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Kime
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Ecrit par Nietzsche entre 1882 et 1885 Ainsi parlait Zarathoustra est l'une des oeuvres majeures de la littérature allemande et l'une des oeuvres majeures de l'histoire de la philosophie.
Sous une forme poétique qui en fait un chef d'oeuvre littéraire mais qui n'a pas facilité toujours l'accès à sa pensée profonde et qui a suscité bien des malentendus Nietzche y réalise une mise en place de tous les grands thèmes de sa philosophie. Il y montre que l'humanité est menacée de découragement et du pire laisser-aller du fait que s'est perdue la foi en Dieu, foi qui constituait depuis des millénaires le socle de la civilisation occidentale.
Il explique comment, pour éviter ce double danger l'homme doit se faire " surhomme ", c'est à dire remplacer Dieu dans son rôle de fondement de la morale et de toute la civilisation, et comment cette nouvelle morale et cette nouvelle civilisation impliquent une nouvelle conception du monde, une nouvelle métaphysique. Il examine enfin, sans illusion mais sans se décourager, la manière dont la civilisation contemporaine - contemporaine à Nietzsche, mais aussi contemporaine à ses lecteurs d'aujourd'hui - est en mesure d'écouter son message.
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Sommaire : Dominique Bourg, Crise écologique et idée de nature / André Simha, La nature au défaut du discours / Louis Ucciani, Toutes les choses du monde / Stéphane Haber, Les apories de la libération animale : Peter Singer et ses critiques / Jean-Michel Le Lannou, La fonction « Nature »
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Ce volume confronte le roman de Balzac La maison Nucingen (1834) et le court texte de Marx L'argent extrait d'une ébauche d'une critique de l'économie politique (1844).
La maison Nucingen est une conversation entre onze heures et minuit dans un restaurant parisien. C'est l'histoire de quatre liquidations successives fomentaient par le Baron Nucingen, 1804, 1815,1827, 1830, qui réussiront à asseoir sa fortune. C'est la Haute Banque, les nouvelles techniques financières. C'est l'éléphant de la finance qui se met au-dessus des lois. C'est enfin un magnifique coup de Bourse.
« Dès la paix de 1815, Nucingen avait compris ce que nous ne comprenons qu'aujourd'hui : que l'argent n'est une puissance que quand il est en quantités disproportionnées. Il jalousait secrètement les frères Rothschild. Il possédait cinq millions, il en voulait dix ! Avec dix millions, il savait pouvoir en gagner trente, et n'en aurait eu que quinze avec cinq. Il avait donc résolu d'opérer une troisième liquidation ! Ce grand homme songeait alors à payer ses créanciers avec des valeurs fictives, en gardant leur argent. Sur la place, une conception de ce genre ne se présente pas sous une expression si mathématique. Une pareille liquidation consiste à donner un petit pâté pour un louis d'or à de grands enfants qui, comme les petits enfants d'autrefois, préfèrent le pâté à la pièce, sans savoir qu'avec la pièce ils peuvent avoir deux cents pâtés. »
« L'argent, qui possède la qualité de pouvoir tout acheter et tout s'approprier, est éminemment l'objet de la possession. L'universalité de sa qualité en fait la toute-puissance, et on le considère comme un pouvoir dont le pouvoir est sans bornes. L'argent est l'entremetteur entre le besoin et l'objet, entre la vie et les moyens de vivre. Mais ce qui sert de médiateur à ma vie médiatise aussi l'existence des autres pour moi. Pour moi, l'argent, c'est autrui. » Karl Marx -
Dans À nos amis, à nos abonnés, texte des Cahiers de la quinzaine, Charles Péguy sublime et transpose, en 1909, sa propre maladie physiologique, dont on sait qu'il s'agit d'une simple jaunisse, en lui donnant une valeur culturelle et universelle. Il donne aussi à l'échec personnel de son projet intellectuel de publication du Polyeucte de Corneille, pour des raisons financières, une portée de même éminemment collective, une portée qui est le symptôme même de son échec concernant son ambition socialiste visant la moralisation et l'instruction du grand public. Il donne enfin et en même temps aux défaites historiques et militaires de la France elle-même, la défaite de la guerre de 70 est notamment omniprésente, une nouvelle et suprême portée universelle de pure sublimation culturelle. C'est ainsi que, dans un texte émouvant et fort, sublimant, spiritualisant, universalisant et intériorisant ses propres déceptions et échecs personnels ainsi que les échecs patriotiques, il dénonce de manière bouleversante la barbarie et l'inculture de son temps. Sous le titre violent de pornographie, il dénonce en effet la corruption des plus hautes valeurs de l'humanité. Il s'agit alors non pas d'une pornographie grossière, vulgaire, populaire et naturelle mais d'une « pornographie mondaine », toute pétrie de « fatuité » et de « fausse élégance », à savoir de superficialité sociale et culturelle opérant la destruction fatale de toute grandeur humaine authentique, la vaporisation de tout contenu spirituel dans l'obsession matérialiste de la réussite, de la montre sociale, de l'argent et du profit. Qu'est-ce donc que la pornographie mondaine sinon un autre nom pour la culture philistine, à savoir pour l'hypocrisie de la montre qui vire, par-delà les apparences, à la destruction délirante et véritable de la créativité, de la dignité, de la discipline et du style, à savoir de la réalité même de la culture et de l'humanité ?
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Le texte que Baudelaire a rédigé sur la photographie - Le Public moderne et la photographie - est on ne peut plus célèbre. Du reste, il est devenu - et ce devenir fait bien sûr partie, secrètement mais d'une manière importante, de sa problématique - l'un des plus pratiqués, c'est-à-dire commentés et même, si l'on peut se permettre, sur-interprété, ce qui a pour effet de pervertir à la fois l'intention qui fut la sienne et le sens qui, quant à lui, appartient, il est vrai, dans tous ces cas de figure, autant à la postérité qu'à l'impensé que contient tout acte d'écriture.
Il n'empêche, le contenu du texte de Baudelaire est on ne peut plus explicite : la photographie, c'est le matérialisme triomphant et l'impersonnalité, tout le contraire de la « création », l'ennemie du rêve, de l'Idéal et de la poésie en général. Sans forcer les choses, on peut affirmer qu'à la fois elle incarne le spleen, en condense la nature et en expose tous les effets d'écrasement de ce qui est humain sur la terre, à savoir le désespoir et l'ennui. Car le sujet de la photographie, c'est bien, comme on ne cesse de le constater à la réflexion, la mort. Enfin, elle est une technique, rien qu'une technique, et le mieux serait d'ailleurs, pour le poète, qu'elle se cantonne à cela - en effet, la question de son statut éventuel et hypothétique d' « art » est, à la lecture cursive du moins, suspendue par Baudelaire -, parfaitement adéquate au Moderne et cet « âge des foules », ce dont au demeurant le titre du texte, sur lequel on ne s'arrête pas suffisamment, insiste en faisant mention du « public moderne », les termes de « foule », de « moderne » et de « public » étant justement dans les textes de Baudelaire d'une part péjorés, d'autre part toujours dialectisés (c'est ainsi, par exemple, que « foule » prendra une valeur de vérité lors de l'examen des conditions contemporaines de la perception et de la matière poétique qu'est la ville). Il s'agit donc, concernant la photographie, à la lettre et sans la moindre nuance, d'une condamnation, de celle qu'un poète, ou au sens encore fort du terme pour Baudelaire et en fonction de la position qu'il occupe, un artiste, peut s'autoriser à prononcer. -
Edith Bruck, née en Hongrie en 1932 dans une famille juive, vit en Italie depuis 1954. Avec Chi ti ama così, publié en 1959 chez Lerici (Milan), réédité en 1974 chez Marsilio Editori, elle écrit son premier livre en italien, un témoignage déchirant sur sa déportation à Auschwitz, à 12 ans, avec ses parents, ses deux frères et une de ses soeurs. Elle n'est revenue qu'avec son frère aîné et sa soeur.
Edith Bruck fait le récit de la vie quotidienne de sa famille, très pauvre, en butte à l'antisémitisme dans un petit village de Hongrie et de sa déportation en mai 1944. Brutalement séparée de sa mère en arrivant à Auschwitz lors de la sélection, elle a pu rester avec sa soeur Eliz et, ensemble, elles sont allées d'un camp nazi à l'autre jusqu'à leur libération à Bergen Belsen en avril 1945. Elle insiste ensuite sur les années de l'après Shoah où devenue orpheline à 13 ans, elle tente la difficile reconstruction de sa vie. Elle fait le choix d'un récit intime où elle raconte sa vie sentimentale chaotique, commencée beaucoup trop tôt, sans repères, à la recherche éperdue d'affection. Elle décrit son retour en Hongrie où personne ne l'attend, son errance en Europe, les camps de réfugiés installés par l'AJDC. Elle raconte ensuite son voyage puis son séjour en Israël où elle n'est pas restée. À la fin du récit, elle vient juste d'avoir vingt ans et a déjà divorcé trois fois.
Edith Bruck est encore méconnue en France. Un seul de ses livres a été récemment traduit en français avec une introduction de Philippe Mesnard : Signora Auschwitz, le don de la parole, Editions Kimé, 2015 En Italie, Edith Bruck est un auteur connu et reconnu.
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A travers le judaïsme : Buber, Levinas, Simone Weil
Jean-Marc Ghitti
- Kime
- 15 Novembre 2024
- 9782380721522
Ce travail part d'une généalogie du sionisme suscitée par les doutes que fait naître en nous la guerre au Proche-Orient. Il étudie sa naissance chez Herzl, son interprétation par Buber, ainsi que son dévoiement actuel (première partie). Au-delà du sionisme, il est une apologie du judaïsme de la diaspora, étudié à travers Levinas et ses contradictions (deuxième partie). Enfin, il envisage le judaïsme assimilé, à travers la figure moins attendue et très paradoxale de Simone Weil, ici traitée comme une figure du judaïsme (troisième partie).
Au fil de ces trois études, certains concepts sont élaborés pour éclairer des questions qui vont au-delà du judaïsme : le territoire, la guerre, la relation entre État et nation, l'identité et l'impolitique. Ce sont ces concepts qui sont rassemblés en cohérence dans la conclusion (quatrième partie).
Il ne s'agit pas d'une étude strictement universitaire, bien que la pensée des trois philosophes de référence soient exposée et interprétée de manière comparative. Il ne s'agit pas non plus d'un essai militant, bien que des positions claires soient prises sur des sujets sensibles. Le texte est plutôt une tentative pour modifier les catégories idéologiques et mentales par lesquelles nous avons l'habitude d'approcher les problèmes ici abordés.
Après un travail d'orientation écologique sur l'aménagement du territoire dans un texte à paraître, qui poursuit ma réflexion philosophique sur les lieux, j'ai été interpellé par la guerre au Proche-Orient et j'ai voulu éclaircir la question du territoire à travers le sionisme. Resituant celui-ci dans l'histoire du judaïsme, j'ai été amené à donner une nouvelle interprétation de l'oeuvre de Simone Weil à partir de sa relation complexe à ses origines juives. Le positionnement de cette philosophe, à qui j'ai précédemment consacré un ouvrage (2021), s'est éclairé différemment à partir d'une comparaison que j'ai tenté d'établir entre ses écrits et ceux de Buber et de Levinas. Mais, ce que j'ai cherché, à travers ces trois philosophes et l'image qu'ils donnent du judaïsme, c'est l'approfondissement du concept d'impolitique que j'avais introduit dans mon dernier essai publié (2023). L'impolitique est ici présentée comme une réponse possible à la territorialisation de la politique, aux guerres qui en résultent et au règne géopolitique du modèle des États-nations. -
Quel artiste Proust a-t-il été et comment a-t-il trouvé son écriture ? L'enquête de l'auteur comporte trois volets : Proust, Contre-enquête (Éditions Classiques-Garnier, 2018) pose l'hypothèse d'un trauma et de traits autistiques. Proust, Voir l'invisible (Éditions Kimé, 2023) interroge la place de la médiumnité et de la voyance dans sa démarche artistique. Dans ce troisième volume Proust, Écrire le vivant, explore le dialogue que l'artiste tisse avec le vivant en montrant la manière singulière dont il le traduit dans sa langue.
La pierre de touche de l'oeuvre est ce défi à l'intelligence et à la rationalité, une valeur sacrée dans son milieu, à laquelle pourtant il résiste. Malgré l'excellence de ses dons, il peine à devenir quelqu'un, adopte un mode de vie intuitif et désintéressé dans le défi de la non-puissance.
Cette écriture du vrai comme vivant entre en résonance avec la crise écologique que nous vivons. Simplement et dans la plus grande humilité, Proust nous invite à changer notre regard, à résister aux sirènes pour entrer dans la vraie vie. -
Cette traduction nouvelle de la Médée d'Euripide par Florence Dupont est une commande du metteur en scène Laurent Fréchuret, Directeur du Centre de Sartrouville et des Yvelines Centre Dramatique National pour une création en octobre 2009.
Elle est donc destinée à la scène, c'est pourquoi le texte français laisse volontairement de l'espace aux acteurs afin qu'ils s'approprient le texte et ne comprend aucune ponctuation, c'est à chaque acteur en l'oralisant de lui donner forme par ses pauses et ses intonations. Florence Dupont et Laurent Fréchuret ont travaillé ensemble à un projet visant à retrouver la force spectaculaire du théâtre grec ancien, en particulier les émotions directement créées par le "décor sonore" : musique du choeur et voix des acteurs, chantées ou non.
La traduction comme la mise en scène partent de la structure musicale de la pièce et s'organisent à partir des choeurs et de la musique. C'est pourquoi le texte indique par la typographie (italique) les passages chantés afin de les distinguer des passages parlés.
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Dans ces pages datées du 10 juin 1887, Nietzsche conçoit un nihilisme européen : concept daté et circonstancié, historique et géographique, philosophique, et tout à la fois moral et politique, bien plus que métaphysique ou mystique. Analysant les valeurs sacrées et éternelles, il prononce la parole déraisonnable de l'imprécateur. Mais son intention est de purifier la société européenne.
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Nouvelles méditations métaphysiques : Les existences imaginaires
Jean-Clet Martin
- Kime
- Bifurcations
- 22 Janvier 2025
- 9782380721614
Pour Descartes la réalité vaut mieux que nos rêves trop mal enchaînés, incapables dit-il d'adopter le cours d'une chaine cohérente. Ces « Nouvelles méditations métaphysiques » proposent l'hypothèse inverse. C'est le réel qui se montre plus absurde et plus illusoire que la moindre scène onirique. On peut compter ainsi sur le rêve pour une association créatrice des choses de l'avenir non moins que du passé. Un agencement sans doute plus courageux que l'ordre des raisons. Aussi, les vécus que la phénoménologie borne aux dimensions de la chair, ne sont eux-mêmes jamais exempts de surprises. D'où cette rectification patiente de L'imaginaire sartrien, lecteur de Descartes, cette enquête vers des sources aussi ensorcelées que les « Expériences d'un psychiste », de William James, ou les intrigantes recherches de Taine, les rêveries de Stevenson, voire les fantômes de Stanislas Lem dans une inversion étonnante du cartésianisme. Une explosion généralisée de l'opinion selon laquelle ne nous attendrait « rien de nouveau sous le soleil ». Les spectres et les revenants veillent de nuit pour dérouter les chemins de l'Être..
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Vivre dans un monde numérisé : Bernard Stiegler et l'écologie de l'esprit
Fred Poché
- Kime
- Philosophie En Cours
- 17 Mai 2024
- 9782380721461
Depuis toujours, les sociétés humaines vivent des mutations. Au fil des siècles se développent, en effet, des outils propres à changer les relations sociales, à transformer les interactions. Mais celles que nous voyons émerger aujourd'hui se révèlent profondes, radicales et irréversibles. Elles captent notre attention et changent nos manières de vivre, de nous rencontrer ou de nous rapporter à la réalité. Nous vivons, ainsi, dans un monde marqué par un processus d'accélération technologique vertigineux. Les objets qui, dorénavant, accompagnent chaque instant de notre vie (ordinateurs, mobiles, tablettes, robots) altèrent ou modifient radicalement les catégories avec lesquelles nous pensions et agissions jusque-là?: le temps, l'espace, le pouvoir, la vérité, la communication, les identifications... Depuis seulement quelques décennies, la numérisation de notre univers sociétal engendre une explosion combinatoire provoquant ce que certains appellent une disruption. Celle-ci bouleverse les cadres d'à peu près tous les domaines et remet en question la puissance publique. Face à ce monde aux multiples transformations, la pensée du philosophe Bernard Stiegler nous offre des clés essentielles pour développer une posture critique. Elle donne au citoyen des outils propres à sortir des inclinations à la fascination autant que du penchant à la technophobie. Si ce monde numérisé étend sa toile sur toutes les ramifications de nos existences, il convient, alors, de l'appréhender en ne lâchant jamais les questions de la finalité et du sens du vivre ensemble.
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Les cahiers noirs de Heidegger : un guide de lecture des Réflexions
Etienne Pinat
- Kime
- 16 Février 2024
- 9782380721324
En 2014 parurent en allemand les volumes 94, 95 et 96 des oeuvres complètes de Martin Heidegger édités par Peter Trawny, qui donnaient à lire pour la première fois quatorze des cahiers noirs, ces carnets à couverture de moleskine noirs dans lesquels Heidegger, à partir de 1932, consignait les pensées qui lui venaient à la volée. Dès la fin 2013 avaient commencé à circuler des extraits contenant des propos antisémites, et l'éditeur des volumes accompagnait leur parution d'un essai de son cru portant sur ces extraits, livre rapidement traduit en français. S'en suivit une large polémique à ce propos dans la presse internationale qui éclipsa tout autre aspect du contenu des cahiers noirs.
Etienne Pinat, spécialiste de la pensée de la pensée de Heidegger, se propose d'introduire le lecteur francophone à la lecture de ces trois volumes, intitulés Réflexions, en repartant de la polémique sur l'antisémitisme afin de statuer sur cet antisémitisme heideggérien. Il s'efforce de monter que ces passages antisémites ont éclipsé bien d'autres aspects intéressants de ces cahiers, et au premier chef l'explication de Heidegger avec le nazisme, et avec l'erreur que constitue à ses yeux son engagement de 1933-34. S'y révèle le développement progressif d'un véritable antinazisme heideggérien à partir de 1934, puis l'apparition de propos antisémites à partir de 1938, cet antisémitisme n'étant alors pas celui du nazisme, de sorte qu'il faut en penser la spécificité. -
L'espace numérisé : Défis éthiques et politiques d'une métamorphose
Fred Poché
- Kime
- 22 Janvier 2025
- 9782380721607
Du logement constitutif d'un « chez soi » à la rencontre d'autrui au sein de la Cité, nos existences ne cessent de parcourir et d'investir des espaces. Nous y expérimentons, alors, une familiarité apaisante, des manières communes de nous rapporter au monde (culture partagée), des pratiques sociales, ainsi que des expériences de solidarité. Cependant, traversés par des choix idéologiques et politiques, nos espaces de vie se posent aussi comme des terrains de luttes ou de conflits : squats, occupations d'usines, « accueil » des gens du voyage par les municipalités, « gestion » des sans-abri au coeur des villes, désaccords à l'occasion de constructions ou de démolitions de lieux de culte... Dans le même temps, la numérisation du monde bouleverse toutes les dimensions de notre existence. Les corps continuent, certes, de se croiser ou de se rencontrer dans les différents espaces. Mais la possibilité offerte en permanence, par l'intermédiaire du smartphone, de dépasser la présence corporelle dans un lieu pour communiquer avec l'absent constitue une métamorphose sans précédent. Cette nouvelle situation interroge les notions même de présence, d'identité et de socialité. En quel sens la digitalisation de nos vies change-t-elle notre condition spatiale ? Et quelle forme pourrait prendre une politique soucieuse de ces profondes transformations ? Prendre au sérieux les grandes mutations de nos espaces (matériels et virtuels) constitue une voie nécessaire pour penser des formes d'émancipation propres à articuler liberté et production du commun au sein de nos fragiles démocraties.
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Georges Bataille. L'expérience et la pensée : Philosophies et rhétoriques de l'excès
Olivier Capparos
- Kime
- 14 Février 2025
- 9782380721645
Dans le « théâtre » de Georges Bataille, le rideau se lève sur une scène peu éclairée, livrée aux expériences-limites de la pensée, des voix, du corps, des affects et attracts premiers (désir, joie, effroi...) Le théâtre se joue de ses contradictions internes, revendiquant même jusqu'à la dissolution des corps, du langage.
Cet essai propose de confronter les approches batailliennes de la souveraineté et de l'extase à d'autres traditions philosophiques et mystiques. À ce jeu d'ombres et d'indices luminescents participent Maître Eckhart, N. de Cues, G. W. F. Hegel, E. Husserl, saint Anselme de Cantorbery, F. Nietzsche, F. von Baader, P. Klossowski, S. Freud, le bouddhisme tibétain et le zen.
Là où le néant et la dissolution semblent l'emporter, une « philosophie de la lumière » se dégage et s'exprime. Le « style » d'une philosophie de la lumière privilégie une logique des analogies et des correspondances qui permettra peut-être de tisser un langage neuf, linguistique et figural, transgressant les dialectiques bien construites.
Georges Bataille, tout en renforçant la contestation de toute « servitude dogmatique », prône un renouvellement de plusieurs voies poétiques et spirituelles en quête de l'ineffable. -
Premiers récits : le mythe d'Ulysse ; l'idylle (1936) ; du dernier mot (1935)
Maurice Blanchot
- Kime
- 15 Septembre 2023
- 9782380721133
À partir de 1932, Maurice Blanchot, journaliste politique, critique littéraire, écrivain à part, a poursuivi une recherche littéraire exigeante qui, à travers de multiples transformations (dont Thomas le Solitaire de 1931- 1937), n'aboutira qu'en mai 1940 à Thomas l'Obscur, grand roman dont on a aussitôt remarqué la singularité.
Entre-temps, le futur romancier a interrompu ce travail « interminable » (dira-t-il) pour rédiger trois récits brefs, dont le premier, « Le Mythe d'Ulysse », est demeuré inédit à ce jour, et dont les deux autres, « L'Idylle » et « Le Dernier Mot », ne seront connus que sous une forme modifiée en 1947. Dans les archives personnelles de l'écrivain sont restées cependant les versions inaugurales de ces trois textes, et ce sont elles dont nous proposons ici la transcription, pour donner ainsi à lire ou à relire ces premiers récits d'un auteur encore confidentiel. « Je vous demande donc de vous rappeler ceci pour bien conduire vos observations : le dernier mot ne peut être un mot, ni l'absence de mot, ni autre chose qu'un mot. Si je me brise sur un bégaiement, j'aurai à rendre des comptes au sommeil, je me réveillerai et tout sera à recommencer. » -
La notion de défaillance est essentielle à l'existence humaine, qui ne pourrait s'apparaître à elle-même si l'excès de son épreuve du réel ne la confrontait à des situations critiques. Ces moments critiques lui confèrent en effet un relief nouveau et exacerbent les mouvements de fond qui la traversent, selon un paradigme qui permet également de comprendre l'écriture poétique ou les formes plastiques. Il s'agit ainsi de penser la défaillance comme une dimension constitutive de l'existence, qui ne peut plus être comprise selon les logiques du projet, de la réussite et du résultat qui saturent nos environnements d'existence.
Un corpus restreint de philosophes - Søren Kierkegaard, Simone Weil, Emmanuel Levinas, Louis Lavelle, Henri Maldiney et Jean-Louis Chrétien - et une poignée d'artistes - Josef Sudek, Jean Bazaine, Jean-Luc Godard - conduisent à faire le constat qu'une faille traverse toute expérience sensible et permettent d'établir que notre être au monde doit être compris à l'aune d'un déséquilibre impossible à résorber. Ces analyses ouvrent sur une philosophie du témoignage, qui implique ce déséquilibre comme sa condition de possibilité. Elles viennent également nourrir l'horizon d'une vie en commun susceptible d'accueillir toutes les singularités humaines et de les articuler à une exigence de justice qui irrigue la pensée utopique. -
Portrait du philosophe en grand vivant. Jean-Luc Nancy
André Hirt
- Kime
- 13 Septembre 2024
- 9782380721478
Penser à mort la vie, quelle qu'elle soit, partout, solitaire comme partagée, dans ses poussées d'énergie et de sexualité, de la veille au sommeil et au rêve. Penser l'existence jusqu'au bout, même le mort dans la mort et dans son espace la résurrection pour y apercevoir dans sa tenue propre l'être cher. Éprouver les séparations comme les partages. Toucher l'autre, être touché par lui, et être habité par le coeur qu'il a donné. Sentir néanmoins l'étreinte de l'union de l'âme et du corps. Travailler, enseigner et écrire à perte de vue, aimer de même. Exister et agir. Garder et protéger la raison, et être ivre d'infini depuis le fond de la finitude. Se défier des significations établies, déjà mortes. Penser désormais le sens qu'il y a, qui est le monde et rien d'autre, au présent, contre toutes les formes de nihilisme.
Telle fut la tâche que se donna le philosophe Jean-Luc Nancy, en grand vivant.
L'ouvrage parcourt son oeuvre grâce à des approches successives et des voies souvent moins empruntées, en les accompagnant de souvenirs et de prolongements, par conséquent non pour en faire une fois de plus l'exégèse, mais pour en reconnaître la concrétude, et pouvoir ainsi, qu'il s'agisse des grandes comme des petites choses, s'il y en a, approcher de ce que être homme, philosophe et penser tout ensemble veulent dire. -
Dans une lettre de 1987, Maurice Blanchot revient dans un post-scriptum essentiel sur son rapport à l'oeuvre du philosophe : « Grâce à Emmanuel Levinas, sans qui, dès 1927 ou 1928, je n'aurais pu commencer à entendre Sein und Zeit, c'est un véritable choc intellectuel que la lecture de ce livre provoqua en moi. Un événement de première grandeur venait de se produire : impossible de l'atténuer, même aujourd'hui, même dans mon souvenir »1 . Ce choc intellectuel se produit quelques années avant le commencement de l'oeuvre critique de Blanchot et demeure en sa force jusqu'à la fin. Si, du vivant de l'auteur, le lecteur avait pu voir le nom de Heidegger réapparaître dans bien des articles, ce qui lui permettait de savoir cet intérêt, c'est seulement la mort de l'auteur qui révéla, dans ses archives, aujourd'hui déposées à la Houghton Library de Harvard, plus trois cent pages pour l'essentiel tapuscrites du travail que Blanchot aura consacré de la fin des années 40 au début des années 60 à l'étude de l'oeuvre de Heidegger et de la maigre bibliographie secondaire alors existante.
Excellent germaniste, Blanchot lit tout ce qui paraît en allemand, et se confronte à la difficulté de faire passer en français le travail de Heidegger sur la langue allemande, une lettre inédite de 1959 à un destinataire inconnu révélant que c'est là, à ses yeux, « l'amitié intellectuelle » que nous devons au philosophe. -
L'originalité parfois surprenante et les qualités créatrices d'Oscar Wilde en tant que poète, romancier, dramaturge, sont à juste titre largement reconnues : mais il n'en est pas forcément de même quant à ses réflexions et à ses prises de position dans les domaines de la philosophie, de la morale, de la vie sociale et politique, réflexions pourtant bien repérables dans l'ensemble de son oeuvre, même si L'Âme de l'homme sous le socialisme reste le texte de référence. Pourquoi ce moindre intérêt ? Parce qu'il a violemment dénoncé la société victorienne, parce qu'il a entrepris cette « extravagante croisade celtique contre la stupidité anglo-saxonne », selon le mot de Yeats : et surtout parce que son attitude critique le conduit à affirmer que les temps doivent changer. En effet, le moment semble venu de construire une société nouvelle qui permettra à chacune et à chacun de s'épanouir pleinement, plein épanouissement qu'Oscar Wilde appelle « l'individualisme véritable » : point de vue perspicace et audacieux fondé sur la reconnaissance, dans le prolongement de la pensée de Marx, de l'existence d'un lien constitutif entre individualisme et socialisme.
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Le conflit politique est, depuis les années 2010, marqué par un retour des peuples. Chez les modernes, c'est toujours un symptôme de crise politique majeure, dont l'enjeu est la démocratie elle-même. Non pas comme régime stable, celui du gouvernement représentatif, mais comme processus associant le grand nombre à la délibération publique. Or, le peuple n'existe pas comme donnée sociologique pérenne : il est constitué ou se constitue dans l'histoire comme sujet ou acteur politique. Ce qui est appelé tel se différencie selon les circonstances. Comment un peuple se forme-t-il ? Sous quelles conditions cette notion peut-elle mobiliser aujourd'hui les subalternes dans le conflits politiques d'émancipation ? Telles sont les questions que ce livre veut aborder. L'hypothèse examinée : un peuple est une manière d'être d'une multitude, déterminée par la médiation d'une scène où elle apparaît unifiée, agissant comme une, selon un mot de René Char. En fait, non pas une mais trois scènes, engageant trois expériences collectives par lesquelles les individus ne se reconnaissent ou non de ce peuple. Celle du pays, communauté imaginée à travers l'histoire, réunissant les vivants et les morts, au risque de devenir une communauté de sang, sclérosée, pouvant, à l'opposé, être vivifiée par les migrations sur son sol, inventant un droit de l'hospitalité. Celle des urnes et du parlement, faisant des individus éduqués des citoyens élisant leur représentants détenant le pouvoir dont le Peuple souverain est le titulaire. Par où le peuple devient sujet obéissant à la loi dont il est, par principe, auteur. Enfin celle de la rue, sans laquelle la démocratie ne serait qu'un vain mot, scène publique plébéienne, lieu d'expériences collectives périodiques à la fois de la puissance collective et de l'égalité de chacune avec chacun, d'une souveraineté populaire pouvant contester les décisions du Souverain ou de l'exécutif le dominant : scènes des peuples acteurs se différenciant des foules consuméristes. Ces trois scènes où trois dramaturgies, trois types de récits se déploient, se tissent différemment selon les conjonctures, déterminant le conflit politique actuel, moins entre peuple et élites qu'entre différentes manières d'être peuple. Non pas un peuple, mais des peuples. Au-delà de la description, le livre prend parti en soutenant que les politiques d'émancipation s'appuient sur la troisième scène, celle où se nouent les expériences de la démocratie par le bas.
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Dans cet ouvrage, qui a fait l'objet aux États-Unis d'une réception importante à sa parution, Kathryn Belle analyse la position problématique, pour ne pas dire choquante, que Hannah Arendt a défendue sur ce qu'elle appelle elle-même la « question noire », en particulier dans ses « Réflexions sur Little Rock ». Cet article d'Arendt a suscité une vive polémique dès sa parution en 1959, celle-ci s'opposant au fameux arrêt Brown de la Cour suprême qui avait mis fin à la ségrégation dans l'enseignement public. Ce faisant, Arendt manifeste à l'évidence une profonde incompréhension de la lutte des Noirs américains pour leur émancipation. Kathryn Belle montre que le conservatisme d'Arendt s'explique non seulement par ses préjugés à l'endroit des Africains et des Afro-américains, mais aussi par certaines distinctions au coeur de sa théorie politique, notamment celle entre le social, le politique et le privé : tandis que pour Arendt la sphère politique se caractérise en principe par l'égalité entre les citoyens, la sphère sociale, dont relèvent selon elle les établissements scolaires, implique un droit de discriminer, c'est-à-dire de fréquenter et d'exclure les personnes de son choix, qui ne saurait être limité par la loi. Par ailleurs, les thèses d'Arendt sur la violence sont reconsidérées à l'aune de sa tendance à discréditer la violence des opprimés plutôt que celle des oppresseurs, aussi bien dans le contexte de la lutte contre le racisme et la ségrégation que dans celui de la décolonisation.
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Cet essai de philosophie définit l'écologie comme l'engagement pour sauver la Terre, lieu par lieu. Par souci du concret, il se consacre à la Camargue, en tant qu'elle est à la fois un pays menacé par le réchauffement climatique et l'exemple d'une réussite de l'écologie française. Sur ce cas singulier, il oppose l'écologie et la politique : il n'y a pas d'écologie politique. Sur fond de la crise de la représentation politique, il élabore autrement le concept de représentation. Il propose une écologie élargie, complète, entre anthropologie générale, théologie et psychanalyse. Avec et par delà l'écologie, il soutient qu'on ne peut sauver chaque lieu de la Terre que si on leur rend leur pleine valeur. Aussi l'écologie doit-elle s'appuyer sur une poétique de la célébration des pays et sur une réévaluation de la littérature. C'est pourquoi cet essai étudie la Camargue à travers ses représentations littéraires chez Mistral, Barrès, Baroncelli et Montherlant. Dans ce corpus poétique de la Camargue, le présent essai dessine le partage entre la politique et l'écologie. Il met particulièrement en évidence la figure de Folco de Baroncelli comme celle d'un guide et d'un précurseur d'une écologie d'avenir, à la fois concrète et spirituelle. Il s'efforce de tenir ensemble une enquête monographique sur l'histoire écologique d'un pays aimé de tous et une construction conceptuelle générale, pertinente pour tout autre lieu. * Le corps du texte se présente comme une succession de paragraphes dont le titre indique le concept général mis au travail. La méditation se construit au fil d'une étude des oeuvres littéraires qui servent d'appui. Ce corps principal de la recherche est enserré entre une introduction et une conclusion évoquant la catastrophe qui menace la Camargue, notre objet d'étude. Enfin, l'ensemble est précédé d'un préambule et suivi d'un épilogue qui posent les questions les plus générales de notre approche philosophique.
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Le nom de Kafka est le nom propre le plus cité dans l'oeuvre de Blanchot, plus encore que celui très fréquent de Mallarmé. Kafka est le seul écrivain qui ait fait l'objet d'un ouvrage volumineux dans lequel Blanchot a regroupé la plupart des articles qu'il a publié sur l'auteur du Procès.
Jean-Paul Sartre, dès la parution d'Aminadad, soulignait la ressemblance des univers de Kafka et de Blanchot, bien qu'il rapportât dans le même article qu'au moment de l'écriture d'Aminadab, Blanchot affirmait ne pas avoir encore lu Kafka. Une lettre à Paulhan de 1942 indique pourtant qu'au moment où il rédige Aminadab, Blanchot a déjà lu, ou est en train de lire Kafka.
Pas d'écrivain littérairement, mais aussi biographiquement si proche de Blanchot que Kafka, on en esquisserait quelques traits rapides : la forte présence du religieux, la solitude, le célibat, la santé fragile, la vie vouée à l'écriture. Autant de biographèmes, qui sans justifier la totalité de l'intérêt de Blanchot pour Kafka peuvent donner du sens à cette empathie pour l'auteur tchèque, et peuvent avoir été à la source de cette reconnaissance jamais démentie.
L'ouvrage Traduire Kafka, expose un aspect encore totalement inédit de Blanchot : son long et obstiné travail de traducteur. Le lecteur pourra observer de quelle manière l'auteur de Thomas l'Obscur est fasciné par l'oeuvre de Kafka. Si ses traductions ne sont pas datées, elles attestent d'un intérêt immédiat pour la première édition publiée par Max Brod. Fascination qui ne se manifeste que pour les oeuvres les plus autobiographiques de Kafka, le journal intime, mais aussi les lettres, notamment celles adressées à ses amis, et surtout à Felice et à Milena.
Ces traductions offrent au lecteur un aspect encore totalement méconnu de l'oeuvre de Blanchot dont on verra dans les publications futures qu'il est aussi un grand traducteur de la philosophie allemande, notamment de celle de Heidegger. Plusieurs, des fragments traduits par Blanchot montrent à la fois une attention particulièrement fine à la langue de Kafka, mais aussi aux grands thèmes que développe l'écrivain tchèque. Nombre des fragments traduits sont accompagnés de commentaires personnels de Blanchot dont on retrouvera la trace dans ces articles sur Kafka.