie. Iban Barrenetxea, dans son premier travail d'illustration d'album, opte pour éliminer tout élément superflu qui puisse distraire l'attention des deux héros de l'histoire. Le marin qu'il dessine est un homme robuste, centré uniquement dans la poursuite, c'est pour ça qu'il apparaît toujours avec son harpon, même quand il dort. La nuit, il montre un côté plus humain. Le chasseur regarde alors le ciel, fasciné par la beauté qui l'entoure et son aspect s'adoucit à travers les habits (chemise de nuit et bonnet). C'est un moment où il ne veut plus lutter contre la nature mais plutôt fusionner avec elle.
Les illustrations essayent de transmettre la solitude des personnages et aussi leurs états d'âme. Pour transmettre les émotions des héros, Iban fait appel à des images surréalistes comme des mers de feuilles, de tournesols, de chaînes... Parfois le soleil et la lune, avec leur présence majestueuse, nous donnent des pistes pour interpréter ce que nous voyons.
L'illustrateur joue avec la taille des objets. Ils sont soit ridiculement petits (le bateau minuscule du chasseur), soit démesurément grands, comme les instruments (la boussole, la lanterne, la longuevue) avec lesquels le chasseur essaye de repérer en vain la baleine.
Avec ces clins d'oeil il introduit une note d'humour et souligne d'une façon très visuelle, les efforts de l'homme face au pouvoir de la nature. Mais l'album réserve encore une surprise finale : l'image énigmatique de la page de garde qui montre un bateau couvert de lierre et un harpon abandonné et qui laisse dans l'air une question pour que les lecteurs puissent y répondre. Qu'est-il arrivé au chasseur ?
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Ce conte a connu un large éventail de versions au-delà de Perrault ou des frères Grimm. Roald Dahl ou Gianni Rodari l'ont revisité avec humour pour habiller en jaune le Petit Chaperon rouge ou le munir d'une arme pour obtenir un manteau bien chaud en peau de loup. Dans cette réinterprétation du classique, l'auteur et l'illustrateur jouent avec la double complicité du lecteur et de l'héroïne du conte. On présuppose que les deux connaissent le développement de la version populaire plus répandue.
L'histoire ne se déroule pas comme d'habitude, ce qui déroute le lecteur et l'héroïne. L'auteur la situe à côté du lecteur qui se pose les mêmes questions qu'elle face aux évènements et au comportement inusité des personnages.
L'originalité de cette version est renforcée par le travail de Mikel Mardones. D'abord, l'illustrateur brise l'archétype physique qui fait partie de l'imaginaire collectif d'une fille aux tresses blondes et au visage doux en incorporant des personnages amusants et extravagants : un hibou et un cochon. Avec ces deux compagnons de voyage du Petit Chaperon rouge, l'illustrateur enrichit la galerie de personnages (limités au loup, au bûcheron et à la grandmère) et offre une histoire parallèle, qui nous invite à faire des relectures. Il dit qu'ils sont « des observateurs curieux » qui ne dérangent pas la randonnée de la petite jusqu'à la maison de sa grand-mère. « Le parcours que fait Petit Chaperon rouge est un soliloque presque ininterrompu jusqu'à la fin. C'est pour cela que, les endroits par où elle passe devaient jouer un rôle principal et avoir une certaine personnalité ».
Mardones crée une atmosphère onirique par le biais de la pigmentation fluide qui étaye la forme et le volume. Il exécute ses illustrations tout d'abord au fusain. À la fin, il applique des couches épaisses de peinture en essayant d'éviter les retouches, « même si elles sont toujours nécessaires », comme les contes classiques.
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Quand la nuit arrive et que le silence de ceux qui rêvent inonde la ville, de l'atelier de coeurs surgissent des sons mystérieux, car... Mathias a un secret.
L'atelier de coeurs parle d'un artisanat merveilleux. Il ne s'agit pas de réparer les chaussures ou les meubles, ni de rafistoler les pantalons décousus. Mathias, le héros, répare avec soin les coeurs brisés.
Son travail ne ressemble pas à celui d'un cardiologue et son atelier n'a aucune similitude avec une salle d'opération. Dans son poêle, il réchauffe les coeurs gelés. Avec des aiguilles d'argent, il coud les coeurs brisés et, avec des pinces d'oubli, il règle l'heure des coeurs qui retardent pour qu'ils ne soient pas tristes à cause des souvenirs du passé.
Le temps qui passe adoucit les « maux de coeur ». Ici l'auteur nous fait rêver avec la possibilité de guérir les dégâts émotionnels utilisant un remède simple, comme on le ferait avec un ourlet décousu ou un talon cassé.
Mais, il n'y a pas de froideur dans le travail du héros ni dans la naration, tendre, de l'auteur conscient du symbolisme affectif attribué universellement à cet organe. Impossible de ne pas être touché par le secret de Mathias qui dévoile une générosité sans limites et la capacité de sacrifice de celui qui aime pour de vrai.
Cet atelier et son occupant existent grâce aux images de Gabriel Pacheco.
L'illustrateur joue avec deux couleurs indissociables du coeur :
Le rouge du sang qui est pompé à travers nos veines bleues.
« On dit que notre coeur est gros comme un poing. Si c'est vrai, que celui des amoureux soit comme une main ouverte d'où s'envole la vie », dit Pacheco. Ses personnages sont délicats et éthérés.
Un collage de tissus fleuris qui grimpent aux arbres renforcent l'idée de printemps dans le « jeu incessant tissé par le fil du temps ».
Le fil est une image récurrente, complémentaire au texte d'Arturo Abad et conductrice de la narration visuelle. L'illustrateur dit que « nos coeurs se tissent avec le fil qui féconde, qui se met en pelote, qui est une chrysalide en fleur : cette promesse qu'est la vie même ».
Les boîtes de conserve sont aussi présentes de façon symbolique : « rien n'est perdu, nous pouvons toujours commencer des choses nouvelles : c'est comme une conserve qui roulerait et se perdrait dans le temps jusqu'à ce que le printemps renaisse comme une fleur dans son pot ». Ainsi naît l'amour ou ainsi le voient et le racontent Gabriel Pacheco et Arturo Abad.
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Aujourd'hui c'est l'anniversaire de Samuel. Adèle est invitée à goûter chez lui. Elle ne sait pas que lui offrir et, chemin faisant, elle pense au cadeau qu'elle pourrait lui faire. Beaucoup d'idées lui viennent, mais c'est difficile de choisir quand on veut faire un cadeau spécial !
Avec cet album nous découvrons que les meilleurs cadeaux ne sont pas ceux que l'on achète. Ana Tortosa choisit un titre très révélateur pour ce conte qui nous présente des valeurs très éloignées de celles que tente de nous imposer la société de consommation dans laquelle nous vivons.
Ici, l'auteur invite les enfants à regarder au-delà des choses matérielles et à explorer des alternatives de loisir : la nature, l'imagination, l'amitié.
Et, à travers du jeu de questions-réponses d'Adèle, elle crée un conte à devinettes.
Les enfants doivent être vigilants lors de la lecture de cet album car l'auteur propose un défi : deviner l'identité de ce mystérieux Samuel avant d'arriver à la fin. Résoudre l'énigme n'est pas compliqué mais il faut être attentif aux pistes que la petite Adèle nous donne tout au long du récit.
Cecilia Varela remplit de lumière et de vie chaque page du livre. Ses constantes références à la mer et aux motifs marins (le gouvernail, la plage, le phare, le coquillage.) sont une métaphore de cette mer de questions dans laquelle Adèle navigue à la recherche du meilleur cadeau pour son ami.
Un chat noir et un poulpe l'accompagnent dans son aventure.
L'illustratrice a choisi ces deux compagnons parce qu'il s'agit d'animaux qui traditionnellement sont liés à la culture marine. Cela peut nous surprendre mais, il n'y a pas si longtemps, les marins voyageaient avec des chats à bord pour éviter les souris. C'était pour eux comme un portebonheur et il existait beaucoup de superstitions sur ces animaux.
L'histoire des navigants est aussi pleine de récits sur les poulpes géants.
Mais le poulpe de Cecilia Varela ne fait pas peur. Dans les images, elle exploite son côté le plus ludique et tire profit de ses caractéristiques physiques : les tentacules, la flexibilité. ses gestes et certains éléments du décor (il a une tasse à la main, un parapluie, etc.) aident à humaniser ce poulpe joueur et espiègle.
Mais les contes ont un début et une fin. Adèle sans s'en rendre compte arrive chez Samuel. Voulez-vous savoir ce qu'elle lui offrira ?
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Moana veut connaître de plus près les timides habitants de son île, les crabes violonistes, et elle s'efforcera pour y parvenir.
Avec cet album, Xavier Queipo nous rappelle qu'il y a toujours de nouvelles choses à apprendre. Il suffit d'avoir envie de les découvrir. Nous pouvons apprendre par nous-même... ou de ceux qui savent davantage : des adultes par exemple, qui gardent de véritables trésors de sagesse prêts à être découverts.
Les illustrations de Jesús Cisneros sont très suggestives. L'illustrateur réserve le premier plan aux figures, souvent humaines : des formes stylisées et élégantes. Les fonds, par contre, apparaissent atténués, créés à partir de taches de couleur. Il opte pour une palette de couleurs douces, sauf pour le bleu, couleur qui ne passe jamais inaperçue dans les compositions et qui brille avec une force spéciale dans cette île mystérieuse.
Un bel album qui naît de l'envie de savoir. Envie très présente chez les enfants et que les adultes ne devraient pas perdre.
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Il y avait de grands loups et de petits loups. Des loups endormis et des loups éveillés. Des bébés loups... et de très vieux loups. Il y avait des loups de toutes les couleurs : noirs, bleus, marrons... Il y avait des loups à lunettes et des loups avec des chapeaux. Des loups qui écrivaient des lettres, des loups qui jouaient au jeu du mouchoir et des loups qui faisaient pipi sur une fourmilière. Le conte était plein de loups !