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Favre
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« Parfois, dans nos vies, on a l'impression de ne pas être à la bonne place. Ce fut mon cas. Les épreuves ne sont pas en elles-mêmes positives ou négatives. Elles sont juste une réalité de la vie. Elles ont un potentiel de vie et de mort. C'est plutôt la façon dont on va se positionner qui va faire la différence. Pour ma part, j'ai réussi à embrasser en quelque sorte mes souffrances pour devenir une personne affermie et établie. » Le 3 juin 1998, peu après minuit, deux coups de feu réveillent Pierre-Valéry dans la maison familiale. Il découvre son frère dans une flaque de sang mais vivant. Quelques heures plus tard, c'est sa mère que la police retrouve morte puis son père, qui s'est suicidé. Ce drame est en fait la conclusion d'une histoire qui se noue depuis des années. « Je crois que notre histoire de famille aurait tourné très différemment dans un milieu plus ouvert. Papa aurait été dénoncé plus tôt. Maman n'aurait pas fait bonne figure aussi longtemps. Du moment où l'on nous voyait à la réunion, tout roulait, aux yeux de notre entourage. Mais combien de « frères » sont venus interpeller papa ? Maman n'avait pas le droit de se plaindre. J'en connais plus d'une qui aurait craqué. Elle a tenu autant qu'elle pouvait. Elle a tellement tenu qu'elle en est morte. Aurait-elle dû divorcer ? Dans leur culture, c'était hors de question. Et pourtant, la Bible ouvre une porte de sortie, lorsque les conjoints en arrivent au point où ils se détruisent l'un l'autre. La maladie de papa n'est pas seule en cause. L'intégrisme et l'enfermement dans lequel nous vivions ont été des facteurs aggravants, ils ont contribué à l'éclosion d'un monstre. Je n'en retiens qu'une seule chose : le respect de la Bible et l'amour pour ce livre, qui devient réellement Parole lorsqu'on a une relation personnelle avec Dieu. Sans ça, ce n'est pas un livre de vie. » Pris dans un tourbillon d'insécurité, de rejet et de peur d'être laissé de côté, déconnecté de ses émotions, baignant dans une culture religieuse traditionnelle pleine de tabous, le jeune homme va progressivement, par un travail profond de remise en question et avec l'aide de pasteurs, pardonner à sa famille et envisager sa vie d'adulte. Cette démarche n'excuse pas l'acte inadmissible mais enlève l'amertume et lui évite de ne voir ses parents qu'à travers le filtre de cette nuit sanglante, mais plutôt au-delà de toutes ces souffrances.
