C'est au bord de ce faussement paisible lac de Bracciano, ancien cratère aujourd'hui rempli d'eau dans la banlieue de Rome, que la jeune Gaia vient s'installer avec sa famille. Sa mère Antonia, femme fière jusqu'à l'entêtement s'occupe seule d'un mari handicapé et de quatre enfants. Pauvre et honnête, Antonia a l'esprit combatif et elle inculque à sa fille Gaïa le seul principe qui vaille : ne compter que sur elle-même. Et Gaïa apprend : à ne pas se plaindre, à lire des livres, à se défendre, toujours hors de propos, hors de la mode, hors du temps. Mais sa violence, imprévisible et tapie telle un serpent, ne cesse de grandir.
Massimi creuse son sillon dans les pas des grands. Le PointAprès L'Ange de Munich, Fabiano Massimi orchestre un thriller haletant autour d'une tragédie qui a changé le cours de l'histoire: l'incendie du Reichstag.Sigfried Sauer, ancien commissaire de la police de Munich, est appelé d'urgence à Berlin : Rosa, la femme qu'il aime, a disparu après avoir rejoint la Résistance. Dans une ville en proie à un climat politique d'une violence extrême depuis qu'Adolf Hitler a été nommé chancelier, où jeux de pouvoir et rumeurs d'attentats se multiplient, une sordide affaire inquiète la police : des jeunes femmes sont assassinées, après avoir été défigurées. Sauer, terrifié à l'idée de découvrir Rosa parmi elles, se joint à l'enquête, sans imaginer jusqu'où elle le mènera... Lorsque, le soir du 27 février 1933, un incendie détruit le Reichstag, la tension monte d'un cran. Hitler et Goring désignent aussitôt les coupables - les communistes - avant de décréter l'État d'urgence et prendre les rênes du pays. Mais qui est réellement à l'origine de l'attentat ? Y a-t-il un lien entre la série de meurtres et cet acte criminel ? Nul ne le sait. Sauf, peut-être, Sauer...Fabiano Massimi, lauréat du Prix des lecteurs du Livre de Poche 2022 pour L'Ange de Munich, restitue avec maestria l'atmosphère oppressante du Berlin d'avant-guerre et confirme sa place de maître du thriller historique. Un thriller rondement mené. Le Figaro
Naples, 1946. Amerigo quitte son quartier pour monter dans un train. Avec des milliers d'autres enfants du Sud, il traversera toute la péninsule et passera quelques mois dans une famille du Nord : une initiative du parti communiste vouée à arracher les plus jeunes à la misère après le dernier conflit mondial. Loin de ses repères, de sa mère Antonietta et des ruelles de Naples, Amerigo découvre une autre vie. Déchiré entre l'amour maternel et sa famille d'adoption, quel chemin choisira-t-il ?
S'inspirant de faits historiques, Viola Ardone livre le récit d'un amour manqué entre un fils et sa mère. Immense succès en Italie et traduit dans de nombreux pays, ce roman remarquable révèle une autrice d'exception.
Munich, 1931. Angela Raubal, vingt-trois ans, est retrouvée morte dans un appartement de Prinzregentenplatz. À côté de son corps inerte, un pistolet. Tout indique un suicide et pousse à classer l'affaire. Sauf qu'Angela n'est pas n'importe qui. Son oncle et tuteur légal, avec lequel elle vivait, est le leader du Parti national-socialiste des travailleurs, Adolf Hitler.
Entre peur du scandale, pressions politiques et secrets sulfureux, cet événement, s'il éclatait au grand jour, pourrait mettre un terme à la carrière d'Hitler, en pleine ascension. Et faire du commissaire Sauer, chargé de l'enquête, un témoin très gênant.Dans une république de Weimar moribonde, secouée par les présages de la tragédie nazie, Fabiano Massimi déploie un roman fascinant, fondé sur une histoire vraie et méconnue, mêlant documents d'archives et fiction avec le brio d'un Philip Kerr.Cette enquête menée tambour battant par un duo échangeant constamment de caustiques joutes verbales est passionnante. La Voix du Nord.Un polar fleuve particulièrement réussi. Le Figaro.Traduit de l'italien par Laura Brignon.
Berger sur le plateau d'Asiagio, dans les Alpes italiennes, Tönle s'adonne à la contrebande pour subvenir aux besoins de sa famille. Quand il blesse par accident un douanier, il doit s'enfuir et devient mineur en Styrie, colporteur d'estampes dans les Carpates, jardinier à Prague... Pourtant, chaque hiver, trompant les gendarmes, Tönle retrouve son foyer et les siens. Les années passent et la Première Guerre mondiale fait éclater le monde tel qu'il le connaissait. Alors que sa région tant aimée n'est plus qu'un champ de bataille, le vieil homme obstiné refuse d'abandonner son troupeau, sa maison, sa famille.
À sa sortie de prison, Duca Lamberti est contraint d'accepter le premier travail qu'on lui propose. Condamné pour avoir euthanasié une femme en phase terminale, cet ancien médecin est recruté par un riche industriel pour désintoxiquer son fils alcoolique et suicidaire.
Lamberti ne tarde pas à percer le secret qui ronge Davide. Il comprend aussi que sa guérison ne s'obtiendra que par la résolution d'une étrange et sombre affaire. Mais dans les rues interlopes du Milan des années 1960, le brouillard garde les secrets des criminels, et l'on ne peut faire confiance à personne.
Ce premier volet des quatre enquêtes de Duca Lamberti a fait entrer Giorgio Scerbanenco au panthéon des maîtres du roman noir.
Un bijou. BibaUn roman bouleversant. Le Figaro« Ode au courage et à la liberté de choisir sa vie, ce roman est une pépite de sensibilité et de profondeur. » Page des libraires« Une fille, c'est comme une carafe : qui la casse la ramasse, dit toujours ma mère. » Martorana, un petit village de la Sicile des années 1960. À quinze ans, Oliva Denaro rêve de liberté. Elle étudie le latin et aime découvrir dans le dictionnaire des mots rares qui l'aident à formuler ses pensées encore confuses. Elle aime courir à en perdre le souffle, aller à la chasse aux escargots avec son père, viser avec son lance-pierre ceux qui se moquent de son ami Saro.Aussi, quand les conventions l'obligent à se soumettre à une loi ancestrale, Oliva se rebelle et fait valoir son droit de choisir. Au risque d'en payer le prix fort.Après le succès du Train des enfants, Viola Ardone confirme son talent à mêler fiction et Histoire en donnant dans ce nouveau roman une voix singulière, inoubliable, à ses personnages. « Viola Ardone raconte la grande Histoire et la petite histoire, nous parle d'hommes et de femmes, d'honneur et de réputation, de lois à abolir. Un roman puissant où chaque personnage mériterait des pages entières et dont la protagoniste s'inscrit très profondément dans nos coeurs. » Marie Claire« Le style de Viola Ardone est une voix unique, avec ce phrasé aérien, et cet italien métissé de dialecte qui conserve certaines de ses constructions insolites et délicieuses. » Elle« Vous n'oublierez pas l'entêtement d'Oliva et les quelques mots de son père résonneront longtemps en vous. Cet homme grâce auquel Oliva trouve le courage obstiné de changer l'Histoire. Un livre à lire. Et à raconter. » Libero
Rome, fi n des années 1960. Leo Gazzarra, milanais d'origine, est depuis quelques années installé dans la capitale. Il vit de petits boulots pour des revues et des journaux. Viscéralement inadapté, dans un monde où il ne parvient pas à trouver sa place, il se laisse aller à des journées qui se ressemblent et à des nuits souvent alcoolisées. Leo n'en veut à personne et ne revendique rien. Le soir de ses trente ans, il rencontre Arianna, une jeune femme exubérante à la fois fragile et séductrice. Sûre de sa beauté mais incapable d'exprimer ses véritables sentiments, Arianna est évanescente. Elle apparaît et disparaît, bouleversant le quotidien mélancolique d'un homme qu'elle aurait peut-être pu sauver de sa dérive existentielle.Dans ce premier roman, paru pour la première fois en Italie en 1973, Gianfranco Calligarich évoque les cercles intellectuels et mondains de l'époque tout en dressant le portrait d'un homme qui cherche un sens à sa vie. Une histoire d'amour et de solitude, récit d'un renoncement tranquille, qui nous plonge dans une Rome solaire, magnétique.
À Serra de' Conti, sur les collines des Marches italiennes, Lupo et Nicola vivent dans une famille pauvre et sans amour. Le jeune Lupo, fier et rebelle, s'est donné pour mission de protéger son petit frère Nicola, trop fragile avec son visage de prince. Flanqués de leur loup apprivoisé, les deux frères survivent grâce à l'affection indestructible qui les unit. Mais un mensonge les sépare, et un secret se cache derrière les murs vénérables du monastère du village. Alors que la Grande Guerre vient ébranler l'Italie, le jour viendra où il leur faudra affronter la vérité.
Miriam est tombée dans le coma après un accident. Andrea la connaît depuis peu, mais il est follement amoureux d'elle. Chaque jour désormais, il vient s'asseoir à ses côtés et lui parle, parce qu'il entend sa voix. Leurs paroles se font écho dans leurs esprits et dans les limbes où Miriam reconstruit ses souvenirs et où Andrea tente de la ramener à la vie. Autour du lit de la jeune fille défilent d'autres personnages, qui attendent son réveil : ses parents, Mara et Lucio, déjà affectés par une tragédie qui les a éloignés l'un de l'autre ; le prêtre Nanni, l'exorciste vénéré, qui s'efforce de faire d'Andrea son disciple tandis qu'il est persuadé que Miriam est possédée par le diable, au point de chercher à les éloigner l'un de l'autre à tout prix ; et enfin, Gabry, la meilleure amie de Miriam, qui lui envoie de longs messages depuis Bologne, où elle a déménagé. En sept jours, les histoires et les voix de ces personnages alternent et se répondent, bâtissant une intrigue où les questions de l'amour et de la mort se mêlent à celles du salut et du destin, tandis que la raison cède de plus en plus sa place à l'inconscient, jusqu'à ce que la réalité ne reprenne violemment le dessus.
Si vous aimez Elena Ferrante, vous aimerez Donnatella di Pietrantonio. Alix Girod de l'Ain - ElleAdriana est comme un torrent, elle surgit toujours dans la vie de sa soeur avec la puissance d'une révélation, attisant la nuit des souvenirs. Elles ont été des enfants rebelles et complices, unies par le manque d'amour d'une mère aujourd'hui sur le déclin. Elles sont désormais des femmes, éloignées l'une de l'autre, lourdes d'un héritage de non-dits. Et pour qui ignore le langage de l'affection, il est difficile d'ouvrir son coeur. C'est à Borgo Sud, le quartier des pêcheurs de Pescara, ville des Abruzzes où les hommes forment une seule et même famille autour de la mer, que les deux soeurs parviendront peut-être à réparer le passé.Après La Revenue, couronné par le prestigieux prix Campiello, la grande romancière italienne Donatella Di Pietrantonio poursuit une oeuvre subtile et profonde sur le temps et le mystère des sentiments. Une ode magnifique à la sororité par une autrice de grand talent. La Croix
Adelmo Farandola, mène une existence revêche dans la montagne. Ermite lunatique et acariâtre, il n'a pas le souvenir très lucide. Les saisons se fondent en un brouillard opaque dans sa mémoire. Mais cet hiver-là surgit un chien. Bavard. Pétulant. La truffe en éveil. Il adopte Adelmo Farandola.
Au printemps, la fonte des neiges révèle un pied humain non loin de leur cabane. Adelmo Farandola ne se souvient pas très bien des événements de l'an passé. À qui appartient ce pied ? Dans son esprit engourdi s'insinue une inquiétude croissante.
Avec Le chien, la neige, un pied, Claudio Morandini compose un conte cruel, une de ces histoires à donner le frisson qu'on se raconte le soir à la veillée.
Après le succès de «Camarade Lune», passage en poche du 2e roman de Barbara Balzerani traduit en français. Elle retrace l'histoire de trois générations de femmes dans un XXe siècle italien marqué par les guerres et les révoltes, pointant le changement crucial qu'a représenté l'accès à l'université pour toute une génération. Un récit peuplé de souvenirs, en forme d'hommage à ces femmes qui ont su faire face chacune à leur manière, mais aussi à la nature, avec lesquelles les liens des hommes se sont progressivement dégradés.
La narratrice est une jeune ethnomusicologue venue enquêter sur des chants de bergers entendus au-dessus de Crottarda, village enfoui au fond d'une vallée privée de soleil. Plongé dans une perpétuelle pénombre, il trempe dans une humidité froide et dévorante, qui n'empêche guère ses habitants de se faire facétieux, à l'occasion.
À l'arrivée des rares visiteurs, ils se donnent des allures de monstres difformes auxquelles la grisaille ambiante prête un air de réalité. D'abord bien accueillie, la jeune chercheuse va se trouver pourtant en butte à leur inexplicable hostilité. Bientôt, leurs pitreries deviennent inquiétantes, mais elle s'enfonce malgré tout dans les mystères spongieux qui enserrent Crottarda.
À Caltagirone [en Sicile], cette manière de penser [révolutionnaire] et les luttes, on les doit aux femmes. Poétique, tumultueuse et chorale, l'histoire de la lutte interminable pour la création de la section féminine du PCI (Partie Communiste Italien) de Caltagirone se déroule comme une représentation populaire, bien qu'elle parle d'événements réels. Concetta La Ferla - leader du peuple et proto-féministe qui pendant trente ans a été la protagoniste absolue de la lutte de classe et de la libération des femmes en Sicile - les incarnent avec une voix ancienne de conteuse, capable de restituer à ces événements toute la force mythologique et allégorique qu'ils avaient pour celles et ceux qui les ont vécus.
Lutte contre le besoin, désir de liberté, soif de justice :
Mais aussi rêve du bonheur. Le rêve de la révolution.
Maria Attanasio réussit spectaculairement cette mise en scène écrite.
L'histoire mémorable de Concetta et ses femmes existe parce qu'elle prend la forme d'un livre, des plus insolites par la manière même d'être conçu, grâce aux talents de l'écrivaine Maria Attanasio qui enregistre et transcrit et donne une seconde vie (et immortelle) à la voix espiègle de la protagoniste, Concetta La Ferla - Maria écrit, Concetta raconte. C'est un livre inclassable : il est autobiographique, mais pas vraiment; il a une valeur historique, littéraire et documentaire, mais intimement. C'est le livre d'une vie et sa raison d'être est une question de responsabilité : quand le passé de la mémoire a besoin du présent de l'écriture pour exister, quand la parole politique fait appel à la voix de la narration pour résister.
C'est donc un texte qui entre parfaitement dans notre collection « contre-attaque » qui publie une littérature plus ouvertement mêlée à la politique et à l'histoire, et c'est un volume qui forme presque un couple (bien étrange) avec celui de Bei Dao dernier publié dans cette collection, puisque les deux sont des récits de mémoire(s) et autobiographiques écrits par des poètes.
Àl'été 1822, au large de Cuba, Aaron Smith était capturé par des pirates alors qu'il s'en retournait de la Jamaïque en Angleterre.
Le malheureux fut retenu des mois durant parmi eux et participa à leur vie de rapines. Arrêté par les autorités espagnoles, il fut ensuite livré à la justice britannique, qui lui intenta, en 1823, un procès pour actes de piraterie.
Verdict : acquitté.
Certains des témoins de ce procès avaient pourtant reconnu en lui tout simplement le chef des pirates qui, le visage barbouillé de poudre à canon et le sabre d'abordage au poing, les avait soulagés de leurs biens au large du récif cubain...
En 1824, il faisait paraître à Londres Les Atrocités des pirates, un livre caméléon à la fois roman d'aventures et plaidoyer en faveur de son innocence.
Il n'en fallait pas davantage pour que l'on menât autour de cet équivoque personnage une enquête approfondie, dont les conclusions extraordinaires dévoilent une page sensationnelle de l'histoire universelle de la piraterie.
Accompagne´ d'une Enquête comprenant la traduction complète du compte rendu de son procès et diverses investigations portant sur le reste de sa vie, son récit est enfin mis en lumière. Jusqu'à établir, pour toujours, l'incroyable vérité sur Aaron Smith.
En 1939, désavoué par le régime fasciste, Curzio Malaparte s'embarque pour l'Éthiopie afin de regagner estime et considération en témoignant de la colonisation italienne. Mais, séduit par la « terre des hommes rouges », il renonce à l'entreprise de glorification pour mener une exploration plus intime. Et son voyage devient littérature.
À dos de mulet, seul ou accompagné de bataillons de l'armée coloniale, Malaparte sillonne une Éthiopie fascinante, qu'il confond parfois avec la campagne italienne et qui, parfois, s'apparente au sublime. Un sublime halluciné, traversé de brigands et de lépreux, de gazelles et de faucons, un paysage minéral, « d'une pauvreté âpre mais très belle », où chaque vision suggère un monde unique : celui d'un auteur magistral.
Biopic dessiné de Marie Curie. Depuis sa Pologne natale jusqu'à la Sorbonne où elle est venue étudier la physique et a rencontré Pierre Curie, jusqu'à leurs découvertes communes qui ont révolutionné l'histoire de cette science, c'est toute la vie de cette scientifique et de la femme derrière elle (déjouant les conventions de l'époque) qui nous est livrée. Lauréate de deux prix Nobel, elle a en effet imposé la présence des femmes dans les milieux scientifiques de l'époque, encore très conservateurs. Un dévouement qui lui a valu de nombreux sacrifices. Une trajectoire hors-norme qui nous est dévoilée tant sur le plan public que sur le plan plus intime.
« Le plus beau livre de montagne de cette dernière année... »Paolo Cognetti, prix Médicis étranger 2017 pour Les huit montagnes« La montagne m'a vu naître, elle m'a nourri, m'a appris, m'a protégé. Alors je suis devenu le seigneur des corniches rocheuses, la sentinelle des cols reculés, le maître des moraines isolées. Je règne sur ce royaume de pierres non parce qu'il est à moi, mais parce que je lui appartiens. La montagne m'a accepté auprès d'elle et je suis devenu son gardien respectueux, le berger de ses bouquetins, en toutes saisons et par tous les temps. » Louis Oreiller est né en 1934 dans le Val d'Aoste, à Rhêmes-Notre-Dame, aux confins sauvages du parc du Grand-Paradis, à 1 700 mètres d'altitude. La montagne ne lui a jamais inspiré ni défi ni performance. Elle est sa terre et son ciel, un horizon avec lequel il fait corps. Pour conjurer la pauvreté, il a été braconnier, contrebandier... Puis il a pu changer de camp, devenant garde-chasse et finalement garde du parc national. Une vie éloignée des sentiers balisés par la société, le plus souvent à l'écart des hommes, dans une vallée que les avalanches coupaient autrefois du monde six mois par an. Une vie à caresser la roche et la glace, à parler aux arbres et aux marmottes, à suivre le vol des aigles et à veiller sur les mouflons. Une vie en communion avec la montagne. Le monde de Louis Oreiller va disparaître, enseveli sous le déferlement de la modernité. Alors sa parole, rare, résonne de toute la puissance des éléments. À qui, comme Irene Borgna, sait l'écouter, elle semble poésie et sagesse. Il n'est pas tout d'avoir de la mémoire, encore faut-il la langue de Louis et son esprit libre pour nous conduire là-haut, où l'air est plus pur et les pensées plus claires.
Les mots sont des pierres, qui a reçu le prestigieux Prix Viareggio, est particulièrement important dans l'oeuvre de Carlo Levi. Témoignage puissant sur la Sicile, ses villes et sa géographie, mais plus encore sur la vie de son peuple, sa culture, ses luttes. Il marque le lecteur par l'urgence de son rythme, l'acuité de sa phrase et la bonté de son regard.
Les mots sont des pierres est, dit Carlo Levi, « le récit de trois voyages en Sicile et des choses de là-bas, telles qu'elles peuvent tomber sous l'oeil averti d'un voyageur dépourvu de préjugés. » Ces récits sont de tonalités très diverses.
Il y a l'histoire de ce fils de cordonnier sicilien devenu maire de New York et qui revient, presque comme une divinité, le temps d'une courte visite, dans son village natal. Levi découvre ensuite le vieux monde sicilien des soufrières et la première grève de ses travailleurs. Puis c'est Palerme, Palerme faste et misérable aux rues grouillantes d'humanité, aux souterrains des couvents remplis de cadavres embaumés, Catane, noire de lave, et enfin le désespoir des paysans de Bronte, le désespoir de toute cette Sicile qui pleure ses morts et souffre des injustices, l'histoire de Francesca Serio, mère d'un syndicaliste assassiné par la mafia, sa ferme détermination : « les larmes ne sont plus des larmes mais des mots, et les mots sont des pierres ».
« Habituons-nous à l'idée que nous passons une grande partie de notre vie à avoir tort. Nous prenons tous de bonnes et de mauvaises décisions. La véritable différence se situe entre ceux qui sont prêts (et prompts) à reconnaître les mauva ises et à les rectifi er, et ceux qui cherchent à les dissimuler, à eux-mêmes et aux autres.
Faire preuve de gentillesse et de courage (ces deux qualités sont inséparables), c'est assumer la responsabilité de nos actions et de notre être au monde. » Ce livre bref et fort décortique les travers et les simplifi cations de nos débats démocratiques, et nous apprend à travers moult exemples à pratiquer, individuellement et collectivement, la gentillesse et le courage : pour surmonter la peur, la colère, et vivre avec la complexité, le doute et l'humour.
Un album biopic qui retrace la vie pleine de passion et de tragédie de Violeta Parra, chanteuse et artiste totale qui a redoré le blason de la musique folklorique chilienne. Également poétesse et sculpteuse, elle est devenue l'emblème de la culture chilienne à l'étranger, au point d'être la première femme sud-américaine à exposer au Louvre en 1967. Sacrifiant à sa passion sa vie de famille et ses amours, elle a toutefois souffert, sombrant dans une profonde dépression à la fin de sa vie. Cette bande dessinée retrace les différents épisodes de la vie de cette femme hors-norme, artiste incontournable, féministe avant l'heure, maintenant un parfait équilibre entre vie privée et vie publique, et donnant toute sa place à la musique avant toute chose.
Carmine Crocco est né en 1830 du mauvais côté de l'Italie : dans le Sud. Issu d'une famille misérable de la Capitanate, il devient berger à l'âge de six ans, puis est appelé sous les drapeaux. Il déserte et se lance dans le brigandage vers 1852. On l'arrête, il s'évade. C'est alors l'époque du Risorgimento, de l'Unification. Il se joint un temps aux Chemises Rouges de Garibaldi, qu'il abandonne à leur tour pour se placer dans les rangs de la réaction bourbonienne.
Ce sera le début de la carrière du bandit le plus célèbre de l'histoire de l'Italie.
Entre mars 1861 et août 1864, il écume le pays à la tête d'une véritable armée, commandant jusqu'à 2 000 hommes, affrontant à l'occasion les troupes des libéraux en batailles rangées. Jamais il ne cessa pour autant d'être un bandit. Il finit par se rendre en territoire pontifical, alors encore indépendant, puis fut emprisonné à vie. C'est dans sa prison, où il décéda le 18 juin 1905, qu'il rédigea son autobiographie.
Récit de fureur et de sang, parcouru par une colère qui jamais ne semble s'éteindre, il tente de livrer dans une langue âpre l'itinéraire furieux qui le conduisit sur la voie du crime, dont il ne fait guère de mystère.
Les pages que l'on va lire dessinent ainsi les contours de l'âme tourmentée d'un homme engendré par une terre déshéritée, porté par une rage et une ambition monstrueuses.
Tour à tour matois, sincère, séduisant, cynique ou repoussant, Carmine Crocco se livre à l'édification d'un étrange autoportrait, méditatif ou arrogant, pour planter au bout du compte l'insaisissable figure protéiforme d'un homme de peu en quête de grandiose.