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Klincksieck
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Discours de la servitude volontaire
Etienne de La Boétie
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 9782252041482
Le Discours de la servitude volontaire est le titre que Montaigne a donné au livre de son ami. Contr'un eût sans doute été le titre le plus pertinent car La Boétie interroge, selon un mouvement d'analyse inconnu jusqu'alors, les diverses formes de l'union politique à partir du désir et de l'investissement dangereux du désir dans l'unité, dans l'identification au nom d'Un. Il touche ainsi au noeud de la subjectivité linguistique et de la psychè. Le problème de l'articulation du désir dans les mots prend une dimension politique. L'analyse de cette articulation introduit à un art d'écrire, qui chiffre et crypte l'écriture inédite dans laquelle s'ouvre le passage du psychique au politique.
Une écriture dans l'écriture, une possibilité jumelle de servir ou de résister se livrent éclairées entre l'implicite et l'explicite. L'incandescente fulgurance du Discours de la servitude volontaire tient donc à sa texture même : ses mots indiquent le point de fascination pour le nom d'Un, où le langage articulé se perd dans le déni de son articulation nonidentificatoire ; mais ses mots indiquent aussi une récursion possible du temps de la fascination pour le nom d'Un dont se produit la servitude.
Ecriture et contre-écriture suscitent un art de lire dont l'oeil se doit d'être syllabique, plutôt que synoptique, comme un mouvement qui plierait le langage sur lui-même et le ponctuerait de dissimilitudes.
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Leçons sur l'histoire et sur la liberté (1964-1965)
Theodor Wiesengrund Adorno
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 4 Octobre 2024
- 9782252047545
Dans le semestre d'hiver 1964 - 1965, Adorno consacre vingt-huit cours à la philosophie de l'histoire et à la doctrine de la liberté, qui viennent par avance éclairer deux des dernières séquences de la Dialectique négative (1966), intitulées « Esprit du monde et histoire naturelle. Digression sur Hegel » et « Liberté. Pour une métacritique de la raison pratique ». Loin toutefois de se réduire à un laboratoire de la Dialectique négative, ces cours ont l'ampleur d'un livre autonome où Adorno s'explique de la manière la plus profonde avec les philosophies de l'histoire de Hegel et de Benjamin. Contre Hegel, le philosophe de Francfort tient que la postulation d'un sens de l'histoire est devenue péremptoire et intenable après la catastrophe de la Seconde Guerre Mondiale. Contre Benjamin, il refuse d'abandonner l'histoire à la discontinuité.
« Affirmer qu'un plan universel, dirigé vers le mieux, se manifeste dans l'histoire et lui donne sa cohérence, serait cynique après les catastrophes passées et celles qui sont à venir. Mais il ne faut pas pour autant renier l'unité qui soude ensemble les moments et les phases de l'histoire dans leur discontinuité et leur éparpillement chaotique » énoncera la Dialectique négative. Aussi les Leçons sur l'histoire et sur la liberté se présentent-elles comme une grande leçon de « dialectique négative », objectée à la fois à Hegel (dont la dialectique spéculative resterait trop rivée à l'identité) et à Benjamin (dont la conception discontinuiste de l'histoire resterait, au contraire, trop rivée à la non-identité).
Par cette double « explication » avec Hegel et Benjamin, Adorno fraye la voie d'une « histoire universelle négative » où devient possible non plus la lecture d'un sens de l'histoire, mais celle de « tendances objectives » à l'oeuvre dans l'histoire. Ces « tendances objectives » régies par des causalités multiples et hétérogènes permettent à Adorno de donner congé à l'idée de nécessité et de rouvrir l'histoire à la contingence pour y introduire les pratiques de la liberté. -
Béhémoth : Structure et pratique du national-socialisme 1933-1944
Franz Neumann
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 18 Octobre 2024
- 9782252047750
Ce livre à la fois classique et méconnu présente une analyse paradoxale du système national-socialiste comme système monstrueux, c'est-à-dire un non-État, un chaos, une situation de non-droit, de désordre et d'anarchie, ambitionnant d'établir son hégémonie sur de gigantesques étendues de terre. Objet de débat au sein du groupe de Francfort, on a d'abord retenu de cette interprétation du nazisme son orientation marxiste, surtout de par son opposition aux thèses de F. Pollock sur le capitalisme d'État, formation sociale originale qui succéderait au capitalisme de monopoles.
Pour Neumann, il s'agit en vérité d'une économie monopolistique totalitaire qui se définit par deux caractères : « C'est une économie monopoliste et en même temps une économie dirigée. C'est une économie capitaliste privée encadrée par l'État totalitaire. » Aussi une lecture plus à distance des controverses de l'époque peut-elle discerner dans Béhémoth : - à travers l'étude du national-socialisme, une analyse concrète de la primauté du politique sur l'économique au xxe siècle, en tentant d'articuler la problématique wébérienne des formes de domination à une interprétation marxiste des antagonismes de classe ; - une étude minutieuse des mécanismes de l'État totalitaire décrit comme un complexe de quatre groupes sociaux dominants qui, sous couvert d'unité, est menacé en permanence d'éclatement et de désintégration. Contre les représentations superficielles d'un fascisme monolithique, Neumann démontre que « l'État national-socialiste était en réalité pluraliste, en un sens funeste du terme. La volonté politique s'y formait à travers la concurrence sauvage des lobbies sociaux les plus puissants » (Adorno).
Béhémoth, le monstre qui règne sur la terre où le désert croît. À l'encontre du mouvement « révisionniste » et des tendances apologétiques qui visent, en Allemagne, à banaliser la socialisation totalitaire propre au national socialisme et à engendrer en douceur l'oubli de l'imprescriptible, Béhémoth, même s'il méconnait la destruction du peuple juif, rappelle que dans la société nouvelle, sous l'emprise d'une domination directe et d'un procès d'atomisation généralisée, c'est bien d'auto-destruction de l'humanité qu'il s'agissait. -
Critique de la politique : Collection-manifeste
Miguel Abensour
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 15 Janvier 2025
- 9782252047972
Ce volume rassemble les 105 quatrièmes de couverture que Miguel Abensour a écrites ou co-écrites pour les livres qu'il a publiés dans sa collection de 1974 à 2017.
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Trois etudes sur Hegel
Theodor W. Adornon
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 4 Juin 2024
- 9782252047491
Composé en 1957 à partir d'un texte intitulé « Aspects de la philosophie hégélienne » qu'Adorno avait écrit à l'occasion du 125e anniversaire de la mort de Hegel, ce livre s'est augmenté d'un article sur « Le contenu de l'expérience », qui s'opposait à l'interprétation heideggérienne de l'expérience telle que la pensait Hegel. Et enfin, comme « trois essais font un livre », Adorno a ajouté à ces deux textes une étude sur le discours hégélien, « Skoteinos ou comment lire ».
Le philosophe de Francfort produit ici un double geste de confrontation avec Hegel :
1. Au rebours de toute intention d'« actualisation » de Hegel, il interroge le monde contemporain en tant que celui-ci « vérifie aujourd'hui la pensée hégélienne du système dans tous ses excès ». Le miroir déformant d'une systématicité hégélienne outrée sert à faire apparaître notre monde comme un monde totalement unifié par le rapport universel d'échange et par « l'activité productrice effrénée, oublieuse de sa destination humaine ».
2. Rappelant que chez Hegel « système sans faille » et « réconciliation » des antagonismes sont non identiques, Adorno concède s'être fait plus hégélien que Hegel pour pouvoir l'être moins. Aussi le second geste, inverse du premier, inaugure-t-il une fidélité à la non-identité, à la non-totalisation, et vise-t-il à « préparer un concept modifié de la dialectique », c'est-à-dire à élaborer le concept de dialectique négative. -
La « Critique de la raison pure » de Kant
Theodor W. Adorno
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 1 Mars 2024
- 9782252047422
Le 7 juillet 1959, dans le quatorzième de ses cours sur la Critique de la raison pure, Adorno avoue subitement : « il ne s'agit ici de rien moins que la fondation de la position philosophique que je défends moi-même et que je crois pouvoir rattacher à cette réflexion sur Kant. »
Plus que d'un cours, il est question d'une histoire restée jusque-là muette, celle du détour adornien par Kant dans l'élaboration de la dialectique négative et celle du retour de Kant dans une trajectoire philosophique qui s'était éloignée du criticisme après s'être pourtant initiée dans la Critique de la raison pure. C'est à l'âge de quinze ans qu'Adorno encore lycéen est formé par Siegfried Kracauer de manière inoubliable à la lecture de ce livre difficile. Les rencontres avec Walter Benjamin en 1923 puis avec Alfred Sohn-Rethel en 1936 seront autant d'occasions de relecture de la première Critique dont ce cours de 1959 livre les strates de mémoire en même temps qu'il les réarticule dans une perspective propre, comme on fait soudain rayonner une nouvelle question philosophique depuis son passé oublié.
Kant est le philosophe qui permet à Adorno de retrouver un moment de non-identité dans la connaissance et de ressaisir ce qui a été perdu de la chose dans son traitement conceptuel. Les choses en soi, c'est-à-dire l'inconnaissabilité de l'en soi des choses, que Kant ne voulait pas abandonner - en dépit de toutes les critiques qu'elles lui valurent - parce qu'elles réservaient l'avenir de la métaphysique, sont interprétées par Adorno comme les dépositaires de l'irréductible inadéquation entre la connaissance et la chose. Et cette irréductibilité kantienne fait voler en éclats le mensonge premier de l'idéalisme, qui consiste à réduire tout objet à sa constitution par le sujet.
Détour par Kant, retour de Kant - Kant nomme la différence d'Adorno dans la filiation hégélienne et marxienne de sa pensée, et cette différence apparaît ici comme une des entrées décisives dans le laboratoire de la Dialectique négative (1966), puisque s'y élaborent à la fois la thèse du « primat de l'objet » -
Chronique berlinoise / enfance berlinoise vers mil neuf cent (2 volumes) : oeuvres et inédits 11
Walter Benjamin
- Klincksieck
- 13 Septembre 2024
- 9782252047439
Enfance berlinoise, rend évidente la filiation qui existe entre les deux, de
sorte que les deux ne constituent qu'un seul et unique texte en
constante évolution autant dans sa destination et que dans sa forme.
Partant d'une chronique, le regard de l'auteur se focalise sur des
éléments extraits de l'espace berlinois de son enfance qui, libérés de
toute charge anecdotique, sont autant de plongées dans l'histoire
collective d'une génération. La perspective choisie, celle de l'enfant qu'il
a été, est celle de la découverte d'un monde nouveau, celle d'un
étonnement toujours renouvelé devant le monde des adultes. Ainsi
celui de la guerre : si les adultes admirent un homme qui a « mené une
guerre » (einen Krieg führen), l'enfant s'étonne que l'on puisse mener
une guerre comme on a « mené (führen) un rhinocéros ou un
dromadaire et être ainsi devenu célèbre ».
La nouvelle édition restitue les textes de Chronique berlinoise tels
qu'ils ont été conservés, tous les brouillons et notes, les listes de textes
préparatoires à une édition, sans choix restrictif, sans imposition d'un
ordre, et tire de leur obscurité une vingtaine de textes en vers, que les
Gesammelte Schriften avaient relégués dans les remarques. Ainsi la
Chronique apparaît-elle sous son vrai jour : un brouillon fragmentaire
portant toutes les biffures, les erreurs grammaticales de l'ébauche,
toutes les hésitations qu'effacent au contraire les Gesammelte Schriften
et la traduction française qui en a été publiée.
Pour Enfance berlinoise, La présente édition rassemble l'ensemble
des textes. Elle publie les deux tapuscrits (1933 et 1938), restitue dans
leur intégralité la liasse de manuscrits remise en 1939 à Gretel et
Theodor Adorno (nommée « Exemplaire Felizitas ») et celle destinée à
son fils Stefan (« Exemplaire Stefan »), toutes deux assorties des notes
marginales. Elle ajoute tous les brouillons et notes, ainsi que le listes de
textes préparatoires à une édition, reflétant la réflexion de l'auteur sur
la composition du recueil. Elle donne aussi les pièces parues dans des
revues du vivant de Benjamin. Elle ajoute enfin les traductions que Jean
Selz a faites avec l'aide de Benjamin.
C'est donc un cheminement à travers tout le complexe de ce work in
progress que propose cette édition : dans la composition des liasses à
différents stades de leur rédaction, même si leur datation reste en
grande partie impossible, dans l'évolution de la forme, dans celle de
l'écriture des pièces et de leur degré d'abstraction. Aucune de ces
versions n'est privilégiée par l'éditeur, aucune n'est présentée comme
version de référence. À chacune est accordée la même place et la
même importance. -
Le discours de la servitude volontaire
Etienne de La Boétie
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 16 Septembre 2022
- 9782252046531
Penseur météorique, auteur d'une hypothèse aussi subversive que scandaleuse, La Boétie est âgé de dix-huit ans lorsqu'il rédige, en 1546, la première version d'un texte que son ami Montaigne intitulera Discours de la servitude volontaire et auquel les calvinistes donneront le titre régicide de Contre Un. L'hypothèse de la « servitude volontaire » n'interroge plus la domination comme une relation duelle verticale, s'exerçant pour ainsi dire de haut en bas, mais comme un « vice monstrueux » procédant du consentement et de la contribution active des dominés à leur servitude.
La bascule du haut en bas, le renversement des perspectives, la révolution « horizontale » de la théorie classique de la domination font de La Boétie un penseur politique pionnier, qui atteint toutes les formes de l'autodomestication, de l'autocontrôle, de l'intimisation de la conscience, de l'hétéronomie de la psyché, avant même que Freud ne les cerne au XXe siècle à partir de la pulsion de mort. Aussi le Discours de la servitude volontaire fait-il résonner un grand nombre des questions politiques qui inquiètent notre contemporanéité. La servitude mise au coeur de la psyché humaine vise, en effet, une complication du désir difficile à penser - nous pourrions vouloir désirer la servitude, nous pourrions vivre la liberté comme une inquiétude majeure et la servitude comme une quiétude apaisante.
Mais au revers de ce vouloir servile, au revers de ce désir saisi par l'angoisse de vivre la pluralité de la vie, c'est-à-dire fasciné par l'identification au nom d'Un, La Boétie ouvre la possibilité jumelle de servir ou de résister : nous pourrions ne pas vouloir désirer la servitude ; le désir s'affranchirait de la servitude sous l'effet de ce nepas- vouloir. Ce ne-pas-vouloir implique toutefois que le désir quitte les liens d'unité (l'Un) pour (re)venir à la vie par l'union, à la relation proprement politique des « tous uns ». Il y a donc à penser une dialectique politique de l'émancipation où la capture du désir par le nom d'Un est défaite peu à peu dans le tissage de relations d'entreconnaissance capables de rendre à la vie politique sa pluralité constitutive.
L'effacement total des références aux circonstances réelles qui ont accompagné la genèse du Discours de la servitude volontaire explique son adaptabilité à des situations historiques très diverses et donne ainsi aujourd'hui un immense retentissement à la question que le Discours pose à chacun de ses lecteurs : « Et toi pourquoi obéis-tu ? »
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Le cours Problèmes de la philosophie morale a été dispensé par Adorno pendant le semestre d'été 1963. Il peut se lire comme le palimpseste d'une des grandes dernières séquences de la Dialectique négative, « Liberté pour une métacritique de la raison pratique ». Il ne s'agit nullement pour Adorno, selon ses mots, de « livrer des indications directes pour mener une vie juste » en prenant « la posture d'un gourou », mais plutôt, comme les Trümmerfrauen (les « femmes des ruines ») de l'après-guerre, de considérer ce que l'on peut « sauver » des décombres de la philosophie morale sans abandonner celle-ci à sa dilution dans la culture. La Dialectique négative énoncera trois ans plus tard :
« Dans leur état de non-liberté, Hitler a imposé aux hommes un nouvel impératif catégorique : penser et agir en sorte que Auschwitz ne se répète pas, que rien de semblable n'arrive.
Cet impératif est aussi réfractaire à sa fondation qu'autrefois la donnée de l'impératif kantien. » (DN, Payot, 1978, p. 286) -
De plus loin que la mélancolie
Jean Daive
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 3 Mars 2023
- 9782252046982
Dans ces entretiens enregistrés pour France Culture de 1991 à 1996 à l'Infirmerie Spéciale de la Préfecture de Police puis à l'hôpital Sainte-Anne, Marcel Czermak, psychiatre psychanalyste, et Jean Daive, écrivain, radiographient ensemble, chacun dans son registre de parole - analytique pour l'un, phonétique pour l'autre -, un nouveau « malaise dans la civilisation », tel que le donnent à interpréter les pathologies psychiques auxquelles Marcel Czermak est confronté aux urgences psychiatriques : disparition, délire de négation, égarement, phobie, traumatisme, deuil, mélancolie, psychose... Les patients sont parfois présents dans la pièce, et leurs voix donnent relief à ce que Fitzgerald nommait « la fêlure » (The Crack up), ces coups qui viennent du dedans et « qu'on ne sent que lorsqu'il est trop tard pour y faire quoi que ce soit ».
Écouter, soigner en écoutant, entendre les bouches qui ne parlent pas ou qui parlent sans s'ouvrir est le travail de Marcel Czermak. La clinique et la pratique de la cure lui permettent de faire apparaître les structures individuelles et transindividuelles à partir desquelles se lève un diagnostic sombre sur notre temps. -
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Cours d'esthétique
Theodor Wiesengrund Adorno
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 14 Janvier 2021
- 9782252044933
Le Cours d'esthétique fait partie du long et vaste chantier qui aboutira au livre (inachevé) d'Adorno : Théorie esthétique (1969).
Le texte consiste en la transcription de l'enregistrement de 21 cours tenus sur un semestre. C'est un cours au sens emphatique conféré à cette pratique par l'université allemande de cette époque : un lieu qui agence étroitement enseignement et recherche.
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Walter Benjamin, critique en temps de crise
Philippe Ivernel
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 21 Octobre 2022
- 9782252046906
Philippe Ivernel engage vers 1960 une thèse intitulée Walter Benjamin. Critique en temps de crise. Retrouvé dans ses archives après sa disparition en 2016, ce travail inédit et resté inachevé a donné l'impulsion première à ce recueil de textes qui couvre plus de cinquante années de recherches consacrées au philosophe berlinois. Une double ambition s'y donne à voir dès le départ : faire connaître rigoureusement, y compris dans ses dimensions les plus méconnues, la pensée de l'auteur de Sens unique et montrer comment s'y nouent, à partir des années trente, des relations singulières, complexes et parfois tendues, avec l'oeuvre de Bertolt Brecht grâce à laquelle, au tout début de sa formation, Philippe Ivernel découvrit les écrits de Walter Benjamin.
La question pratique du geste et plus largement du corps, sur scène comme dans la vie, acquiert dès lors, chez Walter Benjamin et dans les interprétations proposées par Philippe Ivernel, une place éminente, de nature foncièrement politique, place rarement soulignée et où s'origine l'espace de l'action, du passage à l'action, que cette dernière renvoie à la figure de l'enfance, souvent convoquée, ou relève plus souterrainement de la sphère de l'utopie, jamais négligée.
D'articles en conférences, de préfaces en synthèses didactiques, à travers fragments et entretiens, Philippe Ivernel déploie ainsi le profil d'un Walter Benjamin critique en temps de crise : un homme non seulement en prise avec les urgences de son temps exposé aux menaces des fascismes, mais un penseur dont chaque mouvement porte à réflexion. -
Terminologie philosophique
Theodor W. Adorno
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 18 Février 2022
- 9782252045626
Comme la majorité des cours d'Adorno, la Terminologie philosophique est à lire comme une perspective sur l'oeuvre majeure en préparation depuis la fin des années 1950, à savoir la Dialectique négative. La perspective prise à partir du rapport constitutif de la philosophie à la langue est si inédite et étonnante qu'elle produit véritablement une nouvelle lecture de la Dialectique négative. Ce cours dispensé pendant deux semestres a été conçu par Adorno à la fois comme une introduction à la philosophie et comme une réflexion sur la manière dont les problèmes philosophiques sont indissociables de l'usage et de l'histoire de la langue.
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Communauté et révolution chez Gustav Landauer
Anatole Lucet
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 6 Octobre 2023
- 9782252047323
Il y a plus d'un siècle, le penseur Gustav Landauer était considéré comme « l'agitateur le plus important du mouvement révolutionnaire radical » en Allemagne. Si l'on se souvient parfois de sa participation à la République des conseils de Bavière et de son assassinat, l'écho suscité par son oeuvre s'est rapidement estompé avant de connaître aujourd'hui un vif regain d'intérêt. Landauer a cherché à concevoir - théoriquement et pratiquement - le modèle d'une nouvelle alliance, non autoritaire, entre les aspirations des individus et l'esprit de solidarité. Il s'est d'emblée signalé par son opposition à l'organisation autoritaire (impériale de l'Allemagne wilhelminienne) comme à la social-démocratie d'obédience marxiste. Contre la politique de la table rase et contre la croyance dans un progrès nécessaire de l'humanité, Landauer a exploré le potentiel révolutionnaire de la communauté vécue tout en théorisant la nécessité des révolutions pour faire communauté. Son socialisme culturel se pensait comme une tentative pour susciter, ici et maintenant, la création de nouveaux rapports entre les êtres humains. L'essai d'Anatole Lucet s'organise autour des deux axes qui structurent la pensée de Landauer : si la communauté permet de penser l'essence statique de la vie partagée, la révolution, quant à elle, s'intègre à l'ordre social et inscrit la vie humaine dans une dynamique sans cesse renouvelée.
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La Révolution francaise n'est pas un mythe
Sophie Wahnich
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 9 Mars 2017
- 9782252040522
Les querelles philosophiques des années 1960 sur les places et fonctions respectives de l'histoire, de l'anthropologie, des sciences dites humaines, et de la philosophie, ont installé la Révolution française au coeur de leurs débats, le plus fameux d'entre eux ayant opposé Jean Paul Sartre et Claude Lévi-Strauss. Sartre avait fait de la Révolution française l'un des objets phares de la Critique de la raison dialectique, notamment à travers le concept d'événement.
Claude Levi-Strauss, quant à lui, reproche de vouloir racheter l'illusion transcendantale de la liberté par le collectif et finalement de ne fabriquer qu'une histoire mythique, utile mais loin de la préoccupation scientifique.
Il invite à un décentrement de notre conception de l'histoire occidentale. C'est dans le sillage de ce débat que Michel Foucault a promu contre Sartre une certaine conception scientifique du savoir sur l'homme qui ne prétendait plus comme tel agir sur le monde, mais décrire ses conditions de possibilité.
Cependant la question d'une Révolution française matrice du totalitarisme ne peut trouver son éclairage dans ce débat.
Il faut comprendre que la critique du totalitarisme n'y prend pas sa source, mais que se rejoue au contraire, dans les débats contemporains, la question posée par Sade sur la cruauté et la mort donnée. Pour parler à la manière de Lacan, il faut repenser une éthique de l'histoire de la Révolution française.
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Au siècle dernier, Theodor Adorno (1903-1969) s'impose comme l'un des rares penseurs à oser prendre parti en faveur de l'art moderne et des avant-gardes. Sans attendre prudemment la consécration que le temps finit parfois par accorder à des oeuvres résolument nouvelles, le philosophe s'engage, dès 1923, dans les controverses artistiques, notamment musicales et littéraires, de l'entre-deux-guerres. C'est ainsi qu'il défend âprement contre ses détracteurs la nouvelle musique classique et les compositeurs Alban Berg, Arnold Schönberg et Anton von Webern. Il se fait l'avocat de James Joyce, de Paul Celan, de Samuel Beckett à qui il dédie la Théorie esthétique.
Peu avant sa mort, en 1969, Adorno comprend, toutefois, que sa théorie de la modernité est confrontée au déclin de l'art moderne, à l'apparition de la postmodernité, au triomphe du kitsch et à la suprématie de l'industrie culturelle. Il craint que l'art lui-même ne survive dans la société actuelle que sous la forme d'une culture docile, entièrement soumise aux impératifs de la rentabilisation marchande. Tel est bien, quarante ans après la mort du philosophe, le défi majeur que doit relever une création artistique préoccupée par la sauvegarde de son autonomie et soucieuse de se définir encore comme espace de liberté.
- Marc Jimenez
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Créateur de la Kulturwissenschaftliche Bibliothek de Hambourg dont l'actuel Warburg Institute de l'université de Londres affirme être la continuation, Aby Warburg (1866-1929) est demeuré en France une figure aussi légendaire qu'inconnue.
Les Gesammelte Schriften dont il est l'auteur sont cependant des textes de référence faisant autorité auprès de nombreux chercheurs qui s'intéressent aux débuts de la Renaissance à Florence, à l'Allemagne du temps de la Réforme luthérienne. Warburg contribue au renouvellement du concept de Renaissance stylistique par le problème qu'il fait sien, l'étude des stéréotypes formels empruntés à l'antiquité classique, qui servent à exprimer le mouvement et la passion.
Il s'intéresse en effet non point aux principes d'engendrement et aux règles de construction d'un espace géométrique ou perspectif, mais aux règles de la représentation d'un espace intérieur rendu visible sur l'écran plastique à deux dimensions par des procédés beaucoup plus mystérieux. Cependant le principe méthodologique auquel il se conforme lui interdit de dissocier l'étude des formes et celles des fonctions, l'étude de l'oeuvre de celle de ses usages sociaux et du monde de l'art dans lequel elle a été créée.
D'où une conception interdisciplinaire de l'histoire de l'art.
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" discours, figure constitue un parcours obligé pour qui veut comprendre la posture philosophique de jean-françois lyotard (1924-1998) et saisir la cohérence de sa pensée.
L'ouvrage, qui précède de peu l'economie libidinale (1974), s'inscrit dans le projet, jamais démenti par la suite, d'une " critique pratique de l'idéologie ". toutefois, discours, figure ne traite ni d'économie politique ni d'histoire mais de peinture ou, plus exactement, de cet " espace figural " présent aussi bien dans le discours que dans la figure. " il y a une connivence radicale de la figure et du désir " affirme le philosophe mais, à l'inverse de freud, qui ignore les expériences de la modernité artistique et tente de réduire cette connivence au langage et à la " bonne forme ", lyotard assimile le figural à une dynamique énergétique qui transgresse les codes habituels de la lecture d'images, qu'il s'agisse des tableaux de cézanne, de klee ou de monory.
Discours, figure introduit ainsi à une interprétation " intensive " et inédite de l'art moderne et contemporain. " marc jimenez.
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Pensées sur Machiavel
Léo Strauss
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 13 Octobre 2017
- 9782252040942
Notre rapport à Machiavel est obscurci par la manière dont il a lui-même ouvertement ou publiquement exposé son enseignement. Parce que nous sommes " machiavélisés ", nous ne pouvons plus prendre la mesure de son étrangeté. Pris ou compris dans le mouvement de la Modernité dont il est le fondateur, nous ne pouvons plus concevoir qu'il puisse s'instaurer un rapport vivant, fascination ou hostilité, entre lui et nous. Strauss ne lit pas Machiavel à la lumière de ce qu'il a permis de fonder - la Modernité - mais à la lumière de ce qu'il a récusé - la Tradition classique.
Ce n'est pas là nécessairement privilégier comme critère d'interprétation le passé par rapport au futur, mais éclairer ce que Machiavel dissimule : son affrontement avec la philosophie classique. Il dissimule ce conflit par ce qui paraît y mettre un terme. Figure énigmatique, ainsi le fait réapparaître l'interprétation straussienne : car si Machiavel est le premier à porter l'assaut contre la cité classique - première vague de la Modernité selon Strauss -, ne nous engage-t-il pas par ailleurs à renouer conversation avec les Anciens et, en suivant la trace de l'antique vertu, à inventer la gloire moderne ?
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La démocratie des conseils ; aux origines modernes de l'autogouvernement
Dubigeon Yohan
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 13 Octobre 2017
- 9782252040935
À travers l'apparition de communes, de comités, de conseils ou d'assemblées révolutionnaires, le tournant du XIXe et du XXe siècle charrie des expériences démocratiques qui, au-delà de leur importance pour le mouvement ouvrier, élaborent des composantes de la théorie démocratique moderne aussi riches que sous-évaluées. En se positionnant en extériorité vis-à-vis de l'Etat, ces expériences politiques participent d'une définition moderne de la démocratie radicale, envisagée comme autogouvernement ou démocratie par en bas.
La démocratie des conseils invente un certain nombre de principes qui, par l'accroissement de la dimension horizontale et la limitation de la dimension verticale de la démocratie, font sens vers la déprofessionnalisation de l'activité politique. En articulant de manière originale les tâches de destruction des rapports de domination et de construction de rapports sociaux nouveaux, la démocratie des conseils réarticule la temporalité de transformation sociale, témoignant du fragile équilibre que représente l'horizon démocratique.
Bien qu'occulté par la tradition socialiste, le courant conseilliste issu de cette période élabore une pensée originale, qui reste d'une grande actualité pour qui s'intéresse aujourd'hui aux nouvelles formes de transformation sociale et démocratique.
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Du journalisme en démocratie
Géraldine Muhlmann
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 19 Septembre 2017
- 9782252040904
A quoi sert le journalisme en démocratie ? Que veut dire voir et faire voir le monde au présent ? Quel est le sens politique d'une telle activité ? Existe-t-il un journalisme « idéal », à l'aune duquel juger le journalisme « réel » ? Sur quelle base le critiquer, et pour lui indiquer quels chemins aujourd'hui ?
Dans cet essai stimulant, le premier à soumettre le journalisme à un questionnement philosophique, Géraldine Muhlmann montre qu'une double tâche est assignée au journalisme : faire vivre du conflit et tisser du commun au sein de la communauté politique. C'est finalement l'énigme de la démocratie qu'elle explore :
La coexistence de deux scènes, celle des actions et celle des représentants, la seconde offrant une issue symbolique aux conflits qui agitent la première.
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La révolution surréaliste
Louis Janover
- Klincksieck
- Critique De La Politique
- 18 Octobre 2016
- 9782252040294
Le titre peut s'entendre comme l'expression d'un paradoxe puisque l'ouvrage met en relation les deux aspects de la révolution surréaliste : elle semble s'éloigner dans le passé au fur et à mesure que le surréalisme s'installe dans le monde de l'art, mais elle redevient le but à atteindre dès lors que l'on s'interroge sur ce qu'il est advenu dans ce domaine.
D'une part, l'auteur interroge la naissance du mouvement fondée sur une critique radicale de tout ce qui imprimait alors sa marque dans le domaine littéraire et artistique : les critères de réussite et d'expression du milieu, et un rapport au passé enraciné dans toute une tradition poétique complètement compassée, encore imprégnée des valeurs d'un ordre moral qui paraît inébranlable. Manifestes, proclamations, gestes de refus font apparaître dans les milieux intellectuels une éthique du comportement révolutionnaire qui n'a nul besoin de critères d'analyse politique pour affirmer cet esprit de révolte absolue. C'est ce climat qui entoure la naissance du mouvement et de la revue de la fondation, La Révolution surréaliste. Sur le plan social, il s'inscrit dans la montée d'un mouvement révolutionnaire qui ne connaît pas encore les arguties et les mises en coupe réglée que le stalinisme ne tardera pas à imposer au milieu des intellectuels radicaux. Le problème du rapport entre changer la vie et transformer le monde ne se pose pas alors à la Révolution surréaliste, car il n'a aucun sens pour elle.
La première partie de l'ouvrage s'applique à mettre en valeur cette « révolution ».
D'autre part, l'auteur souligne les apories et les contradictions que doit affronter la révolution surréaliste au fur et à mesure qu'elle s'affirme, et que Breton assume avec ce qui sera le corps de son génie, traversé par cette tension insoluble. Son pouvoir de création poétique et artistique fait entrer le mouvement dans cette zone de contradictions et de dénégations dont il ne sortira, grâce à son intelligence, que par le haut : la reconnaissance de sa puissance novatrice et des vertus de l'esprit subversif, paradigme décisif quant au renouvellement des codes de création. Le surréalisme est alors au service de la révolution, et il entre dans cette constellation politique où le PCF impose ses vues réactionnaires. La lutte contre cette régression amène, en réaction, une lente rétractation artistique qui va séparer de gré ou de force les deux parties du surréalisme.
C'est à travers une double expérience personnelle que l'auteur nous fait littéralement revivre les contradictions et les tensions de cette histoire unique, qui dépasse de loin les variations de l'avant-garde. Il nous donne à voir ce chemin de la révolution surréaliste comme une injonction qui s'adresse au milieu artistique moderne, et fait revivre les principes de la révolution surréaliste dans une nouvelle perspective. Il montre comment au terme de ce processus d'intégration se produit un renversement que l'on pourrait dire dialectique : le refus du début se retourne contre ce qu'il est advenu de la promesse initiale et devient le nouvel objectif à atteindre, une utopie qui s'est enrichie de toute l'expérience passée.
Ce livre nous offre une perspective nouvelle, à mille lieues de l'hagiographie obtuse et d'une critique sans contenu, qui ne fait aucun cas des tensions contradictoires de cette histoire. L'auteur a ajouté une préface en rétrospective pour montrer que les idées défendues n'ont fait que se vérifier à la lumière de l'actualité. Il nous rend sensible l'esprit de la révolution surréaliste, quand il raconte sa rencontre avec Breton qui répond à une lettre passionnée et l'invite à faire partie du groupe.