Cet ouvrage regroupe les textes présentés lors du colloque international « Grandes » et « petites » langues et didactique du plurilinguisme et du pluriculturalisme. Modèles et expériences qui s'est tenu à Paris, en juillet 2006 dans les locaux de la Sorbonne, à l'initiative de l'Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO). Il s'agissait de mobiliser internationalement les acteurs concernés par une réflexion sur une didactique du plurilinguisme et du pluriculturalisme en construction en Europe. En se donnant pour objet d'identifier les modèles didactiques et leur circulation d'une langue à l'autre, ces travaux interrogent, chacun selon l'angle spécifique de son terrain, de son contexte ou des pratiques analysées, ce que le sens commun désigne par « grandes » et « petites » langues. Celles-ci sont appréhendées ici en tant que représentations sociales et catégorisations qui fluctuent au gré des histoires nationales, des renversements géopolitiques et des visions du monde traversées par les profondes mutations résultant de la mondialisation.
« Cultivons notre jardin ! » écrivait Voltaire. Notre jardin éthique en particulier, car l'éthique s'invite au coeur de notre vie quotidienne comme dans les grands problèmes de l'Humanité, en tous temps, en tous lieux, en toutes circonstances. La méthode ici exposée cherche à donner des pistes d'interrogation et de travail sur la recherche éthique. Sous la forme d'un manuel, cet ouvrage donne les clés nécessaires pour appréhender toute problématique éducative, en famille comme à l'école, au travail comme dans les loisirs. On trouvera une illustration de la recherche éthique à travers le roman Lisa, édité en parallèle chez PIE Peter Lang, qui rend compte des aventures d'une jeune adolescente curieuse et volontaire.
A l'heure où le théâtre s'interroge sur sa place dans une culture de masse dominée par l'industrie du spectacle, l'oeuvre de Dubillard descend en lui-même pour sonder tout ce qui ne va plus de soi, tout ce qui aurait pu aller sans dire lorsqu'un auteur dramatique contemporain, par comédiens et personnages interposés, s'adresse à un public: les liens qui le relient à sa propre histoire de sujet, à ses précurseurs, aux mots qu'il emploie, aux matériaux de la communication dramatique, aux spectateurs présents et futurs. En démontant si parfaitement les mécanismes de la création, le théâtre de Dubillard nous parle à la fois de lui-même et de sa relation à tout le reste. S'appuyant sur la sémiologie et la psychanalyse, ce livre propose une lecture ambitieuse de l'oeuvre de Dubillard, une étude se plaçant dans l'espace potentiel entre le texte et sa représentation.
Si Lion Feuchtwanger (1884-1958) doit sa célébrité internationale au roman historique Jud Süss (1925), il n'en a pas moins écrit une oeuvre théâtrale importante - seize drames originaux et une dizaine d'adaptations - qui accompagne presque toute sa carrière d'écrivain, de 1905 à 1948, de Munich à Berlin, puis en exil, aux Etats-Unis. Dramaturge avant de découvrir son talent de romancier, il a expérimenté tous les genres, de la comédie de salon au drame historique et philosophique, en passant par la chronique actuelle et la revue satirique. Méconnue par les chercheurs ou trop exclusivement mesurée à l'oeuvre de Brecht avec qui Feuchtwanger a collaboré de 1919 à 1943, cette production dramatique est étudiée ici dans le détail des textes, dans une succession chronologique qui en fait apparaître les lignes d'évolution formelle et thématique ainsi que l'ancrage dans le contexte politique et culturel du temps. La présente étude s'attache en outre à analyser à partir d'exemples précis la double écriture, romanesque et dramatique, de l'écrivain sur un même sujet. Une place importante est accordée à l'histoire de la réception, fort fluctuante, de ce théâtre qui trouve, aujourd'hui encore, sa place sur les scènes allemandes.
Fondé en 1949, au terme de la Seconde Guerre mondiale, le Conseil de l'Europe a le but de réaliser une union plus étroite entre ses membres afin de sauvegarder et de promouvoir les idéaux et les principes démocratiques. L'adhésion de la Turquie au Conseil de l'Europe conférait au pays, en 1949 et pour la première fois, une identité européenne et démocratique, un caractère à forte variable symbolique sur la scène internationale. Au cours de suspension de la démocratie, en maintenant la Turquie en son sein, il montrait l'importance qu'il attachait à ses relations avec Ankara afin que le pays assure un retour rapide à une démocratie parlementaire conforme aux principes européens. En outre, la qualité de membre de cette organisation était devenue l'occasion d'acquisitions majeures pour le citoyen turc qui profitait et use toujours des standards produits et développés par le COE sur le plan des droits de l'homme, de l'état de droit et des libertés fondamentales qui sont les piliers de la sécurité démocratique.
Le christianisme celte, les origines de la franc-maçonnerie ou certains rites inexplicables chez les Templiers sont autant de questions restées sans réponse jusqu'ici, auxquelles se heurte notre compréhension du Moyen Âge. Ce livre propose d'apporter des solutions à ces difficultés à la lumière des traditions qui faisaient de Jésus-Christ « simplement un homme », héritées de la première communauté judéo-chrétienne de Jérusalem dirigée par le frère de Jésus. L'auteur montre comment cette hérésie a pu traverser les siècles jusqu'au Moyen Âge. Pour les uns elle était l'héritière de la foi chrétienne originelle, pour les autres elle permettait de réconcilier la religion du Christ avec la raison et la logique. Il apparaît alors que les traditions issues de cette foi dissidente se retrouvent dans les manuscrits fondateurs de la franc-maçonnerie médiévale, ce qui pourrait éclairer d'un jour nouveau tant les origines de la franc-maçonnerie que celles de la religion celtique, ou encore la genèse du rite - reconnu bien réel - du crachat sur la croix chez les Templiers, ainsi que le symbolisme très particulier de certaines cathédrales du Moyen Âge.
Albert Schweitzer fut un homme de premier plan dans bien des domaines. Comme théologien, philosophe, musicien et surtout comme médecin, il est universellement connu et entouré d'un véritable mythe. Contrairement à ce qui est communément admis, c'est à Schweitzer lui-même que la construction de ce mythe est pour la plus grande partie redevable. L'essentiel de ce que l'on sait sur la vie et la carrière de l'illustre médecin de la forêt équatoriale a comme source ses écrits autobiographiques. L'originalité de la présente étude est de confronter pour la première fois à la réalité historique les informations livrées par Schweitzer relativement à sa carrière, ses recherches et sa philosophie. De cette confrontation il ressort que, dans bien des cas, Schweitzer se dépeint sous un jour qui est peu conforme à la réalité.
Le premier semestre de l'année 1972 est marqué par des événements ou des gestes spectaculaires qui sont autant de tournants dans les relations internationales. Il s'agit de deux phénomènes transnationaux : l'environnement et le terrorisme, et de deux phénomènes dans le domaine des relations inter-étatiques. C'est en particulier le cas de la première Conférence mondiale sur l'environnement tenue à Stockholm en juin avec plus de mille participants représentant 132 États. Bien que chacun d'entre eux ait ses propres revendications, le vrai critère de division sépare les pays industrialisés des pays en voie de développement qui refusent d'entraver leur industrialisation sous couvert de défense de l'environnement. Dans l'article 21 de la déclaration adoptée à l'unanimité, il est fait implicitement référence aux dommages que pourraient causer les armes de destruction massive. Et c'est la France qui est visée parce qu'elle a repris ses expériences nucléaires dans l'atmosphère en Polynésie depuis 1966. L'opposition des États du Pacifique est virulente, les tentatives d'amadouer les Péruviens sont vaines et la campagne de l'ONG Greenpeace, qui envoie un bateau dans la zone d'expérimentation, embarrasse les autorités françaises. L'autre phénomène transnational est le terrorisme, qui sévit en Allemagne fédérale depuis 1968, à l'initiative de la Fraction Armée rouge connue aussi sous le nom de bande à Baader; mais surtout au Proche-Orient avec l'attentat spectaculaire à l'aéroport de Lod (30 mai 1972) à l'arrivée de l'avion d'Air France, occasion pour les Israéliens de mettre en cause les autorités françaises qui s'ajoute au catalogue de reproches faits par Tel Aviv à Paris, dressés avec doigté par l'ambassadeur F. Huré. Enfin, deux phénomènes importants sur le plan inter-étatique : la naissance d'un nouvel État qui n'est pas le fruit de la décolonisation. Cet événement inédit embarrasse la diplomatie française qui reconnait le Bangla-Desh, mais ne veut pas que ce geste soit interprété comme « un geste hostile » à l'égard d'Islamabad, tout en souhaitant maintenir de bonnes relations avec New Delhi. Et l'ambassadeur de France à Dacca plaide pour une aide économique rapide et intelligente pour sortir ce pays de la misère. L'autre événement stupéfiant, quand on sait l'animosité des relations entre Pékin et Washington depuis 1949, est la visite du président Nixon en Chine (21-28 février), malgré la guerre du Vietnam et le problème de Taïwan, au point que notre ambassadeur à Pékin dit éprouver « le malaise naturel d'une rencontre gênante ».
Technologie qui a créé les armes les plus terrifiantes mais contribue à satisfaire les besoins énergétiques, le nucléaire engendre passions et craintes. Ce livre raconte un siècle de créations enthousiasmantes pour les uns, insupportables pour d'autres, les combats politiques, les grandes manifestations d'opposition et les oeuvres de fiction qu'elle a suscités. On y retrouve entre autres les applications délirantes qui ont suivi la découverte du radium, l'opération sans pareille que fut le développement secret de la bombe atomique, l'enthousiasme des constructeurs des premières centrales nucléaires, les manifestations d'opposition parfois festives parfois dangereuses, les tragiques accidents de Three Mile Island, Tchernobyl et Fukushima. On y rencontre aussi les nombreux romans et films que cette épopée engendra : de H.G. Wells aux Simpson, du Syndrome chinois aux James Bond, les auteurs se sont parfois souciés de vérité mais ils ont surtout voulu, en reflétant les anxiétés de la société, créer des histoires captivantes.
Nos sociétés de l'information voient se multiplier les bases de données administratives et les enquêtes : force est cependant de constater que leur exploitation se limite encore trop souvent à des analyses purement descriptives. Or, en résonance à la complexité du social, l'analyse multivariée des données s'impose. Elle permet non seulement d'affiner l'analyse descriptive, mais aussi de mieux comprendre les mécanismes multiples qui sous-tendent la plupart des phénomènes sociaux. S'adressant aux étudiants, enseignants, chercheurs, services d'études des administrations et du secteur privé, ce manuel offre une introduction à l'analyse multivariée des données en sciences sociales. Toutes les étapes de la recherche y sont balisées, depuis la préparation des données brutes jusqu'à leur analyse multivariée en passant par la construction d'indicateurs, la conception des relations entre les variables et leur analyse descriptive. La transmission d'expériences et de savoir-faire est privilégiée tout au long de l'ouvrage, avec ce que cela comporte de stratégies de recherche à envisager, de pièges à éviter et de précautions à prendre. C'est pourquoi la présentation des méthodes d'analyse multivariée est à chaque fois illustrée par une application concrète dans le domaine du social, de l'histoire, de la démographie ou de la politique.
Cet ouvrage se penche sur le regain d'importance qu'ont pris les organisations régionales dans les relations internationales de l'après-guerre froide marquées, notamment, par l'accélération de la globalisation et de la diffusion du pouvoir mondial. L'ouvrage s'intéresse au rapport des régions à la transformation en cours des équilibres mondiaux et partant au sens qu'elles insufflent à l'ordre international actuel. Chaque projet régional est porteur à l'extérieur de normes et règles qui lui sont propres, ce qui n'est pas sans produire une concurrence entre groupements. Cette rivalité entre blocs régionaux existe tant au niveau de chaque continent qu'à l'échelle planétaire. Bien que cette concurrence est loin de constituer un phénomène nouveau, elle a pris de l'ampleur avec, notamment, la prolifération de toute une série de méga-blocs régionaux, d'associations transrégionales ou de coopération interrégionale (TTIP, TTP, « une ceinture, une route », Union eurasienne, RCEP, partenariat UE/CELAC, Asem), dont l'objectif premier est de façonner l'ordre mondial en fonction des attentes des acteurs qui les composent. Il est donc question d'étudier la place et le(s) rôle(s) des groupes régionaux, interrégionaux et transrégionaux émergents dans l'ordonnancement des relations internationales à l'heure de la multipolarisation progressive des affaires mondiales et de la crise de la gouvernance mondiale.
Aujourd'hui, la lutte contre la diffusion des armes nucléaires dans le monde est une priorité du gouvernement français. Mais pendant longtemps les acteurs diplomatiques français ont refusé de suivre les règles multilatérales dans ce domaine central de la politique internationale. Comment expliquer que la France soit devenue l'un des principaux promoteurs de la norme de non-prolifération nucléaire après s'en être tenue à distance ? Pour répondre à cette question, ce livre refuse d'opposer deux approches traditionnelles de l'étude des relations internationales en mobilisant les outils et les méthodes de la sociologie politique. Il traque ainsi les contraintes du système international dans les effets qu'elles exercent sur les luttes et les alliances entre les différentes bureaucraties intervenant dans la définition de la politique française de non-prolifération et sur les représentations et les actions des diplomates, hauts fonctionnaires et responsables politiques impliqués. À partir d'une enquête de terrain approfondie sur les exportations menées dans les années 1970, la participation au désarmement de l'Irak au début des années 1990 et les initiatives prises autour de la question du nucléaire iranien depuis 2003, les transformations de la politique étrangère de la France sont rapportées aux évolutions de la division du travail diplomatique. Ce faisant, ce livre pose des jalons qui permettent de mieux rendre compte des pratiques diplomatiques et de penser autrement ce qu'est l'international.
Les contributions réunies dans cet ouvrage sur les guerres balkaniques se veulent une interrogation sur leur impact international et dans les sociétés concernées, elles questionnent également la mémoire qu'elles y ont laissée et le rôle de celle-ci dans les relations interétatiques. Les auteurs s'intéressent tout d'abord aux conflits régionaux et aux questions territoriales, à l'expérimentation de la guerre et à la notion de patrie, aux relations entre civils et militaires, aux bandes armées. Un deuxième thème concerne plus particulièrement l'Empire ottoman puis la Turquie à travers l'importance de la Méditerranée, les indépendances successives des pays balkaniques, le devenir des villes ottomanes. La troisième partie renvoie à une tendance actuelle de la recherche qui entreprend de faire l'histoire des interventions internationales et des opérations de paix : l'action de la fondation Carnegie ; la spécificité de la diplomatie balkanique ; l'absence des grandes puissances et la fin du concert européen. Enfin, la quatrième partie traite des mémoires des guerres balkaniques : imagologie, censure et caricature ; les propagandes comparées des belligérants et des grandes puissances ; lieux de mémoire ; pour une écriture commune de l'histoire du conflit.
Cette étude se propose de donner quelques clés essentielles pour une compréhension de la fracture identitaire qui parcourt la société ukrainienne et que la Révolution orange a révélée au monde occidental. Elle retrace l'évolution de l'idée nationale, de son éclosion au début du XIXe siècle jusqu'à la proclamation de l'indépendance en 1991, en passant par les luttes, non abouties, des mouvements de libération sociale et nationale des années 1920. La Seconde Guerre mondiale y occupe une place déterminante, telle une matrice de deux narrations concurrentes qui commanderait les logiques interprétatives de l'ensemble du récit national. Faut-il parler d'« occupation soviétique » ou de « libération » ? L'Holodomor, terme forgé sur le modèle de l'Holocauste pour désigner la Grande Famine de 1932-1933, est-il « un génocide » perpétré par le régime stalinien contre le peuple ukrainien, ou « une tragédie collective », commune aux peuples asservis par Moscou ? Même le très consensuel Tarass Chevtchenko, poète romantique du XIXe siècle, n'échappe pas au conflit d'interprétations. L'auteure, ethnologue d'origine ukrainienne immigrée au Québec, utilise une approche qualifiée de « proximité distanciée » pour analyser les sensibilités contrastées développées à l'Est et à l'Ouest, dans le contexte de deux expériences majeures du XXe siècle qui les ont profondément marquées, le communisme et le nationalisme.
Depuis plusieurs décennies, les usages du numérique en histoire se multiplient. Mais l'histoire contemporaine est parfois restée à la marge de ce mouvement. Ce livre, qui recouvre divers usages du numérique, ses outils, ses méthodes, sera à la fois une bonne introduction pour les historiens désirant se renseigner sur les usages informatiques en histoire contemporaine, et un outil utile aux chercheurs et aux enseignants plus rompus à cette utilisation. Cet ouvrage leur permettra de comparer leurs pratiques et de les approfondir dans le cadre des humanités numériques. Digital practices in the field of history have become more and more widespread in recent decades, but contemporary historians have often tended to remain on the sidelines of this trend. This book, which covers a wide range of digital practices, tools and methods, will serve both as a solid grounding for historians keen to learn how information technology can be applied to contemporary history, and as a useful tool for researchers and lecturers who already have a degree of experience in this area. It will enable scholars to compare and further their practices in the area of digital humanities, providing a comprehensive vision of the emerging field of digital history.
Rudolf Hermann Lotze (1817-1881) fut l'une des figures majeures de la philosophie allemande au XIXe siècle. Philosophe, logicien, psychologue, médecin, il a connu à son époque une renommée extraordinaire. Professeur de philosophie à l'Université de Göttingen, où il succéda à Herbart, il mena un parcours de recherche aussi original qu'influent. Entre romantisme et positivisme, entre naturalisme et historicisme, sa doctrine ne s'est jamais confondue avec les courants les plus importants de son époque. Admirée et suivie, autant en Allemagne qu'à l'étranger, sa pensée fut ensuite, après sa mort, condamnée à l'oubli en raison de son supposé éclectisme méthodologique et, finalement, classée sous la rubrique ambiguë d'« idéal-réalisme ». Le legs de Lotze s'inscrit dans un rapport complexe à la phénoménologie, à la philosophie analytique naissante, au pragmatisme américain et au néokantisme allemand jusqu'à Heidegger. L'analyse de ce legs n'a cependant jamais bénéficié d'une réflexion critique capable d'en mesurer la portée et les limites. Par un travail d'évaluation historico-critique, ce volume se propose de combler cette lacune.
Le Cerrejón est une opération d'exploitation à grande échelle de charbon minéral à ciel ouvert dans la péninsule Guajira. Ce projet minier, dont les installations se composent d'une mine, d'une voie ferrée et d'un port maritime, date de la fin des années 1970, fruit d'une association entre l'État colombien et une filiale d'Exxon, multinationale états-unienne. L'installation de la mine, transformant le territoire, l'économie ainsi que l'ordre social et politique, fut un événement fondamental dans l'histoire des Wayuu ou Goajiros, habitants ancestraux de la péninsule, qui virent leurs conditions de vie bouleversées. Cette étude propose une analyse du processus d'articulation des Indiens au projet minier. Les questions se centrent sur les relations entre les Wayuu, la multinationale et l'État, sur une période de près de trente ans (1976-2004). L'analyse aborde deux processus en interrelation. Le premier est l'activation de stratégies par les Wayuu, pour faire face et s'adapter à ce projet géo-politico-économique. Le second est celui des mécanismes mis en oeuvre par l'État et la multinationale pour installer la mine et assurer sa viabilité et sa sécurité. Les Wayuu n'ont pas résisté au « développement ». Ils en ont réinterprété les perspectives afin d'envisager leurs projections de vie, à l'aune de leurs nouvelles conditions d'existence. Le développement s'est progressivement constitué dans une dimension politique renvoyant à une théorie de gestion du futur garantissant les axes de la reproduction socioethnique wayuu. C'est à travers la production d'une politique de revendication identitaire que les Wayuu se sont finalement articulés au projet minier, promis à durer trente ans de plus, sans pour autant se soumettre à son « inévitabilité ».
Une même question a été posée à une équipe de chercheurs spécialisés dans les relations du travail dans les principales économies post-industrielles de ce début du 21e siècle : comment a évolué la régulation sociale dans les entreprises depuis une trentaine d'années ? Leurs réponses montrent que les restructurations économiques, l'européanisation et la mondialisation ont conduit à d'importants changements, rarement volontaires, dans les relations entre les « partenaires sociaux » : organisations syndicales et patronales, sans oublier l'État, qui joue souvent un rôle d'arbitre. Ainsi, les modèles nationaux hérités du 20e siècle ont été remis en cause. Les particularismes se sont effacés pour laisser place à des cadres plus fragiles et plus fluctuants. Ce livre dresse un état des lieux précis des principaux changements qui ont affecté les syndicats et le dialogue social dans les entreprises en Europe et Amérique du Nord. Il permet de dépasser les idées reçues concernant les modèles anglo-saxon, scandinave, rhénan et latin.
Au XXe siècle, l'Europe centrale et orientale a été l'épicentre de tensions internationales. Soumise aux ambitions de puissances totalitaires, elle a connu leur emprise idéologique. La diplomatie culturelle déployée par la France dans cet espace, de 1936 à 1940 puis dans les années succédant à la Seconde Guerre mondiale, a eu une double dimension : stratégique et idéologique. À partir d'archives et d'entretiens, ce livre en étudie les enjeux, les modalités, les adaptations renouvelées, les limites. Il observe les continuités et les évolutions entre les deux temps, et, sous l'angle culturel, appréhende la complexité d'une entrée en guerre froide. Dans la fin des années 1930, l'affirmation culturelle est ambitieuse, multiforme, face aux avancées de l'Allemagne nazie et de l'Italie fasciste ; elle connaît des inflexions après « Munich », en particulier une symbiose entre « culture » et « information ». Ultérieurement, alors que les Alliés, vainqueurs, sont très présents, il s'agit d'une reconstruction pour retrouver une position d'influence. La France de 1945, affaiblie, mobilise ses ressources ; elle affiche sa proximité avec les mutations en cours à l'Est. Rapidement, le contexte international, l'évolution des États sous tutelle soviétique, les choix de la France - intérieurs et en politique étrangère - s'interposent dans la poursuite de l'action. Aux espoirs de concordances succède un réalisme face à une « Normalisation ». Une diplomatie culturelle « en résistance » est confrontée à une élimination programmée par le Kominform et ses relais. L'éviction du Bloc de l'Est s'inscrit dans un processus qui atteint l'ensemble des puissances occidentales.
À partir du XVIe siècle, les colonisations européennes constituent non seulement un des principaux vecteurs de la mondialisation économique et culturelle mais aussi l'instrument d'une profonde reconfiguration sociale. Ainsi émergent des sociétés coloniales au sommet desquelles s'affirment des élites distinctes à la fois de celles du vieux continent dont elles sont originaires et de celles des mondes américains, asiatiques, africains ou océaniens qu'elles supplantent, remplacent ou dédoublent. Les élites européennes apparaissent comme une des pierres angulaires du système colonial. À travers une étude comparée des empires sur la longue durée, cet ouvrage analyse l'origine, la formation et la mobilité des élites, leur mode de vie et leurs liens avec les métropoles et les sociétés autochtones. Les contributions d'historiens allemands, anglais, belges, canadiens, états-uniens, hollandais, italiens, portugais, russes et français permettent de repenser la question de la domination coloniale au travers du prisme original de l'histoire sociale. Cet ouvrage restitue aussi la diversité des élites (colons, noblesses, créoles, administrateurs, militaires, etc.) et des situations coloniales modernes et contemporaines. From the 16th century, European colonization paved the way for economic and cultural globalization and for a deep social reconfiguration. As a result, at the top of the colonial societies new elites emerged that were different from those of the old continent and the indigenous elites. European elites seem to be one of the cornerstones of the colonial system. This book highlights the diversity of elites (settlers, nobilities, Creoles, civil servants, officers, etc.) and the variety of colonial situations from the 16th century to the 20th century. Neglected for a long time, the history of imperial societies gives a new slant to colonial studies. A long-term and comparative study of empires sheds light on the origins, education and mobility of elites, their way of life and relationships with metropolitan and indigenous societies. Contributions from American, Belgian, British, Canadian, Dutch, French, German, Italian, Portuguese and Russian historians allow us to rethink the issue of colonial domination through the prism of social history.
À l'heure de l'élection du premier président noir des États-Unis, le paradigme de la démocratie raciale connaît une remise en cause sans précédent au Brésil où il vit le jour dans les années 1930. Si la célébration du paradis racial a depuis longtemps fait place à la dénonciation de l'enfer vécu par les populations indiennes et afro-brésiliennes, l'adoption du principe d'action affirmative suscite de nouvelles polémiques à l'aube du XXIe siècle. Inspiré du multiculturalisme nord-américain, le système des quotas conduit-il à une remise en question de l'identité nationale fondée sur l'idéal du métissage ? Permet-il, au contraire, une meilleure insertion des Noirs et des Métis dans la société ? Réunissant les contributions d'historiens, de sociologues, d'anthropologues et de politistes, cet ouvrage invite à repenser la question raciale dans une perspective comparatiste et transnationale. De la démocratie raciale au multiculturalisme, il propose une réflexion polyphonique sur la manière dont sont conçues les relations interraciales au Brésil, dans les Amériques et en Europe depuis le XIXe siècle. Il analyse la circulation des modèles théoriques et des idées politiques au sein d'un espace atlantique entendu au sens large, incluant à la fois les rivages nord-américains, africains et européens de l'Atlantique noir et les régions afro-latines de l'Amérique du Sud.