Ecrit au ive siècle av. J.-C., à l'époque des « Royaumes Combattants », dans une Chine en pleine effervescence commerciale et culturelle, L'Art de la guerre n'est pas seulement un traité de stratégie. C'est également, comme le montre Jean Lévi dans ses commentaires, une leçon de sagesse, un art de vivre et une philosophie de l'existence.
"presque à chaque phrase de ce livre, dira nietzsche, la gravité et l'enjouement se donnent tendrement la main." le gai savoir chante la "grande santé" de l'intellect qui se gausse de tout ce qu'on a tenu jusqu'alors pour "bon, intangible, divin", la prétendue morale surtout, refuge des "faiseurs de nuées" et alibi des "poitrines étroites". voici, joyeusement piétinées, ces endémies que l'on nomme compassion, abnégation et amour indifférencié du prochain. de retour parmi nous, nietzsche aurait la satisfaction intellectuelle d'observer que ce qu'il pressentait de pire constitue désormais l'ordinaire de nos jours.
Rome, maîtresse du monde.
Les douze siècles de l'histoire romaine ont longtemps constitué le passage obligé d'une éducation humaniste. ils pâtissent aujourd'hui des clichés et des anachronismes répandus par les médias. aristocrates républicains idéalisés en défenseurs des libertés modernes ; empereurs rabaissés au rang de tyrans maniaques ; premiers chrétiens confinés dans l'obscurité des catacombes. autant de généralités hâtives que lucien jerphagnon s'emploie à combattre dans une synthèse d'histoire politique, militaire, sociale et intellectuelle, nourrie des derniers acquis de la recherche.
Avec un réel bonheur d'écriture et un humour souvent corrosif, ce livre est aussi une vaste fresque où se côtoient grands seigneurs, soldats, administrateurs, mécènes, poètes et philosophes. tous ont contribué à bâtir cette civilisation fascinante, dont l'héritage imprègne, aujourd'hui encore, notre pensée.
Qu'est-ce que je ressens, moi, décolonisé, quand je contemple une photo de cette époque, de ce passé qui, sur injonction, a été décrété contemporain-pour-toujours ? Qui suis-je dans ce miroir qui devrait me refléter, et qui cependant m'efface pour toujours au présent ?
Il me faut scruter les détails, objets, silhouettes, bosquets, magasins, automobiles, qui peuplent l'arrière-plan ; les ombres aussi. Je tente d'aileurs de faire irruption dans celui-ci. Je m'imagine réincarné en 1961 : debout dans un angle mort, penché à une fenêtre, traînant dans une rue d'Alger, jetant un regard anxieux sur une « roumia », crapahutant sur la colline pelée... J'invente ma propre possibilité de vivant à cette époque.
Raymond Depardon photographie ce qu'il voit à la jonction de ce qu'il ne voit pas. Je regarde ce que je ne vois pas, en croyant savoir ce que cela signifie. Son oeil dans ma main. Son corps est ma mémoire.
Ce qui m'intéresse chez le photographe, c'est son corps, son errance, son voyage : je me glisse en lui, j'épouse ses mouvements, son regard, sa culture, ses préjugés peut-être, mais aussi sa singularité. Errance de déclic en déclic.
Je deviens une monstrueuse et fascinante coïncidence. Une possibilité, même brève et limitée, d'omniscience.
Ne devrais-je pas, alors, éprouver un sentiment proche de la frayeur ?
En parcourant ces photos, arraché à mon millénaire, transporté vers un autre, je pourrais tressaillir violemment. Je pourrais hurler à la possession - hurler d'effroi et de gratitude.
Dans La Violence et le sacré, René Girard a entrepris de remonter aux origines de l'édifice culturel et social qui est au coeur de notre civilisation.
S'appuyant à la fois sur une relecture très personnelle des tragiques grecs et sur une discussion serrée des principaux systèmes d'explication, en particulier la psychanalyse, cette enquête originale met l'accent sur le rôle fondamental de la violence fondatrice et de la victime émissaire. Le religieux, secrètement fondé sur l'unanimité violente et le sacrifice, trouve ainsi dans cet essai majeur une définition inédite.
Nous nous croyons libres, autonomes dans nos choix, que ce soit celui d'une personne ou d'un objet. Illusion romantique ! En réalité nous ne choisissons que des objets désirés par l'autre, mus le plus souvent par ce que Stendhal appelle les sentiments modernes, fruits de l'universelle vanité : " L'envie, la jalousie et la haine impuissante. " Partant d'une analyse entièrement renouvelée des plus grands chefs-d'oeuvre de la littérature, René Girard retrouve partout ce phénomène du désir triangulaire : dans la coquetterie, l'hypocrisie, la rivalité des sexes et des partis politiques... Ce grand livre écrit avec une rare subtilité, contribue à élucider un des problèmes majeurs de la conscience humaine : la liberté de choisir.
L'Histoire place Jean Monnet parmi les quelques hommes du XXe siècle qui, par leur action, ont infléchi le destin du monde et transformé nos conditions de vie.
Ses Mémoires, devenus un ouvrage de référence pour nombre de décideurs, révèlent la prodigieuse aventure d'un homme dont l'action a été déterminante à chaque grand carrefour de l'histoire contemporaine : Première Guerre mondiale, naissance de la Société des Nations, Seconde Guerre mondiale, engagement américain contre le nazisme, création à Alger du Comité de Libération Nationale, reconstruction de la France. Mais c'est son rôle déterminant dans l'édification de l'Europe unie qui définit plus profondément l'héritage de celui que l'on surnomme communément « le père de l'Europe ».
Les Mémoires de Jean Monnet permettent de comprendre pourquoi et comment ce Charentais pour qui pensée et action sont toujours allées de pair, a, tout au long de sa vie, mis sa détermination inébranlable au service d'une idée simple : « La paix et la prospérité ne peuvent être assurées que par l'union des hommes. » Coordinateur de l'effort de guerre allié pendant les deux conflits mondiaux, Jean Monnet a été premier secrétaire général adjoint de la Société des Nations, commissaire général du Plan, président de la Communauté européenne du charbon et de l'acier, et fondateur du Comité d'action pour les États-Unis d'Europe. Il repose au Panthéon.
A la lumière de ses études éthologiques, qui cherchent à observer le comportement des êtres vivants dans leur univers naturel, Boris Cyrulnik jette un regard nouveau sur le comportement amoureux des humains.
La compréhension du monde animal et la biologie le conduisent à livrer de nouvelles interprétations sur les liens naturels qui unissent une famille. On découvre ainsi que l'histoire affective du bébé commence bien avant sa naissance ; la force des liens bébé-père-mère pèse sur l'individu dès la formation de la cellule embryonnaire et l'influence toute sa vie durant. Boris Cyrulnik nous offre ainsi la première histoire naturelle de l'attachement.
Jacques Ellul (1912-1994) a consacré l'essentiel de sa réflexion à l'impact des techniques sur les sociétés contemporaines.
Il a notamment publié La technique ou l'enjeu du siècle, Le système technicien. Beaucoup plus connu aux États-Unis qu'en France, ses livres sortent aujourd'hui du purgatoire, où ils rencontrent la conscience écologique d'un nouveau public. Jean-Luc Porquet, le préfacier, est l'auteur de Jacques Ellul, l'homme qui avait (presque) tout prévu (Le Cherche-midi).Dans cet ouvrage, synthèse de la réflexion consacrée par Jacques Ellul à la technique, l'auteur s'attache à démystifier le discours sur les changements technologiques qui fleurissent dans notre société.
Ecrit antérieurement à l'explosion informatique et communicationnelle des années 80, il en anticipe l'arrivée, les utopies et les déconvenues. Plaidant pour une technique au service de l'homme contre une société qui asservit l'individu à une multiplicité de gadgets, il démonte avec minutie et conviction les arguments qui font de la technologie une fatalité. Manifeste pour une technique au service de l'homme, ce livre est un grand classique de la critique de la technique.
" par ce livre, je me suis débarrassé de ce qui était incompatible avec ma nature.
Incompatible, par exemple, l'idéalisme. le titre veut dire : " là oú vous autres voyez des choses idéales, moi je vois des choses humaines, hélas, bien trop humaines !. " et je connais l'homme mieux que vous. " friedrich nietzsche, 1888.
Cet essai de nietzsche, qui suit immédiatement sa rupture avec wagner, est le premier oú s'affirme la forme aphoristique de sa pensée. publié en mai 1878 en hommage au centenaire de la mort de voltaire, il s'adresse aux " esprits libres ".
La préface de vincent descombes, intitulée " la prose européenne de nietzsche " cherche à situer l'importance de sa réflexion pour nous, modernes. les questions que pose nietzsche sont les questions mêmes de l'individu des démocraties contemporaines.
Cet ouvrage accompagne l'exposition présentée à l'Institut du monde arabe - Parisdu 8 novembre 2022 au 26 mars 2023et au Centre de la Vieille Charité - Marseilledu 11 mai au 24 septembre 2023.
Raymond AronL'opium des intellectuelsIntroduction de Nicolas BaverezPhilosophe, Raymond Aron (1905-1983) a été professeur de sociologie à la Sorbonne, tout en continuant une activité de journaliste commencée pendant la guerre à La France Libre. Il a été élu au Collège de France en 1970. Il est notamment l'auteur, dans la collection « Pluriel », de Essai sur les libertés.Nicolas Baverez, avocat, est l'auteur notamment de Raymond Aron : un moraliste au temps des idéologies (Flammarion).Introduit par Nicolas Baverez qui présente le contexte dans lequel il fut écrit et publié, ce livre est devenu un classique. Raymond Aron y prend vivement à partie les intellectuels compagnons de route du parti communiste, notamment Sartre et le groupe des Temps modernes, et analyse les raisons de leur aveuglement. Il montre comment la volonté de croire en un avenir enchanté peut conduire à refuser de voir la réalité d'un système qui piétine la liberté et la dignité humaines. Ce message peut continuer à nourrir une éthique intellectuelle telle que la définit les dernières lignes du livre : « Si la tolérance naît du doute, qu'on enseigne à douter des modèles et des utopies, à récuser les prophètes de salut, les annonciateurs de catastrophes. Appelons de nos voeux la venue des sceptiques s'ils doivent éteindre le fanatisme. »
Considère deux types de révolutions qui se produisent à la même époque : les révolutions politiques qui sont issues de la Révolution française et la révolution industrielle qui commence en Grande-Bretagne.
Le nouveau corps confie au sport son souffle, son coeur, la sueur, courbatures et fatigue, ne travaille presque plus de force mais sur des codes; hygiéniques, hydraté, sanitaire et aseptique, rectifié par les remèdes et la prédiction médicale, il repousse la mort de trente ans et l'antique souffrance quasi définitivement; diététique, grignotant des calories du bout des dents, il absorbe ce que ses pères n'auraient pas reconnu pour nourriture ni pour breuvage, avachi devant les représentations; nu et libre sur les plages mixtes, le nouveau corps sexuel se reproduit peu et artificiellement parfois, toutes nouveautés contrebalancées par les squelettes ravagés d'épidémies sans recours, se multipliant et mourant par millions vers l'hémisphère sud, livrés à toutes les horreurs dont nous nous délivrons; comment ces corps si vite changés en moins d'un demi-siècle habiteraient-ils le même monde, sentiraient-ils par les mêmes sens, logeraient-ils la même âme ou une semblable langue que l'ancienne chair accablée ou repue, verbeuse, rigide et trop vêtue en raison de la honte ou du froid, soumise au labeur et non à l'exercice, à la morale plus qu'à la médecine, dont la philosophie de nos pères a parlé ?.
Pourquoi et comment les États-Unis d'Amérique sont-ils devenus les garants de l'ordre mondial? Quel rôle peut jouer l'Europe face à cette arrogante suprématie?
Zbigniew Brzezinski montre la situation paradoxale des États-Unis qui, pour maintenir leur leadership, doivent avant tout maîtriser le grand échiquier que représente l'Eurasie (Europe et Asie orientale), où se joue l'avenir du monde. L'ancien conseiller de la Maison-Blanche définit ainsi un cadre durable pour une coopération géopolitique mondiale autant qu'il donne à voir la façon dont l'Amérique envisage sa place dans «le reste du monde».
Cet ouvrage, paru en 1997, est très vite devenu indispensable pour comprendre la politique internationale.
Expert au Center for Strategic and International Studies (Washington, DC), Zbigniew Brzezinski est professeur à l'université Johns Hopkins de Baltimore. Il a été conseiller du président Carter de 1977 à 1981.
L'auteur évoque dans ce livre le sentiment d'insécurité inspiré par la fragilité des liens humains, ainsi que les désirs conflictuels visant à les resserrer.
Ce livre aborde la fragilité des liens humains. L'auteur évoque le sentiment d'insécurité inspiré par cette fragilité, ainsi que les désirs conflictuels visant à resserrer les liens. Dans une société mondialisée, prônant notamment la consommation et développant de vastes réseaux de communication, les relations humaines deviennent flexibles plutôt que durables.
que sait-on des origines et de l'histoire de l'institution du mariage, à la fois si menacée et si endurante oe
la cellule conjugale, cadre consacré, contrôlé par le clergé, ne s'impose qu'après une longue lutte qui culmine au xiième siècle, entre les guerriers et l'eglise.
c'est l'histoire de ce conflit, long et spectaculaire, contre les prérogatives des seigneurs que retrace ce livre, pour déboucher sur un nouvel équilibre : celui de l'amour conjugal et de l'amour courtois.
Aka Zidane est un projet photographique réalisé en Afrique. Un état des lieux original révélé grâce au « maillot de foot » porté tous les jours par des milliers de jeunes Africains comme costume de héros contemporain. Amoureux de foot dans mon enfance, photographe en Afrique depuis 15 ans, aujourd'hui, je reconnais les miens : ceux qui portent le maillot et se projettent dans d'autres vies que les leurs.
Grand classique de la collection " la vie quotidienne ", cet ouvrage fut longtemps la principale introduction à l'étude des anciens aztèques.
Il demeure aujourd'hui une référence incontournable. la cosmologie, les croyances religieuses et les rites des aztèques y sont présentés, ainsi que leur organisation sociale et politique, et les cadres qui rythment leur existence quotidienne. l'auteur conjugue avec bonheur le regard de l'ethnologue et le savoir de l'historien.
Les sept siècles de présence musulmane en Espagne, de 711 à 1492, ont permis l'émergence d'une civilisation dont témoignent la mosquée de Cordoue, l'Alhambra de Grenade ou encore la pensée d'Averroès. Cet apport majeur à la culture de l'Islam médiéval, constitue aussi une étape décisive de l'histoire de l'Occident.
Sans toutefois mythifier une Andalousie conviviale, celle du califat, où les trois religions monothéistes auraient vécu en harmonie, l'auteur met en scène l'histoire précise de cette Andalousie arabe. Il en retrace les conflits et les réalisations culturelles, proposant ainsi une synthèse de nos connaissances sur la civilisation andalouse.
Le choix du conjoint reflète nos expériences affectives, nos aspirations inconscientes, nos failles, nos manques. De son côté, notre partenaire trouve en nous un écho de sa propre quête. Nous nous voyons à travers les yeux de l'autre comme nous aimerions être. Nous voyons l'autre comme nous aimerions qu'il soit. Vient ensuite le moment de se différencier, de retrouver le réel, de réaménager la relation et le pacte sur lequel le couple s'est fondé. C'est souvent là que surgit la première " crise ", essentielle. Projections, accusations, désillusions, reproches, malentendus, remettent en cause le fantasme du couple parfait. Le couple est une danse qui se nourrit de ses propres crises. Celle-ci impose son rythme indépendamment de chaque partenaire. Chacun vit alors un déchirement intérieur car il a le sentiment de perdre son individualité. A travers des histoires de couples au bord de la rupture venus le consulter, Serge Hefez raconte et explique ce pas de deux qui confronte, entrechoque et fait valser deux personnes, décidées à faire vivre leur relation.
La question de l'animalité de l'homme, qui préoccupe les sciences humaines et sociales depuis longtemps, est ici abordée dans une perspective qui récuse les réductionnismes, aussi bien sociologiques que biologiques, mais aussi le dualisme âme-corps hérité de la philosophie classique.
Boris Cyrulnik expose son point de vue original sur la psychologie de l'enfant, qui permet de reformuler complètement le rapport entre l'inné et l'acquis, et donne une contribution nouvelle à la question de l'inceste, débattue tant dans le domaine anthropologique que dans les écoles psychanalytiques.
Les Trente Glorieuses est un des livres-clés pour la compréhension de la France de l'après-guerre.
Des générations d'étudiants y ont appris comment les trente années qui vont de la fin de la Seconde Guerre mondiale à la première crise pétrolière du milieu des années 1970 ont été des années de croissance et de prospérité, pendant lesquelles le peuple français a triplé son niveau de vie et vu profondément transformé son quotidien. Relu par l'oeil averti de Daniel Cohen, l'un des meilleurs économistes contemporains, qui en souligne les mérites et met en perspective l'écho considérable que reçut cet ouvrage et les thèses qu'il défendait, ce livre fait surgir avec force cette double interrogation : avons-nous à ce point changé de monde depuis lors ? Et faut-il regretter le "paradis perdu" des Trente Glorieuses ?