Le meilleur du meilleur esprit du Grand Siècle.
Le cardinal de Retz a laissé dans l'histoire le souvenir d'un trublion et ses Mémoires passent pour un bréviaire de subversion. Depuis longtemps on leur emprunte, sans toujours les avoir lus, des formules utilisables à toutes fins, qu'on se transmet en les déformant. Or les maximes dont il a émaillé le récit de sa vie valent beaucoup mieux que cela. Détachées de leur contexte et regroupées, elles offrent en raccourci des vues pénétrantes et originales sur les hommes, le gouvernement, l'action politique. Elles sont aussi un miroir où se réfléchit le visage d'un homme dont la carrière fut un échec retentissant, mais qui sut en tirer les leçons et les mettre en forme dans un style qui a la fermeté et la souplesse de l'acier.
C'est ainsi que Simone Bertière nous présente son anthologie de plus de 250 maximes, tirées des Mémoires du cardinal : un vade-mecum pour candidat à des fonctions officielles autant qu'un recueil de férocités jubilatoires ponctuées de leçons de sagesse universelle. Un régal...
Le mystère Zweig révélé par un livre saisissant. L'édition collector pour célébrer les 20 ans de Tempus Comment un écrivain aussi discret que Stefan Zweig (1881-1942) est-il parvenu à embraser le coeur de ses créatures romanesques et à envoûter tant de ses lecteurs ? Homme impétueux, sous son élégance Mitteleuropa de juif autrichien, cet artiste attire la foudre. Choyé par les élites, il aurait pu demeurer l'archétype d'une civilisation disparue, broyée par les guerres et les totalitarismes. Or, bien plus que certains de ses contemporains naguère illustres, il n'a pas cessé de séduire. Ses biographies de Fouché et de Marie-Antoinette conservent un charme et une profondeur inégalés. La Confusion des sentiments continue de troubler. Peut-être les lueurs sombres, les fumées délétères de son oeuvre correspondent-elles à nos tourments contemporains.
Tenter de rendre vivant cet homme de passion à travers une biographie passionnée , telle était l'ambition de Dominique Bona : défi relevé, et avec quel talent !
Si j'entre au ciel, je voudrais que ce fût en qualité de vagabond.
En 1938, fatigué des compromissions de l'Église, dégoûté par les accords de Munich, Georges Bernanos quitte la France avec sa femme et ses six enfants. Son but : recréer une France utopique en terre brésilienne. La réalité sera autre. À la place, l'ancien compagnon de route de l'Action française, le polémiste des Grands Cimetières sous la lune, le royaliste capétien, va découvrir au Brésil une forme paradoxale de liberté. Travailleur infatigable, il porte un regard lucide sur l'Europe en proie aux convulsions et prête sa plume à la France libre.
En 1945, à l'appel de De Gaulle, il finit par quitter sa presque-patrie qui ne cesse, dès lors, d'accompagner ses pensées et ses écrits : Le plus grand, le plus profond, le plus douloureux désir de mon coeur en ce qui me regarde c'est de vous revoir tous, de revoir votre pays, de reposer dans cette terre où j'ai tant souffert et tant espéré pour la France, d'y attendre la résurrection, comme j'y ai attendu la victoire.
Sébastien Lapaque, voyageant sur les traces de l'écrivain, révèle un autre Bernanos, dont l'exil choisi éclaire les contradictions d'un chrétien qui n'aimait guère les tièdes : son monarchisme utopique, son antisémitisme, sa mélancolie parfois joyeuse, son rapport avec de Gaulle, l' homme prédestiné . Se révèle une voix puissante en lutte avec les faveurs factices de son époque - il refusera par trois fois la Légion d'honneur et un siège à l'Académie française - et toute forme d'asservissement. Un anticonformisme qui achève de le désigner pour la postérité comme figure tutélaire des hussards.
Un bel essai biographique superbement écrit.
Parmi les écrivains les plus illustres du XVIIe siècle, La Bruyère se rend célèbre pour sa seule et unique oeuvre. Avec Les Caractères ou les Moeurs de ce siècle, il a tendu au public de son époque un miroir qui nous reflète toujours. Les temps changent, pas le fond des hommes. Il explore et raille avec passion le faux et le feint, le fat et le courtisan et rappelle, lui qui sut si bien les manier, combien grand est le pouvoir des mots.
Jean-Michel Delacomptée brosse le portrait captivant de ce classique de notre littérature. Il ouvre ainsi une porte dérobée dans les Caractères, dont il rappelle avec force l'intemporelle grandeur.
Publié pour la première fois en 1688, le Testament politique du cardinal de Richelieu, dont l'authenticité est aujourd'hui établie, fut composé en parallèle avec l'action gouvernementale de son auteur, dont il constitue l'écho et le prolongement. Pourtant, beaucoup de ses propos s'élèvent très au-dessus de la conjoncture historique des années 1620-1640. En un style parfois foudroyant, c'est la philosophie même de la fonction d'homme d'Etat, ses principes, ses exigences et ses contraintes, qu'expose le grand ministre, et qui valent pour le temps présent.
C?est avec un long poème limpide et magnifique qu'Aimé Césaire entre tout à la fois en littérature et en politique. Nous sommes en 1937 et sa colère jaillit par l?intensité de son verbe et la modernité de son écriture. Son Cahier d?un retour au pays natal le classe au rang des plus grands écrivains de son temps. Après des études brillantes au lycée de Fort de France où Césaire a passé une enfance qu'il ne cessera de chanter toute sa vie, il rejoint Paris (1931) et intègre Louis Le Grand, l?ancien collège des Jésuites. Des rencontres décisives comme celles avec Senghor ou Bigaro Diop alors jeunes étudiants se vont donner naissance à une revue L?étudiant noir (1934) où Césaire y peaufine son concept de « négritude ». Car le « Nègre antillais » veut faire bouger les esprits, et faire connaître aux métropolitains le sort infâmant des territoires outre-mer. Suivront l?aventure des revues Tropiques et Présence africaine, le soutien d?André Breton qui rédigera la préface du Cahier d?un retour au pays natal qui ne paraîtra en librairie qu?en 1947? Après la guerre, Césaire est élu, avec le soutien du PCF, maire de Fort de France et dans la foulée devient député, ardent défenseur de la départementalisation de la Martinique (1946). Mais son ralliement au PCF ne dure pas et Césaire rend sa carte en 1956. Entre temps, son Discours sur le colonialisme (1950) comparant nazisme et colonialisme aura fait scandale. C?est pourtant une ?uvre essentielle qui est désormais étudiée dans les programmes scolaires.
A la fin de sa vie, Césaire est devenu ce grand sage que tous les prétendants à la campagne présidentielle 2007 devront visiter. Une vie bouleversante, où l?amour n?est pas absent : Suzanne rencontrée au lycée, elle aussi écrivain, intellectuelle et sa muse lui aura donné six enfants avant leur séparation en 1950.
Dans le sillage d'Alexis de Tocqueville et de Raymond Aron, un essai magistral sur les huit plaies endémiques constitutives du mal français. Une écriture limpide au service d'une démonstration implacable.
Individualistes irrécupérables, réfractaires à l'esprit du temps, les écrivains français réunis dans ces pages ne forment pas une troupe homogène, marchant du même pas sous un uniforme identique. Plus souvent fieffés réactionnaires que vertueusement progressistes, ces entrepreneurs en démolition d'idéaux n'ont pas conforté les préjugés et le conformisme si nécessaires à la vie sociale. N'importe, cette bande d'irréguliers, aux talents et aux destins si divers, incarne un certain honneur de la littérature. Et témoigne de la pertinence du proverbe bantou : « L'hippopotame se décourage, la parole s'évanouit, la caravane passe, mais le réfractaire reste. »
C'est le livre dont toute la france parle.
Critiques ou défenseurs, tous ont reconnu que " ce serait folie d'en ignorer le contenu ". tempus prolonge le débat. " un essai qui fait mouche dans une période de flottement généralisé " la tribune. " en quatre chapitres tout est dit, et de manière très claire. baverez pratique une pédagogie de l'édification " le figaro littéraire. " baverez met son scalpel au coeur de plaies sociales. et dit souvent vrai " le nouvel observateur.
" tout le mérite de cet ouvrage réside justement dans les références à l'histoire " les échos.
Il y a cinq Malraux. Le premier a eu la chance d'arriver dans un monde d'après 1914-1918 prêt à se laisser éblouir par un jeune homme touche-à-tout et talentueux. Il saute de la brocante à la NRF, des Langues O au surréalisme et devient, comme Radiguet, une coqueluche du Paris littéraire. Le deuxième découvre l'art et le colonialisme, le roman et le marxisme en Asie. Tour à tour trafiquant, expert, propagandiste de l'émancipation indigène, il écrit les trois livres qui vont asseoir sa notoriété mondiale : Les Conquérants, La Voie royale et La Condition humaine. Le troisième Malraux est le combattant, contre l'absurdité de la guerre, le fascisme, le putsch de Franco et l'occupant allemand. Le quatrième Malraux est le compagnon privilégié du général de Gaulle, le témoin inspiré d'une France qu'il veut toujours combattante dans la tâche de libérer les individus et de s'opposer à toutes les répressions. Le dernier est le plus influent ministre de la Culture que la France ait connu, des maisons du même nom aux grandes expositions thématiques, de Paris " blanchi " à l'inventaire du Patrimoine.
Toute la france en a parlé.
Trois ans après, grâce à une édition revue, actualisée et complétée, le grand gaspillage en tempus relance le débat. " une verve décapante et des arguments qui bousculent bien des certitudes. " dernières nouvelles d'alsace . " un livre événement. l'auteur épingle la gestion de l'etat et propose des solutions. " l'express. " les paniers percés de la république passés au crible. " le figaro magazine.
Les Français ont une passion pour les faits divers.
Ceux-ci nourrissent l'opinion, les médias, les romanciers et les historiens par l'émotion individuelle et collective qu'ils suscitent: scandale des poisons sous Louis XIV: assassinat de la duchesse de Praslin en 1847; affaires Bonnot, Caillaux, Stavisky ou Weidmann sous la IIIe République; affaire Dominici sous la IVe, mort de Mesrine ou du petit Gregory, affaires de Bruay-en-Artois puis de Toulouse, drame Trintignant-Cantat: ces évènements sont dans toutes les têtes.
Le fait divers rend compte du normal, du banal, mais il révèle en même temps un univers sombre et fascinant comme l'envers de nos sociétés. L'historien en dégage autant des comportements que des enseignements sur l'esprit d'une époque. Ce texte de Louis Chevalier, mis au point par Emilio Luque, permet de retrouver, sur le ton de la conversation, la prodigieuse érudition du célèbre auteur de Classes Laborieuses et classes dangereuses.
Claude Pompidou a marqué et séduit les Français par un mélange de modernité assumée et d'immense dignité. Femme discrète, elle n'a rompu le silence sur sa vie publique et privée qu'à l'occasion de ses mémoires, enrichis pour cette édition d'un avant-propos inédit d'Alain Pompidou. Elle s'y confie bien sûr au sujet de son mari, Matignon et l'Elysée (qu'elle détestait), sans oublier les personnages qui l'ont marqué (de Gaulle, Malraux, Senghor). Elle raconte également, non sans humour, les principaux événements politiques, à commencer par Mai 1968 ; la force et la singularité de ses rapports avec de nombreux artistes (Boulez, Béjart, Soulages), la fondation du Centre Georges-Pompidou et de la Fondation (reconnue d'utilité publique) qui porte son nom. Souvenirs et anecdotes abondent, offrant un regard émouvant et décalé sur la force de son couple, mais aussi sur la solitude et la tragédie du pouvoir.
Cartouche :
« Je n'aime guère parler de moi, et moins encore que d'autres parlent de moi.
Mais, tout compte fait, je préfère me présenter moi-même, tant j'ai été stupéfaite, scandalisée parfois, par ce que j'ai pu lire ou entendre à mon sujet. » Claude Pompidou.
prendre la vie et la pensée de sartre ensemble.
sans parti pris thuriféraire, ni critique systématique : ce livre suit le mouvement passionné, irrésistible qui porte sartre à comprendre sans cesse ce qu'il est et ce qu'il fait dans le monde, puis à se projeter dans une oeuvre en expansion continue. tout s'articule : le poids d'être un fils sans père, à la recherche permanente de l'amour des autres, des femmes, des lecteurs, de la jeunesse des années soixante ; l'histoire, qu'il découvre pendant la guerre, qu'il croise dans l'aventure communiste comme durant la guerre d'algérie ; l'écriture comme don de soi, comme symétrique de l'acte d'aimer, comme exigence quotidienne, comme moyen de remonter dans les strates de sa propre histoire.
denis bertholet décode avec talent et clarté la complicité qui lie sartre aux époques que celui-ci traverse.
Quatre hommes figurent au sommaire de ce livre. Tous, dans le cadre du régime de Vichy, ont exercé le pouvoir, au plus haut niveau. Tous ont connu un sort tragique : l'amiral Darlan assassiné ; Pierre Pucheu, l'un des esprits les plus brillants de sa génération, fusillé à Alger ; le maréchal Pétain, condamné à la peine capitale mais réservé à une longue agonie ; Pierre Laval, exécuté à Paris, dans des conditions qui ont desservi l'image de la justice de l'époque.
Si Alain Decaux a choisi d'évoquer l'ultime étape de leur destin, ce n'est pas pour rechercher les raisons politiques qui les y ont précipités. Il ne veut raconter que ce qui précéda leur mort. C'est dans de tels moments qu'un être se révèle tout entier et quelquefois recompose la dernière image que l'on gardera de lui.