Aveu du nocturne

À propos

Comme aux ophiolâtres, aux grammatosophistes, comme à Dürer et à Hugo, il m'arrive d'imaginer, mais sans jamais le déclarer atroce, le soleil antérieur d'où se répercutent les ondes des ténèbres essentielles. Un prince veuf en porta, dit-on, l'image sur son luth semé d'étoiles. Je suis assuré qu'en ce monde symétrique existe quelque part, qui équilibre le foyer de la lumière, une aveuglante opacité, le Castel de Sombre de la chronique infernale.
Dans l'obscurité, si intense soit-elle, je perçois seulement la réverbération moribonde d'un noir sauvage, insoutenable. De chute en chute, il se dégrade jusqu'à blanchir en une clarté fade, auprès de qui les ténèbres sont l'éclat.
Après sa longue traversée de la mer (des livres), le fleuve Alphée retourne vers sa source.
Dès les premières expériences poétiques, la nuit était là, présente dans un petit bout de tissu rose que le poète décrit comme nocturne, selon le protocole des recherches expérimentales surréalistes datées du 11 février 1933. A l'autre bout de la nuit, une des dernières agates que le poète était en train d'explorer au moment où la mort le surprend, superpose de manière inattendue le grenu au feutre duveté du velours, comme un lointain écho de cet attrait poétique pour la nuit. De la pierre au poète, d'une nuit à l'autre, Roger Caillois se demande si le vivant et l'inorganique ne sont pas régis par une loi unique, par une grammaire similaire qui ne cesse de se dérober au coeur de la nuit.
Texte établi et présenté par Stéphane Massonnet.


Rayons : Littérature > Poésie


  • Auteur(s)

    Roger Caillois

  • Éditeur

    Fata Morgana

  • Distributeur

    Belles Lettres

  • Date de parution

    08/06/2018

  • EAN

    9782377920228

  • Disponibilité

    Disponible

  • Nombre de pages

    96 Pages

  • Longueur

    12.2 cm

  • Largeur

    14 cm

  • Épaisseur

    1.2 cm

  • Poids

    224 g

  • Support principal

    Grand format

Infos supplémentaires : Broché  

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