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Prix
Gallimard
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Avec mon ami le guide de haute montagne Daniel du Lac, je suis parti de Menton au bord de la Méditerranée pour traverser les Alpes à ski, jusqu'à Trieste, en passant par l'Italie, la Suisse, l'Autriche et la Slovénie. De 2018 à 2021, à la fin de l'hiver, nous nous élevions dans la neige. Le ciel était vierge, le monde sans contours, seul l'effort décomptait les jours. Je croyais m'aventurer dans la beauté, je me diluais dans une substance. Dans le Blanc tout s'annule - espoirs et regrets. Pourquoi ai-je tant aimé errer dans la pureté ?S.T.
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«Dans ces pages, je réunis des histoires extrêmes de parents et d'enfants. J'en suis à moitié étranger : n'étant pas père, je suis resté nécessairement fils.» Autour de ce sujet très personnel de la filiation, devenu avec le temps un motif récurrent de son oeuvre littéraire, Erri De Luca compose un thème et des variations pleins de finesse. On y croise de jeunes vagabonds napolitains, la fille d'un nazi en cavale, la jeunesse révoltée de Mai 68 ou encore le directeur d'un orphelinat de Varsovie.Erri De Luca mêle dans ces récits l'intime à l'universel, et pose un regard riche et même poétique sur les rapports entre parents et enfants.
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L'usure d'un monde : Une traversée de l'Iran
François-Henri Désérable
- GALLIMARD
- Blanche
- 4 Mai 2023
- 9782073026163
«La peur était pour le peuple iranien une compagne de chaque instant, la moitié fidèle d'une vie. Les Iraniens vivaient avec dans la bouche le goût sablonneux de la peur. Seulement, depuis la mort de Mahsa Amini, la peur était mise en sourdine : elle s'effaçait au profit du courage.» Fin 2022, au plus fort de la répression contre les manifestations qui suivent la mort de Mahsa Amini, François-Henri Désérable passe quarante jours en Iran, qu'il traverse de part en part, de Téhéran aux confins du Baloutchistan. Arrêté par les Gardiens de la révolution, sommé de quitter le pays, il en revient avec ce récit dans lequel il raconte l'usure d'un monde : celui d'une République islamique aux abois, qui réprime dans le sang les aspirations de son peuple.
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Mai 2016. Agnès et Gilles apprennent que leur fils Romain, vingt-huit ans, est dans le coma à la suite d'un «incident» en marge d'une manifestation contre la loi Travail : son pronostic vital est engagé. Alors que le préfet de police soutient qu'il a été touché par un projectile envoyé par un casseur, des vidéos circulant sur les réseaux accusent les forces de l'ordre. La famille porte plainte, une enquête est ouverte : l'affaire Romain D. devient une affaire d'État. Commence alors, pour les proches, un long combat en vue de faire reconnaître la vérité. Inspiré de faits réels, La manif raconte, du point de vue de la victime et de son entourage, les ravages causés au sein d'une famille par une violence policière injustifiée.
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Je ne suis pas l'ami d'André Chaix, et aurais-je d'ailleurs su l'être, moi que presque rien ne relie à lui ? Juste un nom sur le mur. Chaix était un résistant, un maquisard, un jeune homme à la vie brève comme il y en eut beaucoup. Je ne savais rien de lui. J'ai posé des questions, j'ai recueilli des fragments d'une mémoire collective, j'ai un peu appris qui il était. Dans cette enquête, beaucoup m'a été donné par chance, presque par miracle, et j'ai vite su que j'aimerais raconter André Chaix. Sans doute, toutes les vies sont romanesques. Certaines plus que d'autres. Quatre-vingts années ont passé depuis sa mort. Mais à regarder le monde tel qu'il va, je ne doute pas qu'il faille toujours parler de l'Occupation, de la collaboration et du fascisme, du rejet de l'autre jusqu'à sa destruction. Ce livre donne la parole aux idéaux pour lesquels il est mort et questionne notre nature profonde, ce désir d'appartenir à plus grand que nous, qui conduit au meilleur et au pire. H. L. T.
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L'été venait de commencer quand je partis chercher les fées sur la côte atlantique. Je ne crois pas à leur existence. Aucune fille-libellule ne volette en tutu au-dessus des fontaines. C'est dommage : les yeux de l'homme moderne ne captent plus de fantasmagories. Au XII? siècle, le moindre pâtre cheminait au milieu des fantômes. On vivait dans les visions. Un Belge pâle (et très oublié), Maeterlinck, avait dit : «C'est bien curieux les hommes... Depuis la mort des fées, ils n'y voient plus du tout et ne s'en doutent point.» Le mot fée signifie autre chose. C'est une qualité du réel révélée par une disposition du regard. Il y a une façon d'attraper le monde et d'y déceler le miracle de l'immémorial et de la perfection. Le reflet revenu du soleil sur la mer, le froissement du vent dans les feuilles d'un hêtre, le sang sur la neige et la rosée perlant sur une fourrure de mustélidé : là sont les fées. Elles apparaissent parce qu'on regarde la nature avec déférence. Soudain, un signal. La beauté d'une forme éclate. Je donne le nom de fée à ce jaillissement. Les promontoires de la Galice, de la Bretagne, de la Cornouailles, du pays de Galles, de l'île de Man, de l'Irlande et de l'Écosse dessinaient un arc. Par voie de mer j'allais relier les miettes de ce déchiquètement. En équilibre sur cette courbe, on était certain de capter le surgissement du merveilleux. Puisque la nuit était tombée sur ce monde de machines et de banquiers, je me donnais trois mois pour essayer d'y voir. Je partais. Avec les fées. Pierre Hancisse interprète avec beaucoup de finesse ce beau récit de voyage imprégné d'une infinie poésie.
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Immortelle randonnée ; Compostelle malgré moi
Jean-Christophe Rufin
- Gallimard Loisirs
- Hors Serie Nouveaux Loisirs
- 31 Octobre 2013
- 9782742436392
APRÈS LE RÉCIT, L'ALBUM DE L'ÉTONNANT VOYAGE D'UN ÉCRIVAIN NOMADE, ASSORTI D'ILLUSTRATIONS DE L'AUTEUR ET DE PHOTOS INÉDITES.
Le texte intégral accompagné de 130 photos et dessins.
Un mois sur le Camino del Norte, de Bayonne à Santiago, 40 kilomètres de marche par jour : étape après étape, Jean-Christophe Rufin se transforme en clochard céleste, en routard de Compostelle.
Pourquoi prendre le Chemin, quand on a déjà éprouvé toutes les marches, toutes les aventures physiques ? "Je n'avais en réalité pas eu le choix. Le virus de Saint-Jacques m'avait profondément infecté. J'ignore par qui et par quoi s'est opérée la contagion. Mais, après une phase d'incubation silencieuse, la maladie avait éclaté, et j'en avais tous les symptômes".
876 kilomètres plus loin, un mois plus tard, après l'arrivée à Santiago, le constat est là. Comme tous les grands pèlerinages, le Chemin est une expérience de désincarnation, il libère du "trop-plein", mais il est aussi un itinéraire spirituel, entre cathédrales et ermitages, et humain, car chaque rencontre y prend une résonance particulière.
À ce récit dans lequel Jean-Christophe Rufin conjugue la gravité à l'auto-dérision, entre choses vues et anecdotes, s'ajoutent ici les images : instantanés comme en réalisent tous les Jacquets, désireux de se revoir sur le Chemin, dessins en forme de carnet de voyage, objets fétiches - la "credencial", feuille de route dont les tampons suivent les pas du pèlerin - ou vues panoramiques qui renvoient à la force et à la beauté des paysages.
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«Je connais peu d'images aussi frappantes que celle par laquelle Nabokov décrit le départ d'un train : ce sont les wagons qui reculent le long du quai. Quant à la destination, elle n'est jamais celle qu'on a entrevue, en esprit, au moment de s'en aller.» François Sureau n'a jamais cessé de rechercher la compagnie bienfaisante de ceux qui, comme lui, ont été habités par le désir de s'en aller ; de Victor Hugo, fuyant la politique à Guernesey, à Philby père et fils fuyant la loyauté nationale, en passant par Patrick Leigh Fermor et sa soif d'éprouver la mystérieuse unité du monde. À travers leurs voyages, l'auteur revoit certains moments de sa vie : la Hongrie au moment de la chute du Mur, l'Inde et l'Himalaya, la guerre en Yougoslavie. Dans ce récit, l'écrivain poursuit avec éclat sa méditation sur la beauté de l'aventure.
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Notre-Dame de l'univers : L'univers de Notre-Dame
Philippe Le Guillou
- GALLIMARD
- Blanche
- 2 Janvier 2025
- 9782073080448
Le 15 avril 2019, un terrible incendie ravageait Notre-Dame de Paris. Depuis la passerelle des Arts, j'ai vu les flammes lécher le beffroi nord de la cathédrale. Dès les premières heures du drame, l'événement a pris une dimension planétaire. Le lendemain, j'ai marché non loin du monument, dont la carcasse béante fumait encore. C'est alors que m'est venue l'idée d'un livre consacré à Notre-Dame, une sorte d'exploration de son histoire, de Maurice de Sully jusqu'à nos jours, une célébration de cette symphonie de pierre, des heures glorieuses aux moments les plus sombres, des profanations révolutionnaires aux grandes cérémonies liées à l'histoire de France. J'ai ainsi rencontré plusieurs acteurs de la reconstruction, le général chargé de diriger les opérations de relèvement de l'édifice, l'archevêque de Paris, le recteur de la cathédrale, le designer choisi pour concevoir le nouveau mobilier liturgique. C'est ce roman de la cathédrale qui se déploie, de Napoléon au général de Gaulle, de Hugo à Claudel, un récit doublé d'une enquête sur l'univers de Notre-Dame, son mystère, ses liturgies, les enjeux et les conditions de sa restauration. P.L.G.
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Neuf récits composent La frontière des oubliés et retracent le parcours de l'écrivaine, depuis sa fuite, enfant, de la frontière afghane pour se bâtir une vie à Téhéran. Dans chacune de ces vignettes de vie qui se font écho, elle brosse le portrait de ses compatriotes exilés, des «frontaliers», souvent des femmes, qui portent tous des traces de la guerre, des plaies profondes marquées par des balles invisibles. À chaque rencontre, elle s'interroge sur la violence, l'exil et l'identité. En s'imprégnant de son propre vécu, Aliyeh Ataei embrasse ici plus largement le sort de tous ceux qui ont hérité des «chromosomes-douleurs», se faisant l'écho de leurs voix si peu audibles.La frontière des oubliés nous fait découvrir une nouvelle plume puissante venue d'Iran. De son style clair et tranchant, Aliyeh Ataei dévoile des vérités qui secouent, et bouleversent.
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Figure du spectacle d'avant-garde, Sylvain Itkine était un proche de Prévert, des surréalistes et de Jean Renoir, avec qui il a tourné quatre films dont La Grande Illusion. Il a écrit du théâtre, joué dans les usines en grève pendant le Front populaire, s'est interrogé sur la fonction politique de son art. Valeur montante de la scène française, il fut un acteur reconnu. En 1940, il créa une coopérative ouvrière en zone libre ; entré en Résistance, il endossa d'amples responsabilités dans les services de renseignement du Mouvement de libération nationale. Mais il fut dénoncé et livré à Klaus Barbie. Itkine a été aimé, admiré, oublié. Dans ce tombeau où se mêlent grande et petite histoire, y compris la sienne propre, Olivier Barrot retrace le destin fl amboyant et tragique d'un homme d'art et d'engagement.
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Cette lumière en nous : s'accomplir en des temps incertains
Michelle Obama
- GALLIMARD
- Ecoutez Lire
- 9 Mars 2023
- 9782073022035
Lu par Marie Bouvier
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L'humanité en péril ; virons de bord toute !
Fred Vargas
- GALLIMARD
- Ecoutez Lire
- 24 Octobre 2019
- 9782072868139
«Mais bon sang, comment vais-je me sortir de cette tâche insensée? De cette idée de m'entretenir avec vous de l'avenir du monde vivant? Alors que je sais très bien que vous auriez préféré que je vous livre un roman policier. Il y a dix ans, j'avais publié un très court texte sur l'écologie. Et quand on m'a prévenue qu'il serait lu à l'inauguration de la COP 24, c'est alors que j'ai conçu un projet de la même eau, un peu plus long, sur l'avenir de la Terre, du monde vivant, de l'Humanité. Rien que ça.» Ce livre, qui explore l'avenir de la planète et du monde vivant, souhaite mettre fin à la «désinformation dont nous sommes victimes» et enrayer le processus actuel. Avec ferveur et énergie, Blandine Bellavoir prête sa voix au ton clair et direct de Fred Vargas, qui rappelle au lecteur l'urgence climatique actuelle, non sans un peu d'humour noir. L'écoute en classe de ce CD est autorisée par l'éditeur.
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«C'est très simple, je voudrais retrouver le moment où soudain Marguerite s'est arrêtée de me parler et que tout s'est suspendu. Nous étions assises l'une en face de l'autre, Marguerite Duras et moi, un après-midi d'automne, chez elle, rue Saint-Benoît numéro 5, je portais un gilet en grosse laine rouge et blanc et un petit foulard de soie léopard tacheté noir et blanc. À un moment, et c'est celui-là précisément que je voudrais retrouver, elle m'a fixée, légèrement absente, la beauté de son visage, ses yeux bleus et purs, son air unique et souverain de Marguerite D. Tu vois, j'étais exactement comme toi. Le même foulard, les mêmes couleurs, pareille.Entre nous, sur la table, des feuilles de papier, un magnéto, des stylos, et le livre ouvert : Emily L.J'étais venue pour qu'elle me parle d'elle.»
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Les carnets du promeneur
François Olislaeger
- GALLIMARD
- Le Sentiment Geographique
- 21 Novembre 2024
- 9782073064356
Je suis revenu au Domaine de Kerguéhennec à chaque saison, pour y promener mon regard, carnet de dessin en main. Et me poser quelques questions : comment changer de point de vue ? Qu'est-ce qu'une saison ? Combien y a-t-il de couleurs dans le paysage ? Vous tenez entre les mains un livre de mini gymnastiques intellectuelles pour rester alerte à l'égard du vivant. F. O. Dans ces carnets dessinés au fil des saisons, François Olislaeger interroge notre rapport à la nature de façon légère et sensible. Il joue à devenir goutte d'eau suspendue à un rameau, caillou, hérisson, racines et feuillages. Les dessins, accompagnés de brèves légendes, se succèdent comme on donne libre cours à sa pensée en promenade et suggèrent une réflexion tout en finesse sur le temps qui passe. Entre pleine conscience et farniente, le rêveur découvre le lieu comme un miroir de lui-même.
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Un endroit inconvénient
Jonathan Littell, Antoine d' Agata
- GALLIMARD
- Blanche
- 29 Septembre 2023
- 9782073036841
Photographies d'Antoine d'Agata
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«Ici il y a beaucoup à cacher. Et qui dit beaucoup à cacher dit beaucoup à raconter à quelqu'un qu'on ne reverra jamais.» En Tunisie, Marie Nimier a recueilli les confidences d'inconnus. Un ancien prisonnier, un bisexuel contraint de déguiser ses sentiments, une «dépanneuse» proposant aux futures mariées une technique bon marché pour restaurer leur virginité, une femme dont la vie a été bouleversée par ses lectures, ceux qui veulent partir et ne peuvent pas partir, ceux qui sont partis puis rentrés, ceux qui font la prière à leur façon, mais aussi un apiculteur qui vend du miel de contrebande, et un séducteur à la chaîne... Voilà quelques-uns des personnages qui se sont confiés à l'autrice, pour lui révéler leurs secrets les mieux gardés. Tour à tour drôles et poignants, ces récits pleins d'humanité sont une source infinie de rêverie et de réflexion, et une invitation au partage.
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De Manosque à Florence, en passant par Milan, Venise, Padoue, Bologne, voici l'Italie de Jean Giono, romancier du bonheur. Le lecteur le suivra dans ses découvertes, avec un plaisir extrême. À chaque pas, le paysage et les êtres apportent leur leçon. Giono sait traduire le message d'une allée de cyprès sur une colline, du froncement de sourcils d'un Milanais, du battement de cils d'une Vénitienne. Il est délicieux de voyager avec un tel guide.
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Highlands a été écrit en mouvement. Celui des trains de nuit et des autocars qui m'emportaient là-haut vers le nord de l'Écosse, puis celui des longues marches sur le sol souple de la lande, et enfin ce déplacement d'un autre type, plus intérieur, qui faisait revivre mon enfance à mesure que je m'approchais d'un certain lac sans nom. De retour de mes vagabondages par les herbages et les tourbières, c'est le calme de mon atelier que je retrouvais, sa chaleur, sa musique, sa profondeur. Une caverne aux rideaux tirés où, dès que je fermais les yeux, je repartais vers une lande qu'il ne me restait qu'à peindre. Ce livre est le fruit d'un double travail d'écriture et de peinture proposant non pas un texte classiquement illustré, mais la rencontre entre deux univers créatifs distincts - celui du peintre et celui de l'écrivain qui se rejoignent pour raconter chacun leur version d'une même histoire. J. M.-M.
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Pendant vingt-cinq jours, dans la pluie, le vent et le froid, en l'absence de tout sentier, François Garde et ses trois compagnons, dont les photographes Bertrand Lesort et Michaël Charavin, ont réalisé la traversée intégrale de Kerguelen à pied en autonomie totale. Une aventure unique, tant sont rares les expéditions menées sur cette île déserte du sud de l'océan Indien aux confins des quarantièmes rugissants, une des plus inaccessibles du globe. Cette marche au milieu de paysages sublimes et inviolés, à laquelle l'auteur avait longtemps rêvé, l'a confronté quotidiennement à ses propres limites. Mais le poids du sac, les difficultés du terrain et du climat, les contraintes de l'itinérance, l'impossibilité de faire demi-tour n'empêchent pas l'esprit de vagabonder. Au fil des étapes, dans les traversées de rivières, au long des plages de sable noir, lors des bivouacs ou au passage des cols, le pas du marcheur entre en résonance avec le silence et le mystère de cette île et interroge le sens même de cette aventure.
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«Netka, il y a du slave dans ce nom qui sonne clair. Elle a cinquante pour cent de sang polonais dans ses veines. Il me faudra beaucoup de temps pour identifier la Pologne, chercher la trace du père inconnu, éclaircir les mystères, imaginer l'enfant-valise, la petite fille abandonnée. Elle est, elle était ma mère.»
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«Son nouveau gîte bruxellois ne doit pas être beaucoup plus spacieux que sa chambre d'hôtel de Dieppe, mais il offre encore cet avantage précieux d'être autre, ailleurs, différent. Et puis la Grand'Place n'est pas loin avec sa flèche ajourée, ses dorures, ses frontons en escalier, ses cavaliers sur les toitures et son style joujou, et les bruissantes galeries Saint-Hubert à deux pas. La ville, pour ce qu'il en a aperçu au cours de ses premières explorations, tiendrait plutôt de la grosse bourgade que d'une vraie capitale, la Senne puante qui court encore, ces années-là, à ciel ouvert, n'est pas la Seine, on l'a dit et il le répétera, mais il tâchera de s'y faire, comme à l'odeur des draps. Baudelaire n'est d'ailleurs pas venu ici pour flâner, de nombreuses tâches l'attendent et il s'y attelle sans tarder. Quoi faire d'autre, d'ailleurs, sinon s'occuper à occuper se journées, et tâcher de justifier ainsi ce qu'il faut bien appeler sa fuite ?»
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«Cela se passe à Beyrouth et à bout portant ? Oui, mais le Liban, on le voit, est désormais partout, et la guerre est devenue une boucherie du tac au tac, pour un oui pour un non. Que faire ? Protester, s'indigner, aller voir et témoigner pour un résultat spectaculaire supplémentaire ? Non : écrire ce qui est, au plus près d'un non-sens fracassant. Ce récit est vrai puisque les corps n'y sont jamais abstraits. Beyrouth n'était qu'une simple préparation à une sauvagerie désormais ouverte et universelle. L'histoire, comme le désir de mort, n'a pas de fin.» Philippe Sollers.