En 1999, le Vatican et la Fédération luthérienne mondiale signèrent une " Déclaration commune sur la doctrine de la justification " qui affirme l'existence d'un consensus entre catholiques et luthériens sur ce point central de la controverse théologique du XVIe siècle. Mais aujourd'hui, comment est-il possible de comprendre l'intérêt de cette doctrine, comment peut-on en trouver une interprétation qui la rende pertinente ? Ce livre cherche à relever ce défi. Après avoir posé les jalons historiques en évoquant notamment l'importance de Paul de Tarse et de Martin Luther, il examine l'idée de la justification de l'homme à partir de deux notions : l'" effort " et la " grâce ". Une vision de l'homme selon laquelle il faut justifier sa vie par le travail et l'effort éthique est légitime dans la mesure où une existence sans efforts et sans moralité n'a guère de sens. Mais elle atteint ses limites dès que l'échec des efforts ou la fragilité des relations humaines mettent en cause le courage de vivre. De plus, personne ne vit seulement de ce qu'il fait, mais aussi de tout ce qu'il reçoit gratuitement. Cet aspect, souvent occulté par la culture contemporaine, rappelle que tout acte émerge d'un tissu humain préexistant auquel appartiennent des phénomènes universels tels que famille, langue, culture, histoire, nature, corps. Ces réalités relèvent de la catégorie du don, que l'on retrouve dans la parole de la justification par la foi. Cette parole affirme que devant l'instance que la Bible nomme Dieu, l'homme n'est pas reconnu à cause de sa qualité morale, mais par sa foi dans les bienfaits du Christ dont il bénéficie. À ceux qui ne réussissent pas à remplir les conditions de la loi d'airain de l'effort et à se justifier devant les hommes par ce qu'ils font, l'assurance est donnée qu'ils ne seront pas valorisés par leurs actes, mais par une parole de grâce qui confirme leur raison d'être. Cette parole leur est adressée sans conditions préalables, ni en amont ni en aval, et elle n'attend que d'être accueillie avec confiance. -- In 1999, the Vatican and the Lutheran World Federation signed a Joint Declaration on the Doctrine of Justification, so affirming the consensus between Catholics and Lutherans on a central point of 16th century theological controversy. But how can we understand the significance of this doctrine today? How can we find an interpretation that would make it relevant? This book takes up that challenge. After reminding us of the historical context, particularly the importance of Paul of Tarsus and Martin Luther, it examines the idea of man's justification on the basis of two notions: "effort" and "grace". The idea that we must justify a man's life by evoking his work and ethical effort is legitimate in that an existence without effort and without morality has no meaning. But this notion reaches its limitations when the failure of man's effort or the fragility of human relations put into question the courage to live. Moreover, no one lives solely on the effects of his/her own actions; but also of all things that are freely received. This aspect, often occulted by contemporary culture, reminds us that each act emerges from a pre-existing human fibre to which universal phenomena like the family, language and culture, history, nature and the body, belong. These realities fall into to the category of gifts; as we see in the doctrine of justification by faith. It is stated therein that when facing the instance the Bible calls God, man is not recognised because of his moral qualities, but through his faith in Christ's blessings from which he benefits. To those who do not succeed in satisfying the conditions of the law of effort, or in justifying themselves to other men through their acts, the assurance is given that they will not be judged on their acts, but by the grace that confirms their reason for being. That grace is given unconditionally; asking only to be accepted with trust.