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Le Temps Qu'Il Fait
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L'auteur nous a subjugués, envoûtés, et, au vrai, je le dis sans goût pour les paradoxes faciles, c'est peu de huit cents pages pour parvenir à un tel résultat. D'autres n'y seraient pas parvenus en trois mille, et beaucoup par leur oeuvre entier. Jean Douassot a découvert une planète que nous pensions connaître : le monde du sexe et de l'organique, ou le monde réduit à ses soubassements sexuels et organiques, alors que nous en ignorions la mystérieuse topographie.
Pour dresser celle-ci il fallait sans doute un géographe, il fallait surtout un poète pour conduire le géographe. L'auteur s'est laissé mener par l'enfant qu'il a sans doute été et c'est pourquoi La Gana baigne tout entière dans cette poésie cruelle et violente qui est celle de l'enfance aux prises avec des mystères trop grands pour elle. Cette poésie transforme le sordide en objet d'art. Elle permet de substituer au dégoût ou à l'apitoiement facile la révolte. Elle entraîne un ouvrage qui aurait pu n'être que remarquable, et en marge, dans les grandes eaux d'une littérature qui aide à vivre.
Maurice Nadeau.
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L'effondrement de la société rurale a conditionné chez certains enfants de paysans, témoins de cette mutation brutale des années 1960, la fin d'une confiance dans les rythmes lents d'un monde profondément accordé à la nature. Né dans une famille paysanne du nord Finistère, Daniel Morvan a vécu les arrachements et les exils propres à cette modernité, porteuse de catastrophe sociale et environnementale :
Exode d'un terroir à l'autre, encasernement par l'internat et rencontre de la culture urbaine, promotion de l'enfant boursier jusqu'aux bancs de l'École normale supérieure... C'est la confrontation entre les émotions de l'enfance et les révolutions d'un nouvel ordre économique qu'il décrit dans ce vaste poème en forme d'arche. Quitter la terre croise des approches diverses, prose, document, complainte de l'exil, catalogue de sons et biographèmes. Dans une écriture de gravité constante mais non sans humour, l'auteur définit le refus du productivisme comme constitutif de sa vie propre. Ce refus, ce scepticisme hérité de son père, le poursuit dans les tumultes intimes de l'arrachement à la terre, de la mélancolie urbaine, des errances et des choix de vie. Quelle affirmation trouver dans ces pages où court l'écho des colères paysannes ? Traversant les périls mortels de la terre, la poésie est-elle encore soeur des chants d'oiseaux ? -
Pour dire adieu : épigrammes et stèles funéraires dans la Grèce antique
Jil Silberstein
- Le Temps Qu'Il Fait
- 17 Mai 2024
- 9782868537157
Un choix d'épigrammes funéraires de la Grèce antique rencontrant un ensemble de photos de stèles sculptées, pour adoucir l'infini chagrin du deuil...
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L'obscur tympan du monde
Gérard Mordillat
- Le Temps Qu'Il Fait
- Litterature
- 2 Février 2024
- 9782868537102
«Le poète est un voyant au présent et du présent, pas un mage ou un sorcier, interrogeant les signes et les visions. J'aime penser aux poèmes que j'écris comme des textes «d'intervention». C'est-à-dire des citations du temps, fixés dans l'histoire par des mots taillés en pointes. Interventions également sur le champ littéraire dans la mesure où ils ne s'enferment pas dans un code de lecture ; qu'ils ne peuvent se réduire au lyrisme individuel, à l'objectivisme, à la fable, au narratif, au didactisme, à la glossolalie. La poésie n'a pas de limites comme elle n'a pas de raison. Qu'elle ne soit pas « cadrée» ne signifie pas qu'elle soit sans règles, sans contrainte. Au contraire.
[...] Écrire de la poésie, c'est avoir faim. C'est discerner le mot exact dans l'obscurité du temps, entendre le son juste au milieu des clameurs de la jungle, fixer un état incandescent de la conscience. Le poème signe toujours un éclair de lucidité.» - G. M. -
Les contes bleus du vin ; un rêve en Lotharingie
Jean-Claude Pirotte
- Le Temps Qu'Il Fait
- Corps Neuf
- 6 Juin 2011
- 9782868535566
Un rêve en Lotharingie et Les contes bleus du Vin sont les carnets d'un observateur passionné, une poésie de journal intime, les éphémérides d'un coeur pérégrin qui aime à s'égarer sur des territoires en retrait des sentiers achalandés, vers des coins secrets non référencés par les offices de tourisme :
« Les pays les plus mal aimés sont les plus chers à mon âme. » Signe distinctif de toute grande poésie, il existe un « univers Pirotte », tout un monde de diversités inattendues, majestueuses drèves et secrètes tortilles, solennités héroïques et veines populaires, alluvions mythiques... une constante vigilance de l'esprit et du coeur, un univers où les frontières entre le réel et l'imaginaire, entre le rêve et la vie, s'estompent et disparaissent.
Gérard Oberlé.
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Longtemps paralysé en face de l'écriture, André Frénaud (1907-1993) est né à la poésie la trentaine passée.
En pleine guerre, alors qu'il revient en France muni de faux papiers après deux ans de captivité dans le Brandebourg, Paul Éluard accueille chaleureusement ses poèmes. Quelques-uns de ceux-ci paraissent dans la clandestinité à l'enseigne des éditions de Minuit, sous le pseudonyme de Benjamin Phelisse.
Aussitôt remarquée par Louis Aragon et René Char, cette voix s'avère d'un expressionnisme unique dans notre langue. Des liens et souvent des amitiés vont alors se nouer entre cette personnalité aussi tourmentée que généreuse et nombre de poètes et peintres qui auront marqué de leur empreinte la poésie française au XXe siècle.
André Frénaud savait que ses longs poèmes, lesquels avaient sa préférence, livraient des clés essentielles de son univers. Il rêvait d'un recueil qui en fît la démonstration. C'est désormais chose faite. -
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un homme hantant le quartier de la Bastille autant qu'il en est hanté
constate étonné
que le nuage gris du comportement corporate
en glaubiche dans le texte
est en train de se répandre sur cette place
de prendre toute la place
et de supplanter le troisième terme
de notre vieille devise républicaine
la fraternité
bientôt réduite
en cendres
sur la terre
comme dans l'eau de la Seine
faut-il s'y résoudre
faut-il absoudre
faut-il en découdre -
Les poèmes de ce volume ont été écrits entre 1917 et 1923 - date du départ de Fundoianu pour la France, à l'âge de 24 ans - et publiés de 1920 à 1930 dans différentes revues rou- maines. C'est donc de Paris que le poète compose son recueil, en effectuant un choix parmi de nombreux textes. On trouve dans Poèmes d'autrefois (Le temps qu'il fait, 2010) un certain nombre de « paysages » d'inspiration similaire.
Cette poésie n'est traditionnelle qu'en apparence ; les paysages, où la nature semble toute-puissante, sont minés de l'intérieur par une mélancolie, un désenchantement qui ne s'affirmeront pleinement que plus tard, dans les oeuvres à venir. Dans la singulière introduction que Fondane donne en 1929 au recueil de Fundoianu, le poète explique :
« En ce temps-là, j'étais nu et ne me savais pas nu » ; la poésie a révélé son impuissance à concurrencer le monde réel, ses laideurs et ses turpitudes. Mais il poursuit cependant :
« La poésie n'est pas une fonction sociale mais une force obscure qui précède l'homme et qui le suit. » Dans les vers de Fundoianu, que le Fondane de 1929 semble renier, percent les accents si justes et profondément humains du Mal des fantômes.
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« La douleur était mon professeur de lettres. J'étais le premier des derniers, au fond de la classe. Je me revois les bras croisés sur mon pupitre. Sur mon cahier j'écrivais des pen- sées qui ressemblaient à des chemins de blé. Chaque phrase était pareille à une feuille morte ou un caillou qui devenait un poème - quand je ne savais même pas ce qu'était un poème. » Jean-Marie Kerwich arrive dans le langage par un chemin vierge, que n'ont foulé avant lui ni les religieux, ni les lettrés, ni même étrangement les poètes. La joie si pure que donne son écriture angélique vient de ce qu'elle ne lui fut pas enseignée par les hommes mais par le ciel. Son verbe en porte l'infalsifiable cachet azuré. Cette joie est aussi celle qu'éprouve le voyageur perdu devant une oasis. Comment ne pas entendre, dans la désertification spiri- tuelle grandissante du monde, sa voix comme le murmure inespéré d'une source ? Une fois de plus c'est le sauvage qui nous instruit, le blessé qui nous soigne, le déshérité qui nous comble.
Lydie Dattas
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Journal d'hiver ; poèmes et monotypes
Jean-Pierre Abraham, Yves Marion
- Le Temps Qu'Il Fait
- 23 Mai 2012
- 9782868535832
« Ces dessins sont beaux. La pauvreté des moyens employés accroît leur force, peut-être. «Je n'ai plus, m'écrit Marion, que cette encre et ce papier à lettres. Je ne puis m'acheter le moindre matériel.» Mais il a utilisé une plaque de verre pour appliquer son encre sur le papier, et obtenu des rythmes étonnants. Durant de longues heures j'ai regardé cette première série, qu'il a intitulée, un peu cavalièrement il me semble, la Mer à voir. Les dessins sont liés, forment une suite organisée de façon précise, qu'il importe de pouvoir contempler d'un seul coup d'oeil. Marion, je pense, eût été satisfait de me voir à quatre pattes dans ma chambre, les dessins alignés sur le plancher, promenant au-dessus d'eux ma lampe, à la manière des explorateurs qui déchiffrent sur les murs d'une grotte des signes mystérieux. » (Armen, 1967) C'est par ces lignes que nous connaissons l'anecdote : un jeune artiste de l'île de Sein confie une trentaine de monotypes à son ami gardien du légendaire phare d'Armen où il les monte, leur consacrant pendant les mois d'un hiver un acharné travail d'écriture, poussant des mots « jusqu'au bord du gouffre ». L'auteur avait gardé des copies de ses poèmes, et l'artiste en avait fait un livre unique, demeuré inédit. C'est ce superbe document que nous publions, cinquante ans plus tard.
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D'un lyrisme contenu et souvent tranchant qui a quelque chose à jouer contre la mort, ces poèmes font s'entrecroiser des trajectoires et des signes d'oiseaux, des visages anciens et des territoires de l'imaginaire, ils indiquent un seuil «temporel» à partir duquel observer l'infusion du passé dans le présent. demeure ombreuse qui cache les mots encore sans ailes les traces de l'avenir anciennement rêvé bientôt la voix muette corde grave la friche des mots libres dont il faut garder l'évasion sur des tablettes de cire maison cependant disloquée de soleil sous la poussière et l'olivier qui ne s'élève plus qu'en chant de terre aride ciel parmi les pierres qu'on peut rassembler avec la main.
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Voici «Comment / déréglé par ces bandes d'églises qui cornent entre les heures / agressé par la dévisseuse des voleurs de pneus / par le gyrophare du shérif / comment retrouver son jardin d'intériorité ?» C'est un album intime que ce livre. Les souvenirs d'une adolescence dans une ville portuaire du Midi y côtoient les photos de voyage au soleil de l'Italie, de la Grèce ou du Grand Erg, dans une sèche recherche de sens et une éloquence attachée au réel, au vivant, au concret. Et parfois une discrète touche élégiaque donne à ces cartes postales les couleurs de «microdyssées» hors du temps.
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Ni pillard, ni fuyard : poèmes, 1969-2003
Antjie Krog
- Le Temps Qu'Il Fait
- 12 Avril 2004
- 9782868534064
Fille de fermiers afrikaners nationalistes, Antjie Krog se singularise à l'âge de seize ans en publiant une poésie célébrant l'amitié entre Noirs et Blancs. Un scandale. Dans sa prison Mandela finira par l'apprendre et y trouvera un motif d'espoir. Elle se fait connaître dès lors par des poèmes à la fois rugueux et riches en métaphores, où l'engagement politique et le féminisme ne se départissent jamais d'un amour profond pour ses proches et pour les paysages de son pays.
Dans la poésie afrikaans, Antjie Krog est à sa génération ce que Breyten Breytenbach fut à la sienne : une voix puissante, audacieuse, inventive. Plusieurs prix littéraires viennent couronner ses oeuvres, en Afrique du Sud comme aux Pays-Bas. En France elle est l'invitée d'une session de traduction à la Fondation Royaumont.
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A tracer de quoi tenir droite je penche.
C'est de coucher sur le papier drôle d'expression. Et je songe au vieux sage qui disait qu'on n'a pas même à soi un nom. Et je signe ce que j'éprouve sans trop en faire une montagne de mes ognons.
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Écrit comme un journal entre octobre et Noël, sous l'invocation des écrivains aimés, ce livre de poèmes a des accents mélancoliques et même testamentaires. Chassée parfois par la lumière de ce coin du Jura que le poète habite, c'est pourtant l'ombre qui domine, propice aux ruminations de la mémoire et accueillante aux regrets. " Mais il nous reste un peu de rage/ au coeur un brin d'amour humain / le tenace espoir que demain / nous serons élus par l'orage " et la musique entêtante de la prosodie de Pirotte.
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C'est un chant à mi-voix, nostalgique et tendre, que portent ces poèmes. Voix revenue de l'enfance, chargée parfois d'une colère sourde ou d'une attente sans espoir, elle vibre de la beauté cruelle des images que lui montrent la nature, les rêves éveillés, la peinture toscane... - et célèbre une joie impossible. C'est encore le même été blond Où la petite fille amoureuse Dépose son bouquet d'herbes Dans le vase de la chambre. Le puits est à sec. Les mirabelles pourrissent. L'enfant hume la terre
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Des laines qui éclairent ; une anthologie, 1978-2009
Pascal Commère
- Le Temps Qu'Il Fait
- 18 Octobre 2012
- 9782868535665
«Tenté à certaines périodes de dresser, au plus près, inventaire de ce qui nous entoure et n'est riche que de son existence, banale faut-il dire, triviale. Mais concrète, et cependant - en raison de cela - propre à infiltrer le poème d'éléments du réel rejetés d'ordinaire parce que provenant de la vie de tous les jours, et notamment du monde du travail, si peu présent en poésie. Alors que demeure, y compris - surtout - dans les esprits formés naguère aux humanités, une manière d'emphase propre à tout ce qui touche à la terre, et n'imaginant pas qu'on puisse la loger dans des mots qui, prenant en compte rudoiements, crevasses d'hiver aux doigts des saisonniers, font langue de ça, si ce n'est cals. À l'inverse, une lecture par trop distante, et fortement médiatisée, ne retient de la terre que sa fonction alimentaire, certes non négligeable. Qu'en est-il de ceux qui y vivent ? De leur quotidien? Appelé à vivre parmi eux, à partager au quotidien leurs soucis administratifs, notamment, me voici embarqué dans un mouvement qu'un geste d'écriture ramasse, sans autre projet (immédiat) que prendre mesure au présent d'une ardeur ignorant tout d'elle-même.»
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Les romans que Mordillat a publiés, ses films également montrent combien il est un homme engagé, fidèle à ses origines populaires, radical à l'occasion et politiquement courageux - espèce rare par les temps qui courent, faut-il le dire ?
Son abondante production ne l'a nullement conduit à reléguer dans l'oubli son amour des poètes (Gilbert-Lecomte, Daumal, Larronde, Artaud, Dadelsen, et Prével par-dessus tout), ni à renoncer à la poésie. Il en écrit un peu, sans manières et à sa façon, rouge et noire, pleine de sourde colère et de tendresse insolente. Très incorrecte en somme.
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Les poèmes assemblés dans ce recueil sont, pour une part, écrits dans le même élan combatif que le précédent, engagé, militant, réfractaire.
Il s'y ajoute deux séries de poèmes narratifs : l'une compose un hommage indirect aux objectivistes américains, l'autre se promène avec impertinence entre le facétieux et l'absurde. Le volume se clôt sur l'évocation de deux figures mythologiques : Jésus et Hamlet, rien de moins ! - écrite avec la désinvolture apparente des meilleurs satiristes.
Il y a cependant une bien lucide désespérance dans cette poésie décapante, mais à mille lieues de l'esprit de sérieux qui caractérise ordinairement le genre.
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Poèmes d'autrefois ; le reniement de Pierre
Benjamin Fondane
- Le Temps Qu'Il Fait
- 28 Janvier 2010
- 9782868535290
Ce recueil rassemble des poèmes écrits en roumain par le jeune Fondane entre 1917 et 1923, manifestement inspirés par sa lecture de la Bible et des Psaumes et qui illustrent bien son idéal de jeunesse de donner une " justification esthétique de l'Univers ".
Cet ensemble est suivi d'un long poème dramatique, également demeuré inédit en français : Le reniement de Pierre.
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Dadelsen a démontré que la poésie n'est pas nécessairement liée au génie fracassant mais qu'elle peut être l'aventure intérieure de chacun d'entre nous.
Ni barde ni prophète, Jean Paul est seulement une voix, claire, transparente, qui nous parle, appuyée sur une prosodie conçue par lui, pour lui - de tout. Car familier de la Bible comme de Shakespeare, et si loin de nos canons classiques ou modernes, Dadelsen sait ce que chacun sait, et surtout les plus modestes parmi nous : toute chose relève de la poésie - la lumière du soir, les draps dans l'armoire, les religieuses à gros derrière et les ombres des morts qui nous furent chers et qui nous entourent quand l'été finit et que le jour tombe.
Exemplaire au-delà de la mort, Dadelsen nous montre, sans y toucher, que la poésie, comme la sainteté sans doute, naît et se développe là où on ne l'attend pas : dans le silence et l'obscurité - dans une continuité aussi, apprise auprès des poètes-frères, et ce survol montre s'il en était besoin que Jean-Paul de Dadelsen n'est pas né de rien. Il a trouvé ses propres sources, celles dont son âme et son art avaient besoin.
Les courants de la création ne surgissent jamais des laboratoires où ils sont attendus. Mais ailleurs - de la liberté.
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Enfin, dira-t-on, la poésie de Paol Keineg est à présent lisible dans son empan ! Et ce volume prouve que pour avoir attendu on n'en est pas moins récompensé ; quelque chose en effet avait disparu du paysage prosodique contemporain puisque près de vingt années de publications manquaient au lecteur d'aujourd'hui - soit une dizaine de livres, et de ceux qui avaient fondé justement la réputation de ce poète, reconnu à 24 ans lorsqu'il publia ce qui sembla à certains un brûlot : Le poème du pays qui a faim (1967). Il s'agissait plus purement d'une entrée forte dans la poésie, dans l'aventure de la langue, et chez Keineg cela a un sens particulier puisqu'il se débat avec deux idiomes (sa revendiquée diglossie !) Mais quoiqu'il ait écrit et publié dans la langue de sa source finisterrienne (on en pourra lire dans cette anthologie), c'est malgré tout dans celle de Corbière, de Guillevic et de Perros qu'il s'échine au travail majeur. Comme en un combat qu'il croit toujours perdu d'avance (le peut pas grand-chose de la poésie ") mais dont les poèmes - ses preuves - attestent que des légendes exemplaires de la constellation celtique à l'affection reconnue pour le porc, les femmes et les oiseaux, c'est bien toujours le même bonhomme (le " plouc ", dixit) qui depuis la nuit des temps d'avant Arthur se botte l'arrière-train pour comprendre ce qu'il fait là ! D'où cette poésie qui renaude (parfois crûment), qui houspille (soi-même avant tout), qui se moque mais qui sait tout autant aimer - toutes ses humeurs par quoi le poète pense (et pèse) l'homme sous son monde. François Boddaert.
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Homère connaissait, dit-on, les cinq mille vers de l'Iliade et de l'Odyssée par coeur et les livrait de vive voix à ses auditeurs.
Quel poète aujourd'hui donne ainsi ses textes ? Combien de poètes parlent-ils leurs textes ? La poésie confinée dans le papier est-elle vraiment la poésie ? D'où vient la cassure qui l'a réléguée dans les études universitaires, les poncifs de la messe scolaire, ou la «sclérose en plaquettes» qui ne concerne qu'un lectorat minuscule ?
Quelle place tiennent dans cette désaffection la poésie «de combat» embarquée dans la mouvance communiste du XXe siècle, puis sa contre-vague formaliste ? Et quelle responsabilité endossent parfois les poètes eux-mêmes en s'enfermant dans diverses postures et clichés qui ont la vie dure ?
Autour de ces questions, Michel Arbatz, auteur, mais aussi homme de scène, et passeur oral de poètes plaide pour l'oralité, et la nécessité de maintenir la poésie comme «mémoire de la langue», suivant la belle expression de Jacques Roubaud. Il salue dans deux longs chapitres le rôle de la chanson comme garante d'une tradition poétique orale, et pointe le vide inquiétant d'une absence de transmission dans le domaine poétique.
Hourrah l'Oral ! est un bulletin de santé, un examen complet du malade, qui cherche à comprendre tous les aspects de son affection. C'est une réflexion nourrie tant par la lecture des poètes eux-mêmes, que par une importante documentation, mais aussi par l'expérience d'une décennie de profération tous azimuts avec la BIP (Brigade d'Interventions Poétiques) que Michel Arbatz anime en Languedoc Roussillon.