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Esperluete
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Cinquante-six, c'est l'âge de Carol Vanni au début de ce texte ; ce sont les chiffres inversés de son année de naissance ; le numéro d'une carte routière de son grand-père. C'est également le nombre de ses amants, jusqu'à aujourd'hui.
Relations d'un soir ou de plusieurs années, l'autrice se souvient de chaque homme côtoyé et fait revenir le souvenir de ces rencontres, plus ou moins chronologiquement. Pied-de-nez aux stéréotypes et loin de se conformer aux assignations faites aux femmes - femme-objet, épouse, mère ou amante, femme mûre supposée sage, que la société aimerait voir reléguées au statut de spectatrices de leurs vies et de leurs rencontres - l'autrice prend un malin plaisir à nous montrer par l'exemple que la voie peut être autre. Toutes ces femmes existent en même temps dans son récit, y compris celle qui vieillit et reste multiple.
Ce texte nous rappelle que disposer librement de son corps, de son désir et de son temps peut s'avérer être un joyeux déroulé d'expériences, plus ou moins épanouissantes, plus ou moins heureuses. Il est question de danse et d'amour, de ce qu'un être peut et veut, d'un mouvement tel une lame de fond qui pousse à aller vers... l'inconnu, l'autre, l'homme.
Par l'écriture, en évitant tous les pièges qu'une telle exposition de sa vie pourraient entraîner, Carol Vanni explore le rapport à son corps et au temps qui passe. Elle fait la part belle aux matières, odeurs, couleurs, sensations et bruits, en fait, à tout ce qui nous rend vivants. -
"Il arrive qu'un enfant s'émerveille d'une chose que personne d'autre que lui ne peut voir. Avec ses mots d'enfant, il tente de la décrire, mais personne ne l'écoute : les grands, c'est bien connu, ne croient que ce qu'ils voient. On l'accuse même de mentir. Alors l'enfant se tait et finit par douter de son regard. Ce doute peut persister longtemps, parfois une vie entière, sauf si l'enfant devenu grand découvre qu'il a vu vrai. Il se passe alors quelque chose d'étrange : son regard redevient aussitôt celui de l'enfant qu'il était."
Le regard, c'est le vrai héros de ce récit. Il apparaît d'emblée comme un personnage que l'on pourrait appeler Regard avec un R majuscule et qui aurait une vie parallèle à celle de la narratrice. Une vie avec sa propre histoire, mais comment la retrouver??
Et qui est-il, ce partenaire immatériel, muet et pourtant omniprésent?? Comment est-il né?? Quelle a été son enfance?? Les premières images qu'il a aimées comptent-elles encore, maintenant qu'il a grandi??
Chantal Deltenre recompose, à partir de souvenirs, de sensations et d'images, l'origine de ce compagnon de route. Elle nous emmène au coeur de cette enquête personnelle : une recherche qui invite tout un chacun à s'interroger sur son propre regard et sa construction ; avec, comme mantra, qu'il faut toujours croire aux regards d'enfants.
"C'est un livre qui tente de retracer la vie d'un regard. Je l'ai écrit en pensant à cette phrase de Georges Pérec: Il faut savoir questionner ses petites cuillères, ce qui invite à se pencher sur les petites choses qui font notre quotidien. Nous vivons dans un monde saturé d'images que nos regards ne cessent de capter, créer, enregistrer, collectionner, archiver. Chaque regard chemine à sa manière et nous prenons rarement le temps de nous interroger sur les raisons qui le font s'arrêter sur une image et pas une autre, mémoriser l'une et oublier l'autre... J'ai voulu chercher la réponse dans l'enfance d'un regard, à ses premiers pas dans le monde des images. C'est une exploration à la fois imaginaire et très concrète parce qu'elle s'appuie sur une enquête ethnographique parmi des images personnelles : photographies, cartes postales, chromos, films, planches illustrées d'un dictionnaire, etc ; l'enquête laisse entrevoir une continuité entre les images d'enfance et la façon dont un regard chemine plus tard dans le monde des images. C'est un récit personnel, mais toute personne peut se l'approprier. Il suffit de se poser ces questions : Comment est né mon regard ? Comment a-t-il appris à voir ? On oublie trop souvent cette présence immatérielle à nos côtés, comme si elle se confondait avec nous. Est-ce si sûr ? Je pense que se poser ces questions, c'est se donner ou se redonner une capacité d'émerveillement."
Chantal Deltenre, automne 2023 -
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Un texte comme un cri. Un cri de rage. De colère. D'injustice. Le cri d'un enfant meurtri, qui ose enfin s'exprimer plus de soixante ans après les faits. Douloureusement, Jean Marc Turine remonte le fil de sa mémoire et raconte ce qu'il a tant voulu oublier : les agressions sexuelles répétées, lorsqu'il était jeune garçon, par des membres du clergé. Le texte déroule les faits et navigue entre le récit factuel, cru, et l'émotion intense. Jean Marc Turine réussit à garder cet équilibre précaire, entre le recul nécessaire à l'écriture et la répugnance des souvenirs évoqués ; écoeurement, dégoût, colère ; les émotions remontent.
Depuis toujours, la force du travail de Jean Marc Turine réside dans sa capacité à dénoncer, sans relâche, les horreurs, les injustices, de donner la parole aux sans-voix, aux opprimés de la société. Après trente-cinq ans de travail acharné, de créations radiophoniques, de livres de résistance, il prend la parole pour lui-même et l'enfant qu'il était. Dénoncer les agressions perpétrées par des membres de l'église permet à son enfance meurtrie de trouver les mots de sa blessure.
L'importance de ce texte réside dans son honnêteté, il n'occulte rien, ni la part d'ombre, ni le déni, ni la difficile construction en tant qu'homme adulte. Au-delà de l'horreur, il éclaire également l'oeuvre littéraire d'un homme épris de justice.
Il est des sujets dont on essaie parfois d'oublier qu'ils existent, des souvenirs qu'on préférerait occulter. Mais ce qui s'est passé a existé, et libérer la parole est salvateur, essentiel. Les comportements abusifs sur des jeunes enfants et leurs dénonciations récentes provoquent des haut-le-coeur. La trame en est souvent un rapport d'autorité qui paralyse la victime en protégeant l'abuseur. Le témoignage permet alors, non pas de comprendre, mais simplement d'entendre. Lorsque celui-ci se double d'une écriture ayant la qualité de celle de Jean Marc Turine, le lecteur se laisse happer par ce cri du coeur, véritable claque qui remue et révolte.
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Notes découpées du japon
Benoît Reiss, Junko Nakamura
- Esperluete
- L'estran
- 21 Août 2018
- 9782359840964
Un Français installé au Japon y enseigne sa langue à des Japonais passionnés par les complexités de la conjugaison française. De son regard d'étranger, admiratif et étonné, curieux et séduit, il observe les gens - les jeunes, les vieux, les salarymen, les spectateurs endormis au Kabuki -, la nourriture - les ramen, les biscuits de riz, les élégants gâteaux de gelée -, la nature - les grenouilles, les cerisiers, les oiseaux, les cèdres, et l'eau, surtout. Les lacs, la mer, les sources chaudes, la pluie, les fleuves, les vagues noires des tsunamis meurtriers.
Avec une écriture dépouillée, contemplative et sans artifice, Benoît Reiss décrit quelques moments de cette vie, fragments découpés dans le continu de l'existence, autant d'instantanés qui racontent la beauté et la poésie des « petites choses » du quotidien nippon.
Les aquarelles de Junko Nakamura, entre paysages exotiques et détails ordinaires, ponctuent ce récit et habitent l'espace entre ces « notes découpées », qu'elle rassemble d'un trait de pinceau.
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Valérie Linder ouvre sa valise et nous dévoile des objets insolites comme autant de rencontres imprévues à découvrir au fil des pages : de A jusqu'à Z.
Glanés lors de voyages sur des cahiers d'écoliers, les objets frottés à la mine de plomb - une pince à linge, un peigne, une cuillère - deviennent évocateur d'un lieu ou d'un instant. L'illustratrice nous restitue leurs empreintes pour les associer à des mots choisis dans le dictionnaire.
Des empreintes imparfaites à l'image des souvenirs : diffus pour certains, précis pour d'autres. Entre effacement et présence indélébile.
Dans ce long livre en accordéon à feuilleter ou déplier, l'auteur nous demande : Et toi lecteur, que gardes-tu de tes voyages ?
Une autre question est posée : Est-il possible de voyager avec peu de choses ? De prendre l'air plutôt que d'acquérir et posséder ?
Valérie Linder écrit à propos de son livre : "Mots choisis dans le dictionnaire, objets choisis: Proposer uniquement des mots en lien avec le voyage, à différents degrés. Décaler le rapport entre le mot choisi et l'objet proposé - tisser des liens, être émerveillé, être un peu dérangé, déçu, étonné... c'est le but du voyage."
Ainsi, voyageurs et lecteurs poursuivent le même but. -
Le peuple d'ici-bas : Christine Brisset, une femme ordinaire
Christine Van Acker
- Esperluete
- En Toutes Lettres
- 7 Octobre 2022
- 9782359841602
Au détour d'une promenade, Christine Van Acker découvre le Square Christine Brisset à Angers. Un nom d'abord, puis une femme et son histoire qui ne cessent de l'intriguer, de la poursuivre. Elle entame des recherches, fouille les archives de la Ville, interroge des proches. Plus elle en apprend sur la vie de Christine Brisset et son action sociale auprès des plus démunis, plus elle est fascinée, plus la réalité des taudis de l'après-guerre résonne avec la réalité des sans-abris du XXIe siècle.
Pionnière de l'action sociale, Christine Brisset a oeuvré pour reloger plus de 12 000 personnes, organisé quelques 800 squats, écrit d'innombrables lettres aux autorités, entrepris la construction des maisons Castors... Si les squats de maisons bourgeoises inoccupées sont la partie la plus spectaculaire de son action, la grande pauvreté est le noyau dur de sa révolte : celle-ci s'accompagne de combats contre l'illetrisme et pour l'accès aux soins de santé ; elle combat toutes les formes d'injustices liées au pouvoir ou à l'argent.
Ne pensez vous pas que nous qui n'avons pas faim, nous qui pouvons donner à nos enfants très largement le pain et les vacances, ne pensez-vous pas que nous qui sommes l'élite, nous pourrions peut-être oublier un moment notre cas particulier et apporter notre intelligence, notre science à essayer de voir ce qui ne va pas dans la grande machine ?
Christine Brisset était une femme entière et atypique, pétrie d'humanisme et de bon sens. Sa personnalité détonne, dérange et agace dans une France grise et bien-pensante des années cinquante et nous interpelle aujourd'hui. -
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Femme morte à la théière
Carol Vanni, Anne Leloup
- Esperluete
- En Toutes Lettres
- 16 Mars 2018
- 9782359840926
Le récit s'ouvre sur les faits, bruts et violents, la grande cousine est retrouvée morte, lapidée dans un petit bois. Jamais on ne retrouvera les coupables. Il s'agira alors pour la jeune cousine de grandir et de se construire.
C'est le regard d'une femme mûre, accomplie mais bancale qui s'égrène dans le récit à la forme syncopée. « Femme Morte » est son nom, le nom qu'elle se donne pour interroger l'événement premier et ceux du quotidien. Comment peut-on vivre quand on se sent Femme Morte ? Comment peut-on s'autoriser un envol quand la vie aimée s'est arrêtée ? Comment fait-on pour jongler avec les mille et une sollicitations du monde extérieur portant cette part morte en soi ?
En faisant un pas de côté, en pariant sur le retrait, et la nature, Carol Vanni donne à son récit non pas un « sens » mais une dimension.
Ces questions, que le texte aborde en creux, laissent le lecteur progresser dans une histoire qui se construit lentement à la manière d'un lieu à soi. Se dessine alors une nature morte où chaque moment répond à un autre dans une forme de tissage, l'auteur tricote au-dessus du vide, les liens s'approfondissent.
Soigné par une écriture en fragments proche de l'incantation, le récit chemine vers une forme d'apaisement et un fil conducteur précis et minutieux apparaît. Séparer le vivant du mort en chacun de nous.
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Vivre (si vous sauriez comme j'avions)
Jean-Marc Turine
- Esperluete
- En Toutes Lettres
- 5 Juin 2020
- 9782359841244
Quatre textes sont ici réunis, écrits - ou recueillis - à des époques très différentes. Ils ont en commun d'évoquer des jeunesses vécues dans des géographies sans frontières communes. Des jeunesses étrangères les unes aux autres. Des jeunesses vécues dans une solitude tragique, désespérément inhumaine. Et en cela, elles peuvent se reconnaître. Des jeunesses, par leur proximité, ici, rassemblées, peuvent enfin se lire les yeux dans les yeux.
S'entendre, s'accueillir, je le souhaite, les mains ouvertes dans une empathie d'amitié fraternelle. Moi, Joseph Spira recueille le témoignage d'un rescapé des camps de concentration durant la Seconde Guerre mondiale. Un témoignage de ce qu'est survivre à l'innommable. Un Gaucher dit, avec les mots simples d'un homme-soldat que les événements dépasse, la violence, la déroute et l'impossible reconstruction vécue en Indochine.
Brûlures porte avec empathie la voix des victimes, le plus souvent sur plusieurs générations, des bombardements de dioxine au Viêt Nam. Les Chants d'Anjouan porte la trace d'une enfance heureuse qui ne peut se prolonger face à l'injustice sociale et économique et la misère sur les îles Comores. Des témoignages essentiels, percutants, nécessaires dont Jean Marc Turine se fait le porte-parole et qui viennent enrichir la mémoire collective.
Une écriture portée et habitée par chaque sujet pour transmettre et dire la pulsion nécessaire de la vie.
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L'histoire commence de manière plutôt ordinaire : une jeune fille s'apprête à vivre quelques mois au Brésil pendant ses études supérieures. Ses parents l'accompagnent pour découvrir le pays. Ce qui pourrait être le récit d'un voyage rythmé par les rencontres, la musique et la découverte d'un peuple va rapidement prendre une autre tournure...
C'est pas trop dangereux?? avaient-ils demandé à la patronne de l'auberge. Elle avait répondu, un peu vexée : Non, ici c'est pas comme à la ville, vous ne risquez rien, c'est tranquille. Je vais souvent me promener seule sur la plage le matin et je marche plusieurs kilomètres sans rencontrer personne. Nobody ! No risks !
Ils ne savaient pas s'ils devaient la croire car, dans son regard soudain oblique, ils avaient lu une hésitation affolée. Mais ils avaient décidé de lui faire confiance car ils en avaient envie, et ils avaient relâché leur vigilance.
La promenade tourne au drame lorsque le trio se retrouve face à deux bandits armés. Le temps s'accélère et semble pourtant s'arrêter, dans un double mouvement paradoxal propre aux instants décisifs. Ce qui se joue dans ces secondes est impalpable. Les pensées de chacun se déroulent : contradictions, peurs, désirs, instinct de survie sont convoqués.
Leur compréhension du monde et de ce qui se joue là, dans ce petit théâtre de fortune, va être mis à mal.
Elle se dit aussi, en pensant à mille autres choses à la fois, que c'est étrange de se faire agresser par ceux qu'on a toujours défendu, c'est vraiment trop con. Ces gamins se trompent de cibles, ils ne nous reconnaissent pas. Ils se fichent de notre compassion, de nos bonnes intentions et de nos grandes idées humanistes, ils n'y croient pas ; ils veulent du concret, tout de suite. On dirait que toutes les strates de la violence de l'histoire de ce pays, qui se répète à l'infini, se condensent en eux et s'inscrivent dans leurs corps, dans leurs gestes.
Le texte de Dominique Loreau est éminemment cinématographique : ambiance, sons, couleurs, regards... son écriture entraîne le lecteur au plus près de l'action. Le ton légèrement inquiétant de l'intrigue, la narration palpitante et le rythme du texte donnent à ce court roman des allures de thriller. Dominique Loreau nous entraîne avec elle et ne nous lâche plus jusqu'à la dernière page. Il est finalement question de rencontre, d'altérité, d'humanité, d'humilité, de vulnérabilité, de désespoir, d'injustice sociale... -
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le principe de la collection hh istoires est de raconter de " petites histoires de la grande histoire ".
c'est un coup de projecteur sur un événement dans la biographie d'un poète, un écrivain, un explorateur, un peintre, . dont l'attitude étrange ou le comportement exceptionnel révèle une résonance avec l'entreprise qu'ils ont mené. ces textes parlent de l'amitié, du courage, du désarroi, du destin. conçue comme des lieux de rencontre amicaux entre auteurs, illustrateurs, peintres,. cette série propose également une vision dessinée ou une interprétation graphique.
c'est une manière d'affirmer que les histoires sont des terrains d'entente et des façons de partager ce sel de l'existence qui donne toute sa saveur, ou sa vie, à la mémoire.
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Dimanche dépose sur le papier une parole spontanée et nécessaire.
Une succession de larges vagues déferlent et se retirent. Un regard poétique et photographique balaie le monde et s'en imprègne.
Dans son approche oscillatoire du vivant, Anne Penders apprivoise, capture et scrute, puis relâche le flux pour en conserver un écho. Une alchimie d'allers-retours de l'en-soi à l'autre. Un voyage en Asie qui, au-delà des lieux, trace la carte sensible et éphémère d'une géographie intime et qui invite le lecteur-voyageur à reconnaître sa propre humanité.
Lily Marsaud.
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La nostalgie de l'aile
Pascal Goffaux, Laurent Quillet
- Esperluete
- En Toutes Lettres
- 22 Octobre 2021
- 9782359841435
Voici l'histoire d'une non-histoire, celle d'un homme qui aurait pre´fe´re´ ne pas e^tre. A uble´ d'un corps qui n'a pour lui que peu de re´alite´, il peut sans di culte´ exister a` co^te´ de son enveloppe charnelle. Il devient alors observateur de sa propre identite´ et revient a` la source, celle de son enfance. Une enfance marque´e par un double manque : la relation avec un fre`re ai^ne´ qui habitait sous le me^me toit, mais qui e´tait exclu du noyau familial, et la pre´sence-absence d'un troisie`me enfant dont il occupe la place dans l'imaginaire familial. En grandissant, il recherche le fre`re manquant. Il l'a de´couvert jeune adulte en la personne d'un e´tudiant qui semblait exister a` sa place. Cet Uriel moderne, archange solaire, ne t qu'accentuer la solitude mortelle cause´e par l'e acement de sa personne. Une seconde rencontre, celle d'un chanteur tout aussi ange´lique, creuse cette disparition de soi comme programme´e de`s l'enfance Ce re´cit d'une construction malgre´ soi, traverse´ par une nostalgie sans fond, tempe´re´ par la pre´sence bienveillante de la famille actuelle du narrateur et par la re´ve´lation de la radio - ou` le son prend la place du corps - emme`ne le lecteur dans un univers a` l'e´criture singulie`re et sensible. Une expe´rience de lecture proche de l'apne´e ou` Pascal Go aux nous emme`ne dans l'intimite´ de son enfance, avec un humour noir, mordant, a` la limite de l'autosabotage. Laurent Quillet explore cette non-pre´sence au monde dans un travail d'e acement volontaire de sa personne sur d'anciennes photos de famille. Les univers de ces deux hommes se rejoignent et se re´pondent. Dans leur démarche d'absence et de retrait du monde, ils ont trouvé leur alter ego.
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C'est l'histoire d'un homme qui vécut entre le XVe et le XVIe siècle à l'est de l'Islande, dans une des régions les plus reculées du pays. Il ne reste de lui que quelques ossements et des informations lapidaires résumées sur un cartel à Skriðuklaustur, dans un lieu dédié à l'archéologie et à l'histoire du lieu.
C'est l'histoire d'une femme qui écrit à propos de cet homme et qui lui imagine une vie, une famille, des amis, un amour. C'est ce qu'elle peut faire pour lui, lui écrire une épopée, lui donner un nom, lui offrir une seconde vie.
C'est comme cela que L'homme de Skrida revit sous nos yeux. On le suit au plus proche de l'intime de ses sentiments. On le découvre dans une nature grandiose, aux couleurs intenses sous un ciel trop grand. On lui découvre des aspirations. On suit ses périples dans une Islande en proie aux tiraillements religieux, aux famines. On fait face avec lui à la fatalité, aux déchaînements de la nature, aux maladies qui ravagent... On vibre de ses amours et de son coeur trop grand.
Le texte de Sophie Braganti s'apparente au poème épique. Il raconte, donne à voir et à sentir. Ces mots nous immergent dans une réalité confondue - entre un Moyen-âge imagé et un présent qui l'inventorie. Les questions, peurs, élans de l'autrice et de son personnage se tissent comme si l'espace du temps qui les sépare leur permettait de se rejoindre dans l'espace trop grand de la nature islandaise.