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À quarante-quatre ans, Katja se sent comme perdue au milieu d'un grand lac : son fils envolé, un mari malade, une carrière d'écrivaine qui bat de l'aile... Elle se lance dans une formation de pédicure, puis s'installe dans la banlieue de Berlin-Est, à Marzahn, où les habitants de la plus grande cité de l'ex-RDA viennent lui confier leurs pieds, usés par la vie. Tous ont besoin d'être rafistolés. Leurs pieds cabossés racontent l'histoire de petites gens, de celles qu'on n'entend jamais, des histoires miraculeuses, universelles.
Avec gaieté, humanité, Katja Oskamp cisèle des portraits authentiques, mêlant à son écriture sobre et sincère un humour subtil. -
Tout commence dans la bonne société de Vienne, en 1909. Au cours d'un récital privé, on découvre le corps sans vie du célèbre acteur Eugen Bischoff. Les circonstances de sa mort sont pour le moins mystérieuses - suicide provoqué ou meurtre maquillé ? Les soupçons se portent bientôt sur le baron von Yosh, un homme froidement calculateur, étrangement rêveur et notoirement amoureux de Dina, l'épouse de Bischoff.
Mais l'enquête menée en secret par Solgrub, membre lui aussi du petit cercle, bascule soudain dans l'irrationnel le plus complet : le meurtrier, qui n'en est d'ailleurs qu'à ses débuts, ne serait pas un être de chair et de sang...
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À la conquête du trésor des Aztèques, Cortez ouvre sans relâche pour la gloire de Charles Quint. Franz Grumbach, lui, voue une haine féroce aux conquistadors et à leurs inquisiteurs. Il choisit son camp : ce sera celui de Grand Roi Montezuma. Seul ou presque, rebelle sans arme, Grumbach s'en remet au Diable, qui le dote d'une arquebuse et de trois balles.
Premier roman de Leo Perutz, la Troisième Balle est une ouvre baroque, savamment construite, où ne cessent de se télescoper le réel et l'imaginaire fantastique en un labyrinthe haletant, irrésistible.
« Perutz est un prestidigitateur magnifique, un manipulateur de l'étrange, un maître du récit. » Olivier Cena, Télérama Roman traduit de l'allemand par Jean-Claude Capèle
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Juillet 1944, le temps d'une attaque aérienne sur une grande ville allemande. Dans cet univers d'horreur où luisent les derniers feux du fanatisme, subsistent malgré tout des preuves d'humanité : le lieutenant qui refuse une mission absurde ; le radio qui n'ose pas dire la vérité à une mère ; l'aviateur américain qui lance des bombes sur le cimetière pour ne faire mourir que des morts. Des hommes et des femmes qui, dans l'urgence de survivre, tentent de ne pas oublier qu'ils sont encore vivants. Né en 1921 à Leipzig, Gert Ledig est emporté comme tant d'autres jeunes Allemands dans les tourments de la guerre, en France puis devant Leningrad, où il combat avant d'être rapatrié à la suite d'une blessure. Son premier roman, les Orgues de Staline, paraît en 1955 et connaît un succès international. Suivent Sous les bombes ? bien plus qu'un roman de guerre, l'un des premiers témoignages littéraires sur la souffrance allemande, salué par W. G. Sebald ? et Après-guerre.
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En 1932, Georg Friedrich Amberg, jeune médecin engagé par le baron von Malchin, quitte Berlin pour le lointain village de Morwede. Afin de soigner les paysans ? Pas si évident, car dans le secret de son laboratoire le baron vient de découvrir la neige de saint Pierre, un champignon parasite du blé capable d'agir sur les esprits comme une drogue. Et dont il compte bien se servir pour restaurer la ferveur religieuse... et le Saint Empire romain germanique.
Mais la drogue, expérimentée sur les paysans de Morwede et l'entourage du baron, les fera brandir le drapeau d'une tout autre religion...
Sous forme d'une enquête aux allures de rêve hallucinatoire, la Neige de saint Pierre est le roman de la manipulation et du pouvoir, de la frontière fragile et confuse qui sépare la raison et la folie.
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Ecrit en yiddish en 1943 dans le camp de Vittel et miraculeusement sauvé, le Chant du peuple juif assassiné est un témoignage unique sur la barbarie nazie et le ghetto de Varsovie. C'est aussi et surtout un chef-d'oeuvre absolu qui interpellera à jamais les générations futures par sa beauté littéraire comme par sa bouleversante humanité.
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Dans les années cinquante, Arnold Sundstrom, architecte réputé et pilier du pouvoir communiste en place, travaille à la construction d'une avenue prestigieuse dans une ville de RDA. Un jour revient d'un camp sibérien son ami et collègue, Daniel Tieck. Sundstrom lui offre un poste et l'hospitalité. Peu à peu, la présence de Tieck, ses conceptions de l'architecture et du socialisme, à l'opposé de celles de Sundstrom, ouvrent les yeux de Julia sur la véritable personnalité de son mari. Car Julia est la fille d'amis de Sundstrom : Babette et Julian Goltz, communistes allemands exilés en URSS après 1933, puis dénoncés, arrêtés, et morts, elle en prison, lui sous les balles staliniennes.
Les Architectes est un roman dense, d'une forte tension narrative. Comme Julia, on veut connaître la vérité sur la mort de ses parents. Pourquoi ont-ils été arrêtés ? Étaient-ils vraiment coupables ou quelqu'un les a-t-il trahis ? L'enquête de Julia et de Tieck prend des allures de roman noir. De roman sentimental, aussi ; les questions que se pose Julia minent les relations d'un couple présenté, au début, comme idéal. Un jeune architecte épris de Julia décide de profiter de la situation... Enfin de roman politique : l'action se passe au moment de la déstalinisation en URSS, qui n'a pas encore atteint la RDA. On assiste à un tournant passionnant de l'histoire. Au destin d'un homme, aussi, Arnold Sundstrom, dont la gloire, la chute et la nouvelle ascension rythment le livre.
Helmut Fliegl, né en 1913, quitte l'Allemagne nazie dès 1933 pour Prague - où il prend le pseudonyme de Stefan Heym. Puis il émigre aux États-Unis, publie son premier roman (1942), en anglais, et participe au débarquement en Normandie avec l'armée américaine. Il quittera les États-Unis au moment du maccarthysme et de la guerre de Corée pour Prague, puis Berlin-Est, où il s'installe avec sa femme en 1952.
Le régime s'accommode de Stefan Heym, " marxiste critique ", jusqu'au roman 5 Tage im Juni (" Cinq jours en juin ", 1974) qui sort en Allemagne de l'Ouest où seront désormais publiés ses livres. Exclu de l'Union des écrivains, son audience en RDA ne cesse néanmoins de croître.
Jouant un rôle politique important, il continue de publier et d'intervenir dans le débat public jusqu'à sa mort, à Jérusalem, en décembre 2001.