Sciences politiques & Politique
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Le conflit politique est, depuis les années 2010, marqué par un retour des peuples. Chez les modernes, c'est toujours un symptôme de crise politique majeure, dont l'enjeu est la démocratie elle-même. Non pas comme régime stable, celui du gouvernement représentatif, mais comme processus associant le grand nombre à la délibération publique. Or, le peuple n'existe pas comme donnée sociologique pérenne : il est constitué ou se constitue dans l'histoire comme sujet ou acteur politique. Ce qui est appelé tel se différencie selon les circonstances. Comment un peuple se forme-t-il ? Sous quelles conditions cette notion peut-elle mobiliser aujourd'hui les subalternes dans le conflits politiques d'émancipation ? Telles sont les questions que ce livre veut aborder. L'hypothèse examinée : un peuple est une manière d'être d'une multitude, déterminée par la médiation d'une scène où elle apparaît unifiée, agissant comme une, selon un mot de René Char. En fait, non pas une mais trois scènes, engageant trois expériences collectives par lesquelles les individus ne se reconnaissent ou non de ce peuple. Celle du pays, communauté imaginée à travers l'histoire, réunissant les vivants et les morts, au risque de devenir une communauté de sang, sclérosée, pouvant, à l'opposé, être vivifiée par les migrations sur son sol, inventant un droit de l'hospitalité. Celle des urnes et du parlement, faisant des individus éduqués des citoyens élisant leur représentants détenant le pouvoir dont le Peuple souverain est le titulaire. Par où le peuple devient sujet obéissant à la loi dont il est, par principe, auteur. Enfin celle de la rue, sans laquelle la démocratie ne serait qu'un vain mot, scène publique plébéienne, lieu d'expériences collectives périodiques à la fois de la puissance collective et de l'égalité de chacune avec chacun, d'une souveraineté populaire pouvant contester les décisions du Souverain ou de l'exécutif le dominant : scènes des peuples acteurs se différenciant des foules consuméristes. Ces trois scènes où trois dramaturgies, trois types de récits se déploient, se tissent différemment selon les conjonctures, déterminant le conflit politique actuel, moins entre peuple et élites qu'entre différentes manières d'être peuple. Non pas un peuple, mais des peuples. Au-delà de la description, le livre prend parti en soutenant que les politiques d'émancipation s'appuient sur la troisième scène, celle où se nouent les expériences de la démocratie par le bas.
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Dans cet ouvrage, qui a fait l'objet aux États-Unis d'une réception importante à sa parution, Kathryn Belle analyse la position problématique, pour ne pas dire choquante, que Hannah Arendt a défendue sur ce qu'elle appelle elle-même la « question noire », en particulier dans ses « Réflexions sur Little Rock ». Cet article d'Arendt a suscité une vive polémique dès sa parution en 1959, celle-ci s'opposant au fameux arrêt Brown de la Cour suprême qui avait mis fin à la ségrégation dans l'enseignement public. Ce faisant, Arendt manifeste à l'évidence une profonde incompréhension de la lutte des Noirs américains pour leur émancipation. Kathryn Belle montre que le conservatisme d'Arendt s'explique non seulement par ses préjugés à l'endroit des Africains et des Afro-américains, mais aussi par certaines distinctions au coeur de sa théorie politique, notamment celle entre le social, le politique et le privé : tandis que pour Arendt la sphère politique se caractérise en principe par l'égalité entre les citoyens, la sphère sociale, dont relèvent selon elle les établissements scolaires, implique un droit de discriminer, c'est-à-dire de fréquenter et d'exclure les personnes de son choix, qui ne saurait être limité par la loi. Par ailleurs, les thèses d'Arendt sur la violence sont reconsidérées à l'aune de sa tendance à discréditer la violence des opprimés plutôt que celle des oppresseurs, aussi bien dans le contexte de la lutte contre le racisme et la ségrégation que dans celui de la décolonisation.
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Cet essai de philosophie définit l'écologie comme l'engagement pour sauver la Terre, lieu par lieu. Par souci du concret, il se consacre à la Camargue, en tant qu'elle est à la fois un pays menacé par le réchauffement climatique et l'exemple d'une réussite de l'écologie française. Sur ce cas singulier, il oppose l'écologie et la politique : il n'y a pas d'écologie politique. Sur fond de la crise de la représentation politique, il élabore autrement le concept de représentation. Il propose une écologie élargie, complète, entre anthropologie générale, théologie et psychanalyse. Avec et par delà l'écologie, il soutient qu'on ne peut sauver chaque lieu de la Terre que si on leur rend leur pleine valeur. Aussi l'écologie doit-elle s'appuyer sur une poétique de la célébration des pays et sur une réévaluation de la littérature. C'est pourquoi cet essai étudie la Camargue à travers ses représentations littéraires chez Mistral, Barrès, Baroncelli et Montherlant. Dans ce corpus poétique de la Camargue, le présent essai dessine le partage entre la politique et l'écologie. Il met particulièrement en évidence la figure de Folco de Baroncelli comme celle d'un guide et d'un précurseur d'une écologie d'avenir, à la fois concrète et spirituelle. Il s'efforce de tenir ensemble une enquête monographique sur l'histoire écologique d'un pays aimé de tous et une construction conceptuelle générale, pertinente pour tout autre lieu. * Le corps du texte se présente comme une succession de paragraphes dont le titre indique le concept général mis au travail. La méditation se construit au fil d'une étude des oeuvres littéraires qui servent d'appui. Ce corps principal de la recherche est enserré entre une introduction et une conclusion évoquant la catastrophe qui menace la Camargue, notre objet d'étude. Enfin, l'ensemble est précédé d'un préambule et suivi d'un épilogue qui posent les questions les plus générales de notre approche philosophique.
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Commun-commune ; penser la Commune de Paris (1871)
Jean-François Dupeyron
- Kime
- 19 Février 2021
- 9782841749959
Cet ouvrage renvoie tout d'abord les « légendes » de la Commune à leurs insuffisances et à leur rapport biaisé aux faits. Puis il examine, sans préférence affirmée, la pensée des actrices et des acteurs, en s'efforçant d'en restituer aussi fidèlement que possible la pluralité. Trois principales conceptions de la Commune se combinèrent souvent au sein du mouvement pour définir celle-ci : soit comme un simple conseil républicain garant des franchises municipales de Paris, soit comme un gouvernement révolutionnaire central de la France, soit comme le complément politique des organisations de travailleurs dans la restructuration socialiste de la société.
Pour ne pas réduire la Commune à un appendice meurtrier du passage de l'Empire à la République d'ordre, il faut réhabiliter la révolution théorique inachevée et la quête d'une alternative à la République bourgeoise qui mirent une population en mouvement autour de ces trois axes politiques.
Dans cet esprit, la modeste mais ferme ambition de cet ouvrage est de contribuer à l'exploration de la philosophie politique et des pratiques politiques qui circulèrent dans le Paris libre du printemps 1871 et qui, aujourd'hui encore, portent des enseignements pour les révolutions contemporaines du Commun.
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De la barbarie ordinaire : Essai sur le totalitarisme contemporain
Patrice Guillamaud
- Kime
- 19 Janvier 2024
- 9782380721287
Ce livre est certes un manifeste fustigeant l'idéologie dominante de la contemporanéité comme progressisme et post-modernité. Il montre en effet en quoi cette même idéologie, alors même qu'elle veut déconstruire toutes les formes d'autorités et dénoncer toutes les formes d'enfermements totalitaires dans les préjugés idéologiques, est elle-même justement source d'un nouveau totalitarisme. C'est ainsi que, par-delà les totalitarismes nazi et stalinien, il y a paradoxalement le totalitarisme libéral. Il reste que, si ce même livre est original, c'est surtout par son analyse philosophique des deux principes du totalitarisme. Il s'agit d'une part de la pensée et d'autre part de la société. Si ces deux principes du totalitarisme relèvent par ailleurs de l'essence de l'humanité, s'ils sont par là-même, tous les deux, sources d'une barbarie très commune ou très ordinaire, cela se révèle être d'une gravité anthropologique extrême. C'est la gravité de ce défi que Guillamaud tente d'affronter et de relever. Il soutient cette gageure en exploitant des penseurs aussi différents qu'Hannah Arendt, Emmanuel Lévinas, Emile Durkheim, Karl Marx et surtout Jacques Ellul et Michel Henry.
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REVUE TUMULTES n.60 : photographie et politique
Collectif
- Kime
- Revue Tumultes
- 12 Janvier 2024
- 9782380721263
Ce numéro, qui vise à présenter un état des lieux des rapports entre photographie et politique, est un ouvrage collectif rassemblant des articles relevant de l'histoire, de l'histoire de l'art, de la critique d'art, de la philosophie de l'art, de la philosophie politique, des essais, des chroniques, des récits, des entretiens. Certains de ses textes ont été écrits récemment, d'autres plus anciens sont des documents.
La dimension internationale et « historique » de l'ouvrage s'est d'emblée imposée : y est présente l'Allemagne des années 1930, moment où se noue une réflexion décisive sur la photographie et la politique. Il fait également écho à ce qui s'est écrit et fait aux États-Unis et au Proche Orient ces quinze dernières années.
Ce numéro n'est pas limité au champ de la photographie documentaire mais fait également place à la photographie d'art et à la façon dont l'art contemporain utilise la photographie dans des installations et des performances, tout en donnant une place privilégiée à l'activité photographique du monde arabe.
On trouvera ici des textes portant sur des choses déjà connues et d'autres sur des photographes peu commentés.
On lira, par exemple, un texte sur les photos d'Abou Ghraib mais aussi un texte sur le photomonteur anglais Leon Kuhn, sur lequel il n'existe à cette date rien en français. Se côtoient des auteurs prestigieux tels Susan Sontag (avec un article inédit en français) ou Jacques Rancière (avec un entretien réalisé spécialement pour ce numéro) et des chercheurs moins connus dont les travaux sont pourtant remarquables. -
Eux et nous ; pour une alternative au populisme de gauche
Jacques Bidet
- Kime
- 16 Mars 2018
- 9782841748839
Dans les semaines et les mois qui viennent, un énorme débat va s'engager à partir de « la gauche radicale ». Dans l'ensemble de l'échiquier politique, toutes les organisations sont en crise et en restructuration.
L'auteur propose une ligne très claire, pour dépasser la forme-parti sans s'engouffrer dans une formemouvement qui semble étrangère aux traditions et au potentiel d'une gauche populaire. Le modèle que Jacques Bidet avance est celui du Parti-Association, qui vise à constituer un bloc cohérent à partir de la base, structuré de façon démocratique jusqu'au sommet, dans le contexte des nouvelles technologies et des nouveaux rapports au travail.
Dans le débat qui va s'engager ce livre sera un point d'appui. Cette question de l'organisation était généralement méprisée, parce qu'en réalité elle faisait peur, touchant à trop de (petits et grands) pouvoirs en place. Et voilà maintenant qu'elle s'impose brutalement en termes de choix existentiel à toute une cohorte militante de diverses générations.
L'auteur propose donc une nouvelle grammaire.
1. Du côté des rapports de classe, l'auteur s'efforce de donner une lecture simple et intelligible du phénomène d'exploitation. Surtout, inspiré de Foucault et de Bourdieu, il assume un fait que le marxisme n'a pas su regarder en face. Dans la structure de domination, il existe une autre force sociale primaire (qui empêchera que l'on puisse parler d'un « Eux » et « Nous » de façon inconsidérée) : celle qu'il désigne sous le nom de « compétents », plutôt que technostructure, bureaucratie, intellectuels, etc.
C'est évidemment un point décisif, que se cache l'opinion « éclairée », prise elle-même dans ce jeu. Il engage l'analyse en affinité avec une approche théorique inspirée de l'école de Francfort. Enfin, il faut considérer le « peuple », défini comme le monde des « sans privilège », ni de propriété, ni de "compétence" (reçue, donnée), en tant qu'il constitue l'autre classe, traversée par une division entre un Peuple A est un Peuple B - soit une chose assez généralement perçue, mais que il réexamine à la lumière d'une récente sociologie. Ici se croisent les rapports de classe, de genre et de race : Jacques Bidet essaie de montrer comment, et c'est là un thème poursuivi jusqu'au terme de l'ouvrage.
2. L'auteur en vient ensuite au registre politique, celui de l'État et de la nation. Il prend l'État comme rapport de classe. Et dans ce contexte avance tout naturellement la thèse du « duel triangulaire », puisqu'il y a deux forces sociales en haut. C'est à partir de là que l'on peut comprendre toutes les manoeuvres stratégiques des diverses parties, visant à l'hégémonie. Mais cet affrontement a conjointement pour cadre la nation, la « mère-patrie », en tant qu'elle est prise dans le Système-monde.
Et cela ne vaut pas seulement pour l'extrême droite, avec son national-populisme, mais tout autant pour les différents partenaires.
3. Enfin, il en arrive à la question du « tiers-parti », désignant par là le peuple (populaire), dans la politicité qui est la sienne, posant la question de son organisation dans le champ des affrontements politiques. C'est à partir de la considération de la variété des formes de cet engagement, du désordre et de la spontanéité qui lui sont inhérents, que l'auteur en arrive à une critique de la forme « parti », et aussi de la forme « mouvement » qui tend aujourd'hui à occuper la place. C'est principalement celle-ci qui est en ligne de mire, notamment en raison de la faiblesse de sa référence aux rapports de classe (qui se réfracte en quelques propositions simplistes, « Eux et Nous », « oligarchie », etc.), et de sa propension à se fonder sur l'innocence supposée du terrain « national ».
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Georges Sorel : le prolétariat dans la démocratie
Patrice Rolland
- Kime
- 16 Février 2024
- 9782380721317
L'oeuvre de Georges Sorel n'a pas laissé d'interroger sa postérité, plus d'un siècle après sa mort, survenue en 1922, comme elle l'avait fait déjà chez ses contemporains. Souvent réduite à une théorie de la violence, ou ramenée au seul concept de « mythe », sa pensée s'échappe toujours aux classifications toutes faites. Patrice Rolland, qui a dédié 40 ans à l'étude de Sorel, se comptait parmi les guides les plus sûrs pour explorer cette pensée. Son livre se propose une reconstruction originale, en priorisant la figure du moraliste qu'il incarnerait. Entre Renan et Proudhon, il s'agirait pour Sorel non seulement de comprendre les sociétés démocratiques, mais d'en juger les moeurs. Mais au service d'un prolétariat qui seul pourrait sauver ces sociétés de la décadence. Le prolétariat est central pour la démocratie, comme le droit est crucial pour le prolétariat, vecteur à la fois de son identité, de ses intérêts et de ses voies de libération.
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Les frontières de la démocratie : De l'autodétermination nationale au XXIe siècle
Jorge Cagiao y conde, Gennaro Ferraiuolo
- Kime
- 18 Octobre 2024
- 9782380721546
On les disait inadaptées aux enjeux du XXIe siècle. On les voyait comme le symbole d'un ordre westphalien qui agonisait. Or les voilà revenues en force : les frontières. Ce fut, d'abord, la pandémie de Covid-19. Puis la guerre, en Ukraine, en Palestine. La preuve sans doute que la crise diagnostiquée (concernant certains des concepts clés de notre modernité politique : la nation, la souveraineté, les frontières, etc.) n'existait que dans nos représentations du monde.
C'est dans les démocraties libérales qu'on a pu apercevoir les premiers signes du rapport équivoque que nous entretenons avec les frontières et la nation. La question de l'autodétermination en est sans doute la meilleure illustration. Les frontières de la démocratie sont-elles intangibles ou immuables, comme on le défend le plus souvent dans les systèmes démocratiques (à l'instar de l'Espagne, de l'Italie ou encore des Etats-Unis) ou bien doivent-elles faire partie du débat et du jeu démocratiques, comme l'inclinent à penser d'autres expériences (Canada, Royaume-Uni) ? C'est la problématique que cet ouvrage se propose d'éclairer. -
" Représenter, c'est mettre en signes une force, qu'il s'agisse des gardes et des tambours du roi ou des ambassadeurs du prince ; le pouvoir, c'est montrer ces signes, les faire voir afin de faire connaître les choses dont ils sont les signes, afin de faire croire naturellement et sans violence à la force (la violence) qu'ils représentent.
Le grand arc de la représentation ici se prolonge de la peinture et de la comédie à la politique ; de la métamorphose de l'image et de la métamorphose de scène à la transsubstantiation et à l'eucharistie du politique. " L. M.
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Les gilets jaunes dans l'histoire ; fin des politiques
Matthieu Niango
- Kime
- 17 Janvier 2020
- 9782841749584
Les gilets jaunes dans l'histoire défend une thèse radicale à propos d'un mouvement qui aura secoué la France et le monde pendant de longs mois : loin d'être une énième révolte du pouvoir d'achat, celle des gilets jaunes est la manifestation d'une crise politique planétaire, celle de la démocratie représentative. Les protagonistes de ce mouvement sans chef ont d'ailleurs conscience d'être au coeur d'un processus universel visant à faire passer l'humanité à une autre étape de son histoire : celle de la démocratie plus directe, où les représentants cèderaient toujours plus de pouvoir aux citoyennes et citoyens. Renouant avec la philosophie de l'histoire pratiquée par Kant, Hegel ou Marx, Les gilets jaunes dans l'histoire possède également une dimension militante : comment concrétiser l'aspiration de millions de femmes et d'hommes exaspérés par la confiscation du pouvoir par une minorité faisant voter des lois pour elle seule, et usant, de plus en plus ouvertement, de la force pour les faire respecter ? Comment mettre en accord la démocratie avec sa définition même : le pouvoir du peuple, pour le peuple, par le peuple, et ainsi nous rendre plus libres ? En faisant du mouvement des gilets jaunes le symptôme d'une crise politique et philosophique profonde, cet essai ambitieux adresse un message d'espoir à celles et ceux qui osent encore, avec raison, croire en l'avenir : prenons collectivement possession des moyens de la décision !
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Le philosophe Charles Appuhn s'est adonné à l'ingrate lecture de la "Bible du peuple allemand" , selon l'auréole de la propagande officielle de 1933 car Mein Kampf offre une vue sans égal non pas seulement sur Hitler, mais sur l'idéologie et les projets politiques de l'hitlérisme. La "destruction des Juifs d'Europe" (selon le titre que Raul Hilberg donna à la somme qu'il consacra à cette destruction) n'est pas seule à y être programmée mais de façon fanatiquement répétée, celle de l' "ennemi de toujours" , la France.
Quant à l'Est et aux peuples Slaves, le sort que Hitler annonce constituer également une nécessité vitale pour l'Allemagne, revient à les anéantir aussi afin que la population allemande puisse s'approprier leurs territoires (Drang nach Osten). Il s'agit bien, là ou jamais, de ce que Alexandre Koyré a appelé dans ses Réflexions sur le mensonge une "conspiration en plein jour" . La traduction et la présentation des extraits les plus "significatifs" , selon les termes de Charles Appuhn permettent de disposer en France dès 1933 de cent soixante-dix pages lumineuses en lieu et place des quelque huit cents pages de l'allemand verbeux de Hitler.
Aussi bien, il faut y insister, cet Hitler par lui-même est en France la première divulgation autorisée. Elle ne sera interdite qu'en 1943. Sans entrer dans le labyrinthe des avatars éditoriaux, l'originalité courageuse de l'éditeur Jacques Haumont apparaît d'autant mieux qu'en 1933 on disposait certes de nombreux articles en français consacrés au parti national-socialiste, à la montée du nazisme et à la politique allemande, en général tout en ignorant ce manifeste nazi qu'est Mein Kampf.
Rappelons que le premier volume, dans lequel Hitler se livre à son autobiographie, fut publié à Munich en 1925, suivi en 1926 du second qui, cette fois, expose les idées et le programme hitlériens. Or, Hitler, en accord avec Eher Verlag, son éditeur, en interdit toute traduction française.
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Après Renan et Fichte, ce livre propose une nouvelle définition philosophique de la nation. Il s'agit de cerner ce qui fait d'une nation une nation. Il s'agit de montrer en quoi la nation se distingue à la fois de la famille et de la religion, de la tribu et de l'Empire, de la société et de l'Etat. Il s'agit surtout de montrer en quoi le nationalisme, loin d'être un régime social et politique parmi les autres, est la revendication d'une dimension fondamentale de l'existence humaine, en tant que celle-ci intègre le sens du sacrifice.
Contre le matérialisme et contre la déconstruction de la nation, il s'agit de proposer une nouvelle conception spiritualiste de la nation. Contre le mondialisme, il s'agit de montrer en quoi la nation est le cadre par excellence de la véritable démocratie. Contre l'abstraction libérale de l'Etat de droit, il s'agit de revendiquer un nationalisme démocratique concret.
Contre toute forme de totalitarisme, la position de l'auteur n'exclut pas une part pragmatique de républicanisme voire de libéralisme bien compris, ni même une part de monarchisme nostalgique.
L'auteur défend plus précisément, par-delà toute structure institutionnelle, l'idée singulière d'un anarchisme national comme fondement de toute sociabilité humaine.
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Voyage en démocratie Tome 1 ; regards français sur la démocratie
Pierre Statius
- Kime
- 10 Mai 2016
- 9782841747481
Comment comprendre le temps démocratique qui est le nôtre, temps de troubles et d'angoisses ? Quelle articulation peut-on concevoir entre la défense du droit des individus et la nécessité d'une contrainte collective ? Comment organiser la participation du citoyen en régime démocratique ? Quelle représentation de la souveraineté du peuple dans nos sociétés démocratiques toujours menacées par une dérive oligarchique ?
En choisissant ici de considérer le fait démocratique comme un fait social total des sociétés modernes nous montrons que la démocratie est un régime fragile en ce que, faisant une large place à la diversité sociale, elle reste hantée par le fantasme de l'Un des sociétés religieuses.
Ainsi le totalitarisme a-t-il été et reste-t-il l'adversaire de la démocratie. Ultime avatar, cette démocratie produit une humanité nouvelle tentée par le conformisme, par la sécurité obtuse de l'idéologie ou par le vertige de l'insignifiance. Nous embarquons alors pour un voyage en démocratie qui se fera en trois étapes. Dans ce premier volume, nous voulons identifier la syntaxe des sociétés démocratiques : la liberté et l'histoire comme fondements épistémologiques de la démocratie, la dynamique démocratique, la démocratie contestée par le totalitarisme et la démocratie malmenée par la tentation de l'insignifiance. Pour mieux comprendre la fragilité démocratique autour de ces quelques questions essentielles, nous mettrons en perspective quatre penseurs français du fait démocratique : Benjamin Constant, Alexis de Tocqueville, Raymond Aron et Marcel Gauchet.
Nous souhaitons mieux apprécier notre démocratie contemporaine, sortir du brouillard où nous sommes plongés par une double approche philosophique et historique. Le deuxième volume, qui sera une topique, s'efforcera d'élaborer le lexique démocratique. Enfin, le dernier volume reviendra sur le lien substantiel qui existe entre la démocratie et l'éducation.
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REVUE TUMULTES n.49 : utopia nova II ; la radicalité démocratique
Revue Tumultes
- Kime
- Revue Tumultes
- 9 Novembre 2017
- 9782841748150
Ce nouveau numéro de Tumultes se positionne, comme le n°47 (Utopia Nova. La démocratie, radicalement), au carrefour de la démocratie et de l'utopie. Mais quel est donc ce carrefour ?
Notre hypothèse est qu'il pourrait se nommer « radicalité ». A l'heure où la notion de « radicalisation » fait florès pour évoquer de manière euphémisée le phénomène djihadiste, c'est donc d'une autre radicalité qu'il est question ici, d'une radicalité résolument située du côté de l'émancipation. Mais parler de « radicalité démocratique » n'est que le début des problèmes : Faut-il entendre la radicalité au sens étymologique (aller à la racine) ou au sens politique (une critique déterminée) ? Pourquoi parler de démocratie radicale plutôt que de démocratie tout court ? Le terme « démocratie » a-t-il été à ce point galvaudé qu'il faille aujourd'hui y accoler un adjectif pour rappeler la dimension profondément intempestive de ce type de régime politique ? A quand remonte l'association entre démocratie et radicalité ? Qui l'utilise ? Et dans quelle perspective ? Tels sont les questionnements que l'on retrouve au fil des articles contenus dans ce numéro.
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La valeur neo-libérale de l'humain : capitalisme et biopolitique à l'ère pandémique
Nathalie Champroux, Jean Deluchey
- Kime
- 17 Juin 2022
- 9782380720709
Que valent nos vies pour un gouvernement néolibéral ? Comme nous l'a enseigné Michel Foucault, le néolibéralisme est un « art de gouverner ». Fondé sur le « régime de vérité » du marché, cette gouvernementalité nous incite à normaliser et moraliser nos vies et nos actions pour les consacrer à l'accumulation d'un capital (économique, social, culturel, symbolique). Le néolibéralisme nous a imposé une « raison du monde » biopolitique qui, par les logiques d'un utilitarisme radical fondées sur la compétition, la responsabilité individuelle, les inégalités économiques et l'empire universel de la valeur, n'hésite pas à mettre en balance des vies humaines et des opportunités de profit. Dans l'ordre néolibéral, la question de la valeur de la vie humaine se posait déjà avant la pandémie du Covid-19 ; elle se pose aujourd'hui avec d'autant plus d'acuité. Plus récemment, les gouvernements néolibéraux ont volontiers recouru à des programmes politiques néo-conservateurs autoritaires qui promeuvent une politique de destruction des Communs assortie d'une politique de mort (nécropolitique) eu égard aux populations ou groupes sociaux jugés inutiles ou excédentaires dans le projet néolibéral, normalisateur et moral. C'est pourquoi nous assistons aujourd'hui, dans le champ politique, à des affrontements qui opposent radicalement les identités, les nations, les religions, et les modes de vie. Ces affrontements mettent en scène une véritable « guerre civile mondiale », dont la violence est ressentie partout et par tous, et dans le cadre de laquelle les groupes hégémoniques proposent que soient neutralisées ou éliminées les vies de ceux et celles qui constituent des obstacles pour la mise en oeuvre de leur projet politique. L'objectif de ce livre est donc de mettre en perspective des réflexions interdisciplinaires critiques sur le problème de la valeur de l'être humain dans un ordre capitaliste néolibéral et bio-nécro-politique.
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Le vingtieme siecle iranien - le jeu des quatre familles
Ramine Kamrane
- Kime
- 11 Septembre 2007
- 9782841744305
Le but de ce livre est de rendre compte de la dynamique de l'histoire contemporaine de l'iran, depuis la révolution libérale de 1906 jusqu'à aujourd'hui.
Les études qui portent sur cette période s'articulent sans exception autour des événements politiques d'importance mais tentent de réduire la dynamique du mouvement qu'elles poursuivent à des facteurs non-politiques (culturels, économiques, sociaux, religieux...). cette étude vise par contre à rendre compte de la logique politique qui est à la base de ces événements. depuis la révolution islamique de 1979, l'iran ne cesse d'intéresser les observateurs à travers le monde.
Pour ramine kamrane l'instabilité politique de ce pays a vu le jour avec la grande révolution libérale de 1906. c'est depuis cet événement qu'il faudrait dresser la perspective de compréhension de l'iran actuel. l'histoire contemporaine de ce pays est celle de la lutte entre quatre familles politiques (démocrate, autoritaire et totalitaires) dont chacune s'efforce d'établir le régime de son choix et c'est à travers l'analyse de cette lutte qu'on pourrait la comprendre.
Les crises de l'iran contemporain ne sont guère différentes de celles connues par nombre de pays européens au xixe siècle. les schémas culturalistes sont impropres à leur examen. se détacher du discours iranologique dominant est le préalable nécessaire.
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Anthropologie du mythe Tome 2 ; ancêtres et fondateurs de dynastie dans la mythologie lao
Richard Pottier
- Kime
- 17 Janvier 2012
- 9782841745777
La bouddhisation des récits lao qui portent sur l'origine de la riziculture, ou qui racontent la fondation des dynasties, s'accompagne simultanément de l'introduction d'une dimension éthique, qui est absente dans les versions non bouddhisées, et du rôle accru qui s'y trouve accordé aux ancêtres ethniques. Ceux-ci ont pour fonction d'introduire les hommes dans l'ordre symbolique à travers un sacrifice qui fait de ces derniers leurs débiteurs, et qui les fait eux-mêmes accéder au statut de modèles identificatoires. L'éthique représentant pour le bouddhisme l'un des moyens principaux de la réalisation du salut, il n'y a rien d'étonnant à ce que l'adoption de la religion de l'Eveillé ait entraîné une moralisation des récits dont les ancêtres des Lao étaient porteurs lorsqu'ils ont quitté la Chine. Toutefois, le bouddhisme (venu de l'Inde) et le culte des ancêtres (commun à tous les peuples de l'Asie orientale) constituent deux institutions religieuses absolument distinctes, de sorte que la place éminente attribuée aux ancêtres dans les récits (comme aussi bien dans les rituels) ne va pas de soi. Ce qui rend compte de ce paradoxe, c'est que, loin de provoquer la disparition ou l'affaiblissement du culte des ancêtres, la bouddhisation de la civilisation lao s'est traduite par une réinterprétation de la notion d'ancêtre : les ancêtres ethniques sont demeurés les garants de l'ordre moral, mais ils incarnent désormais le renoncement à la "soif d'être", la compréhension du "non soi" et de l'impermanence, c'est-à-dire l'acceptation de la finitude humaine.
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CAHIERS DE LA TORPILLE n.1 : faut-il être colonialiste ?
Collectif
- Kime
- Cahiers De La Torpille
- 30 Mai 1998
- 9782841741311
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