Filtrer
Rayons
Support
Éditeurs
Langues
Prix
Jacqueline Chambon
-
Les enseignements d'une ex-prostituée à son fils handicapé
Savatie Bastovoi
- Jacqueline Chambon
- 10 Janvier 2018
- 9782330075941
Échappée folle d'un duo de Laurel et Hardy moldaves en quête de richesse sur fond de scandale national dans un orphelinat après la mort d'un jeune garçon, «Les Enseignements d'une ex-prostituée à son fils handicapé» est un conte drôle et cruel, une photographie de la Moldavie post-soviétique passée à la loupe et au vitriol de la caricature.
-
Le marchand de premieres phrases - roman kaleidoscope
Visniec Matei
- Jacqueline Chambon
- 13 Janvier 2016
- 9782330057862
L'homme contemporain, devenu un mutant de la société de consommation, est de plus en plus obsédé par les commencements. Il a faim de tout commencer et recommencer sans cesse. Un certain Guy Courtois en a d'ailleurs fait son gagne-pain et se propose de choisir pour les écrivains en mal d'inspiration - ce qui est le cas de notre héros - la première phrase de leur livre, puisque le plus important est de commencer. Entre les deux hommes s'engage alors une correspondance dans laquelle Guy Courtois révèle dans quelles conditions les plus fameuses "premières phrases" de la littérature mondiale virent le jour.
-
Nous sommes en 1980. Sasha, neuf ans, vit dans une région agricole du Sud de l'Union Soviétique : la République de Moldavie. Une vie sous le communisme, avec ses slogans interminables, ses défilés épuisants, sa pruderie, ses kolkhozes, ses organisations de jeunesse quasi militaires (octobriers, pionniers, komsomols.). Pour Sasha, qui la prend à la lettre, la propagande devient parole d'Evangile. Il vénère les martyrs de la cause communiste dont les visages sont peints sur les murs de l'école, et en premier lieu, Lénine, gloire de l'Union Soviétique qui a combattu les puissances du Mal capitaliste. A cette dévotion athée s'ajoute un élan panthéiste qui s'exprime dans un amour sensuel pour la forêt, où il va chercher de l'herbe pour les cochons.
À l'école, sous le regard réprobateur de Nadejda Petrovna, une institutrice virago dont il est le souffre-douleur, Sasha accumule les mauvaises notes et déteste les poésies patriotiques qu'il juge trop bêtifiantes. Il préfère l'activité citoyenne de récupération des vieux papiers et de la ferraille. Mais c'est un enfant comme les autres, il chahute avec ses camarades durant les interminables défilés et il est troublé par les soquettes blanches et les genoux de la jolie Sonia.
En parallèle, l'auteur nous fait vivre le projet un peu fou de Nikolai Arsenievici d'élever ses lapins de clapier dans un terrier commun aménagé au fond de la forêt : une allégorie de la société communiste. Les dialogues surréalistes et poétiques entre Vladimir Ilitch et Makarîci, un militant quelconque, évoquent de très près La Leçon d'Eugène Ionesco.
Enfin, le récit est ponctué, de manière très musicale, par de courts chapitres détachés de toute contingence narrative et empreints de poésie. Ainsi la petite Sophie sur les épaules de son papa marchant sur un horizon orange et jaune de fleurs et de ballons... L'ambiance, les couleurs, la tendresse de l'ensemble font penser à un film d'animation de Miyazaki.
Ce roman est aussi celui d'une société bâtie sur les slogans. De tous calibres, ils sont les jalons d'un système totalitaire. On ne peut s'empêcher d'y voir une similitude avec nos slogans publicitaires ou les discours moralisateurs enjoignant les citoyens à ne plus fumer ou à "sauver la terre". L'auteur n'a pas souhaité suivre son héros jusqu'au jour où le voile de la vérité se déchirera devant ses yeux. On quitte le petit Sasha avant qu'il n'ait conscience du mensonge généralisé qui l'entoure et qui, à nous, crève les yeux.
-
L'Histoire est un lieu invivable pour ?tefan Agopian, aussi ne faut-il pas s'étonner si le censeur de CeauSescu déclare à propos de ce livre : «Mon devoir de marxiste est de l'interdire.» Il finira par paraître en 1987 mais l'auteur, arménien de surcroît, restera éminemment suspect pour le régime. Et pourtant à première vue, Sara est bien un roman dont l'action se déroule dans une ville de Transylvanie au XVIIIe siècle. Tobie, un jeune homme qui vient de finir ses études à Vienne, rend visite à un ami de son père et rencontre chez lui l'énigmatique Sara. Mais est-ce une vraie jeune fille ou une créature magique ? Au fil de leur itinéraire amoureux, la perplexité du lecteur ne fait que grandir.
D'autant que Tobie est accompagné de son ange Raphaël et que Sara est inséparable de Theopomp, le chat qui parle. Attachant personnage de jeune fille, à la fois grave et enfantine, Sara va connaître un sombre destin. Inspirée d'un personnage biblique, elle devient ici une allégorie de la souffrance des Juifs au cours de l'histoire.
-
"Je suis partie, un jour tu comprendras." Andi doit bientôt se rendre à l'évidence, Marga ne reviendra plus.
En bon journaliste qu'il est, il se lance alors dans une investigation minutieuse de leur passé commun, traquant les indices cachés capables d'expliquer cette incompréhensible rupture. En quoi a-t-il failli ? Qui d'elle ou de lui est coupable ? Faut-il incriminer la nouvelle permissivité ou les effets délétères du passé ? Avec l'humour qu'on lui connaît, Dan Lungu en profite pour faire le portrait au vitriol de cette frange de la société roumaine qui a si facilement succombé aux charmes du capitalisme.
D'autant que, parallèlement à ses recherches privées, Andi continue son métier de journaliste, qui le conduit à enquêter sur les juteuses affaires des potentats locaux comme sur les pratiques intégristes d'une église néoprotestante. D'abord amusé par ces idéalistes qui, eux, n'ont pas changé, rebuté par des pratiques frôlant le ridicule, il finit par trouver un certain réconfort auprès de ces dévots d'un autre âge qui, contre vents et marées, croient en la fraternité.
Il reste sceptique mais tout est bon à prendre quand il s'agit d'oublier une femme.