« Garafia » est le nom d'une petite commune située dans l'archipel espagnol des Canaries, où se déroule cette histoire. C'est aussi le titre de cette chronique familiale et sociale qui relate comment, dans les années 1950 et 1960, la répression politique par la dictature franquiste et la misère économique qui en découle ont contraint ses habitants à l'exil.
Partis pour l'Amérique Latine en espérant y trouver du travail, les hommes se retrouvent confrontés à la xénophobie. Les femmes, restées au pays quant à elles, vont apprendre à assurer seules leur survie, sous la menace croissante du fascisme.
Pour retracer l'histoire de cette communauté, de ceux qui sont partis et de celles qui sont restées, Elias Taño s'est inspiré de l'histoire de ses propres grands-parents, Inocencio et Gloria.
Une bande dessinée poignante qui nous plonge dans le quotidien d'un centre d'accueil pour mineurs et lève le voile sur les violences faites aux enfants.
À la fin des années 1990 en Corée du Sud, dans un environnement social marqué par les retombées de la crise financière en Asie, Gu Go-shin, étrange et charismatique combattant syndical, mène avec brio diverses opérations-chocs pour promouvoir les droits des travailleurs.
Son chemin croise celui de Lee Soo-in, cadre prometteur de la grande distribution. Humain, travailleur, courageux, Lee n'a qu'un défaut : ne pas supporter l'injustice lorsqu'il en est témoin. Les détestables pratiques sociales de son nouvel employeur, puissant groupe français récemment installé en Corée, vont réveiller ses instincts de justicier.
Intraitable est en réalité l'histoire de l'implantation de Carrefour en Corée du Sud et dresse le portrait d'une société coréenne complexe, traversée de tensions multiples.
Dans la lignée des désormais célèbres bandes dessinées du réel comme Économix (Les Arènes) ou Philocomix (Rue de Sèvres), Permacomix propose une véritable immersion dans l'éthique de vie que constitue la permaculture, à travers le récit d'un jeune coupe qui décide de changer de vie et de s'initier à cette démarche.
Nous suivons ainsi le cheminement de Gaëtan et d'Izia, de leur décision de prendre une année sabbatique à leurs différentes rencontres avec des personnes qui vivent en permaculture. À leurs côtés, le lecteur découvre ainsi les concepts et pratiques de la permaculture qui, au-delà des techniques de culture, est une véritable vision du monde ainsi qu'une manière de vivre. Rythmée par les dessins précis et coloré de Cécile Barnéoud, Permacomix propose ainsi la voie d'une vie plus épanouie et plus équitable où l'être humain est en harmonie avec la nature et le vivant.
"On ne peut pas harceler les gens pour qu'ils partent.
Il y a des limites à ne pas dépasser.
Au début des années 2000, la crise financière et économique marque profondément la société coréenne. Dans ce contexte douloureux, un militant syndical à la fois idéaliste et pragmatique, le charismatique Gu Go-shin, mène des combats difficiles mais nécessaires au sein d'une petite agence-conseil de défense des travailleurs. Son chemin croise celui d'un jeune cadre d'une grande rectitude morale, Lee Su-in, ancien militaire révolté par les pratiques de son employeur, un grand groupe français implanté en Corée. Ensemble, ils se battent pour la création d'une section syndicale dans l'entreprise.
Avec ce sixième et ultime volume, la chronique palpitante de ce conflit acharné connaît enfin son dénouement - et il n'est pas sans surprises... Passionnant récit des luttes sociales au quotidien, Intraitable revisite, par le biais de la fiction, l'histoire de l'implantation - finalement ratée - de Carrefour en Corée. Une histoire universelle, qui met en relief les dérives récurrentes des multinationales. Dans un style dynamique et élégant, Choi Kyu-sok relate comment les sociétés, malgré leurs contradictions internes, peuvent trouver l'énergie de leur résister.
Traduit du coréen par Lim Yeong-hee avec la collaboration de Catherine Biros" "Choi Kyu-sok est considéré comme l'un des plus brillants représentants de la bande dessinée d'auteur coréenne. Entre satires sociales, récits d'apprentissage et chroniques incisives de la modernité, il a signé à ce jour une dizaine d'oeuvres, one shots, séries ou collectifs, parfois d'inspiration autobiographique. On le connaît en France depuis le milieu des années 2000, avec la traduction de Nouilles Tchajang (Kana/Made In) et des recueils L'amour est une protéine et Le Marécage (Casterman/Hanguk).
Intraitable a été la première série de Choi Kyu-sok à paraître en français. Elle a fait l'object d'une adaptation audiovisuelle en Corée, sous la forme d'une série télévisée en douze épisodes de Kim Suk-yoon."
Au début des années 2000, la crise financière et économique marque profondément la société coréenne. Dans ce contexte douloureux, un militant syndical à la fois idéaliste et pragmatique, le charismatique Gu Go-shin, mène des combats difficiles mais nécessaires au sein d'une petite agence-conseil de défense des travailleurs. Son chemin croise celui d'un jeune cadre d'une grande rectitude morale, Lee Su-in, ancien militaire révolté par les pratiques de son employeur, un grand groupe français implanté en Corée.
Ensemble, ils se battent pour la création d'une section syndicale dans l'entreprise. Et leur face-à-face avec la direction française tourne bientôt au conflit ouvert... Passionnant récit des luttes sociales au quotidien, Intraitable revisite, par le biais de la fiction, l'histoire de l'implantation - finalement ratée - de Carrefour en Corée. Une histoire universelle, qui met en relief les dérives récurrentes des multinationales.
Dans un style dynamique et élégant, Choi Kyu-sok relate comment les sociétés, malgré leurs contradictions internes, peuvent trouver l'énergie de leur résister.
En fin de cursus aux Arts Déco, la jeune narratrice de cette histoire noue avec son père, agriculteur, un dialogue inédit autour de la terre et de l'environnement, au prétexte d'en faire son mémoire de fin d'études. Leur échange, souvent heurté mais toujours affectueux, trahit vite tout ce qui sépare et peut-être oppose les générations. Lui, fort de son expérience personnelle, se sent tenu de défendre l'agriculture conventionnelle, même s'il en connait les défauts : il faut bien faire manger la planète...
Elle, pétrie de culture alternative et nourrie des références de l'écologie politique, s'accroche à ses convictions. Et si leurs positions respectives provenaient en partie d'idées reçues ? Et si l'urgence était surtout d'apprendre l'un de l'autre ?
- Qu'est-ce que vous mijotez au lieu de travailler ?
- Vous êtes... ?
- Votre chef. Vous savez pas saluer ?
Au début des années 2000, la crise financière et économique marque profondément la société coréenne. Dans ce contexte douloureux, un militant syndical, à la fois idéaliste et pragmatique, le charismatique Gu Go-shin, mène des combats difficiles mais nécessaires au sein d'une petite agence-conseil de défense des travailleurs. Son chemin croise celui d'un jeune cadre d'une grande rectitude morale, Lee Su-in, ancien militaire révolté par les pratiques de son employeur, un grand groupe français implanté en Corée. Ensemble, ils se battent pour la création d'une section syndicale dans l'entreprise.
Dans ce quatrième tome, les salariés plaident leur cause auprès d'une instance de régulation des conflits du travail. Et se voient reconnaître leurs droits. Mais rien n'empêche les coups bas : harcèlement, intimidations, brutalités se poursuivent...
Passionnant récit des luttes sociales au quotidien, Intraitable revisite, par le biais de la fiction, l'histoire de l'implantation - finalement ratée - de Carrefour en Corée. Cette histoire universelle met en lumière les dérives récurrentes des multinationales. Dans un style dynamique et élégant, Choi Kyu-sok relate comment les sociétés, malgré leurs contradictions internes, peuvent trouver l'énergie de leur résister.
Corée du Sud, au tournant des années 2000. Dans un environnement économique et social durement marqué par les retombées de la crise financière en Asie, nous retrouvons Gu Go-shin, militant syndical fondateur d'une petite agence-conseil de défense des travailleurs, et Lee Soo-in, jeune cadre prometteur de la grande distribution, issu des rangs de l'armée. Depuis que leurs routes se sont croisées, les deux hommes ont appris à se connaître et à s'apprécier : les détestables pratiques sociales du nouvel employeur de Lee, puissant groupe français récemment installé en Corée, ont réveillé leurs instincts de justiciers.
Avec le concours de Go-shin, Soo-in se bat désormais pour la création d'une section syndicale dans l'entreprise. Bien que les conditions de travail s'y détériorent jour après jour, les salariés se montrent d'abord réticents à cette idée. Mais le sort d'un employé, sauvé in extremis d'un licenciement abusif, fait tout basculer : traumatisant, l'épisode a l'effet d'un électrochoc sur les derniers indécis...
Ce deuxième tome poursuit la transposition en fiction de l'implantation conflictuelle - et finalement ratée - de Carrefour en Corée. Cet opus montre comment les salariés peuvent se fédérer face au pouvoir des multinationales, et notamment à quel point cette organisation collective peut se révéler difficile quand on est face à un patron passé maître dans la technique de "diviser pour mieux régner" .
Remarquable de maîtrise et de brio, Choi Kyu-sok continue de dépeindre avec finesse les rouages du système propre aux grandes entreprises et de brosser un portrait complexe et nuancé de la société coréenne contemporaine, en mettant en lumière, plus particulièrement dans ce volume, le rôle essentiel du syndicalisme coréen.
À la charnière des années 1960 et 1970, dans la région d'Orléans, un jeune homme plein d'énergie et que rien n'effraie, Gilles Garnaud, pionnier d'une sensibilité environnementale dont on connaît le succès, se lance dans un pari apparemment insensé : transposer dans une création d'entreprise des idéaux écologiques que personne ou presque ne prend alors au sérieux.
Sa rencontre avec Jeanne-Marie, une biologiste qui deviendra son épouse, apporte à son projet une crédibilité scientifique. Dépourvu de moyens, mais fort de convictions à toute épreuve, le couple monte une entreprise bio, d'abord sur le créneau des produits d'entretien, puis sur celui des cosmétiques. C'est long, c'est dur, c'est harassant... et ça marche !
Le Sens de la formule tient la chronique pittoresque de cette aventure entrepreneuriale singulière, parfois improbable tant elle surmonte des obstacles en apparence infranchissables. Cette savoureuse histoire est aussi l'évocation d'une époque : la France des années 1970. Et illustre, au plus près du réel, la manière dont les idées et valeurs écologistes ont commencé à infuser dans la conscience collective française, envers et contre tout.
Pendant des jours, des semaines, des mois, ils ont défilé dans les rues, leur dignité pour seule armure face à la tyrannie. Chacune de leurs banderoles affichait le même mot d'ordre, désormais interdit par l'oppresseur : LIBEREZ HONGKONG Hongkong, cité déchue est un témoignage exceptionnel. Celui d'un jeune artiste engagé, accueilli naguère à Hongkong dans un esprit de bienveillance, qui prend fait et cause pour les valeurs de liberté du territoire où il s'est épanoui.
Face à la violence totalitaire d'une dictature sans pitié, les jours de la démocratie hongkongaise, hier symbole d'une société chinoise ouverte et tolérante, sont comptés. C'est la chronique de cette mise à mort annoncée que tient ce livre glaçant, entremêlant avec d'indéniables accents autobiographiques présent et prospective, réalité et fiction. Profondément empathique et d'une puissance peu commune, Hongkong, cité déchue s'impose comme un livre vital et nécessaire, avec une liberté de ton et d'expression assez rare dans le monde chinois.
L'illustration de couverture a été réalisée par Kwong-shing Lau spécialement pour cette édition française. Traduit du chinois par Bertrand Speller.
Nourri de lectures sur les risques écologiques et l'urgence d'une descente énergétique radicale, Cédric, artiste peintre quadragénaire parisien, est traversé par de profondes angoisses existentielles.
Cette sensibilité particulière le met mystérieusement en contact avec l'esprit de Henry David Thoreau (1817-1862), figure fondatrice de la philosophie décroissante. Celui-ci apparaît régulièrement à Cédric, tel un Jiminy Cricket d'aujourd'hui, empruntant au fil de leurs rencontres diverses formes animales et végétales plus ou moins abouties - une sorte d'incarnation animiste de leur empathie commune pour la nature.
Ils poursuivent ainsi une conversation philosophique intermittente qui leur permet de constater qu'à deux siècles d'écart, les problématiques issues de l'exacerbation du capitalisme et du consumérisme demeurent inchangées.
Malgré les avancées scientifiques et technologiques, les humains persistent à succomber aux mêmes folies plutôt que de rechercher les plaisirs simples.
Temporairement séduit par les thèses des collapsologues puis des survivalistes, Cédric finit par trouver un terrain à la campagne, près d'un lac, pour y construire une maison hobbit autosuffisante.
Très librement inspirée de Walden, ou la vie dans les bois , le chef-d'oeuvre de Henry David Thoreau, cette bande dessinée retrace la prise de conscience écologique d'un homme d'aujourd'hui et pose la question universelle du changement de vie : face aux impasses de notre modèle social, comment mener une existence qui a du sens ?
"2044. Antoine Donelli, naguère comédien en vue, vient de s'éteindre. Fin d'une vie d'homme dans un monde incertain et chaotique. Mais comment en est-on arrivé là ? "
Caractère bien trempé, camel toe assumé, leggings panthère et super pouvoirs anti-machos, qui ne rêve pas d'être une Camel Joe ?
Acteur quadra de la région parisienne, Richard entretient une relation filiale avec sa filleule Camille, 13 ans. Quand il découvre, lors d'un barbecue, qu'elle a décidé de devenir végétarienne, cela déclenche chez lui une profonde remise en question. En tant qu'adulte, il est ébranlé par les choix radicaux et cohérents de l'adolescente, d'autant plus que Camille est très au fait des enjeux climatiques liés à nos pratiques alimentaires et au sujet de la maltraitance des animaux.
Au fil des pages, Richard va peu à peu s'intéresser et s'éveiller à l'antispécisme, au végétarisme et au vivant en général. En discutant avec Camille, son véritable guide, il sent poindre en lui le désir de devenir végétarien à son tour. Mais parviendra-t-il à changer son mode de vie et à se défaire de ses automatismes ? Auteur de Thoreau et moi (Rue de l'échiquier, 2019), adaptation en bande dessinée de la pensée du philosophe Henry David Thoreau, Cédric Taling explore ici la question de l'alimentation, avec l'originalité et l'humour qui lui sont propres.
Dans Comme une bête (ou comment je suis devenu végétarien), il fait la chronique des grandes étapes du passage à une alimentation végétarienne, en décrivant les relations passionnantes qu'ont d'autres cultures non européennes au monde animal et en rendant accessibles les toutes dernières découvertes scientifiques sur le règne végétal. Cette bande dessinée montre également comment l'alimentation, et plus généralement les enjeux écologiques, peuvent être le terrain de confrontations entre deux générations qui ne partagent pas la même vision du monde.
Adapté d'une nouvelle, inédite en français, de l'écrivain coréen Choi Yong-tak, Mémoires d'un frêne dépeint un moment dramatique et violent de l'histoire contemporaine de la Corée, connu comme « le massacre de la ligue Bodo ». Au cours de l'été 1950, tout au début de la guerre de Corée, les autorités organisent la liquidation physique de dizaines de milliers de civils, opposants politiques déclarés ou simples sympathisants, par crainte de la contagion communiste.
Ce massacre de masse, mis en oeuvre par l'armée et la police coréennes, a fait entre 100 000 et 200 000 morts, y compris des femmes et des enfants. Par la suite, il a été délibérément occulté par l'histoire officielle de la Corée du Sud. Ce n'est qu'à partir des années 1990 que des charniers ont été retrouvés et que certains exécutants de la tuerie ont été amenés à témoigner.
Auteur virtuose et engagé, Park Kun-woong poursuit ici un travail de longue haleine visant à exorciser les errements des gouvernements coréens depuis l'indépendance de 1945. Dans ce récit, dont le narrateur est un arbre peuplant l'une des vallées où se sont déroulés les massacres, il mobilise des moyens graphiques exceptionnels, à travers un ensemble d'images d'une beauté sombre et saisissante.
Kaya Takada a vécu au Japon une aventure peu ordinaire : elle a passé toute son enfance et son adolescence au sein d'un village communautaire. Inspiré par les idées libertaires qui ont abondamment circulé dans les années 1970, le village atypique dans lequel elle a grandi était une communauté rurale alternative, aux moeurs à la fois innovantes et sévères : pas de propriété privée, des lieux d'habitation dépourvus de clés, des biens matériels partagés avec tous, etc.
Parallèlement à ces pratiques généreuses, le mode de vie était marqué par une rigueur monastique et un climat terrorisant : deux repas par jour seulement, des lieux de résidence séparés pour les parents et les enfants, des punitions corporelles pour faire régner une discipline de fer, etc. Aux yeux du reste du monde, la communauté était regardée comme un lieu étrange que les gens « ordinaires » appelaient « le Village », comme ils auraient dit « la secte »...
C'est dans cet environnement déroutant que Kaya Takada a vécu jusqu'à l'âge de 19 ans, avec ses activités et ses bonheurs simples, mais aussi, comme une litanie sans fin, ses contraintes et ses brimades... Le choc du livre naît de la confrontation entre la fraîcheur du récit de Kaya, mené « à hauteur d'enfant » avec franchise, humour et entrain, et la radicalité des moeurs de cette collectivité singulière, extraordinairement rigide et dogmatique.
D'inspiration autobiographique, cette bande dessinée relate l'installation d'un jeune couple dans le quartier d'Annikki, l'un des très rares îlots historiques encore préservés de la ville de Tampere, en Finlande.
Tiitu Takalo relate le combat acharné que mènent ensemble les habitants de ces maisons de bois face à la voracité des promoteurs immobiliers, souvent de mèche avec les édiles locaux.
Cette chronique sensible est rythmée par le récit des moments forts de l'histoire de Tampere, depuis sa fondation à la fin XVIIIe siècle, et notamment son riche passé industriel et ouvrier. Ce choix narratif permet de montrer que la richesse d'un quartier ou d'une ville réside dans son patrimoine, et que sa préservation est la clé de nos identités collectives comme de nos avenirs possibles.
Tout en finesse, en élégante retenue, voici un recueil de vagabondages et d'errances tranquilles, au fil de l'inspiration nomade d'un grand auteur d'aujourd'hui, l'Ecossais Kenneth White, créateur de la notion de géopoétique. Il nous emporte à travers la Scandinavie, les Balkans, l'Allemagne, la France, les Pays-Bas, New York, Vancouver, Montréal, le Japon, la Chine... Et puis des rivages encore et encore, de l'Ecosse au golfe de Trieste, en passant par la baie d'Ungava ou la Bretagne, que le poète évoque ou raconte en une poignée de mots choisis, comme on scande des haïkus.
Le dessinateur Patrice Reytier s'est emparé des déambulations de Kenneth White : il leur a donné une forme, ouatée ou pluvieuse ; une couleur, marine, sanguine ; une vibration habitée par l'esprit de la ligne claire. A chaque paysage, chaque parcours, chaque halte, une seule page et une sobre construction en trois images, à la manière des comic strips, comme autant de miniatures rigoureusement ciselées.
Un beau matin, à la fin de leurs études, Alison et son compagnon quittent le Québec et prennent la route à bord d'un vieux van pour s'offrir un grand voyage initiatique vers l'ouest. Direction Yellowknife, capitale de la province canadienne méconnue des Territoires du Nord-Ouest.
Ramshackle relate l'aventure de leur installation sur cette terre des confins, avec une ingénuité et une sincérité qui confèrent à ce récit un charme communicatif. Au quotidien, rien n'est simple ni facile sous ces latitudes exigeantes, mais les relations humaines y ont un indéniable parfum d'authenticité et la rudesse de l'environnement relativise bon nombre des petits problèmes du monde citadin ordinaire.
Journal de bord attachant et souvent drôle d'une aventure humaine singulière, cette bande dessinée brosse aussi le portrait d'une ville au bord du monde, Yellowknife, dont le caractère atypique préfigure peut-être une partie de notre avenir climatiquement chamboulé.
Le titre du livre, Ramshackle (en français « délabré », « branlant ») fait référence aux baraques (shacks) assemblées de bric et de broc, souvent précaires, dans lesquelles vivent une partie des habitants de Yellowknife.
Si le projet de ce livre est, au sens littéral, démesuré, son propos est d'une limpidité imparable : retracer sous forme de bande dessinée l'histoire de l'univers, depuis l'étincelle primordiale jusqu'à l'apparition de la vie sur Terre. À l'appui de sa magnifique narration visuelle, Hyacinthus convoque au fil des pages des citations philosophiques, dramaturgiques et mythologiques issues de la littérature antique classique.
Du « big-bang » aux premiers animaux terrestres, en passant par les péripéties de la formation de notre planète, il donne à lire des extraits bilingues de Sophocle, Virgile, Lucrèce, Euripide, Ovide, Aristophane, Hésiode, Philon d'Alexandrie, etc. Les images et les mots s'enrichissent mutuellement, aucun(e) n'illustre l'autre. Le décalage perceptible entre deux temporalités - la vulgarisation contemporaine face à la sagesse des Anciens - est en lui-même générateur de poésie.
En confrontant ce que l'état actuel de la connaissance scientifique nous dit de nos origines avec une vision cosmogonique venue du fond des âges, Les Cosmogoniales - Un chant de Silène mène à bien une « prise de parole antique » aussi spectaculaire que salutaire.