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CAMILLE LUSCHER
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Ils étaient cinq, venus des quatre coins du monde : Até Petre, Betty Wang, Kurt, Céline et Anatole. Réunis pour une mission cruciale : dire la vérité au sujet des déchets nucléaires, veiller aux conditions de leur stockage définitif, et surtout transmettre ce message aux générations futures, dans 10'000, 100'000 voire un million d'années. Ils ont créé un ordre érudit avec des rituels bienfaisants, une organisation sociale et politique subtile. Petit à petit l'ordre s'est agrandi, bientôt dix novices les ont rejoints. Mais comment résister face aux intérêts politiques, aux logiques de profit de l'extérieur ?
Pour traiter un des problèmes les plus urgents du monde d'aujourd'hui, Annette Hug tisse un roman foisonnant et visionnaire. -
Une fiction mêlant roman, rapport de recherche, journal intime et essai lyrique, dont la scène initiale, à laquelle le texte revient plusieurs fois, se rapporte à une vente aux enchères des biens personnels de Werner Bruni, le premier gagnant du loto suisse à être devenu millionnaire. Parmi ces objets vendus à la criée, se trouvent de nombreuses statuettes de femmes noires.
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En janvier 1973, Max Frisch emménage à Berlin-Ouest. Il y retrouve d'autres écrivains parmi les plus importants de l'Allemagne de l'après-guerre : Uwe Johnson, Günter Grass. Aux portraits qu'il brosse de ces nouveaux voisins, Frisch ajoute ceux de Christa Wolf et d'autres écrivains qu'il rencontre régulièrement à Berlin-Est. Car il profite de son séjour en Allemagne pour ausculter avec une vive curiosité les rapports politiques et sociaux en RDA, et les révéler de l'intérieur sans jamais oublier sa position d'observateur privilégié. La subtilité de ces analyses confère au Journal berlinois l'intérêt d'un témoignage historique. Elles sont entremêlées de réflexions d'une surprenante actualité sur le quotidien de l'écrivain, son rôle dans la société, les liens d'amitié ou de travail et les attentes qu'ils suscitent, et ponctuées de brefs passages narratifs. Chacune des entrées témoigne du talent d'un auteur soucieux de trouver la forme d'expression la plus juste et d'accéder, par l'écriture, à une meilleure perception du monde et de lui-même.
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La littérature sérieuse n'est jamais suffisament sérieuse, dit-on parfois. Le lecteur s'en doutera, ce petit livre de Max Frisch paru en 1971, bien qu'il ait trait à la naissance de la Confédération Hélvétique est rempli d'irrespect et d'ironie. A rebours de tout manuel scolaire, l'écrivain s'empare du mythe de Guillaume Tell et nous transmet les éléments pour une relecture de l'histoire.
Le texte se développe selon deux axes : les passages narratifs sont régulièrement interrompus par des notes de bas de pages visant à rétablir les sources historiques du récit, références qui proviennent d'ouvrages aussi sérieux que le Livre blanc de Sarnen (1472), la Chronique de la Suisse écrite par Aegidius Tschudi en 1570 ou d'autres ouvrages savants sur l'Histoire suisse, mais aussi de légendes ou remarques plus personnelles. Loin d'attester une vérité historique, c'est au contraire à une véritable déconstruction qu'amène l'utilisation de ces sources doctes.
Grâce à ce jeu de notes scientifiques qui se contredisent l'une l'autre, grâce à l'humour toujours incisif de Frisch, grâce à l'utilisation indéterminée du nom de Konrad von Tillendorf ou Grisler pour celui habituellement reconnu comme le « grand méchant » de la fable, Max Frisch met à jour les incohérences de l'histoire - et de l'Histoire. L'auteur s'amuse de la subjectivité des historiens prétendument « factuels » et ébranle les notions de vérité et de fiction. C'est non seulement la crédibilité et l'éclat du mythe de Guillaume Tell qu'il met en cause, mais aussi de la Suisse en général. Le mythe est ramené à ce qu'il est et le livre se revèle être un véritable plaidoyer pour l'esprit critique.
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C'est le dernier soir à L'Helvezia, le bistrot du village racheté par des investisseurs. Tous les habitués sont là : la Tante, hôtesse de tout son monde, la Silvia, l'Otto, le Luis, l'Alexi, et les autres aussi, encore vivants ou déjà morts. L'alcool coule à flots et ça fume à tout-va. On est en janvier et il ne neige pas. Il pleut comme vache qui pisse. C'est quoi cette bizarrerie climatique ? Le déluge ? On cause de ça, de tout, sans discontinuer.
Ressurgissent alors les histoires enfouies de ce village qui pourrait bien être le centre du monde. La fin est proche, mais tant qu'il y a quelqu'un pour raconter, on reprend un verre. Ce Prix suisse de littérature 2012 s'avale cul sec !
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Sez Ner est le récit détaillé d'un été à l'alpage, dans la Sursilva des Grisons, au pied du Sez Ner. Un texte à la fois poétique et documentaire. Quatre hommes y passent l'été: l'armailli, l'aide-armailli, le vacher et le porcher, dans l'ordre hiérarchique, réduits à leur fonction. Avec eux, les vaches, les cochons, la chèvre et le bouc, plusieurs chiens, un chat, des poules et leur coq. Pas de femmes, sauf la bergère du chalet voisin, qu'on voit rarement. En trois cents fragments, Camenisch dissèque le quotidien du petit groupe en autant d'images fortes. Sans commentaires ni psychologie, il restitue le travail, la routine, le temps qu'il fait, le temps qui passe.
Un travail sur la langue pour une musique ironique, parfois déchirante. "J'aime le texte sous le texte", dit Arno Camenisch.
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"La grand-mère est debout toute nue devant moi. Elle sursaute en me voyant. Elle fait les grands yeux. Elle a la bouche ouverte. Ses fausses dents ne sont pas dans sa bouche. Je sursaute moi aussi. Mais je ne tourne pas la tête. Je ne peux pas tourner la tête. Ma nuque est en bois. Je n'ai encore jamais vu ma Nona toute nue. Elle est tellement différente comme ça. Elle dit oha et elle retourne en boitant dans la salle de bain".
La vie d'un village cerné par les montagnes. Un enfant espiègle observe les adultes et, sans détour, dit le réel avec insouciance. Vif et concret, touchant et drôle, profond : Arno Camenisch donne à entendre la musique singulière de sa langue qui raconte la disparition d'un monde. Une Helvétie hors norme que le temps va engloutir. C'est Zazie dans les Grisons et c'est pas triste !
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En 1941, quatre pêcheurs s'embarquent sur un radeau de fortune pour rejoindre Rio où ils entendent demander audience au président afin de revendiquer leurs droits. Ils sont accueillis en héros et obtiennent justice. Orson Welles, qui vient de réaliser «Citizen Kane», décide de raconter leur odyssée. Mais pendant le tournage, Jacaré tombe du bateau et disparaît dans la mer. Inspirée par cette histoire où le réel se mêle à la légende tragique, Carmen Stephan compose un roman puissamment poétique sur une expérience humaine hors du commun doublé d'une réflexion sur les fondements de l'authenticité, de la vérité artistique et de la mise en scène.
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« Loin d'ici, voilà mon but ! » écrivait Kafka.
Otto, le médecin qui a les pieds sur terre, planifie un voyage sur les traces d'un bonheur évanoui. Il rêve de nature et de grands espaces. Sophie, mère divorcée, imagine parfois trouver la liberté dans la toundra. Therese, déjà un peu hors d'elle, s'éparpille et se répand pour combler le vide qui se creuse dans son esprit. Toutes deux sont amoureuses de Robert, alias Mischa Perm, auteur d'En route vers Okhotsk. Robert semble tout droit sorti des romans d'Enrique Vila-Matas : il ne veut plus, ne peut plus écrire, sa Sibérie est intérieure.
Récit de voyageurs sans voyage, En route vers Okhotsk invite à renouer avec le monde et donne une belle légèreté à ce thème universel de la littérature qu'est la disparition de soi.
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1886 : José Rizal, futur héros de l'indépendance des Philippines, alors colonies espagnoles, est en Allemagne pour parfaire sa formation d'ophtalmologue. Surtout, il se met à traduire dans sa langue maternelle, le tagalog, le drame de Friedrich Schiller sur la liberté des peuples : Guillaume Tell.
Mais comment rendre dans cette langue des confins du Pacifique les « glaciers », le « bailli » ou les « avalanches » ? Alors que les volcans de l'archipel philippin se superposent aux Alpes de Suisse centrale et que s'installe un jeu jouissif entre les langues, les époques et les cultures se mêlent sans jamais se confondre : à l'histoire réelle de Rizal et de l'affranchissement du joug espagnol répond le drame de Schiller qui puise son inspiration dans la Révolution française. Dans cette histoire politique et poétique du monde, Annette Hug suggère sur un rythme très contemporain comment les livres, quand ils circulent, peuvent nourrir des mouvements révolutionnaires.