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Cnrs
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La politique à l'envers : Essai sur le déclin de l'autonomie du champ politique
Christian Le Bart
- CNRS
- Sciences Politiques Et Relations Internationales
- 12 Septembre 2024
- 9782271152107
Une analyse fine du nouveau champ politique français et de sa nouvelle grammaire.
Un essai accessible sur un univers en plein bouleversement et qui ne cesse de perdre du pouvoir.
Le système politique français a longtemps fait preuve d'une redoutable stabilité : solidité des partis politiques institutionnalisés, professionnalisation des élus, sacralité des sommets de l'État et des activités gouvernementales... La politique, tout à la fois activité valorisée et monde à part, surplombait la société.
Nous n'en sommes plus là. Les partis sont devenus des " mouvements " construits sur la seule adhésion à une personnalité ; les militants sont invités à céder leur place à l'habitant (démocratie participative) ou au sympathisant (primaire ouverte). Les professionnels de la politique font profil bas : les cumulants dénoncent le cumul, les énarques dénoncent l'ENA. Les institutions, d'une façon générale, sont malmenées au profit d'une grammaire médiatique qui privilégie les individus au détriment des rôles, l'authenticité au détriment de la loyauté.
C'est ce basculement, dont la crise des Gilets jaunes a été l'un des symptômes les plus évidents, que Christian Le Bart analyse ici. Une politique à l'envers, en quelque sorte. -
Ethnographie du Quai d'Orsay ; les pratiques des diplomates français
Christian Lequesne
- Cnrs
- Biblis
- 16 Janvier 2020
- 9782271131300
La diplomatie française, plus qu'une simple donnée des relations internationales, est un ensemble de pratiques. Au sein des ambassades et des directions du Quai d'Orsay, des hommes et des femmes sont les acteurs de la politique étrangère française, et les représentants de la France à l'étranger.
Après une enquête de trois ans menée au sein des institutions et auprès des agents, Christian Lequesne nous ouvre la " boîte " du Quai d'Orsay, et nous en décrypte ses codes et ses pratiques. Ni monographie détaillée des différents services du ministère des Affaires étrangères, ni série d'anecdotes croustillantes sur ses dysfonctionnements, cet ouvrage est une plongée dans le quotidien des diplomates.
Carrière des agents, héroïsation de la fonction, rapport au pouvoir politique, vie en ambassade, rôle du " dire ", lieux d'influence : voici quelques-uns des aspects de la diplomatie en pratique évoqués dans cette Ethnographie du Quai d'Orsay, afin de donner à voir la fabrique de la politique étrangère de la France. -
La tentation partisane : engagements intellectuels au seuil de la guerre froide
Bastien Amiel
- Cnrs
- Cnrs Sociologie
- 25 Mai 2023
- 9782271132178
Fondé en 1948 pour ouvrir une voie entre le Parti communiste et la SFIO, et refuser le face-à-face entre blocs au seuil de la guerre froide, le Rassemblement démocratique révolutionnaire (RDR), souvent réduit au nom de son animateur le plus célèbre - un Jean-Paul Sartre alors au faîte de sa gloire - n'est évoqué que pour son échec. Cas limite et inédit d'intervention d'intellectuels et d'intellectuelles dans le champ politique, sa disparition dès l'année suivante marquerait l'impossibilité de leur engagement partisan autant que celle d'une ?troisième voie?. Pour la première fois, cette vaste enquête nourrie d'archives et d'entretiens interroge ce parti politique en train de se faire. Qui sont ses militantes et militants ? Quelle place le mouvement occupe-t-il dans leur trajectoire ? Quelles sont les dynamiques qui expliquent l'essor et les pratiques du RDR, puis son délitement ?
Au croisement de l'histoire politique et de la sociologie, cette étude parvient à faire de la tentation partisane un prisme qui révèle les recompositions politiques et sociales à l'oeuvre entre Libération et guerre froide et met en jeu, par la construction d'un intellectuel collectif, la tension sans cesse renouvelée entre savoir et engagement. -
Cheminements révolutionnaires : un an de mobilisations en Algérie (2019-2020)
Collectif, Amin Allal, Layla Baamara, Leyla Dakhli, Giulia Fabbiano
- Cnrs
- 14 Octobre 2021
- 9782271138866
Le 22 février 2019, le centre-ville d'Alger est envahi par une foule refusant le cinquième mandat d'un président grabataire. Deux fois par semaine pendant plus d'un an, des manifestants se réunissent pour s'insurger pacifiquement contre un système politique humiliant et corrompu. Le mouvement révolutionnaire, le hirak, s'empare de l'Algérie dix ans après les printemps arabes qui l'avaient laissée de côté.
Est-ce le signal d'une seconde vague de révolutions arabes, accompagnant les révoltes au Liban, en Irak et au Soudan ? Ou un phénomène profond travaillant un pays dont la prétendue immobilité n'était qu'apparente ? Plus d'un an après le coup d'arrêt imposé au hirak par la pandémie de Covid-19, des historiennes, des anthropologues, des politistes reviennent sur la première année du mouvement pour scruter les transformations à l'oeuvre et les enjeux de cette révolution inachevée.
Avec humilité, ils tentent de saisir et de comprendre le peuple en révolution, celles et ceux qui se pensent comme révolutionnaires, et les effets de ces engagements sur la société algérienne, y compris au-delà des frontières nationales. Ces chercheurs et chercheuses, engagées depuis plusieurs années dans des investigations in situ, nous offrent une plongée dans la réalité algérienne et ouvrent des perspectives pour comprendre comment les surgissements populaires massifs sont capables aujourd'hui d'ébranler les plus verrouillés des régimes autoritaires de ce début de XXIe siècle.
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Les gardiens de la révolution en République islamique d'Iran
Stéphane Dudoignon
- Cnrs
- 17 Février 2022
- 9782271135346
Et si la République islamique d'Iran, en fait, n'existait plus?? Annoncée depuis plus d'une décennie, la prise du pouvoir par la Légion des Gardiens de la révolution n'aurait-elle pas déjà eu lieu?? Depuis 2016, en effet, un système d'assemblées électives contrôlé par les Gardiens s'est mis en place, parallèlement aux institutions républicaines qu'il tend à vider de leur contenu.
Et pourtant, loin d'une sécularisation du régime, que cette militarisation aurait pu entraîner, rarement en Iran le religieux et le politique auront été aussi intimement liés. Comment l'expliquer, malgré des vagues de contestation populaire, malgré aussi ce que nombre d'anciens de la Légion eux-mêmes dénoncent comme une dérive mafieuse??
En se bureaucratisant, la Légion des Gardiens, constamment, s'est remobilisée, jusqu'à son passage à la soft war et à la cyberguerre grâce à une génération de hackers aguerris dans la lutte contre l'Occident. Parmi les moteurs de cette remobilisation?: un ancrage local et communautaire fort qui, mâtiné d'interactions avec les mosquées, constitue une spécificité de cette milice d'État d'un genre particulier.
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Souvent réduite à la proclamation d'anathèmes, tel l'appel au meurtre brutal lancé en 1989 par l'âyatollâh Khomeini contre l'auteur des Versets sataniques, Salman Rushdie, une fatwâ se présente pourtant, dès son origine, comme un simple avis juridique en droit islamique, qui vise non pas tant à contraindre qu'à éclairer le croyant. Les fatwâs traitent ainsi de multiples questions, d'abord religieuses, mais aussi bien économiques et sociales, et forment un ensemble gigantesque qui se confond avec la vie sociale et politique des pays musulmans.
Précisant d'abord la perspective historique nécessaire à leur compréhension, en rappelant leur origine scripturaire dans le Coran, ainsi que les procédures, la typologie et le contexte de promulgation des fatwâs, Stéphane Valter explore les transformations des usages liés à leur production et à leur diffusion dans le monde moderne. Il consacre ainsi une partie de son analyse à l'influence majeure et très conservatrice de l'idéologie wahhâbite et au contrôle religieux exercé par le régime saoudien. Dans un dernier volet passionnant, l'auteur consacre ses réflexions sur les fatwâs en rapport à de grandes questions contemporaines?: la guerre (Syrie), la sexualité (excision) et le sport (football).
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L'anti-démocratie au XXIe siècle : Iran, Russie, Turquie
Hamit Bozarslan
- CNRS
- Sciences Politiques Et Relations Internationales
- 12 Mai 2021
- 9782271137401
L'anti-démocratie est-elle le nouveau visage de l'avenir ? Les régimes iranien, russe et turc aimeraient sans doute le faire accroire.
Derrière une façade démocratique, tous trois donnent à voir une même fuite en avant. Culte d'un chef infaillible investi d'une « mission historique » ; « pureté » de la nation trop longtemps humiliée et volonté de revanche face à un Occident corrupteur ; mobilisations de la religion ; organisation d'un État parallèle fondé sur les liens personnels, la corruption et l'accaparement des ressources ; développement d'un appareil sécuritaire pour répondre à une paranoïa savamment entretenue vis-à-vis des « ennemis extérieurs et intérieurs » ; institutionnalisation d'une réalité alternative sur laquelle les faits n'ont plus de prise...
Plongée stupéfiante au coeur des logiques de radicalisation des régimes autoritaires, cette comparaison aiguisée entre l'Iran, la Russie et la Turquie de ce début de xxie siècle est un puissant avertissement pour nos démocraties qui doutent d'elles-mêmes.
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La bienveillance dans les relations internationales
Frédéric Ramel
- Cnrs
- Cnrs Science Politique
- 27 Janvier 2022
- 9782271135643
En faisant de la bienveillance une composante des relations internationales, ce livre propose un regard plus sensible sur notre temps et offre une boîte à outils pour l'action politique à venir.
Car la bienveillance ne rime pas qu'avec mièvrerie et bons sentiments.
Et elle ne se cantonne ni dans la neutralité ni dans l'hégémonie cultivée par certains États. Disposition morale, elle se retrouve dans plusieurs conduites diplomatiques, des commémorations aux négociations. En tant que pratique, elle promeut la non-nuisance, la tempérance ou encore l'attention à l'égard des vulnérables. En témoigne la modération dans l'usage de la force en droit international, la protection des biens publics mondiaux, ou l'hospitalité d'individus ordinaires envers les migrants. Mais elle est surtout au coeur d'un projet politique global ancien, le solidarisme de Bourgeois, prix Nobel de la paix en 1920. Car une solidarité naturelle, de fait, nous lie tous les uns aux autres, nations comme individus. Reconnaître les effets de ces interdépendances est crucial pour l'humanité tout entière.
Explorer et décrire de manière lucide ces formes de bienveillance est une nécessité. Un geste qui ouvre des voies pour réinterpréter le passé, mais aussi pour agir au sein de notre monde, eu égard aux menaces et aux risques qui nous affectent, des pandémies aux changements climatiques.
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Une situation postcoloniale : Mayotte ou le gouvernement des marges
Nicolas Roinsard
- CNRS
- Cnrs Science Politique
- 25 Août 2022
- 9782271142054
C'est à Mayotte, ancienne colonie (1841-1946) et dernier-né des départements français (2011), que le Rassemblement national réalise ses meilleurs scores électoraux. Et ce n'est pas le seul aspect en apparence contradictoire de cette société bantoue-islamique qui a fait, depuis le référendum de 1958, le choix de la France par souci d'indépendance vis-à-vis des Comores.
De fait, Mayotte est un département «?hors normes?» à plus d'un titre?: il est le plus jeune, le plus pauvre, le plus inégalitaire et le plus touché par l'immigration, en grande partie irrégulière. Lorsqu'il retient l'attention des médias, comme lors du long et dur mouvement social survenu en 2018, l'accent se trouve inévitablement porté sur ces différents traits sans pour autant interroger les logiques politiques et sociales qui les sous-tendent.
Par contraste, cette enquête au long cours, attentive aux dynamiques historiques comme aux enjeux du quotidien, met en lumière les effets de l'intégration politique sur l'organisation sociale. En quoi la départementalisation, support d'une transformation des rapports de classe ou de genre, des relations entre générations ou entre nationaux et étrangers, remodèle-t-elle la société dans son ensemble?? Quel rôle joue-t-elle dans la construction des nouvelles formes de précarité et d'inégalités?? En quoi modifie-t-elle ou non les régimes de solidarité et les formes de régulation traditionnellement observées??
Appréhendée dans une comparaison constante avec les autres départements et collectivités d'Outre-mer, Mayotte pose en réalité la question de la gouvernance postcoloniale dans la France contemporaine. -
Originale et engagée, l'oeuvre de Ronald Dworkin (1931-2013) s'impose désormais à l'égal de celles de John Rawls et de Jürgen Habermas. Connu d'abord comme philosophe du droit, avec entre autres Prendre les droits au sérieux (1977), il a développé une philosophie politique propre, notamment dans Justicepour les hérissons (2011).
C'est ce parcours de pensée que retrace Alain Policar. Outre sa puissante réflexion sur le droit proposant une alternative au positivisme et au réalisme juridiques, Dworkin opte pour le choix moral de l'égalité et tente de trouver un fondement métaphysique aux valeurs qu'il défend.
La volonté de ne pas séparer le droit, la morale et la politique est une de ses positions constantes. Elle lui permet d'apporter des réponses concrètes aux interrogations des démocraties contemporaines (avortement, discrimination positive, justice sociale).
La première monographie en langue française consacrée à ce philosophe américain, actif débatteur et interlocuteur des plus grands auteurs contemporains, dont John Rawls et Isaiah Berlin à propos de la compatibilité de la liberté et de l'égalité.
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L'état d'exception ou l'impuissance autoritaire de l'Etat à l'époque du libéralisme
Marie Goupy
- Cnrs
- Cnrs Philosophie
- 13 Octobre 2016
- 9782271089960
Comment l'état d'exception s'est-il imposé dans la pensée contemporaine ? Pourquoi une notion dont la valeur théorique est aussi contestée, non sans lien avec l'ombre de Carl Schmitt dont elle ne parvient guère à se détacher, est-elle aussi présente dans le champ politique ? Le sentiment largement partagé de subir des crises à répétition, sinon de vivre une situation de crise permanente suffit-il à l'expliquer ?
Marie Goupy tente de répondre à ces questions en revenant sur l'émergence de la notion d'état d'exception dans le contexte de l'entre-deux guerres.
En partant de l'étude des « usages » des pouvoirs de crise en France et en Allemagne durant cette période, et en suivant la construction du concept d'état d'exception par Carl Schmitt, ce livre interroge la signification de la place grandissante occupée par les pouvoirs exceptionnels, à un moment où l'idée d'une impuissance du politique se formule. En explorant l'équivoque de la pensée de Carl Schmitt, tout comme les réponses fascisantes qu'il prétend apporter à cette impuissance du politique, le livre invite à réfléchir aux écueils du processus de « dépolitisation », auquel on peut associer le libéralisme.
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L'hospitalité est une pratique en apparence simple et universellement partagée. Il serait donc tentant d'en fournir une définition générique : l'hospitalité est l'institution qui règle l'interaction entre un accueillant (chez lui) et un accueilli (nouveau venu), consistant en un processus de familiarisation réciproque (faire connaissance, entretenir une relation, etc.). Elle a comme fonctions la dispensation de bienfaits, l'amorçage de la socialité, l'identification de l'étranger, ou l'intégration temporaire de l'invité.
L'hospitalité ne saurait néanmoins être réduite à une vertu privée. Elle est au contraire une pratique politique : elle institue des règles, des frontières, et des dispositifs d'intégration ou d'exclusion. Cet ouvrage expose les différentes formes qu'elle a pu revêtir, des sociétés traditionnelles à nos jours en explicitant les relations de pouvoir qui se jouent dans le langage vertueux de l'hospitalité. Une telle généalogie permet de retrouver les moments et les lieux clés qui ont façonné ce concept en le transformant, le déplaçant et le recomposant selon sa fonction politique.
Cet ouvrage, tout en répondant à une actualité brûlante et souvent tragique ouvre à une réflexion distanciée mais active afin de démocratiser les frontières.
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Nécessaire, le « savoir » appliqué à la crise et à la violence peut s'avérer dépourvu de toute capacité explicative et devenir parfaitement frustrant. L'exigence scientifique comme l'urgence citoyenne imposent certes le savoir comme un devoir ; toute société est obligée de comprendre ce qu'elle produit, y compris l'irrationnel ou l'horreur. Mais comment nier qu'étudier l'horreur, c'est déjà reconnaître, a posteriori, notre impuissance ? L'analyse critique est-elle d'une grande utilité quand elle ne dispose pas de moyens d'action ?
Ce livre s'intéresse à trois notions : la crise, la violence et la dé-civilisation. Elles constituent les trois angles morts de l'histoire du monde, tant la connaissance scientifique que l'on peut en avoir ne permet ni de les comprendre pleinement, ni de les combattre efficacement. Elles ont pourtant une dimension universelle et une histoire longue. Il importe de continuer à se pencher sur ces trois notions, car la crise ne conduit pas nécessairement au chaos, à la violence et à la destruction, et la dé-civilisation ne relève d'aucune fatalité. Une crise peut aussi présenter une chance inédite pour une société de développer une conscience critique sur son passé et se projeter dans un avenir radicalement différent de son présent.
En étudiant ces questions politiques, historiques et éthiques, fondamentales, Hamit Bozarslan revient sur l'histoire du monde, et s'interroge sur son avenir.
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Revendiquer l'espace public
Nilufer Gole, Richard Rechtman, Yves Cohen, Sandra Laugier
- Cnrs
- Cnrs Philosophie
- 22 Septembre 2022
- 9782271094100
Revendiquer l'espace public Maïdan, Tahrir, Gezi, Occupy Walt Street, Nuit debout... Les mouvements des places qui ont émergé au cours des années 2010 dans différentes parties du monde ont rénové l'espace public et signalent une nouvelle manière de faire de la politique. À chaque fois, des individus de tout horizon se réunissent pour résister aux pouvoirs en place, proclamer leur présence sans mettre en avant de leader, partager des émotions, expérimenter «?sur place?» une nouvelle convivialité et célébrer leur diversité. Ces citoyens s'emparent des questions d'intérêt général afin de peser concrètement sur le bien commun. La démocratie semble réalisable, ici et maintenant.
Comment saisir la signification de ces mouvements?? Annoncent-ils véritablement une nouvelle ère politique?? Ou bien ne sont-ils que des épiphénomènes isolés?? Jusqu'ici, il se sont «?naturellement?» essoufflés, ou ont été étouffés par une violente répression. Ne représentent-ils qu'un rêve éphémère?? Rien n'est moins sûr. Les effets de certains perdurent même après leur extinction, comme dans le cas de Maïdan. Surtout, ils mettent en lumière une tendance de fond?: la rencontre verticale désormais impossible entre une société hétérogène qui revendique un espace bien réel, et un pouvoir politique national renonçant à sa capacité d'action face aux problèmes d'ordre planétaire que sont la crise financière, la dévastation environnementale, l'expansion du terrorisme ou la pauvreté croissante.
L'aspiration portée par ces occupations de la place publique a encore de beaux jours devant elle. -
Parmi les grands intellectuels japonais du XXe siècle, Maruyama Masao (1914-1996), historien des idées, sociologue et philosophe, est l'un des plus significatifs. Homme lucide et engagé, il n'a cessé de se battre contre toute forme d'autoritarisme ou de nationalisme. 1945 est sans doute le point de départ de sa réflexion tant la guerre a été vécue comme un traumatisme. À partir de là, il a cherché à développer une conscience politique susceptible de faire face aux malheurs successifs de son pays : l'accession au pouvoir des militaires, le bombardement atomique d'Hiroshima, les luttes pour le rétablissement de la liberté face à un occupant américain.
C'est dans cet esprit qu'il s'attelle à la fondation d'une véritable science politique japonaise, et qu'il entreprendra ses grands travaux sur l'histoire des idées au Japon : l'époque d'Edo et les prémisses d'une modernité autochtone, la crise identitaire de l'époque Meiji, le militarisme du XXe siècle, puis l'ambiguïté et les promesses de l'époque contemporaine. Ses analyses de l'ultranationalisme japonais se révéleront ainsi être un parfait complément aux études d'Hannah Arendt sur les totalitarismes européens.
Avec lui, nous comprenons que les notions de démocratie, de modernité et d'autonomie politique ne sont pas des idéologies d'importation mais bien des valeurs universelles que le Japon a intériorisé à sa manière.
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« Le Premier ministre existe-t-il?? Ce n'est pas sûr?», pointait le politiste Maurice Duverger au lendemain de la promulgation de la Ve?République. La nouvelle Constitution institue en effet un régime hybride inédit en plaçant à la tête du pouvoir exécutif deux dirigeants, le Premier ministre et le Président de la République, sans établir de hiérarchie nette entre eux, non plus qu'une claire division des tâches.
Situé au sommet de l'État, au point d'intersection de tous les espaces sociaux, le Premier ministre doit tout à la fois faire fonctionner le gouvernement, assurer les relations avec le Parlement et avec les administrations, recevoir les syndicats comme les représentants des collectivités locales et accueillir les dirigeants étrangers. Rien de moins. Dans le même temps, en vertu d'une règle tacite tôt établie par Charles de Gaulle, il doit s'effacer devant le Président, au point d'accepter d'être parfois ravalé au rang de simple «?collaborateur?»...
Cette contradiction entre ses importantes fonctions constitutionnelles et sa position dominée vis-à-vis du Président fait du poste de Premier ministre un point d'observation privilégié du fonctionnement et de l'évolution de la Ve?République. Car ce rôle central s'est construit avec le temps, par la sédimentation de «?précédents?», plus encore qu'il n'a été défini en droit.
Soucieuse de rendre compte des effets de position comme de la stratégie des acteurs, des rapports de pouvoir comme des transformations institutionnelles, cette enquête socio-historique mobilisant archives, corpus de presse et témoignages offre un vif éclairage sur les six dernières décennies de la vie politique française et les incohérences qui la structurent.
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Comment une Europe démocratique, ouverte, libérale a-t-elle pu en quelques années engendrer des tendances profondes au repli et au souverainisme ? Pourquoi le besoin de fermeture et d'autorité le dispute-t-il désormais au désir d'ouverture et de liberté ? En réalité, nous avons failli collectivement, États membres et institutions européennes. Ne faudrait-il pas envisager de modifier certaines de nos politiques ? Prêter davantage attention au citoyen plutôt qu'au consommateur, à la démocratie plutôt qu'au libéralisme ? L'Europe ne combattra en effet le désamour des peuples qu'en inventant une troisième voie. Une Europe à la fois libérale et sociale, mondialisée et protectrice, afin que nos héritiers comme nous-mêmes ne soient jamais contraints de choisir entre deux pires : l'ultralibéralisme des uns et le populisme autoritaire des autres.
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Si l'intention de détruire un groupe humain spécifique dans sa totalité distingue le génocide d'un crime de masse, comment qualifier la famine organisée par Staline en Ukraine au début des années trente, ou plus près de nous, les meurtrières opérations de « nettoyage ethnique » au Kurdistan et durant la guerre en ex-Yougoslavie ? Comment définir un génocide ? Et comment éviter l'instrumentalisation de cette notion, qui s'inscrit souvent dans le registre émotionnel au détriment de la jurisprudence définie par le droit international ? À l'ère des revendications mémorielles de toutes sortes qui investissent le débat public, Bernard Bruneteau s'interroge sur l'usage inflationniste du terme de génocide. Retraçant l'histoire du concept depuis sa création par Raphael Lemkin en 1944, il plaide pour une définition rigoureuse des pratiques génocidaires et met en garde contre les captations politiques qui menacent aujourd'hui de brouiller leur compréhension.
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«?Gouverner, c'est prévoir.?» Mais comment prévoir l'avenir du monde du xxie?siècle?? Un monde aussi incertain, instable, indéchiffrable. Un monde marqué par une multiplication des acteurs et des crises, une redistribution de la puissance, une incertitude stratégique, une ivresse de l'immédiat. En un mot, un monde imprévisible?! L'exercice ne relève-t-il pas de la quadrature du cercle??
Prévoir quoi et prévoir quand?? La prévision, envisagée dans sa dimension objective et scientifique, peut-elle penser l'impensable, réduire l'incertitude, dissiper le brouillard du présent pour éclairer la décision politique de demain?? Anticiper la crise pour mieux la préparer, à la lumière de la pandémie du coronavirus??
Diplomates, économistes, acteurs du renseignement, universitaires, chercheurs, experts?: du croisement de leurs expériences, nous pouvons tirer quelques enseignements afin d'imaginer les linéaments d'un projet de prévision raisonnable pour le XXIe?siècle.
Un projet ambitieux pour dépasser un certain conformisme de la pensée stratégique.
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Introduction à la philosophie politique
Félix Heidenreich, Gary Schaal
- Cnrs
- Biblis
- 18 Octobre 2012
- 9782271075512
Une introduction historique aux théories politiques, de la Renaissance à nos jours.
Un manuel utile et intelligent, didactique et précis, sur les grandes théories politiques qui ont irrigué l'histoire de la pensée européenne et façonné notre modernité. Une synthèse accessible qui, de Locke à Walzer en passant par Rousseau, Habermas, Kant, Rorty, présente chacun de ces auteurs, décrypte leur apport, analyse leur héritage, s'attache à comprendre les influences croisées entre théories libérale, républicaine, communautariste. L'organisation du volume permet au lecteur d'entrer de plain-pied dans la pensée des auteurs et des courants étudiés, qu'ils soient descriptifs ou normatifs.
Un panorama général sur les grandes philosophies du vivre-ensemble et une boîte à idées mise à la disposition des lecteurs et des citoyens.
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Réformisme, salafisme, wahhabisme, Frères musulmans, djihadisme, chiismes, alaouites, zaydites, ibadites, ismaéliens, soufis...
Depuis les attentats, journalistes, politiques et experts, reconnus ou autoproclamés, saturent les médias avec la question de "l'islam", parfois envisagé comme un facteur explicatif unique et tranché des conflits contemporains, parfois éludé des analyses.
Réformisme, salafisme, wahhabisme, Frères musulmans, djihadisme, chiismes, alaouites, zaydites, ibadites, ismaéliens, soufis...
Depuis les attentats, journalistes, politiques et experts, reconnus ou autoproclamés, saturent les médias avec la question de "l'islam", parfois envisagé comme un facteur explicatif unique et tranché des conflits contemporains, parfois éludé des analyses. Un terrain des idées dangereux où s'opposent les partisans du "tout-à-voir" et du "rien-à-voir".
Partant de l'histoire, cet ouvrage déconstruit les idées reçues et analyse de manière synthétique les doctrines et les enjeux contemporains des principaux courants de l'islam, par le prisme du "théologico-politique". Tenant compte des derniers acquis de la recherche, des encadrés présentent leurs textes fondateurs et les évènements ou personnages qui sont essentiels à la compréhension de leurs idéologies.
Un livre de référence accessible pour ceux qui veulent comprendre ces islams qui changent le monde.
Sabrina Mervin, chargée de recherche au CNRS, est directrice du centre Jacques Berque, Rabat. Elle est l'auteur d'une Histoire de l'Islam : fondements et doctrines (Champs Flammarion).
Nabil Mouline, chargé de recherche au CNRS, est rattaché au centre Jacques Berque, Rabat. Il est l'auteur de l'ouvrage Le Califat. Histoire politique de l'Islam (Champs Flammarion).
Les auteurs : Michel Boivin, Samy Dorlian, Augustin Jomier, Stéphane Lacroix, Sabrina Mervin, Nabil Mouline, Alix Philippon, Loulouwa Al Rachid. -
La Grèce constitue une énigme pour l'Occident. À chaque fois qu'on a pensé que le peuple grec était définitivement sur la voix de la modernisation, la situation s'est dégradée, comme depuis 2010.
La Grèce constitue une énigme pour l'Occident. À chaque fois qu'on a pensé que le peuple grec était définitivement sur la voix de la modernisation, la situation s'est dégradée, comme depuis 2010. Jamais la confiance en l'avenir de la Grèce n'a été aussi basse, jamais on ne s'est autant interrogé sur l'identité grecque.
C'est pendant de tels moments de crise que se révèle l'ambivalence de la relation entre la Grèce et l'Occident. On passe de l'admiration béate pour le " berceau de la démocratie " au mépris, parfois même à la colère. Ce décalage entre représentation et réalité est la source de la plupart des problèmes grecs, internes et externes. En sept ans, la crise a montré qu'elle ne peut pas être résolue par des simples approches économiques, sans une révision des idées reçues, sans la prise en compte de structures et de comportements enracinés dans l'histoire et la géographie.
En dévoilant les atouts d'un " néohellénisme " disposant d'importants réseaux diasporiques, maritimes et religieux, ce livre échappe à une historiographie romantique et indique les ressources de la Grèce face à une Europe en train de redéfinir sa relation avec " les Autres ". -
Comment perdre une guerre ; une théorie du contournement démocratique
Elie Baranets
- Cnrs
- 16 Novembre 2017
- 9782271116123
À en croire les spécialistes, les démocraties bénéficient d'un avantage militaire décisif. Cela n'empêche pas ces dernières de connaître des difficultés récurrentes, comme le montrent leurs déboires récents. Pourquoi ?
De la guerre naissent des impératifs qui procurent aux gouvernants l'occasion d'accroître leurs pouvoirs. Mais le comportement non démocratique de décideurs qui abusent le public sur la réalité de leurs objectifs finit par se retourner contre eux. Ils se condamnent à élaborer leur stratégie dans l'optique de la maquiller, privilégiant la discrétion à l'efficacité. Ces pratiques nourrissent la contestation en interne, jusqu'à rendre l'effort de guerre insoutenable politiquement. Alors qu'il est courant d'affirmer que la démocratie nuit à la bonne conduite des opérations armées, cet ouvrage montre au contraire que c'est de son déni que provient la défaite. Comment le pouvoir parvient-il à contourner ainsi la démocratie ? Comment les acteurs politiques réagissent-ils face au mensonge et à la dissimulation ? Quels sont les effets concrets de ces stratagèmes sur le cours de la guerre ?
C'est en s'appuyant sur une étude méticuleuse des campagnes militaires menées par les États-Unis au Vietnam et par Israël au Liban qu'Élie Baranets répond à ces questions aussi cruciales qu'actuelles.
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Le courage des gouvernés. Michel Foucault et Hannah Arendt
Thomas Skorucak
- Cnrs
- 14 Mars 2019
- 9782271115218
En ces temps marqués par la grande désillusion des citoyens face au politique, alors même que l'action collective est plus que jamais nécessaire, n'est-il pas urgent de réactualiser la notion de courage ? Mais comment penser ce courage loin de l'image d'une posture héroïque, apanage exclusif des puissants et des natures exceptionnelles, représentation à laquelle nous l'avons trop souvent cantonné ?
Ce courage des citoyens, cette vertu des gouvernés, Thomas Skorucak la met en scène dans des procès emblématiques où s'affrontent l'autorité et la vérité. Procès de Socrate et Galilée où le vrai s'est progressivement imposé comme source unique de l'autorité. Procès des criminels nazis où est patente la difficulté à s'affirmer face au pouvoir de sujétion de la vérité et à la démultiplication des régimes d'obéissance.
Comment dès lors élaborer une forme de courage qui serait une élaboration quotidienne et patiente de soi par soi, résistante à l'emprise du pouvoir sur notre conduite ? La question n'a rien de rhétorique. Michel Foucault et Hannah Arendt ouvrent la voie, revenant tous deux à l'Antiquité et à la figure tutélaire de Socrate. Ils permettent de penser un courage sans référence à aucune transcendance, comme fidélité à soi-même, ou comme stylistique de l'existence.
Une tentative de désassujettissement, dont l'actualité n'est pas à démontrer.