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Vallois
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Belles ! belles ! belles ! les femmes de Niki de Saint Phalle
Marianne Le métayer, Catherine Francblin, Collectif
- Vallois
- 29 Avril 2022
- 9782954287164
Conçu sous la forme d'un « magazine féminin », le catalogue Belles ! Belles ! Belles ! Les femmes de Niki de Saint Phalle est consacré à la représentation du corps des femmes dans l'oeuvre novatrice, féministe et avant-gardiste de Niki de Saint Phalle.
« Lacan prétendait que LA femme n'existe pas. Il devait connaître Niki de Saint Phalle. Car dans le travail de l'artiste non plus la femme n'est pas une, mais plusieurs. Grandes et musclées, empâtées et poilues, vieilles et fragiles, mégères immondes, mariées sylphides, femmes-pot, femmes-ventres écorchées vives, géantes légères dansantes et tourbillonnantes, matrones blanches, matrones noires, Niki a tourné le dos au beau idéal pour peindre et sculpter tous les types de femmes possibles et impossibles, toutes sortes de morphologies féminines hors-normes, dérangeantes, attestant que le beau est toujours bizarre. Traiter du féminin, en effet, exposer ses angoisses et ses révoltes, ses rêves, sa puissance et sa poésie, revient toujours pour l'artiste à mettre en scène des corps. (...) Tout ce qu'il est donne´ aux femmes de vivre s'incarne alors dans ses figures qui dérogent aussi bien aux schémas ordinaires de la représentation qu'aux principes solennels consacrés par la morale sociale. L'habitude de partager l'oeuvre de l'artiste en périodes, et notamment entre un avant et un après l'irruption des Nanas, a fait perdre de vue l'importance qu'elle attache, le sens qu'elle donne à l'exposition des multiples corps des femmes, qu'ils souffrent ou saignent comme ceux des parturientes ou qu'ils respirent la sante´. Leur présentation côte à côte sous un même intitulé dit l'importance qu'il convient d'accorder à ses portraits protéiformes et singuliers de la gent féminine si l'on veut comprendre ce que sont, ce que pensent, ce que veulent les femmes selon Niki de Saint Phalle.
Rappelons (...) les mots de la créatrice adressés à la « belle prisonnière des apparences » qu'était sa mère : « Moi, je montrerais tout. Mon coeur, mes émotions ». Montrer. Et donc voir. Tout voir de cet art qui, sans délaisser le registre esthétique, hisse haut les couleurs de la rébellion en faisant chaque fois le choix d'une opposition absolue aux canons, aux règles, aux codes en vigueur. Niki n'a de cesse de s'affranchir des conventions. Tous les moyens sont bons pour échapper à ce qu'elle nomme « l'art de salon » : la démesure des sculptures transformées pour certaines en espaces habitables ; leur aspect parfois fruste ou bancal ; la difformité, voire la monstruosité de ses créatures ; la vulgarité de leur allure et de leur accoutrement ; leur obscénité souvent ; leur dimension comique ou enfantine, manière de taquiner la prétention traditionnelle de l'art à la respectabilité... Ajoutons à cela l'orientation narrative et largement autobiographique de son travail qui fait peut-être de Niki de Saint Phalle une artiste à part, mais nullement une artiste ignorante des ruptures formelles et des enjeux de son temps. (...) Il est temps d'affirmer la place capitale de la démarche de Niki de Saint Phalle au sein de l'histoire de l'art. Menant combat contre l'uniformisation du regard et du goût, elle a oeuvré à l'avant-garde d'un mouvement qui, en tissant entre l'art et la société une étroite relation, a contribué à changer la vocation de l'art. ».
Catherine Francblin.
Nouvelle édition du catalogue initialement publié à l'occasion de l'exposition éponyme à la galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois du 8 septembre au 21 octobre 2017. -
Catalogue consacré aux Tableaux éclatés de Niki de Saint Phalle, vaste série d'oeuvres créée en hommage à Jean Tinguely après sa mort - des tableaux composés de formes découpées mises en action par des dispositifs motorisés au passage des spectateurs (puisant dans la formule des « Méta-reliefs » de Tinguely tout en développant des thèmes et un vocabulaire plastique propres à Niki de Saint Phalle) -, présentée à l'ARC en 1993 lors de la rétrospective de l'artiste orchestrée par Suzanne Pagé, et exposée pour la première fois en galerie en France en 2023. La couverture pop-up du livre permet de recomposer le motif d'un tableau avec des tirettes !
« Hymne d'amour. Cannibalisme. Communion.
Jean, je te mange. Je prends ta force.
Ton âme s'unit à la mienne.
La panne, le mouvement, m'appartiennent aussi à moi maintenant.
En attendant la panne, en attendant Godot, j'attends le pépin, la Vie.
J'arrive même à guetter la panne (peut-être pour avoir cette joie infinie que ça marche de nouveau.) A travers mes nouvelles oeuvres, Jean, nous continuons à collaborer. Tu es toujours présent même si ces tableaux ne te ressemblent pas.
ORDRE - CHAOS - CONCRET - ABSTRAIT - COMPOSITION - DÉCOMPOSITION. L'ETERNEL RETOUR.
Ces idées prirent forme dans ma tête à travers une intuition.
Mon premier sujet fut le Dieu Hindou Ganesh, porteur de chance et de bonheur.
Les tableaux éclatants sont devenus mes copains, mes compagnons.
Une photo cellule électrique les met en marche, donc il suffit que quelqu'un marche devant pour qu'ils s'animent.
Si je descends au milieu de la nuit pour manger une banane, je suis accompagnée de jeux de lumière - son - mouvements et bruits doux.
J'ai décroché tous mes anciens tableaux et je vis seulement avec eux. » Niki de Saint Phalle, Lettre à Jean Tinguely, 1993 Publié à l'occasion de l'exposition éponyme à la galerie Vallois, Paris, en 2023. -
Nouveau Réalisme = nouvelles approches perceptives du réel
Rita Cusimano, Catherine Millet, Samuel Gross
- Vallois
- 6 Avril 2022
- 9782956754251
Un ensemble d'oeuvres, de documents, de témoignages, de souvenirs et d'analyses qui offre un aperçu exceptionnel de l'histoire et de la vie du groupe des Nouveaux Réalistes.
La galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois s'est attachée à défendre les artistes du Nouveau Réalisme dès son ouverture. Depuis 1991, les expositions Arman, Jacques Villeglé, François Dufrêne, Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely se sont succédées dans ses espaces. César y a occupé également une place prépondérante. Avoir connu ces artistes, continuer de travailler avec leurs oeuvres les plus significatives, les avoir confrontés dans nombre d'expositions de groupe avec de plus jeunes plasticiens, est l'ADN de la galerie.
La contemporanéité des thèmes abordés dans ce catalogue démontre une fois encore la nécessité d'un regard pluriel pour renouveler notre appréciation de cette extraordinaire génération. Cet ouvrage documentaire, publié en l'honneur des 30 ans de la galerie, met en avant la vie du groupe grâce à un accès exclusif aux archives Villeglé. S'y dévoilent les disputes et les réconciliations, les souvenirs du jour de la signature du Manifeste du Nouveau Réalisme le 27 octobre 1960, racontés par les artistes eux-mêmes à travers des témoignages inédits. Articles de presse, lettres, photos des artistes et des oeuvres clés passées par la galerie accompagnent des textes d'experts pour raconter, sous un nouveau prisme, ce mouvement à « 40 degrés au dessus du zéro-dada », que la galerie représente depuis ses débuts.
Publié à l'occasion de l'exposition éponyme à la galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois, Paris, du 12 juin au 24 juillet 2021. -
Catalogue conçu comme un hommage à l'insatiable curiosité de Jacques Villeglé, explorant les relations qu'il entretenait avec le monde du spectacle (cinéma, danse, théâtre et musique) des années 1950 à la fin de sa carrière, avec des textes de Julie Chaizemartin, Emma Lavigne, et Jeff Mills.
Publié à l'occasion de l'exposition éponyme à la galerie Vallois, Paris, en 2024. -
Un panorama des collages réalisés par l'artiste féministe espagnole Eulàlia Grau au début des années 1970, des photomontages « ethnographiques » de presse, reportés ensuite sur toiles émulsionnées et sérigraphies, opérant une dissection visuelle qui critique les modes de vie du capitalisme et toutes les oppressions.
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Passion potelet
Livia Velpry, Isabelle Cornaro, Julien Berthier, Celine Dauvergne, Florian Fouche
- Vallois
- 26 Février 2025
- 9782378965884
Il est apparu dans les années 1990. Sa mission était d'empêcher les voitures de se garer sur les trottoirs. En trois décennies, il a colonisé toutes les villes d'Europe et au-delà, où il sécurise les cheminements des piétons et mène combat contre le vide. À Paris, on en a dénombré 354 642 en 2013. Trois fois plus nombreux que les arbres, quatre fois plus que les pigeons. Comment se fait-il alors qu'aujourd'hui encore, personne ne le remarque ? Dans nos espaces urbains saturés de signes, là où le banc, le lampadaire et le poteau de signalisation attirent la lumière, les passants et les chiens, il reste l'invisible du mobilier urbain. On ignore jusqu'à son nom. Un potelet ?
Outil de coercition bourré de bonnes intentions, absurdité écologique, sculpture publique impensée, avant-garde de la ségrégation urbaine, plus petit dénominateur commun des capitales européennes, concentré de phallocratie, kaléidoscope de matières, de formes et de couleurs, support d'inscriptions, le potelet brille de toutes ses facettes.
Ce magazine a été discuté et pensé ces trois dernières années avec Livia Velpry, sociologue et autrice. -
Oranges - pancartes - cartes postales
Ben Sakoguchi, Damien Aubel
- Vallois
- 27 Juin 2023
- 9782378964559
Trois séries d'oeuvres auxquelles l'artiste californien d'origine japonaise travaille depuis les années 1970, et un texte, en quatre livrets.
« [...] Est-ce d'avoir été de ces Américains d'ascendance japonaise internés lors de la Seconde Guerre mondiale, est-ce d'avoir eu, parmi les premiers paysages d'une jeune conscience, les élévations des châteaux d'eau et des miradors, et les allées des camps ? Toujours est-il que Ben Sakoguchi ne dispense pas seulement la joie nerveuse, corrosive de l'observateur épris de justesse et de justice ; qu'il y a chez lui l'émollient jamais mièvre d'une douceur aimante - d'une charité, dirions-nous, si le terme ne sentait pas par trop le bénitier et la bonne conscience qui s'y humecte. Car Ben Sakoguchi ne conçoit pas la bonne conscience ; il oeuvre, comme Goya encore, dans ce terroir de crimes où éclosent, prospèrent, se répandent les monstres ; la voilà l'image qui peut élastiquement enclore les données, les procédés, la portée de cet art. L'image qui est image par excellence..., qui est l'image - protéiforme, ramifiée, démultipliée - par excellence de Ben Sakoguchi. Pas uniquement en vertu de la peuplade d'êtres monstrueux dont ses oeuvres sont la tapisserie : Trump, Poutine, Staline, ou ces monstres sacrés que sont les grands remueurs de l'art, Monet, Yves Klein ; pas uniquement en raison de la théorie dolente des ignominies que l'homme inflige à l'homme : racisme, guerre. [...] Publicité, voitures, oranges - en l'espèce les caractères plus anodinement quotidiens, ceux auxquels on est aveugle à force d'usage (tout comme les caractères des lettres qui surabondent dans nombre d'images de Sakoguchi, au point que, dans toute cette congestion verbale, on finit par ne plus voir les mots qu'ils tracent). C'est là, dans le tout-venant des minutes du si tortu « American Way of Life » que s'accuse - à tous les sens du terme - la monstrueuse germination que consigne Ben Sakoguchi, vigie dont l'oeil est aussi éternellement ouvert que celui, extranaturel, du dollar américain. ».
Damien Aubel.
Publié à l'occasion de l'exposition éponyme à la galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois, Paris, du 9 juin au 22 juillet 2023. -
La première monographie consacrée au sculpteur John DeAndrea, membre fondateur de l'hyperréalisme américain avec Duane Hanson, Chuck Close, Richard Estes ou encore Robert Cottingham en 1970, avec une introduction par Catherine Millet, une autobiographie de l'artiste et plus de 200 pages d'illustrations.
« Soyons honnêtes : tous, nous nous sommes encore laissés prendre une fois, la première fois que nous avons croisé sur notre chemin une sculpture hyperréaliste dans une exposition. Même un habitué des galeries et des musées d'art contemporain a pu ressentir ce sursaut mental en apercevant de loin un touriste en chemise bariolée de Duane Hanson ou une jeune femme entièrement nue de John DeAndrea ; l'effet de vérité de ces personnages, leur incongruité ont déchiré l'atmosphère paisible du lieu d'exposition. (...) L'artiste, dont il faut dire qu'il est autant peintre que sculpteur, a consacré des heures et des heures de travail au rendu hallucinant de précision de la carnation, de sa transparence, à l'affleurement de la veine la plus délicate, du grain de beauté, du bouton, de la tache les plus infimes. (...) Il semble que ces sculptures apportent dans le lieu de l'exhibition toute la retenue, la concentration, l'indifférence libidinale qui règnent dans un atelier académique, là où précisément DeAndrea dit avoir découvert sa véritable vocation. » Catherine Millet Publié à l'occasion de l'exposition éponyme à la galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois, Paris, du 8 juin au 22 juillet 2023. -
La série de photomontages sur toiles réalisée par Eulàlia Grau au début des années 1970, réponse transgressive d'une jeune artiste féministe espagnole à la société franquiste autoritaire qui conditionne les pensées et les corps.
« Eulàlia Grau est née en 1946 à Terrassa en Catalogne, dix ans après le début de la guerre civile espagnole, dix ans après l'installation de la dictature de Franco. Elle grandit dans une société autoritaire qui conditionne les pensées et les corps par une idéologie nationaliste, conservatrice, machiste et catholique. En 1972, lorsqu'elle commence la série Etnografia, elle est âgée de vingt-six ans - Franco est toujours au pouvoir. L'ensemble apparaît comme une réponse percutante et transgressive d'une jeune artiste qui ne supporte plus le poids de cette autorité multiforme. Etnografia compte seize photomontages montés sur toiles. Eulàlia Grau les nomme peintures, bien qu'elle n'ait jamais peint. Le choix technique correspond à une urgence politique. À la surface de la toile sont collées des images, extraites de journaux, d'affiches et de magazines imprimés. Les images sont agrandies, recadrées et associées entre elles. Les formats dépassent largement ceux des pages des revues pour instaurer un rapport physique avec les photomontages. [...] Eulàlia Grau y traite des connivences masculines au mépris des femmes, des personnes racisées, des personnes précaires, de la vie non humaine et des résistant.es. Les oeuvres manifestent les violents écarts entre les classes sociales, ainsi que le fantasme d'une société où chacun.e est bien à la place que le pouvoir lui impose.
Le titre Etnografia, renvoie à une étude de terrain des modes de vie, des moeurs et de la culture d'une société donnée. Sur une période de deux années, entre 1972 et 1974, Eulàlia Grau propose de passer au crible la société espagnole d'un point de vue situé : celui d'une jeune femme catalane privée de ses droits fondamentaux, féministe, marxiste. [...] Il est important de noter qu'Eulàlia Grau explore aussi bien les assignations faites aux femmes, que celles faites aux hommes dont les rôles se résument à être des footballeurs, des bodybuilders, des amateurs automobiles, des hommes d'affaires, des militaires, des dictateurs ou encore des gangsters.[...] Les oeuvres engagent alors à une prise de conscience, à une révolution totale, à une déconstruction des dominations systémiques en Espagne et partout ailleurs. Le contexte artistique des années 1960-1970, largement in"uencé par le Pop Art et les bouleversements aussi bien géopolitiques que sociétaux, a amené les historien.nes de l'art à ranger Eulàlia Grau dans la maison du Pop Art. Pourtant, [...] elle se reconnaît et s'identi!e davantage à l'héritage dadaïste qui a participé à une remise en cause plastique et politique des systèmes de dominations qui agissent dans toutes les sociétés. [...] Ses oeuvres s'inscrivent dans un mouvement artistique international régi par une urgence de la contestation, de la désobéissance et de l'opposition radicale.. ».
Julie Crenn.
Publié à l'occasion de l'expositionéponyme à la Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois, Paris, du 9 septembre au 8 octobre 2022. -
Monographie dédiée aux productions réalisées au début des années 1970 par Peter Stämpfli, peintre suisse majeur du Pop art et de la Figuration narrative, période à partir de laquelle il se consacre à la figure du pneu, avec deuxs essais de Didier Semin et Gaël Charbau.
« Raymond Hains aimait employer, pour désigner l'annexion par les artistes, dans les années 1960, d'un bien commun proclamé contre toute raison apparente leur propriété et leur marque de fabrique, le nom d'une pratique médiévale depuis longtemps tombée en désuétude : le "droit d'aubaine". [...] Cette appropriation n'est aucunement le fait d'une décision arbitraire et concertée : Sta¨mpfli en est venu à concentrer sa peinture sur la représentation des sculptures de pneumatiques au terme d'un lent processus, où l'intuition, et l'exploration visuelle, non le calcul, ont joué un rôle essentiel. En 1962, il a délaissé l'expressionnisme abstrait (qu'il pratiquait encore au moment de son arrivée à Paris en 1959) pour une figuration réaliste élégante et économe, proche de la peinture de Tom Wesselmann (l'un des grands noms du pop art, pas toujours reconnu à son juste rang) bien qu'il n'y ait avec l'artiste américain aucun lien d'influence. Sept années durant, il s'est concentré sur les images du quotidien, épurant peu à peu ses tableaux pour ne garder souvent que des fonds verts ou blancs : durant cette période de maturation, il a resserré tout à la fois ses cadrages [...] pour réduire ceux-ci à l'automobile tout d'abord, puis aux roues, et enfin aux pneumatiques. » Didier Semin Publié à l'occasion de l'exposition éponyme à la Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois, Paris, du 9 septembre au 9 octobre 2022. -
Catalogue réunissant les séries de travaux réalisées autour du mobilier par deux artistes de générations différentes mais ayant en commun un même refus de l'autorité, les tableaux d'Enrico Baj produits au début des années 1960 répondant aux sculptures inédites de Martin Kersels.
Trente-cinq ans séparent les deux artistes réunis à la faveur de leurs séries mobilières respectives. Ce rapprochement montre que les deux hommes ont bien plus en commun. S'ils ne partagent pas le même style artistique ou la même conception de l'art, l'ai^né a encore besoin de cimaises pour suspendre ses peintures tandis que le cadet réalise une oeuvre « qui ne s'accroche pas forcément sur un mur ou dans une vitrine ». Ils ont ce gou^t politique semblable qui fait de leur production plastique un plaidoyer contre l'art bourgeois. En choisissant tous deux l'absurde et le grotesque comme expression de leur travail, ils dénoncent le conformisme de la société qui est la leur. Les meubles qu'ils représentent sont cabossés, branlants, reconstitués, tordus. De leur fragilité anthropomorphe nai^t une résistance au conservatisme qui revendique le droit à la différence, à la précarité, à la chute. S'ils ne l'expriment pas de la même fac¸on, mais toujours avec de l'humour, qu'il soit cynique ou nostalgique, Enrico Baj et Martin Kersels laissent tomber les masques que chacun de nous porte, perpétrant une comédie sociale dans laquelle triomphent les faux-semblants et l'hypocrisie.
Publié à l'occasion de l'exposition éponyme à la galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois, Paris, du 10 juin au 23 juillet 2022.